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s'asseye et qu'on se couvre." Les trois Ordres s'assirent et se couvrirent.

Alors, le Garde des Sceaux exposa qu'elles étoient les intentions du Roi en convoquant les EtatsGénéraux.

Après le discours du Garde des Sceaux, le Ministre des Finances (M. Necker) prit la parole. Il traça le tableau de la situation des affaires publiques; parcourut toutes les branches de l'administration des finances, indiquant les moyens d'amélioration; fixa à cinquante-six millions de livres le déficit des recettes relativement aux dépenses; fit entrevoir la facilité que le Roi auroit eu de couvrir ce déficit, sans avoir besoin de recourir aux Etats-Généraux. Il traita de la foi publique, de la sainteté des engagemens antérieurs, du respect pour les propriétés, de la nécessité du maintien des lois, des coutumes, des usages propres aux différentes provinces. Le Ministre finit en adressant au ciel des vœux pour le parfait accomplissement des intentions bienfaisantes du Roi et pour la prospérité de la France.

Après ce discours, le Roi se leva, resta debout quelques instans; puis, ayant tourné ses regards sur la Reine, il sortit avec elle, au milieu des acclamations de toute la salle. Leurs Majestés, accompagnées

des Princes et Princesses du Sang, furent suivies d'un nombreux cortége. Toute la maison militaire, cavalerie et infanterie, étoit sous les armes.

En fixant ses regards sur la personne du Roi, chacun crut voir un père tendre au milieu de ses enfans: en l'écoutant, chacun crut entendre l'annonce du bonheur commun. Trompeuse illusion! De ce jour, qui sembloit être l'époque de la prospérité publique, va commencer une série de malheurs sans nombre, comme sans exemple. n'épargneront ni le trône, ni la chaumière. Ils s'étendront jusqu'aux extrémités du monde. Ils frapperont sur Louis XVI, et sur les plus chers objets de ses affections. Bientôt, comme prélude des coups affreux qu'elle préparoit, la mort enleva l'héritier du trône*,

Ils

Vérifier les procurations des Députés de son Ordre, devoit être le premier travail de chaque Chambre des Etats-Généraux. Aux Etats de 1614, une Commission du Conseil fit cette vérification; cette même forme auroit prévenu dans la dernière Assemblée la plus funeste des divisions. Le Clergé, avant de s'occuper d'aucune affaire, sup

*

Louis-Joseph-Xavier-François, Dauphin, né à Versailles, le 22 Octobre, 1781, mourut au château de Meudon, le 4 Juin, 1789.

plia le Roi, par une Députation, de permettre qu'une Commission, composée de Députés des trois Ordres, pris des différentes provinces, s'occupât immédiatement des moyens de faire baisser le prix du pain.

"Les objets," répondit le Roi, " que me pré"sente la délibération du Clergé de mon Royaume, "fixent depuis long-temps ma sollicitude. Je crois "n'avoir rien négligé de ce qui pouvoit rendre moins "funeste l'effet inévitable de l'insuffisance des ré"coltes; mais, je verrai avec plaisir se former, au "sein des Etats-Généraux, une Commission de "Députés des trois Ordres, qui puisse, en même (6 temps qu'eux, prendre connoissance des moyens

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que j'ai adoptés, s'associer à mes inquiétudes, et "m'aider de ses lumières.”

La délibération prise par le Clergé attestoit la pureté des intentions que cet Ordre apportoit aux Etats-Généraux. La Noblesse approuva le projet, et s'y réunit. Il fut envoyé au Tiers-Etat, qui refusa de délibérer.

Le Clergé et la Noblesse vouloient, conformé ment à l'usage pratiqué aux anciens Etats-Généraux, vérifier seuls et séparément les procurations des Députés de leurs Ordres respectifs. Le Tiers-Etat prétendit s'immiscer dans cette vérification. Il de

manda que les Ordres du Clergé et de la Noblesse se réunissent avec lui dans la salle qu'il occupoit, pour y discuter et juger en commun la validité des procurations. Il voulut que les suffrages fussent comptés, non par Ordre, mais par tête. Le Clergé et la Noblesse objectèrent, mais en vain, l'illégalité de cette mesure, et s'y refusèrent. Le Tiers-Etat déclara qu'il ne se constitueroit pas en Assemblée, que la réunion qu'il demandoit ne fût effectuée. Cette question fit naître de longs et violens débats. Ils retentirent de la capitale dans les provinces. La France fut dans l'agitation.

Pour concilier les esprits, le Roi ordonna que des conférences se tinssent chez le Garde des Sceaux. Les trois Ordres envoyèrent respectivement leurs Commissaires: mais, loin d'opérer aucun rapprochement, les conférences ne firent qu'aigrir les haines. Les prétentions du Tiers-Etat se montrèrent à déIl ne garda plus de mesure.

couvert.

Le 10 Juin, après avoir fait sommer, pour la dernière fois, les Députés du Clergé et de la Noblesse de se réunir à lui, il procéda à l'appel général des Députés, par bailliages. Le 17, sur la motion de l'Abbé Siéyes, le Tiers-Etat se déclara constitué en Assemblée Nationale. C'est-à-dire, qu'une fraction

des Représentans de la Nation, s'en établit le tout. Bailly fut nommé Président de l'Assemblée.

Siéyes, né à Fréjus, en Provence, Vicaire-Général du Diocèse de Chartres, Chanoine de la Cathédrale, devoit à un pamphlet politique, intitulé: Qu'est-ce que le Tiers-Etat? l'exception qui l'avoit placé parmi les Représentans des Communes. Cet écrit paradoxal établit, que le Tiers-Etat doit avoir aux Etats-Généraux une représentation double, par cela seul qu'il est plus nombreux que les deux autres Ordres. Du calcul des proportions, par un enchaînement de conséquences sophistiques, l'auteur conclut que le Tiers-Etat constitue la Nation. Ces principes, si bien adaptés aux circonstances, et la rédaction des cahiers de Crepy en Valois, infectés de tous les germes de la révolution, fixèrent sur l'Abbé Siéyes les regards des novateurs. Au refus de M. de Marmontel, les électeurs du Tiers-Etat de Paris, nommèrent cet ecclésiastique leur Député aux Etats-Généraux.

Dans la discussion sur la réunion des trois Ordres et la délibération en commun, le Tiers-Etat n'eut pas d'orateur plus ardent. Jaloux, jusqu'à la haine, de tout ce qui s'élevoit au-dessus de lui, soupirant après ce nivellement social, dont les rêveries de

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