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Dans toute autre circonstance, les Phocéens auraient craint d'affronter les maux dont ils étaient menacés. Mais on vit alors combien les grandes révolutions dépendent quelquefois de petites causes1. Peu de temps auparavant, deux particuliers de la Phocide, voulant obtenir, chacun pour son fils, une riche héritière, intéressèrent toute la nation à leur querelle, et formèrent deux partis qui, dans les délibérations publiques, n'écoutaient plus que les conseils de la haine. Aussi, dès que plusieurs Phocéens eurent proposé de se soumettre aux décrets des Amphictyons, Philomèle, que ses richesses et ses talens avaient placé à la tête de la faction opposée, soutint hautement que céder à l'injustice était la plus grande et la plus dangereuse des lâchetés; que les Phocéens avaient des droits légitimes, non-seulement sur les terres qu'on leur faisait un crime de cultiver, mais sur le temple de Delphes, et qu'il ne demandait que leur confiance, pour les soustraire au châtiment honteux décerné par le tribunal des Amphictyons 2.

Son éloquence rapide entraîne les Phocéens.

'Aristot. de rep. lib. lib. 13, cap. 1, p. 560. cap. 2, p. 802.

-

5, cap. 4, t. 2, p. 390. Duris, ap. Athen. 2 Diod. lib. 16, p. 425. Pausan. lib. 10,

Revêtu d'un pouvoir absolu, il vole à Lacédémone, fait approuver ses projets au roi Archidamus, en obtient quinze talens ", qui, joints à quinze autres qu'il fournit lui-même, le mettent en état de soudoyer un grand nombre de mercenaires, de s'emparer du temple, de l'entourer d'un mur, et d'arracher de ses colonnes les déerets infamans que les Amphictyons avaient lancés contre les peuples accusés de sacriléges. Les Locriens accoururent vainement à la défense de l'asile sacré ; ils furent mis en fuite, et leurs campagnes dévastées enrichirent les vainqueurs 1. La guerre dura dix ans et quelques mois 2. J'en indiquerai dans la suite les principaux événemens 6.

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Quatre-vingt-un mille livres. —1 Diod. lib. 16, p. 426. -2 Eschin. de fals. leg. p. 415; id. in Ctesiph. p. 452. Diod. ibid. p. 418 et 455. Pausan. lib. 9, p. 724; lib. 10, p. 802.-b Voyez le chapitre suivant.

FIN DU CHAPITRE SOIXANTIÈME.

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Lettres sur les affaires générales de la Grèce, adressées à Anacharsis et à Philotas pendant leur voyage en Égypte et en Perse.

PENDANT NT mon séjour en Grèce, j'avais si souvent entendu parler de l'Égypte et de la Perse, que je ne pus résister au désir de parcourir ces deux royaumes. Apollodore me donna Philotas pour m'accompagner: il nous promit de nous instruire de tout ce qui se passerait pendant notre absence; d'autres amis nous firent la même promesse. Leurs lettres, que je vais rapporter en entier, ou par fragmens, n'étaient quelquefois qu'un simple journal; quelquefois elles étaient accompagnées de réflexions.

Nous partîmes à la fin de la deuxième année de la cent sixième olympiade. Le midi de la Grèce jouissait alors d'un calme profond; le nord était troublé par la guerre des Phocéens, et par les entreprises de Philippe, roi de Macédoine.

• Dans le printemps de l'an 354 avant J. C.

Philomèle, chef des Phocéens, s'était fortifié å Delphes. Il envoyait de tous côtés des ambassadeurs; mais l'on était bien loin de présumer que de si légères dissentions entraîneraient la ruine de cette Grèce qui, cent vingt-six ans auparavant, avait résisté à toutes les forces de la Perse.

Philippe avait de fréquens démêlés avec les Thraces, les Illyriens, et d'autres peuples barbares. Il méditait la conquête des villes grecques situées sur les frontières de son royaume, et dont la plupart étaient alliées ou tributaires des Athéniens. Ceux-ci, offensés de ce qu'il retenait Amphipolis qui leur avait appartenu, essayaient des hostilités contre lui, et n'osaient pas en venir à une rupture ouverte,

DIOTIME ÉTANT ARCHONTE A ATHENES.

La 3. année de la 106. olympiade.

(Depuis le 26 juin de l'année julienne proleptique 354, jusqu'au 14 juillet de l'année 353 avant J. C.)

LETTRE D'APOLLODORE.

La Grèce est pleine de divisions 1. Les uns condamnent l'entreprise de Philomèle, les autres la justifient. Les Thébains, avec tout le corps des.

'Diod. lib. 16, p. 430.

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Béotiens, les Locriens, les différentes nations de la Thessalie, tous ces peuples ayant des injures particulières à venger, menacent de venger l'outrage fait à la divinité de Delphes. Les Athéniens, les Lacédémoniens, et quelques villes du Péloponèse, se déclarent pour les Phocéens, en haine des Thébains.............

Philomèle protestait au commencement qu'il ne toucherait pas aux trésors du temple 1. Effrayé des préparatifs des Thébains, il s'est approprié une partie de ces richesses. Elles l'ont mis en état d'augmenter la solde des mercenaires, qui de toutes parts accourent à Delphes. Il a battu successivement les Locriens, les Béotiens et les Thessaliens.....

Ces jours passés, l'armée des Phocéens s'étant engagée dans un pays couvert, rencontra tout à coup celle des Béotiens, supérieure en nombre. Les derniers ont remporté une victoire éclatante. Philomèle couvert de blessures, poussé sur une hauteur, enveloppé de toutes parts, a mieux aimé se précipiter du haut d'un rocher que de tomber entre les mains de l'ennemi 2.....

I

1 Diod. lib. 16, p. 429 et 431. — 2 Id. ibid. p. 432. Pausan. lib. 10, cap. 2, p. 802.

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