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Bucarest. Il s'est dès lors spécialement adonné à l'étude des applications du calcul des probabilités aux problèmes du tir et s'est ainsi trouvé particulièrement qualifié pour doter l'Encyclopédie scientifique du volume en question.

Après un rappel très succinct des notions de mathématiques (algèbre, géométrie analytique, analyse) indispensables à la pleine intelligence de la suite, rappel qui tient en une quinzaine de pages, l'ouvrage comprend trois parties désignées par les titres de Partie abstraite, Partie concrète et Applications.

La Partie abstraite comprend les principes fondamentaux sur lesquels repose la théorie des probabilités : probabilité totale, probabilité composée, probabilité des causes, probabilité des épreuves répétées, ce dernier principe conduisant au théorème capital de Bernoulli qui peut être regardé comme la pierre angulaire de tout l'édifice. Cette première partie s'adresse, est-il besoin de le dire? non seulement aux artilleurs en vue de qui elle a surtout été écrite, mais encore à tous ceux qui ont à recourir au calcul des probabilités en vue de l'une quelconque des questions qui relèvent de ses lois jeux de hasard, paris, erreurs d'observation, variations des éléments physiques, phénomènes démographiques, assurances, statistiques, etc.

La même observation peut être renouvelée à l'occasion de la Partie concrète qui a pour but d'enseigner les moyens de tirer d'une série d'expériences la probabilité des résultats à attendre du renouvellement des mêmes expériences dans des conditions identiques, et que dominent les célèbres lois de Gauss. L'auteur envisage, en fait, la question du point de vue qui convient aux fins qu'il se propose, en examinant successivement les lois auxquelles satisfont les écarts en portée, la dispersion des points de chute, la distribution des points d'éclatement dans l'espace; mais il suffit de substituer aux termes particuliers résultant du choix de l'application visée ceux qui se réfèrent à la théorie générale des écarts à un, deux ou trois paramètres, pour que, sans aucun autre changement, les développements donnés dans le livre embrassent toute cette théorie, indépendamment de la forme particulière dont on peut la revêtir suivant l'objet spécial qu'on se propose.

C'est dans la troisième partie que l'auteur aborde l'étude expérimentale et la pratique des tirs tant d'artillerie que d'infanterie. Des principes théoriques précédemment établis il déduit la solution de tous les problèmes pratiques qui se posent à l'occasion soit du tir percutant ou du tir fusant du canon, soit

du tir du fusil. Tous ces problèmes, traités avec des données numériques, fournissent des modèles que le praticien n'aurait, en quelque sorte, qu'à calquer pour se tirer d'affaire dans un cas quelconque.

Dans une note qui termine le volume, l'auteur montre encore comment les principes du calcul des probabilités peuvent conduire à des moyens de contrôle très efficaces pour la surveillance des fabrications d'objets produits par séries comme sont les balles et les cartouches.

L'exposé, très solide pour le fond, de M. le capitaine Burileano, est, dans toutes ses parties, d'une clarté parfaite, et écrit dans une langue qui, à aucun moment, ne laisse soupçonner qu'elle n'est point celle-même de l'auteur.

L. C. G.

XIV

DESCARTES. SA VIE ET SES ŒUVRES (Étude historique), par CHARLES ADAM. Supplément à l'édition de Descartes publiée sous les auspices du ministère de l'Instruction publique. Un vol. grand in-4 carré de XIX-646 pages et 6 gravures ou photogravures. Paris, librairie Léopold Cerf, 1910.

La couverture de cet ouvrage porte le numéro d'ordre XII : c'est qu'en effet on le considère comme faisant corps avec la publication des œuvres de Descartes en onze volumes, dont nous avons précédemment rendu compte dans cette REVUE (1). Il nous semble qu'on avait annoncé le complément de la publication des œuvres du philosophe par la réimpression de sa Vie par Baillet. M. Adam rend en fort bons termes hommage à cet ouvrage, «dont, dit-il, bien des pages ont été découpées pour être mises, chacune à sa place, au cours de la correspondance et des œuvres, et la majeure partie du reste se trouve insérée dans ce tome XII ». M. Adam ajoute que Baillet avait rempli en conscience son devoir de biographe, s'adressant de toutes parts à qui pouvait le renseigner. Mais M. Adam lui adresse un reproche qui l'a évidemment décidé à reprendre son œuvre « L'écrivain, dit-il, était prètre, l'abbé Baillet, futur

(1) Avril 1898, juillet 1899, juillet 1900, octobre 1901, juillet et octobre 1903, janvier 1907, octobre 1908 et juillet 1910.

auteur des Vies des Saints, et il écrivait, n'oublions pas la date, aux environs de 1690, c'est-à-dire au plus fort de la réaction religieuse du règne de Louis XIV. Descartes était fortement suspect n'avait-il pas été condamné à Rome? Le pieux biographe s'applique manifestement à le réhabiliter et à présenter son philosophe comme un bon catholique, croyant et pratiquant, dont il exagérerait plutôt la religion. Il en dit trop à cet égard, et les protestants réfugiés en Hollande n'ont point manqué d'en faire la remarque. M. Baillet, ont-ils dit, a fait de Descartes presqu'un dévot. »

M. Adam n'avait pas besoin de dire que, dans son œuvre, on ne trouverait pas les mêmes préoccupations, et nul n'aurait eu à s'en choquer ni à le regretter; mais on y trouve, à un rare degré, des préoccupations contraires. Sans doute, il ne cherche pas à dissimuler les marques nombreuses données par Descartes de son attachement à la religion catholique; mais il le fait toujours avec une ironie non dissimulée, marquant nettement que tout lui paraît dissimulation des véritables sentiments du philosophe.

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On doit sans doute reconnaître que le recours au bras séculier pour maintenir l'intégrité de la foi et le vif désir de Descartes de voir sa philosophie s'introduire dans l'enseignement, sont de nature à rendre plus ou moins suspectes certaines timidités que Mersenne jugeait exagérées; mais il y a loin de là à juger tout faux dans les manifestations du catholicisme de Descartes. M. Adam dit, dans son Appendice XV, que « chaque génération (la nôtre comme les précédentes) se figure toujours (en dépit de la vérité historique) un Descartes à sa propre image et ressemblance » se considérant évidemment comme éminemment représentatif de notre génération, il a tenu à nous donner un Descartes aussi peu croyant que lui-même. Que serait-il arrivé si la mort n'avait pas enlevé l'un des deux éditeurs, M. Paul Tannery, dont la mentalité, à ce point de vue, différait sensiblement de celle de son collaborateur? peut-être, faute de pouvoir établir un compromis acceptable, nous eût-on donné le texte de Baillet, sans prétendre refaire un Descartes à la ressemblance du XXe siècle.

Quoi qu'il en soit, un prêtre qui fait preuve de plus de liberté d'esprit que M. Adam, le P. Laberthonnière, vient précisément de publier une étude des plus pénétrantes sur « la Religion de Descartes >> (1), et il l'a terminée, ou mieux fait suivre, par une

(1) ANNALES DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE de juillet, août et septembre 1911.

critique de l'œuvre de M. Adam à ce point de vue. Nous ne saurions entrer dans une discussion détaillée; mais, avec le P. Laberthonnière, nous voudrions nous arrêter devant l'argument tiré de deux lettres découvrant franchement la pensée de Descartes, d'après M. Adam. Donnons d'abord la parole à celuici: «Quels étaient au fond les sentiments intimes du philosophe? A deux reprises, dans des lettres privées (lettres de condoléance, il est vrai, et à des huguenots, auxquels il ne pouvait guère tenir un autre langage), il découvre franchement sa pensée. A la hauteur intellectuelle et morale où ce grand esprit s'était élevé, peu importait le culte où il se trouvait engagé du fait de sa naissance et de son éducation : il garda toute sa vie le même, parce qu'en vérité c'était là quelque chose d'extérieur, qui tenait surtout aux circonstances, et ne valait pas la peine qu'on le changeât » (1). Notons d'abord un singulier mélange de sincérité et d'idée fixe, qui fait trouver l'expression franche de la pensée d'un homme dans des lettres où l'on déclare soimême qu'il ne pouvait guère tenir un autre langage.

Mais il y a plus : les lettres invoquées ne contiennent rien que ne puisse avouer un catholique. Écrivant à Pollot, qui venait de perdre un frère, Descartes disait : « Il n'y a aucune raison ni religion qui puisse faire craindre mal après cette vie à ceux qui ont vécu en gens d'honneur; au contraire, l'une et l'autre leur promet joie et récompense.» «N'est-il pas clair, dit le P. Laberthonnière, que ceci n'est rien de plus que l'idée courante, admise par tout le monde, à savoir que ceux-là seront sauvés qui auront sincèrement cherché la vérité et voulu le bien ? Idée qui se trouve dans S. Paul, que S. Thomas formule lui-même à sa manière, dans un texte souvent reproduit, et qui n'implique nullement indifférence relativement aux croyances positives ou aux pratiques du culte. »

Dans l'autre lettre adressée à Huygens dans une circonstance semblable, Descartes énonce « qu'il ne peut concevoir autre chose de la plupart de ceux qui meurent, sinon qu'ils passent dans une vie plus douce et plus tranquille ». Après cette citation, M. Adam ajoute: « Et qui lui donne cette assurance? La foi ou la raison? Toutes deux apparemment. Mais il avoue ici ce qu'il appelle « son infirmité » bien qu'il ait la volonté de croire, et que même il croie très fermement tout ce qui lui est enseigné par la religion, « les choses dont il est persuadé par des raisons

(1) Page 553.

naturelles le touchent, dit-il, bien plus que celles que lui enseigne la foi seulement ». Le philosophe l'emporte donc sur le croyant; s'il est persuadé de la vie future (une vie surtout bienheureuse, comme le pensait Socrate dans l'antiquité), ce n'est pas tant comme chrétien ou catholique et parce qu'il a confiance en la révélation: c'est comme penseur, et parce qu'il s'est démontré à lui-même que l'âme est distincte du corps et ne meurt pas tout entière avec lui ».

Ainsi parle M. Adam; sur quoi le P. Laberthonnière fait justement remarquer que celui-ci n'aurait pas tiré cette conséquence s'il s'était seulement souvenu que tous les théologiens admettaient que l'immortalité de l'âme, ainsi que l'existence de Dieu et d'autres vérités essentielles à la religion, pouvait être démontrée par la raison, sans pour cela laisser le philosophe l'emporter en eux sur le croyant. Il y a bien ce que Descartes appelle son infirmité, qu'il dit du reste lui être commune avec la plupart des hommes; mais S. Thomas n'enseigne-t-il pas qu'il vaut mieux savoir la vérité que la croire? Descartes n'a pas dit autre chose.

Les arguments positifs de M. Adam sont donc plus que faibles. Mais il reste que Descartes ne se montre pas occupé de la religion dans sa vie proprement intellectuelle et que même l'idée de Dieu et en général toute la métaphysique, après avoir été placées à la base de la philosophie, ne jouent plus grand rôle dans la suite de ses méditations.

Il nous semble que le P. Laberthonnière a bien su reconnaître ce qu'était la religion pour Descartes. Pénétré de la théorie courante de l'extrinsécisme qui suppose que l'homme, dans son rapport avec Dieu, n'est qu'une réceptivité passive, il voyait dans la religion quelque chose en quoi « les plus idiots et les plus simples... peuvent aussi bien réussir que les plus subtils >> ; de telle sorte que la tâche de savoir le monde se trouvait préconisée comme la tâche vraiment et pleinement humaine, comme celle où il appartient à l'homme de mettre en œuvre ses capacités d'homme et de triompher par elles. Si donc Descartes n'a traité des questions religieuses que pour s'en débarrasser, ce ne fut point qu'il cherchat à se débarrasser de la religion, mais c'est qu'il désirait en avoir le bénéfice dans le temps et dans l'éternité, sans avoir à s'en occuper icibas et afin de s'occuper d'autre chose. «Il fut et c'est ainsi, dit le P. Laberthonnière, que finalement nous pourrions le caractériser un croyant sincère mais banal qui aurait voulu

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