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qu'on s'aperçut des funestes effets qui résultaient pour la morale d'un culte dont les objets ne s'étaient multipliés que pour autoriser toutes les espèces d'injustices et de vices; mais ce culte était agréable au peuple, autant par son ancienneté que par ses imperfections mêmes. Loin de songer vainement à le détruire, on tâcha de le balancer par une religion plus pure, et qui réparerait les torts que le polythéisme faisait à la société. Comme la multitude est plus aisément retenue par les lois que par les mœurs, on crut pouvoir l'abandonner à des superstitions. dont il serait facile d'arrêter les abus: comme les citoyens éclairés doivent être plutôt conduits par les mœurs que par les lois, on crut devoir leur communiquer une doctrine propre à inspirer des vertus.

Ainsi, ajoutait ce disciple de Platon, vous comprenez déjà pourquoi les dieux sont joués sur le théâtre d'Athènes : les magistrats, délivrés des fausses idées du polythéisme, sont très-éloignés de réprimer une licence qui ne pourrait blesser que le peuple, et dont le peuple s'est fait un

amusement,

Vous comprenez encore comment deux religions si opposées dans leurs dogmes subsistent depuis si long-temps en un même endroit, sans

trouble et sans rivalité; c'est qu'avec des dogmes différens, elles ont le même langage, et que la vérité conserve pour l'erreur les ménagemens qu'elle en devrait exiger.

Les mystères n'annoncent à l'extérieur que le culte adopté par la multitude: les hymnes qu'on y chante en public, et la plupart des cérémonies qu'on y pratique remettent sous nos yeux plusieurs circonstances de l'enlèvement de Proserpine, des courses de Cérès, de son arrivée et de son séjour à Éleusis. Les environs de cette ville sont couverts de monumens construits en l'honneur de la déesse, et l'on y montre encore la pierre sur laquelle on prétend qu'elle s'assit épuisée de fatigue1. Ainsi, d'un côté, les gens peu instruits se laissent entraîner par des арраrences qui favorisent leurs préjugés; d'un autre côté, les initiés, remontant à l'esprit des mystères, croient pouvoir se reposer sur la pureté de leurs intentions.

Quoiqu'il en soit de la conjecture que je viens de rapporter, l'initiation n'est presque plus qu'une vaine cérémonie: ceux qui l'ont reçue ne sont pas plus vertueux que les autres; ils violent tous les jours la promesse qu'ils ont faite de s'abstenir de la volaille, du poisson, des gre

'Meurs. in Eleus. cap. 3.

nades, des féves, et de quelques autres espèces de légumes et de fruits1. Plusieurs d'entre eux ont contracté cet engagement sacré par des voies peu conformes à son objet; car, presque de nos jours, on a vu le gouvernement, pour suppléer à l'épuisement des finances, permettre d'acheter le droit de participer aux mystères 2; et, depuis long-temps, des femmes de mauvaise vie ont été admises à l'initiation 3. Il viendra donc un temps où la corruption défigurera entièrement la plus sainte des associations 4.

2

'Porphyr. de abstin. lib. 4, p. 353. Julian. orat. 5, p. 173. — Apsin. de art. rhetor. p. 691.3 Isæi orat. de hæred. Philoctem. p. 61. Demosth. in Neær. p. 862. — 4 Clem. Alex. in protrept. p. 19.

FIN DU CHAPITRE SOIXANTE-HUITIÈME.

NOTES.

NOTE I, CHAP. LIX.

Sur ce qu'un Particulier d'Athènes retirait de son champ. (Page 11.)

DEMOSTHENE' parle d'un particulier d'Athènes, nommé Phénippe, qui, ayant recueilli la quantité d'orge et de vin que j'ai mentionnée dans le texte, avait vendu chaque médimne d'orge dix-huit drachmes (seize livres quatre sous), chaque métrète de vin douze drachmes (dix livres seize sous); mais, comme il dit plus bas 2 que ce prix, peut-être à cause de quelque disette, était le triple du prix ordinaire, il s'ensuit que de son temps le prix commun du médimne d'orge était de six drachmes, celui de la métrète de vin, de quatre drachmes. Mille médimnes d'orge (un peu plus de quatre mille boisseaux) faisaient donc six mille drachmes, c'est – àdire cinq mille quatre cents livres; huit cents métrètes de vin, trois mille deux cents drachmes, ou deux mille huit cent quatre-vingts livres. Total, huit mille deux cent quatre-vingts livres.

Phénippe avait de plus six bêtes de somme, qui transportaient continuellement à la ville, du bois et diverses espèces de matériaux3, et qui lui rendaient par jour douze drachmes (dix livres seize sous). Les fêtes, le 2 Id. ibid. p. 1027. 3 Id. ibid.

'Demosth. in Phænip. p. 1025.

p. 1028.

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