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gens sages devoient obéir dans cette occasion, étant persuadés, avec Hinemar, mon prédécesseur, esse a talibus abstinendum unde inter episcopalem auctoritatem et regalem potestatem, inter ecclesiam et rempublicam tantum scandalum possit oriri, quod facile ac sine dispendio religionis, vel detrimento rerum ecclesiasticarum postea non possit sedari'. Les évêques qui remplissent les siéges des Églises qui sont sans contestation sujets à la régale, ont approuvé leur conduite; mais nous avions été persuadés que si leur condescendance eût été criminelle, non defuissent, pour me servir encore une fois des termes du troisième bref, viri fortes et divinæ ac libertatis ecclesiastica zelatores, qui auroient pris le parti de l'Église avec une fermeté vraiment épiscopale, et ils en auroient défendu les droits d'une manière qui auroit fait voir, que nous ne méritons pas le reproche qu'on nous fait, d'avoir eu, dans cette occasion, une làche complaisance, qui nous rendroit d'autant plus coupables, que nous avons un roi si juste et si religieux, qu'il n'exige rien de nous contre notre devoir, et qu'il mépriseroit même ceux de notre ordre qui seroient capables de manquer à la moindre de leurs obligations.

» Le pape étoit sans doute prévenu des impressions que ces esprits emportés dont je viens de vous parler, lui avoient données, lorsqu'il commanda qu'on dressàt son troisième bref. Ceux qui ont exécuté sur cela les ordres de Sa Sainteté oubliant qu'ils alloient faire parler un pape, aussi distingué du reste des hommes, par ses grandes vertus que par sa haute dignité, et animés du même esprit qui conduisoit ceux qui travailloient sous Adrien second, dans le temps du grand différend que ce pape eut avec Charles-leChauve, ont rempli ce bref d'aigreur, en se servant d'expressions éloignées de la modération naturelle de Sa Sainteté, parce qu'ils ne savent pas sanctam sedem cum modestià et discretione corripere et salubriter corrigere, secundum uniuscujusque personam et ordinem, solitam semper fuisse; mais, dès que le pape sera pleine

« Il faut s'abstenir de ces choses qui peuvent donner naissance à des conflits entre l'autorité épiscopale et le pouvoir royal, entre l'Église et l'État, lesquels conflits ne peuvent être ensuite apaisés sans dommage pour la religion et pour les choses ecclésiastiques. >>

S'il faut s'abstenir de semblables luttes, s'ensuit-il qu'il faille sacrifier la liberté de l'Église au pouvoir royal?

2 «Que le Saint-Siége a l'habitude de reprendre avec modestie et discrétion, et corriger d'une manière salutaire, selon la qualité et la dignité de chacun.

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ment instruit de la conduite et des intérêts du roi, par M. le cardinal d'Estrées, qu'on aura découvert et dissipé tous les artifices dont on s'est servi pour lui dérober la connoissance de ce qui se passoit dans le royaume, qu'on lui aura fait voir que l'usage de la régale n'est pas onéreux aux Eglises qui y sont assujetties depuis plusieurs siècles, qu'il ne consultera que son cœur plein d'estime et de tendresse pour le roi et qu'il voudra bien se souvenir que les affaires de l'Europe sont en tel état qu'il ne peut espérer que de ce grand prince tout le secours qui lui est nécessaire pour l'exécution des grands desseins qu'il forme en faveur de l'Eglise, au bien de laquelle nous voyons avec admiration que, sans écouter la chair ui le sang, il consacre, avec un zèle infatigable, tous les précieux moments de son pontificat; il y a lieu d'espérer que Sa Sainteté, animée par l'exemple d'Adrien second, écrira au roi dans les mêmes termes dont ce pape se servit en écrivant à Charles-leChauve, pour réparer la blessure que ce prince prétendoit avoir reçue par les lettres de ce souverain pontife. »

Ce réquisitoire contre un pape qui donnait au monde l'exemple de toutes les vertus apostoliques était, il faut l'avouer, plus digne d'un politique et d'un courtisan que d'un évêque; le fils du chancelier de France y paraissait beaucoup plus que l'archevêque de

Reims.

Quoi qu'en dit Le Tellier, on était très convaincu que la plupart des évêques des provinces exemptes de la régale n'avaient subi qu'avec peine le joug qu'on leur avait imposé; que, s'ils s'étaient adressés secrètement au pape, c'était par suite d'une pusillanimité qui n'est certes pas excusable en des évêques, mais que l'on comprend facilement en considérant les choses d'une manière humaine; tous pensaient comme le vénérable évêque de Pamiers, mais tous n'étaient pas doués de cette énergie apostolique, de cè désintéressement qui distinguaient ce vertueux prélat. Quant aux émissaires de l'évêque de Pamiers, si maltraités par l'archevêque de Reims, nous avons vu qui ils étaient. En bon diplomate, Le Tellier ne voulait point attaquer le pape; il n'osait invectiver contre le vénérable évêque qui venait de mourir à Pamiers en odeur de sainteté; il lui fallait cependant un moyen de se venger des paroles peu flatteuses d'Innocent pour les évêques courtisans dont il faisait partie, et qui trompaient Louis XIV en lui exagérant ses droits ; tel est le motif transparent qui guidait l'archevêque de Reims dans ses considérations générales.

Dans la suite de son discours, il traita de la régale et s'efforça d'établir, sur les monuments anciens, les droits que réclamait le roi. Il osa blâmer, en passant, les efforts que faisait Innocent XI pour la réforme si nécessaire de l'Église, en rétablissant l'ancienne discipline. Il dit, avec un ton où l'ironie perce à travers un respect apparent :

« Nous ne pouvons trop admirer le zèle vraiment apostolique avec lequel Sa Sainteté travaille à rétablir l'ancienne discipline de l'Église elle nous donne même un grand exemple, duquel nous devons essayer de profiter pour la réforme de nos diocèses. Nous ne devons pourtant pas prétendre de renouveler tous les anciens canons, ni attendre un si grand bien des saintes intentions du pape; car si Sa Sainteté l'entreprenoit, tout ce qu'elle pourroit faire pour cela se réduiroit, selon la pensée de saint Augustin, à des efforts très dangereux. >>

L'archevêque de Reims avait plus d'une raison de regarder comme intempestive la discipline de Nicée, de Chalcédoine, et même des conciles de Latran et de Trente; Innocent XI, dont la vie était conforme à cette vénérable discipline, ne voyait pas d'inconvénient à travailler à la faire revivre, du moins pour ses principales dispositions. Si tous les évêques eussent été animés d'intentions aussi pures et aussi désintéressées que le pape, la tàche n'aurait pas été aussi difficile que le pensait l'archevêque de Reims.

Après avoir traité de la régale, Le Tellier discuta, dans le reste de son rapport, les brefs du pape, soit pour l'affaire de la régale, soit pour celle des religieuses de Charonne, et émit un avis défavorable parce qu'ils contenaient des principes contraires aux libertés de l'Église gallicane. Ses conclusions furent: que les évêques devaient demander au roi de convoquer un concile national ou une assemblée générale du clergé, pour prendre une détermination plus imposante que celle qui pourrait être adoptée par une réunion particulière, comme celle qui avait lieu.

Les commissaires parlèrent après l'archevêque de Reims et dans le même sens.

Le 2 mai, les membres de l'assemblée opinèrent et se rangèrent unanimement à l'avis de la commission 1. Le procès-verbal de l'assemblée fut signé le 7 du même mois.

1 Cette assemblée prit le parti de Gerbais, qui avait fait, en faveur des principes du clergé de France sur les causes des évêques, un ouvrage qui avait été

Ce fut conformément à cet avis que le roi convoqua la fameuse assemblée de 1682.

II.

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Bossuet. Il est nommé évêque de Meaux. Son opinion touchant la question de la Régale. Ses craintes mêlées d'espérance sur l'assemblée de 1682. - Il fait le sermon d'ouverture. - Appréciation de ce discours par Bossuet lui-même.— Déclaration de l'assemblée touchant la Régale. Bref d'Innocent XI en réponse à cette déclaration. — Déclaration de l'assemblée sur la puissance ecclésiastique. Lettre à tous les évêques de France. Édit de Louis XIV concernant la déclaration du clergé. - Opinion d'Arnauld sur les quatre articles. — Opinion des Facultés de Louvain et de Douai, des Jésuites, des Carmes, de la Sorbonne - Elle condamne la censure de l'archevêque de Strigonie. Comment la déclaration est appréciée à Rome. Le pape refuse les bulles aux ecclésiastiques qui ont assisté à l'assemblée de 1682.- Assemblée de 1685. Etat des Protestants en France depuis la prise de La Rochelle. Requête de l'assemblée contre les Protestants. - Révocation de l'édit de Nantes. Nouveaux différends entre les cours de France et de Rome à propos des franchises des ambassadeurs. Réquisitoire de Talon. Appel au futur concile. Question de la non-nécessité de l'institution canonique par le pape. Lutte des Jésuites et de l'archevêque de Reims au sujet de la confession pascale. — Question de la morale relâchée. Censure d'Innocent XI. - Projet de l'assemblée de 1682 à ce sujet. Mort d'Innocent XI.

1682-1689.

BOSSUET assista à l'assemblée de 1681 et fut nommé alors à l'évêché de Meaux. Ce grand homme, profondément pénétré de l'importance et de la difficulté des devoirs attachés à la charge épiscopale, s'était toujours proposé, dans le cas où il devrait prendre le

censuré par le pape quelques mois auparavant; un théologien, nommé David, y fut dénoncé pour avoir soutenu des principes contraires à ceux de Gerbais, dans un livre sur la même matière. David se hâta de prévenir la censure du clergé, en déposant une déclaration conforme à la doctrine de l'Église gallicane.

En tête du procès-verbal, on lui donne les titres de ancien évêque de Condom, ci-devant précepteur de monseigneur le dauphin et premier aumonier de madame la dauphine. Dans sa signature, il prend le titre de : ancien évêque de Condom, nommé à l'évêché de Meaux. Il fut, en effet, nommé le 2 mai 1681. Innocent XI lui envoya ses bulles au mois d'octobre, en lui faisant remise de la moitié de la taxe. Bossuet l'en remercia par une lettre pleine des sentiments les plus respectueux pour le Saint-Siége.

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gouvernement d'une Église, d'aller se former pendant un certain temps à ses fonctions, sous les yeux de Félix Vialart, évêque de Châlons. Ce prélat passait, à juste titre, pour un des plus saints et des plus grands évêques de son temps. Les Jésuites l'ont calomnié, parce que, comme les autres grands évêques de cette époque, il combattit leurs mauvaises doctrines; mais sa sagesse et ses vertus ne lui en ont pas moins acquis la réputation d'un saint et d'un évêque vraiment apostolique.

Félix Vialart était mort depuis un an 'environ lorsque Bossuet fut nommé évêque de Meaux. Ce fut alors vers la Trappe que le nouvel évêque tourna les yeux, et il l'écrivit en ces termes à son ami, l'abbé de Rancé 1:

«La promesse que vous me faites de prier Dieu pour moi m'est un grand soutien; mais vous n'en serez pas quitte pour cela.

Il y a dix ans que j'eus dans l'esprit que si Dieu me remettait en charge dans son Eglise, j'aurais deux choses à faire : l'une, d'aller passer quelque temps en action avec feu M. de Châlons, l'autre, d'aller aussi passer quelque temps en oraison avec vous. Dieu m'a privé du premier par la mort de ce saint prélat; je vous prie de ne pas me refuser l'autre ; et comme j'ai des raisons pour aller en Normandie, ce voyage couvrira celui de la Trappe. Il n'y aura que le roi seul à qui il faudra le dire, et qui, très certainement, le prendra bien. »

L'abbé de Rancé, converti et formé à la piété par Nicolas Pavillon, évêque d'Aleth, passait, chez les Jésuites, pour un adepte du Jansénisme. C'est pourquoi Bossuet devait prendre certaines précautions pour aller visiter son ami et prier avec lui.

Bossuet ne put exécuter son dessein d'aller à la Trappe se préparer aux fonctions épiscopales. Au mois de septembre 1681, il écrivait à l'abbé de Rancé 2 :

« Je crains d'être privé, pour cette année, de la consolation que j'espérais. L'assemblée du clergé se va tenir, et non-seulement on veut que j'en sois, mais encore que je fasse le sermon de l'ouverture. Il ne me reste plus qu'un peu d'espérance: je pourrai peut-être échapper douze ou quinze jours si ce sermon se remet, comme on le dit, au mois de novembre. Quoi qu'il en soit, Monsieur, si je ne puis aller prier avec vous, priez du moins pour moi; l'affaire

1 Bossuet, Lettre 79.e à l'abbé de Rancé.

Ibid., Lettre 85.e

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