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continuait, ils reparaîtraient sous différentes formes d'animaux ; et qu'enfin ils ne seraient rétablis dans la dignité primitive de leur être que lorsqu'ils se seraient rendus dociles à la voix de la raison 1.

Après ces décrets immuables, l'Être suprême sema les âmes dans les planètes; et, ayant ordonné aux dieux inférieurs de les revêtir successivement de corps mortels, de pourvoir à leurs besoins et de les gouverner, il rentra dans le repos éternel 2.

Aussitôt les causes secondes ayant emprunté de la matière des particules des quatre élémens, les attachèrent entre elles par des liens invisibles 3; et arrondirent autour des âmes les différentes parties des corps destinés à leur servir de chars pour les transporter d'un lieu dans un autre 4.

L'âme immortelle et raisonnable fut placée dans le cerveau, dans la partie la plus éminente du corps, pour en régler les mouvemens 5. Mais, outre ce principe divin, les dieux inférieurs formèrent une âme mortelle, privée de raison, où devaient résider la volupté qui attire

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.3 Id. ibid. p. 43. 4 Id. Plat. in Tim. t. 3, p. 42. — 2 Id. ibid. ibid. p 69.5 Tim. de anim. mund. ap. Plat. t. 3, p. 99 et 100. Plat. in Tim. p. 69.

les maux, la douleur qui fait disparaître les biens, l'audace et la peur qui ne conseillent que des imprudences, la colère si difficile à calmer, l'espérance si facile à séduire, et toutes les passions fortes, apanage nécessaire de notre nature. Elle occupe dans le corps humain deux régions séparées par une cloison intermédiaire. La partie irascible, revêtue de force et de courage, fut placée dans la poitrine, où, plus voisine de l'âme immortelle, elle est plus à portée d'écouter la voix de la raison; où d'ailleurs tout concourt à modérer ses transports fougueux, l'air que nous respirons, les boissons qui nous désaltèrent, les vaisseaux même qui distribuent les liqueurs dans toutes les parties du corps. En effet, c'est par leur moyen que la raison, instruite des efforts naissans de la colère, réveille tous les sens par ses menaces et par ses cris, leur défend de seconder les coupables excès du cœur, et le retient, malgré lui-même, dans la dépendance 1.

Plus loin, et dans la région de l'estomac, fut enchaînée cette autre partie de l'âme mortelle, qui ne s'occupe que des besoins grossiers de la vie : animal avide et féroce, qu'on eloigna du séjour de l'âme immortelle, afin que ses rugissemens et ses cris n'en troublassent point les opérations.

'Plat. in Tim. t. 3, p. 70.

Cependant elle conserve toujours ses droits sur lui; et, ne pouvant le gouverner par la raison, elle le subjugue par la crainte. Comme il est placé près du foie, elle peint, dans ce viscère brillant et poli, les objets les plus propres à l'épouvanter. Alors il ne voit dans ce miroir que des rides affreuses et menaçantes, que des spectres effrayans qui le remplissent de chagrin et de dégoût. D'autres fois, à ces tableaux funestes succèdent des peintures plus douces et plus riantes. La paix règne autour de lui; et c'est alors que, pendant le sommeil, il prévoit les événemens éloignés. Car les dieux inférieurs, chargés de nous donner toutes les perfections dont nous étions susceptibles, ont voulu que cette portion aveugle et grossière de notre âme fût éclairée par un rayon de vérité. Ce privilége ne pouvait être le partage de l'âme immortelle, puisque l'avenir ne se dévoile jamais à la raison, et ne se manifeste que dans le sommeil, dans la maladie et dans l'enthousiasme 2.

Les qualités de la matière, les phénomènes de la nature, la sagesse qui brille en particulier dans la disposition et dans l'usage des parties du corps humain, tant d'autres objets dignes de la plus grande attention, me meneraient trop loin, 'Plat. in Tim. t. 3, p. 71.2 Id. ibid.

et je reviens à celui que je m'étais d'abord proposé.

Dieu n'a pu faire, et n'a fait que le meilleur ́ des mondes possibles 1, parce qu'il travaillait sur une matière brute et désordonnée, qui sans cesse opposait la plus forte résistance à sa volonté. Cette opposition subsiste encore aujourd'hui 2; et de là les tempêtes, les tremblemens de terre, et tous les bouleversemens qui arrivent dans notre globe. Les dieux inférieurs, en nous formant, furent obligés d'employer les mêmes moyens que lui 3; et de là les maladies du corps, et celles de l'âme, encore plus dangereuses.Tout ce qui est bien dans l'univers en général, et dans l'homme en particulier, dérive du Dieu suprême; tout ce qui s'y trouve de défectueux vient du vice inhérent à la matière 4.

'Plat. in Tim. t. 3, p. 30 et 56. Senec. epist. 65.- 2 Id. in Theat. t. 1, p. 176.3 Id. in Tim. t. 3, p. 44.-4 Id. ibid. p. 47; et in politic. t. 2, p. 273.

FIN DU CHAPITRE CINQUANTE-NEUVIÈME.

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Événemens remarquables arrivés en Grèce et en
Sicile (depuis l'année 357 jusqu'à l'an 554
avant J. C.). Expédition de Dion. Jugement
des généraux Timothée et Iphicrate. Fin de
la guerre
sociale. Commencement de la

guerre

sacrée.

de Dion.

Expédition J'AI dit plus hauta, que Dion, banni de Syracuse par le roi Denys, son neveu et son beaufrère, s'était enfin déterminé à délivrer sa patrie du joug sous lequel elle gémissait. En sortant d'Athènes, il partit pour l'île de Zacynthe, rendezvous des troupes qu'il rassemblait depuis quelque temps.

Il y trouva trois mille hommes, levés la plupart dans le Péloponèse, tous d'une valeur éprouvée et d'une hardiesse supérieure aux dangers 1. Ils ignoraient encore leur destination; et quand ils apprirent qu'ils allaient attaquer une puissance défendue par cent mille hommes d'infanterie,

Voyez le chapitre XXXIII de cet ouvrage. Plat. epist. 7, t.5, p. 333. Aristot. rhet. cap. 9, t. 2, p. 623. Diod. lib. 16, p. 420.

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