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spécialité, dans laquelle les circonstances les ont enfermées. Mais c'est là une véritable mutilation. Si l'on veut conserver une âme complète, il faut périodiquement passer de la spécialisation, qui est la forme sociale de la vie psychique, à la vie intégrale qui affirme les droits et les exigences de l'individu. L'impérieux besoin de ces grandes alternances proclame que la marche générale de notre existence, aussi bien que ses aspects particuliers, est régie par la « loi des con

trastes >>..

Il ne nous appartient pas de déterminer ici la manière dont on peut s'assurer le passage à la vie intégrale, malgré les exigences de la spécialisation. Ce problème, ainsi que la possibilité de dominer la «< loi des contrastes » dans la vie affective par une initiative volontaire, nous ferait passer sur le terrain de la psychologie appliquée et de la morale, dont l'accès nous est interdit en ce moment.

Contentons-nous de conclure que la « loi des contrastes » ou « des relativités » s'applique à notre existence psychique et à toutes ses modalités. Il y a là un caractère qui distingue radicalement le monde de la conscience du monde des réalités externes. lci chaque chose n'est qu'elle-même, se juxtapose à toute autre en maintenant les limites de son individualité. Dans le monde de la conscience ce qui est, ce qui fait vivre, c'est la différence des êtres; notre âme chevauche en quelque sorte sur les séparations du monde physique, et prépare ainsi les « synthèses » qui sont le résultat de sa fonction la plus caractéristique. A ce titre la loi des contrastes n'est pas indépendante; elle est un aspect particulier, une phase préparatoire à la << loi de synthèse ».

P. M. DE MUNNYNCK, O. P. Professeur à l'Université de Fribourg (Suisse).

FERDINAND VERBIEST

DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE DE PEKING

(1623-1688)

1

C'est avec une certaine appréhension, j'allais dire un sentiment de regret, que j'imprime ces quelques pages. Verbiest, malgré sa célébrité, est mal connu. Missionnaire au sens propre du mot, il le fut fort peu. Directeur de l'observatoire impérial de Péking, voilà son grand titre de gloire ! Mais Verbiest, membre de la Compagnie de Jésus, fut aussi recteur de la maison de Péking, et vice-provincial de la Chine. Comme supérieur religieux, il eut à résoudre les problèmes les plus graves, et dut surmonter des difficultés que seule sa Correspondance inédite mettra peut-être un jour en lumière. Or, ce Verbiest-là, on ne le connaît pas, et je suis néanmoins dans la nécessité de n'en pas parler aujourd'hui.

J'ai pour cela plusieurs raisons.

D'abord, tout en ayant déjà réuni sur mon héros un grand nombre de pièces importantes et inconnues, je suis loin cependant de les posséder toutes; des fonds d'archives entiers me restent encore à dépouiller. Puis, les querelles religieuses auxquelles il fut mêlé, impossibles à traiter en quelques pages, sortent du cadre d'une revue scientifique et doivent être réservées pour un journal d'histoire ecclésiastique. Enfin leur étude

suppose la publication de la Correspondance de Verbiest; travail long, difficile, qui est loin d'être prêt.

Pour parler de Verbiest, j'eusse préféré attendre. Mais les flamands de la West-Flandre se préparent à lui élever un monument dans son village natal. Comment refuser de leur dire, à cette occasion, un mot de leur illustre compatriote? De le suivre dans ses voyages? De le montrer à la tête de l'observatoire de Péking? Même à ce point de vue restreint je possède cependant trop de pièces pour avoir la prétention de les épuiser. Aussi bien ai-je tout à gagner, en publiant quelques documents nouveaux en entier, plutôt qu'en cherchant à les résumer tous. Je laisserai parler Verbiest luimême le plus possible (1).

I

« Moi, Ferdinand Verbiest, écrit-il, de sa main, dans l'Album des novices de la province Flandre-Belgique de la Compagnie de Jésus (2), je suis né à Pitthem, le 29 octobre 1623, de Josse Verbiest,bailli et receveur de Pitthem, Coolscamp, etc. et d'Anne Van Heeke, sa femme légitime. J'ai fait d'abord, chez les Pères de la Compagnie de Jésus à Bruges, un an d'humanités dans les figures; puis, j'ai achevé, en quatre ans, les quatre

(1) Dans les notes bibliographiques, nous désignons par :

AR, les Archives générales du Royaume, à Bruxelles. Toutes les pièces sont empruntées au fonds jésuitique, province Flandre-Belgique ;

BB, la Bibliothèque des Bollandistes ;

BR, la Bibliothèque Royale de Belgique ;

P, les Archives de la Propagande, à Rome;

SJ, les documents en possession de la Compagnie de Jésus.

A moins d'indication contraire, toutes les pièces manuscrites citées sont en latin; nous n'en donnons qu'une traduction.

(2) La collection de ces manuscrits est à la Bibliothèque du noviciat de la Compagnie de Jésus, à Tronchiennes. Les notices y sont données par ordre des dates d'entrée au noviciat.

autres classes, à Courtrai, chez les Pères de la même Compagnie. Après, j'ai étudié, pendant un an, la philosophie, au collège du Lys, à Louvain. C'est alors, que brûlant du désir d'une vie meilleure, je me présentai au P. André Judoci, provincial de la province FlandreBelgique de la Compagnie de Jésus, qui m'y admit à Louvain, après l'examen requis, le 2 septembre 1641. J'entrai au noviciat de Malines, le 29 septembre 1641... << Fait à Malines, au noviciat de la Compagnie de Jésus, le 23 novembre 1641.

<< C'est ainsi.

<< Ferdinand Verbiest. >>

Josse Verbiest, père de Ferdinand, était régisseur d'une partie des biens de don Ferdinand de Zuniga et Fonseca, marquis de Carraçona, comte de Ayala, baron de Maldeghem, Guyse, Coutsy, etc., seigneur de Pitthem, Coolscamp, Ayshove. Josse gérait les propriétés du marquis, situées dans ces trois derniers villages.

La famille Verbiest semble avoir été fort attachée à ses maîtres. Le 18 octobre 1639, la marquise de Carraçona mettait au monde, à Madrid, une fille. Le jeune Ferdinand, alors élève de rhétorique à Courtrai, manifesta sa joie dans une série de petites pièces de vers latins. On en fut si satisfait, qu'on les imprima. L'Université de Louvain en a encore un exemplaire (1). Le

(1) Arm. VII, Ray. III, 147. En voici le titre :

Illustrissimis Conivgibvs Don Ferdinando, & Elisabethæ De Zvniga Et Fonseca Marchionibvs de Tarraçona Comitibvs de Ayala Baronibus de Maldeghem, Guyse, Covtsy, &c. Dominis Civitatum de Coca, Alaexos, Castrexon, Valdefuentes, Villoria, Doncos, Arienega, Vallivm, de Lodio Orosco, Arestana, &c. Toparchis de Pitthem, Coolscamp, Ayshove, Vytkercke, Assenbroeck, Barseye, &c. In Filiæ Amantissimæ Natali Gratulatio. Cortraci, Apud Viduam Ioannis van Ghemmert, Anno M.DC.XXXX.

Sans nom d'auteur au titre, mais à la dernière page. Ita accinebat Ferdinandvs Verbiest Pitthemiensis, Rhetor Collegii Cortraceni Societatis Iesv. Anno M.DC.XXXX.

In-4° de de 24 pages.

rhétoricien possède bien la langue latine, son vers est facile et correct, mais surchargé de souvenirs classiques, d'assez mauvais goût. Verbiest eut quelque mal à se corriger complètement de ce défaut. Témoin, sa lettre écrite de Gênes, bien des années plus tard, à Ignace Melgaert.

Au bout de deux ans le jeune novice fit les premiers vœux. Les supérieurs l'envoyèrent alors de Malines à Louvain, où il répéta, au collège de la Compagnie, la philosophie, en 1613, et suivit le cours de physique en 1644. La chaire de physique y était occupée par André Tacquet. Verbiest conserva toujours le meilleur souvenir de cet excellent maître.

En 1645, on trouve avec quelque surprise Ferdinand à Courtrai, mis pendant un an à la disposition de Sidronius Hosschius, pour se perfectionner dans la poésie latine. Singulière préparation à un apostolat en Chine et à une direction d'observatoire ! Verbiest ne faisait pas prévoir, semble-t-il, ce qu'il serait un jour. Depuis quelque temps, il insistait cependant pour être envoyé aux missions, mais aux Indes Espagnoles et non pas en Chine. Charles Sangrius, vicaire général de la Compagnie, à la mort de Vitelleschi (1), refusa :

« A Ferdinand Verbiest, à Louvain.

<< Votre ardent désir d'aller aux Indes travailler pour le Christ jusqu'au bout du monde, exprimé dans votre lettre du 5 janvier, nous est fort agréable; mais le temps n'est pas à de pareilles missions. Au moment opportun, on se souviendra de vous. En attendant, croissez en vertu et acquérez tout ce qui est nécessaire à ce ministère difficile. Je me recommande à Dieu, dans vos prières.

<< (De Rome), le 11 février 1645. »

(1) SJ, Registres des lettres des généraux aux PP. de la province FlandreBelgique. Les lettres sont enregistrées d'après l'ordre des dates.

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