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présentés au Roi. Chaque Ordre parut séparément. Le 4, s'étant rassemblés dans les salles attenantes à l'église de Notre-Dame, ils accompagnèrent Sa Majesté et la Famille Royale à l'église paroissiale de St. Louis, où l'on se rendit processionnellement. Une messe du St. Esprit y fut célébrée avec la plus grande solennité, par M. de Juigné, Archevêque de Paris, assisté d'Archevêques et Evêques. Suivant l'ancien usage, après le premier Evangile, un sermon fut prononcé par l'Evêque de Nancy (M. de la Fare). L'orateur démontra que la religion fait la force des empires, que la religion fait leur bonheur; vérité sublime, si méconnue depuis *! L'effet que ce discours produisit, fit naître un tel enthousiasme, que, malgré la majesté du lieu, l'orateur fut souvent interrompu par les applaudissemens de son auditoire.

L'ouverture des Etats se fit, le 5 Mai, dans une salle magnifique, préparée dans l'hôtel des Menus

• "La religion," dit un auteur savant, "est assurément de tous "les moyens le plus efficace pour conserver la paix et le bon "ordre dans un Etat. Les sujets y apprennent l'obéissance au "Prince et aux lois: les enfans, le respect pour leurs pères et "mères: les serviteurs, la fidélité pour leurs maîtres: tous,

enfin, la justice, la charité, et tous les autres devoirs des ❝ hommes entre eux, selon les diverses relations qu'ils peuvent "avoir l'un et l'autre."-(Prideaux, Hist. des Juifs.)

Plaisirs du Roi. Chacun étant placé, le Roi et la Reine arrivèrent précédés des Princesses du Sang. Le Roi monta sur son trône. La Reine se plaça dans un fauteuil à la gauche du Roi. Les Princes et les Princesses formèrent, de chaque côté du trône, un demi-cercle. Les Dames de la Cour occupoient les galeries des deux côtés de l'estrade. Les autres galeries, ainsi que les travées, étoient remplies par des habitans de Paris, de Versailles et des environs. Quand le Roi parut, tous les assistans se levèrent. Sa Majesté resta debout, quelques minutes, pour donner à la Cour le temps de se placer.

En ce jour mémorable, chacun contemploit avec admiration le spectacle imposant qu'offroit à tous les regards la présence du premier Potentat de l'Europe, entouré des trois Ordres de sa Nation. Ce coupd'œil imprimoit un étonnement mêlé de respect. Pendant quelques instans, règna le plusgrand silence. Le soleil, jusqu'alors obscurci par d'épais nuages, se montra tout-à-coup; il enveloppa de ses rayons le Roi et le trône.

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"Messieurs," dit le Roi, "ce jour que mon cœur attendoit depuis long-temps, est enfin arrivé, et je me vois entouré des Représentans de la "Nation à laquelle je me fais gloire de commander. "Un long intervalle s'étoit écoulé depuis les der

"nières tenues des Etats-Généraux; et, quoique la "convocation de ces Assemblées parût être tombée

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en désuétude, je n'ai pas balancé à rétablir un

usage dont le royaume peut tirer une nouvelle "force, et qui peut ouvrir à la nation une nouvelle "source de bonheur.

"La dette de l'Etat, déjà immense à mon avéne"ment au trône, s'est encore accrue sous mon règne; une guerre dispendieuse, mais honorable,

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en a été la cause. L'augmentation des impôts en "a été la suite nécessaire, et a rendu plus sensible "leur inégale répartition.

"Une inquiétude générale, un désir exagéré "d'innovations, se sont emparés des esprits, et fint"roient par égarer totalement les opinions, si on ne "se hâtoit de les fixer par une réunion d'avis sages CC et modérés.

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"C'est dans cette confiance, Messieurs, que je "vous ai rassemblés, et je vois, avec sensibilité, qu'elle a déjà été justifiée par les dispositions que " les deux premiers Ordres ont montrées à renoncer " à leurs priviléges pécuniaires. L'espérance que "j'ai conçue de voir tous les Ordres, réunis de sen"timens, concourir avec moi au bien général de "l'Etat, ne sera point trompée.

"J'ai déjà ordonné, dans les dépenses, des re

"tranchemens considérables. Vous me présen

“ terez encore, à cet égard, des idées que je recevrai

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avec empressement. Mais, malgré la ressource

que peut offrir l'économie la plus sévère, je crains, "Messieurs, de ne pouvoir pas soulager mes sujets " aussi promptement que je le désirerois. Je ferai "mettre sous vos yeux la situation exacte des "finances, et, quand vous l'aurez examinée, je suis "assuré d'avance que vous me proposerez les

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moyens les plus efficaces pour y rétablir un ordre

permanent, et affermir le crédit public. Ce

grand et salutaire ouvrage, qui assurera le bon"heur du royaume au dedans, et sa considération 66 au dehors, vous occupera essentiellement.

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"Les esprits sont dans l'agitation; mais une As"semblée des Représentans de la Nation n'écoutera, sans doute, que les conseils de la sagesse et de la prudence. Vous aurez jugé vous-mêmes, Messieurs, qu'on s'en est écarté dans plusieurs occa❝sions récentes. Mais l'esprit dominant de vos "délibérations répondra aux véritables sentimens "d'une nation généreuse, dont l'amour pour ses "Rois a toujours fait le caractère distinctif; j'éloi→ "gnerai tout autre souvenir.

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"Je connois l'autorité et la puissance d'un Roi I juste au milieu d'un peuple fidèle et attaché de

"tout temps aux principes de la Monarchie. Ils "ont fait la gloire et l'éclat de la France. Je dois en être le soutien, et je le serai constamment. "Mais, tout ce qu'on peut attendre du plus ten“dre intérêt au bonheur public; tout ce qu'on peut demander à un Souverain, le premier ami "de ses peuples, vous pouvez, vous devez l'atten"dre de mes sentimens.

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"Puisse, Messieurs, un heureux accord régner "dans cette Assemblée, et cette époque devenir à jamais mémorable pour le bonheur et la prospé"rité du royaume? C'est le souhait de mon cœur, "c'est le plus ardent de mes vœux, c'est enfin le

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prix que j'attends de la droiture de mes inten❝tions et de mon amour pour mes peuples.

"Mon Garde des Sceaux va vous expliquer plus "amplement mes intentions, et j'ai ordonné au "Directeur-Général des Finances de vous en exposer

"l'état."

Le discours du Roi, expression touchante de sa bonté et de sa confiance, fut, à diverses reprises, interrompu par de vives acclamations. Lorsqu'elles furent terminées, le Garde des Sceaux (M. de Barentin) s'approcha du trône, prit les ordres du Roi, revint à sa place et dit: "Le Roi permet qu'on

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