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été cédé à M. l'évêque par un catholique irlandois, et cotis tient en circonférence 'l'espace d'environ une heure et demie de chemin. Il est à une fieue et demie de Bardstown, qui est la ville épiscopale. Le séminaire est dans un état de pauvreté difficile à décrire. On y manque de beaucoup de choses. Mais comment se plaindre quand on a sous les yeux l'exemple d'un évêque qui supporte les privations avec tant de conrage? M. l'évêque a perdu, dans le passage d'une rivière du côté des Illinois, sa chapelle, sa croix pectorale, et d'autres objets qui étoient fort précieux dans la disette où nous sommes. Il loge au séminaire, et dessert une congrégation voisine en même temps qu'il dirige le couvent des Sœurs dont j'ai parlé plus haut. C'est chez elles qu'il se nourrit pour diminuer un peu la dépense du séminaire. Il vient de partir pour le Détroit, où il doit avoir une entrevue avec M. l'évêque de Que bec. On ne sauroit dire combien le caractère humble, doux et aimable de ce prélat lui concilie de respect et d'attachement. Son zèle et sa charité sont sans bornes; rien ne l'arrête, et il est tout entier aux soins de son troupeau. Il espère que quand la cathédrale sera bâtie (et on a déjà plus de la moitié de la somme nécessaire) et que le séminaire, qui doit être auprès, sera construit, le nombre des sujets aug

mentera.

Ce que nous demanderions en ce moment, ce sont du linge et des ornemens d'église, des livres de prières et de théologie, et autres nécessaires pour l'instruction. Nous nous flattons que les bonnes ames en France seront touchées de notre dénuement, et qu'en voyant quel bien on peut faire ici, elles voudront y contribuer. La charité embrasse les intérêts de la religion dans tous les pays; et qu'y a-t-il de plus digne d'elle que de coopérer à faire connoître et aimer Dieu ? Ceux qui viendront après nous, trouveront du moins un logement pour les recevoir, au lieu que nous avons eu à bâtir le séminaire. Nous travaillons encore; nous faisons des briques; chacun met la main à l'ouvrage. On supplée aux moyens par le courage, et on surmonte les privations par la patience. Veuillez prier pour nous, et recevoir les vœux sincères que nous faisons pour le succès de vos travaux. A deux mille lieues l'un de l'autre, établissons une communauté de prières et de bonnes œuvres. Nous servons le même maître, et nous aspirons à la même couronne.

J'ai l'honneur d'être,

M.

(Mercredi 4 septembre 1816.)

(No. 216.)

QEuvres de J. B. Bossuet, évêque de Meaux, revues sur les manuscrits originaux et les éditions les plus correctes. Tomes iX, X, XI, XII, XIII et XIV (1).

II y a à peine quatre mois que nous avons rendu compte de la seconde livraison de ces OEuvres, et voilà que la troisième a déjà vu le jour depuis quelque temps. C'est assez prouver que cette édition se continue avec activité, et que l'éditeur a fort à cœur de satisfaire le public, et de répondre et à l'attente des souscripteurs et aux promesses qu'il leur a faites. Six volumes à la fois sont un gage de sa diligence et de son zèle, et on en annonce même encore quelques autres qui ne tarderont pas à paroître. C'est un excellent moyen de dissiper les craintes de ceux qui redoutoient les lenteurs que l'on apporte trop souvent dans de si grandes entreprises.

Ces six volumes appartiennent tous à la troisième classe, qui se compose des ouvrages de piété. Le tome IX, et la plus grande partie du tome X, sout remplis par les Méditations sur l'Evangile, où l'évêque de Meaux explique le sermon sur la montagne, et les autres discours de notre Seigneur sur la fin de sa vie mortelle, depuis son entrée triomphante jusqu'à

(1) Prix, 30 fr. 45 cent. brochés. A Paris, au bureau da Journal; et à Versailles, chez Le Bel.

Tome IX. L'Ami de la Religion et du Rot.

G

sa passion. L'auteur a distribué la lecture de ces sermous par journées, en sorte qu'elle fournit pour chaque jour un sujet de méditations pour le matin et pour le soir. On voit par une lettre de Bossuet aux religieuses de la Visitation de Meaux, le 6 juillet 1695, qu'il les avoit commencées pour quelques-unes d'entr'elles. Il leur en envoya alors une copie comme un témoignage de son affection. Cet écrit ue fut point imprimé de son vivant, et ne parut qu'en 1731, par les soins de son nevcu, l'évêque de Troyes, auquel Bossuet avoit, dit-on, expressément recommandé de le mettre au jour. Le jugement du public sur cet ouvrage a justifié ce vou de l'auteur.

Le nouvel éditeur a fait au texte des méditations des changemens dont on lui saura gré. Les premiers qui les ont publiées s'étoient permis un assez grand nombre d'omissions et d'additions qui n'altéroient pas précisément le sens, mais qui atténuoient souvent la force du discours, et qui, peut-être sous le prétexte de lui donner plus de correction, lui ôtoient l'empreinte du génie de Bossuet. L'éditeur ayant comparé les imprimés avec les manuscrits originaux, a rétabli le texte de Bossuet, et plusieurs des changemens qu'il a faits sont un véritable service rendu au texte. Ainsi on lisoit dans les anciennes éditions: Il faut avaler toute sorte d'amertumes, étre dans les souffrances..... la gloire est à ce prix; tandis que Bossuet avoit dit d'une manière bien plus expressive: Avaler toute sorte d'amertumes, étre dans les souffrances.... la gloire est à ce prix. Dans la même méditation, Bossuet s'étoit exprimé ainsi : On ne peut souffrir dans les autres le vice qu'on a en soi-même; éclairé pour reprendre, aveugle à se corriger et à se connoitre; tournure concisc et

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énergique à laquelle les premiers éditeurs avoient substitué cette phrase traînante : Chacun est éclairé pour reprendre, et aveugle quand il s'agit de se corriger et de se connottre. Ailleurs, au lieu de cette exclamation vive et courte : Pénitence pendant qu'il est temps! les éditeurs avoient mis: Faisons pénitence pendant qu'il est temps. C'étoit avoir bien peu de tact et de goût que de vouloir ainsi corriger Bossuet, et de ne pas sentir tout ce qu'on lui faisoit perdre en lui donnant ce style froid et compassé. Encore un exemple. Bossuet dit : Songez ici comme l'homme se trompe lui-même, comme il fait le sourd quand on veut lui dire ce qui choque ses passions et ses sens, comme, quelque clair qu'on lui parle, il détourne l'oreille, il ne fait pas semblant d'entendre, et craint d'approfondir la matière. Quilte ce commerce, renonce à ce plaisir, renonce à ta propre volonté; il n'entend pas, il ne veut pas entendre, ni savoir, ni interroger celui qui lui parle. Voyez maintenant à quel point les premiers éditeurs avoient gâté ce morceau par leur fâcheuse correction: Songeons ici comment l'homme se trompe lui-même. Dès qu'on veut lui dire ce qui choque ses passions et ses sens, il fait le sourd. Plus on lui parle clairement, plus il ferme l'oreille. Il ne fait pas semblant d'entendre, et craint d'approfondir la matière. Si on lui dit : Quitte ce commerce, renonce à ce plaisir, renonce à ta propre volonté, il n'entend pas, il ne veut ni entendre, ni savoir, ni interroger celui qui lui parle. Quelle différence de la première version à celle-ci, et combien il faut plaindre des gens qui croyoient redresser Bossuet, et améliorer son style par ces tournures lâches? Le nouvel éditeur a droit à notre reconnoissance pour avoir rendu au génie de l'évêque de Meaux son allure

vive et franche, et pour avoir fait disparoître l'alliage que des gens sans goût avoient mêlé à sa diction expressive et rapide.

Nous ne mettrons point sous les yeux du lecteur plusieurs passages de ces méditations, qui sont pleins de force et de vigueur. Ce seroit en quelque sorte Ini faire injure que de supposer qu'il a besoin qu'on lui fasse sentir le mérite du style de Bossuet. Ces méditations, quoi qu'elles ne soient pas autant travaillées que plusieurs autres ouvrages de ce grand homme, n'ont pas moins droit de plaire à la piété. Elles montrent combien l'auteur étoit nourri des grandes vérités de la religion, et combien il avoit médité sur la pratique de nos devoirs. Ses instructions sont aussi touchantes que variées; ses exhortations pressantes, ses tableaux pleins de vérité: l'usage continuel qu'il fait de l'Ecriture, ce qu'il sait tirer de ce trésor, les applications qu'il en fait à la morale, tout cela est d'un homine exercé à conduire les ames dans la voie du salut.

Le X. volume est terminé par divers écrits de piété; le Discours sur la vie cachée en Dieu, ou Exposition de ces paroles de saint Paul: Vous êtes morts, et votre vie est cachée en Dieu avec JésusChrist; discours composé pour Mme. de Luynes, religieuse de Jouarre; le Traité de la Concupiscence, ou Exposition de ces paroles de saint Jean: N'aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde; et divers opuscules de piété, entr'autres sur la prière, sur la communion, sur la préparation à la mort, pour des retraites, etc. On se convaine de plus en plus en lisant ces écrits, combien Bossuet étoit véritablement pieux, et combien il aimoit à s'occuper lui-même, ou à en

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