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fistes le publièrent, il le reçut avec ces égards que le seul caractère de prêtre pouvoit encore justifier.

Madame Elisabeth, heureuse, disoit-elle, de n'être pas forcée à de pareils ménagemens, déclara que, le jour de Pâques, elle entendroit dans le Château la messe de l'un de ses chapelains. Sans égards pour le rang de cette Princesse, des séditieux osèrent couvrir de placards abominables les murs d'une galerie voisine de son appartement. On la menaçoit des derniers outrages, si, le jour de Pâques, elle n'accompagnoit point le Roi à la paroisse. Ce jourlà, avant l'heure ordinaire de mon service, je me rendis près de Madame Elisabeth. Sa Dame d'Atours*, n'écoutant que son attachement, étoit accourue au Château. Madame Elisabeth n'ignoroit pas le contenu des placards qui la menaçoient. "Dans ces conjonctures," me dit-elle, "alliez avec "la prudence que les circonstances prescrivent, le "maintien du respect qui m'est dû." Constante dans sa résolution, Madame Elisabeth n'accompagna point le Roi et la Reine à la paroisse, et, comme cette Princesse l'avoit annoncé, elle entendit la messe dans le Château.

La Duchesse de Sérent. Sous la tyrannie de Robespierre, elle fut en butte aux plus grandes persécutions.

Cependant, quelle que fût la patience de Louis XVI, elle ne lui rendoit point les cœurs. Chaque jour, au contraire, ses sujets s'égaroient davantage, et s'enhardissoient à l'outrager. Enfin, Louis se persuada que, quand tout espoir pacifique venoit à manquer, il falloit recourir à d'autres moyens.

Depuis long-temps, divers plans d'évasion avoient été soumis au Roi, sans qu'il eût voulu en adopter aucun; mais, poussé à bout par les entreprises des factieux, il se décida pour le plan concerté entre le Baron de Breteuil et le Marquis de Bouillé *.

Le départ de Sa Majesté pour Montmédy, arrêté d'abord pour la nuit du 19 au 20 Juin, ne put avoir lieu que dans celle du 20 au 21. Mais, ô destinée fatale! le Roi, dont, sans doute, on avoit trahi le secret, fut arrêté à Varennes, par ses propres sujets, et se vit contraint de retourner à Paris, escorté d'un grand nombre de Gardes Nationaux. Son évasion, qui devoit sauver la France, ne servit qu'à précipiter les malheurs de Sa Majesté.

* Le Marquis de Bouillé, Lieutenant Général, Chevalier des Ordres du Roi, commandoit en chef dans les trois Evêchés.

+ Les relations que quelques personnes, employées lors de ce départ, et même présentes à l'arrestation du Roi, avoient bien voulu me communiquer, sont trop contradictoires pour que je puisse donner au public un récit authentique et capable de fixer son opinion sur cet événement. Quelques détails certains m'au

MONSIEUR et MADAME, partis dans la nuit du 20 Juin, dans deux voitures séparées, et par des routes différentes, étoient heureusement sortis du royaume. MONSIEUR étoit accompagné du Comte d'Avaray, l'un des premiers Officiers de sa Maison*; MADAME l'étoit du Comte de Criminil, son Ecuyer, et de Madame Gourbillon, sa Lectrice.

Le 21, au matin, toutes les voix répétèrent dans Paris la nouvelle de l'évasion du Roi. L'inquiétude, la crainte, la stupeur, se peignirent sur les visages. Chacun cédant à ses affections personnelles, fut en proie à la crainte ou à l'espérance. L'Assemblée seule, ou plutôt la majorité factieuse, affecta un air de sécurité. Dans le cours de la séance, il

torisent seulement à dire, que le jour où l'historien déchirera le voile qui cache la vérité, il fera connoître avec quelle légèreté on a calomnié les actions de Louis XVI, de cet infortuné Monarque, dont les vertus et les malheurs seront mémorables à jamais.

Le Comte d'Avaray, Maître de la Garderobe, parlant avec facilité la langue Angloise, se fit passer pour voyageur Anglois. Sa résolution, son intelligence, son sang-froid, et, plus que tout, son dévoûment entier pour MONSIEUR, assurèrent l'évasion de ce Prince, à travers mille dangers, dont les intéressans détails sont consignés dans une relation qui appartiendra, un jour, à l'histoire. MONSIEUR, aujourd'hui Roi de France, depuis la mort de Louis XVI et de Louis XVII, voulant récompenser les constans et éminens services du Comte d'Avaray, l'a nommé son Capitaine des Gardes, et l'a autorisé à joindre l'écusson de France à celui de ses armes.

lui fut apporté une Déclaration trouvée sur la table du Roi. Elle étoit écrite en entier de sa main.

Le Roi déclaroit, que tant qu'il avoit cru possible le retour de l'ordre et du bonheur général, il n'avoit hésité sur aucun sacrifice personnel, et que s'il n'eût été trompé dans son espoir, il ne se seroit pas même prévalu de la nullité absolue, dont le défaut de liberté avoit frappé tous les actes du pouvoir Royal, depuis le 6 Octobre, 1789; mais, que pour prix de ses sacrifices, voyant la royauté avilie, et la France dévorée par l'anarchie, après avoir protesté solennellement contre les actes exigés et émanés de lui pendant sa captivité, il vouloit exposer aux François et à l'univers le tableau de sa conduite, si différente de celle du nouveau gouvernement.

Le Roi rappeloit les concessions et les sacrifices qu'il avoit faits: la convocation des Etats-Généraux ; la double représentation du Tiers-Etat; la Déclaration si généreuse du 23 Juin; la réunion des Ordres, que lui-même avoit accélérée; le renvoi qu'il fit, au mois de Juillet, 1789, des troupes que les désordres publics l'avoient forcé de rassembler; sa résidence transférée de Versailles à Paris; le licenciement de ses fidèles Gardes du Corps ; la garde de son palais et de sa personne confiée aux soldats rebelles du régiment des Gardes Françoises et aux

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Gardes Nationaux; enfin, sa captivité et celle de sa
Famille.

De là, passant à l'examen de la constitution nouvelle, le Roi prouvoit que, dans chacune des branches de l'administration, elle ne lui laissoit qu'une autorité purement illusoire; que, déjà, l'expérience avoit fait voir, qu'employé contre le gré des factieux, le Veto suspensif restoit sans effet. Que le Roi, reconnu par les décrets Chef suprême dans toutes les parties de l'administration publique, n'avoit réellement d'influence ni dans celle de la justice et de l'administration intérieure, ni dans la disposition des forces de terre et de mer, ni dans les relations extérieures, ni dans l'administration des finances; en un mot, dans aucune partie du gouvernement. Il démontroit que, vicieuse en ellemême, et continuellement subordonnée à l'ascendant des clubs révolutionnaires, la constitution ne pouvoit que multiplier, chaque jour, et prolonger les malheurs de la France.

Le Roi déclaroit que, dans l'impossibilité d'opérer le bien et d'empêcher le mal, il avoit dû chercher à se mettre en sûreté avec sa famille. Il invitoit les François et surtout les habitans de Paris, à revenir à lui, leur Roi, leur Père, leur meilleur Ami. Sans

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