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Les lois du Dynamisme psychique

QUELQUES APPLICATIONS

DE LA LOI DES CONTRASTES

Avant de formuler « la loi des contrastes » telle que nous croyons devoir la comprendre, il ne sera pas inutile d'indiquer brièvement la portée des lois de la << causalité psychique » ou plutôt du « devenir », du << dynamisme » de notre vie consciente; et nous ne croyons pouvoir mieux y réussir qu'en indiquant la place de ces << lois » dans la « psychologie générale ».

S'il est un fait qui s'impose à la constatation immėdiate, c'est l'unité foncière de notre vie consciente. Nous pouvons évidemment y saisir des aspects divers; dans

champ de la conscience » nous distinguons des régions différentes, et la marche du temps entraîne de toute évidence une évolution marquée de notre vie mentale. Il n'en est pas moins certain que, malgré cette multiplicité de points de vue, la conscience normale se livre dans une unité qui est le premier indice de l'indissoluble << personnalité métaphysique ». Naturellement on retrouve la fameuse comparaison de James qui parle du «< stream of consciousness ». La vie consciente se présente, au regard de l'introspection, comme un fleuve, comme un torrent qui s'écoule d'une manière continue sous l'œil du spectateur. Celui-ci le voit appa

D

raître au loin derrière quelque accident de terrain qui rappelle le << seuil de la conscience », ou la « marge » extrême de tout le champ de l'introspection; et les eaux, les états de conscience, passent toujours, sans s'arrêter jamais, pour disparaître au loin, dans les abîmes de l'inconscient. Nous savons avec certitude que l'eau de la surface n'est pas celle du fond, que celle qui passe n'est pas celle qui a passé ou qui passera. Mais entre toutes ces parties du fleuve il n'y a aucune solution de continuité, tout y est solidaire des remous occasionnels ou réguliers amènent des échanges entre les différents niveaux; la partie du fond s'écoule de telle manière en raison de l'eau de surface; et il est impossible de saisir le mouvement total de la moindre molécule, si on l'isole de l'ensemble, qui conditionne toutes ses activités.

Cependant il nous est impossible d'embrasser d'un coup d'œil la totalité de notre être psychique. L'homme, même dégagé de toutes les modalités individuelles, est si complexe que dans son ensemble il échappe à notre emprise. Il faut le mettre en pièces, il faut en faire la dissection psychologique, il faut le morceler suivant des plans de clivage aussi naturels que possible, pour en examiner successivement, d'une manière indépendante, les innombrables aspects. Cette description détaillée et cette élaboration méthodique des fragments psychiques constituent la « psychologie analytique ».

Reconnaissons que pour être indispensable elle n'en est pas moins incomplète. L'homme n'est pas des sensations, des perceptions, des images, des souvenirs, des idées, des émotions, des habitudes, des passions, des initiatives volontaires. Il est tout cela, mais il l'est dans une unité supérieure ; et l'on comprend sans peine que l'analyse appelle impérieusement une synthèse qui nous restitue l'homme réel et vivant. La « biographie psychologique » s'y essaie parfois, mais elle ne nous

livre guère que les caractères différentiels d'une personnalité marquante; certaines oeuvres littéraires à tendance « psychologique » s'efforcent de suggérer une âme dans toute son intégrité, mais elles aussi s'attachent à des cas exceptionnels, et ne peuvent donner, dans ses produits les plus vrais et les plus réussis, que l'application plus ou moins fantaisiste et dramatisée de << lois >> constatées au préalable. Ce que nous cherchons toujours, c'est l'unité de l'homme qui ne soit qu'homme, de l'homme abstrait si l'on veut, manifestant dans une synthèse les traits essentiels d'une conscience totale.

Et puisque cet homme intégral déborde toutes les formules dans lesquelles on prétend l'enfermer, cette synthèse complète est en quelque sorte un idéal directeur, dont il faut s'approcher toujours, malgré la certitude de ne l'atteindre jamais. — Or rien ne paraît plus efficace pour assurer cette marche vers la « synthèse humaine » que l'examen des jointures, des articulations entre les différents éléments psychiques. On peut ainsi aboutir à quelques formules très générales, indiquant la manière dont les faits « élémentaires >> s'organisent; et l'on serait bien tenté de parler ici de <«<lois organiques » des états de conscience, n'était l'équivoque de ce terme qui fait penser à l'aspect corporel de la nature humaine. Lorsqu'on examine le << devenir des faits psychiques, à partir de l'objet jusqu'au retour à la réalité extérieure par l'exécution volontaire, lorsqu'on étudie leur immersion dans le torrent de la conscience, lorsqu'on tâche de poursuivre sa marche devant le regard introspectif du psychologue, il est impossible de ne pas songer à certaines formules, à certaines images peut-être, embrassant et représentant une foule de faits particuliers, et ayant dès lors toute la valeur d'une loi expérimentale. Ce sont là les lois du «< devenir », du « dynamisme psychique ». Elles n'ont certes pas la rigueur des « lois » physiques et

biologiques, parce que la vie consciente échappe par définition aux rigueurs quantitatives. Elles s'expriment en termes empruntés à l'ordre matériel, dérivés par conséquent et purement analogiques, parce que c'est là une loi de notre imagination. Elles ne forment encore aucun ensemble doctrinal achevé comme une théorie close; un même fait peut être conçu comme relevant de lois très diverses, parce que nous nous trouvons sur un terrain peu exploré, et que le fait psychique par sa complexité et sa nature propre se prête à des aspects multiples. Nous en conclurons que les lois du dynamisme psychique sont imparfaites, provisoires peutêtre; mais, malgré ces imperfections et ces relativitės, nous devons y reconnaître un chapitre très légitime de la psychologie générale, fournissant une première exploration de la voie ténébreuse qui doit nous conduire vers la lumière d'une synthèse intégrale.

Il ne sera peut-être pas inutile de donner ici l'énoncé des lois qui nous paraissent les plus importantes :

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1° Loi des contrastes. - Les objets de nos états de conscience ne sont pas les réalités du monde à l'état statique, mais ces mêmes réalités en tant qu'elles passent à un autre état. Ou bien Nous vivons psychiquement de la différence des êtres ou du dynamisme de l'univers. C'est cette loi que nous nous permettons d'établir ici par quelques exemples typiques. 2° Loi de synthèse. La conscience unit dans un fait simple et original ce qui correspond dans l'impression à une multiplicité objective; et dans ses formes supérieures elle synthétise d'une manière analogue les phénomènes psychiques sur lesquels elle opère.

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Cette loi de synthèse, bien que limitée à certains égards aux phénomènes de connaissance, est une des << formes les plus fondamentales de la vie psychique; elle est très étroitement liée à la loi des contrastes, si bien que celle-ci ne paraît exprimer qu'un stade

préparatoire, une condition préalable des synthèses mentales.

3° Lois de l'association des images. - On n'ignore pas que Sollier, dans son Essai critique et théorique sur l'Association en psychologie, a étendu le concept d'association bien au delà de sa portée traditionnelle. Je crois cette tentative peu heureuse. Il vaut mieux réserver le mot pour la concatenation des faits de connaissance. L'expression usuelle « association des idées » paraît critiquable, parce que le facteur primitif des groupements associatifs paraît être l'image plutôt que l'idée. On connaît les trois lois de la « ressemblance », de la « contiguïté » dans le temps et l'espace, et la loi de « contraste ». D'innombrables tentatives ont été faites pour réduire ces lois à une formule unique: on voit généralement dans le contraste une ressemblance, et dans la ressemblance une contiguïté. La plupart de ces essais nous paraissent plus ingénieux qu'efficaces. La simplification la plus heureuse paraît celle de Claparède, réduisant tout à la

simultanéité subjective », pourvu qu'on la comprenne d'une manière très large, et qu'on la dégage de sa transposition en termes physiologiques qui la charge d'impénétrables obscurités sans apporter le moindre avantage.

une

Il serait éminemment désirable qu'on pût trouver un lien entre les lois de l'association et celles « des contrastes » et « de synthèse ». Il nous paraît en effet possible de concevoir une association comme synthèse rudimentaire, incomplète. Aux lois de l'association, placées dans l'ensemble de la vie interne, on peut rattacher sans peine la « loi de totalisation » ou ce que Hamilton, en se restreignant aux idées, appelait la « réintégration » un état mental tend à renaître tout entier dès qu'un de ses éléments se présente à la conscience.

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