Sayfadaki görseller
PDF
ePub

pas que, dans ce cas, les parents ne les rappellent; ce qui ne manquerait pas de répandre l'alarme dans tout le pays, et d'occasionner une grande perte pour la commune de Louvain.,

Dans la pensée des autorités françaises, la continuation des cours à l'Université de Louvain n'avait eu qu'un caractère essentiellement provisoire. Elle devait durer tout au plus jusqu'à l'organisation de l'instruction publique d'après les principes de la loi du 3 brumaire. Aussi en l'an V, après l'installation des Écoles centrales, le ministre de l'intérieur donna-t-il l'ordre de fermer l'établissement. "Depuis la promulgation de la loi du 3 brumaire an IV, écrivait-il à la date du 28 vendémiaire an VI à l'administration du département de la Dyle, il ne doit exister dans les départements réunis d'autres écoles publiques que celles dont cette loi ordonne l'organisation. L'Université de Louvain aurait dû cesser ses leçons à cette époque; elle ne peut, par sa forme ni par les sciences dont elle s'occupe, être assimilée en aucune manière aux écoles centrales ou aux écoles spéciales, les seules que la loi reconnaisse pour l'enseignement des sciences. Je vous enjoins, en conséquence, de fermer sur-le-champ cette Université (1). "

§ 5. L'Institut de France (2)

559. MISSION DE L'INSTITUT. Un dernier établissement couronnait l'édifice de l'instruction publique tel que l'avait conçu la loi du 3 brumaire an IV : c'était l'Institut. L'art. 298 de la constitution de l'an III consacrait en termes formels son existence. "L'institut national des sciences et des arts, disait l'art. 1er du titre IV de la loi, appartient à toute la République ; il est fixé à Paris; il est destiné : 1o à perfectionner les sciences et les arts par des recherches non interrompues, par la publication des découvertes, par la correspondance avec les sociétés savantes et étrangères;

(1) Voir ibid., année 1840, pp. 212 et suiv., et VERHAEGEN, ouv. cité, p. 555. Cfr. plus haut, nos 551 et suiv.

(2) LIARD, ouv. cité, t. I, pp. 139 et suiv., 147, 161, 249 et suiv.; AUCOC, L'Institut de France, Paris, 1889.

2o à suivre, conformément aux lois et arrêtés du Directoire exécutif, les travaux scientifiques et littéraires qui auront pour objet l'utilité générale et la gloire de la République. „ "Nous avons emprunté de Talleyrand et de Condorcet, disait Daunou dans son rapport (1), le plan d'un institut national; idée grande et majestueuse, dont l'exécution doit effacer en splendeur toutes les académies des rois, comme les destinées de la France républicaine effacent déjà les plus brillantes époques de la France monarchique. Ce sera en quelque sorte l'abrégé du monde savant, le corps représentatif de la Répu blique des lettres, l'honorable but de toutes les ambitions de la science et du talent, la plus magnifique récompense des grands efforts et des grands succès...,

Dans les plans de Talleyrand et de Condorcet, l'Institut devait même être plus qu'un corps savant. Talleyrand en faisait à la fois une académie et une université, et il en était de même dans la pensée de la Commission des Onze qui avait présenté le projet de la constitution de l'an III: "Nous vous proposons, avait dit Boissy d'Anglas (2), de créer un institut national qui puisse offrir, dans ses diverses parties, toutes les branches de l'enseignement public, et, dans son ensemble, le plus haut degré de la science humaine : il faut que ce que tous les hommes savent, y soit enseigné dans la plus haute perfection; il faut que tout homme y puisse apprendre à faire ce que tous les hommes de tous les pays, embrasés du feu du génie, ont fait et peuvent faire encore..., Condorcet voulait confier à l'Institut la direction de l'instruction publique à tous les degrés (3).

Les auteurs de la loi du 3 brumaire, tout en ne voulant que d'un corps savant, se faisaient cependant de son rôle une conception grandiose." Cet institut, disait encore Daunou, raccordera toutes les branches de l'instruction; il leur imprimera la seule unité (4) qui ne contriste pas le génie, et qui n'en ralentisse pas l'essor; il manifestera toutes les

(1) HIPPEAU, ouv. cité, t. I, p. 481.

(2) Rapport cité, p. 72.

(3) Voir plus haut, no 504.

(4) Voir plus haut, nos 488, 507, 511, 522, 538, etc.

découvertes, pour que celle qui aura le plus approché de la perfection exerce le libre ascendant de l'estime, et devienne universelle parce qu'elle sera sentie la meilleure. Vous verrez diriger à ce centre commun, et s'y porter par une pente naturelle et nécessaire, tout ce que chaque année doit faire éclore de grand, d'utile et de beau sur le sol fertile de la France. Là des mains habiles diviseront, répandront, remueront partout ces trésors de science, de lumière; là, d'éclairés dispensateurs des couronnes du talent, allumant de toutes parts le feu de l'émulation, appelleront les prodiges que l'activité française a la puissance et le besoin de produire. Là, se verront, s'animeront et se comprendront les uns les autres, les hommes les plus dignes d'être ensemble; ils se trouveront réunis comme les représentants de tous les genres de gloire littéraire... „

560. ORGANISATION DE L'INSTITUT. L'Institut était composé de 144 membres résidant à Paris, et d'un égal nombre d'associés répandus dans les différentes parties de la Répu blique; il pouvait s'associer des savants étrangers. Il était divisé en trois classes: celle des sciences physiques et mathématiques; celle des sciences morales et politiques; celle de la littérature et beaux-arts. Chacune de ces classes se subdivisait en sections.

"Pour la formation de l'Institut national, disait l'art. 9 du titre IV de la loi du 3 brumaire an IV, le Directoire exécutif nommera quarante-huit membres, qui éliront les quatrevingt-seize autres. Les cent quarante-quatre membres réunis nommeront les associés.,, L'Institut une fois organisé, les nominations aux places vacantes devaient être faites par l'Institut lui-même, sur une liste au moins triple, présentée par la classe où une place vaquerait.

Les règlements relatifs à la tenue des séances et aux travaux de l'Institut devaient être rédigés par l'Institut et approuvés par le Corps législatif (1).

L'Institut devait publier tous les ans ses découvertes et

(1) Voir les lois du 15 germinal, du 9 floréal et du 29 messidor

ses travaux, ainsi que le programme des prix à distribuer par chaque classe (1).

§ 6. Les fêtes civiques (2)

561. LA MISSION DES FÊTES CIVIQUES. Tous les plans d'instruction publique qui furent soumis aux assemblées de la Révolution, comportaient, à côté des établissements d'enseignement proprement dits, des institutions plus spécialement destinées aux personnes qui n'étant plus en âge de fréquenter les écoles échappent par suite à leur influence (3). Au premier rang de ces institutions, ou œuvres post-scolaires, s'il est permis de les qualifier d'un nom moderne, les hommes de la Révolution avaient toujours placé les fêtes civiques. L'art. 301 de la constitution de l'an III (le dernier article du titre consacré à l'instruction) décida en conséquence qu'il serait établi des fêtes nationales pour entretenir la fraternité entre les citoyens et les attacher à la constitution, à la patrie et aux lois. "L'instruction chez un grand peuple, disait Boissy d'Anglas dans son rapport (4), ne doit pas

[ocr errors]

(1) Sur le mouvement scientifique en Belgique, avant l'annexion, voir MAILLY, Histoire de l'Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles (Mém. Académie royale, coll. in-8°, t. XXXIV et XXXV, Bruxelles, 1883; ID., diverses études dans la la même collection, t. XXVII, XXIX et XXXI. Cfr. en outre les travaux relatifs à l'Université de Louvain (voir plus haut, p. 408, note 1); QUETELET, Histoire des sciences mathématiques et physiques chez les Belges, Bruxelles, 1864.

[ocr errors]

(2) Voir surtout MATHIEZ, La théophilanthropie et le culte décadaire; ID., Les origines des cultes révolutionnaires; AULARD, IIistoire politique citée, pp. 644 et suiv., 666 et suiv.; Sciout, Le Directoire, t. IV, pp. 368 et suiv.; DURUY, L'instruction publique, etc. citée, pp. 295 et suiv. Cfr. SICARD, A la recherche d'une religion civile, Paris, 1895.

(3) Projet Talleyrand (voir plus haut, no 493): cfr. le rapport dans HIPPEAU, ouv. cité, t. I, p. 168 ; projet Condorcet (v. plus haut, no 500) : cfr. GUILLAUME, ouv. cité, p. 191-192; projets Romme (voir plus haut, nos 506 et 510): ibid., t. I, pp. 68-69, 209; projet Lakanal (v. plus haut, no 507) : ibid., t. I, p.511, 513, 567; projet Bouquier (v. plus haut, no 510): ibid., t. III, pp. 60, 573-575; etc. Cfr. SICARD, L'éducation morale et civique avant et pendant la Révolution, Paris, 1884, pp. 369 et suiv. (4) Rapport cité, p. 73.

seulement résulter d'un enseignement didactique; ce n'est pas aux seules leçons d'un professeur que les républicains peuvent se former. La véritable éducation des peuples est dans leurs lois, et plus encore dans leurs institutions, c'est par elles que leurs mœurs s'épurent, que leur âme s'élève, que leur caractère s'agrandit... Législateurs d'une grande nation, vous qui voulez fonder votre ouvrage sur la première de toutes les vertus, la justice, comme sur le plus doux de tous les sentiments, la fraternité, vous placerez dans vos institutions tout ce qui peut rappeler le plus efficacement les hommes aux charmes de la fraternité et aux devoirs de la justice; vous saurez, par des fêtes nationales, rapprocher les citoyens dans leurs plaisirs, pour qu'ils s'en aiment davantage et qu'ils s'accoutument à se rapprocher aussi dans leurs peines ;... vous dirigerez ces solennités vers tout ce qui peut rendre les hommes meilleurs vous y récompenserez avec éclat tout ce qui peut être présenté comme des modèles; vous placerez au premier rang les actions qui auront eu pour but de sauver la vie à des citoyens, en exposant courageuse. ment la sienne, ou de maintenir la liberté du peuple; vous ne dédaignerez point toutefois la vertu paisible et modeste; honorez le bon fils, le bon ami, l'épouse laborieuse et fidèle. Que la pudeur obtienne de vous une rose et l'innocence une couronne de fleurs... L'amour de la gloire et les vertus paisibles, le dévoûment à la patrie, l'attachement aux devoirs privės, voilà les bases d'un gouvernement républicain, voilà les mobiles dont vous devez user. Ainsi vous élèverez les hommes à la hauteur de vos lois.

[ocr errors]

562. CARACTÈRE DE CES FÊTES DANS LEURS RAPPORTS AVEC LES CULTES. Dans le plan de la Constituante, les fêtes civiques, quoique déjà fortement marquées de réminiscences païennes, n'étaient pas encore destinées, au point de vue de l'éducation et de la moralisation des masses populaires, à se substituer purement et simplement au rôle rempli jusqu'alors par les enseignements et les solennités de la religion chrétienne. Parmi les nouvelles fêtes, la célébration de celles de la douleur, devait même, au vœu de Talleyrand dans son rapport, réclamer le concours de la religion, “ pour y porter ses

« ÖncekiDevam »