Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Le Ciel, qui venoit de permettre ce nouveau régicide, le fit suivre bientôt d'un événement mémorable. Un premier décret de la Convention Nationale avoit ordonné de conduire à Marseille, et d'enfermer au fort St. Jean, le Duc d'Orléans, les Princes ses fils restés en France*, et le Prince de

26 Novembre, 1789, par le Chevalier de Bouflers, au nom de l'Académie Françoise.

[ocr errors]

"Si j'osois," disoit cet orateur, "tracer à Votre Majesté "l'image d'une personne vraiment digne des hommages de l'univers; sur qui le Ciel sembleroit avoir d'avance répandu l'éclat "du diadème; qui joindroit une dignité plus qu'humaine à une grâce presque divine; dont l'affabilité conserveroit je ne sais quoi d'imposant; qui obligeroit à la vénération en permettant ❝ la confiance, et chez qui, enfin, la délicatesse de son sexe, en "offrant l'expression des qualités les plus aimables, sembleroit "servir de voile à la force et au courage d'un héros, Votre Ma

[ocr errors]

jesté nommeroit l'auguste Marie-Therèse, et tous les François "nommeroient son auguste fille. Si je faisois connoître cette "âme égale et généreuse, aussi forte contre ses propres cha"grins, que sensible aux peines des autres, avec cette raison, en “ même temps maîtresse d'elle-même, souvent inspirée, jamais "dominée par les événemens; enfin, si j'essayois de peindre ce "don heureux d'étonner et de gagner les esprits par un main

tien toujours digne, mais toujours conforme aux circonstances "les plus difficiles, et ce charme indéfinissable qui naît de la "convenance et de la gloire, et qui prête aux moindres paroles plus de force qu'à des armes, et plus de prix qu'à des bienfaits, "Votre Majesté continueroit toujours à reconnoître et à être re" connue."

[ocr errors]

* M. le Duc de Montpensier, et M. le Comte de Beaujolois. Ces deux Princes, ainsi que M. le Duc de Chartres, aujourd'hui Duc d'Orléans, si jeunes au commencement de la révolution,

Conty. Par égard pour le mauvais état de sa santé, la Duchesse d'Orléans devoit rester au château de Vernon, en Normandie, sous la responsabilité de la municipalité du lieu*. La Duchesse de Bourbon continuoit de demeurer à son chateau de PetitBourg..

Dans ces circonstances, la défection de Dumouriert, acheva de perdre le Duc d'Orléans. Alors,

et instruits à l'école de l'adversité, jouissent en Angleterre d'un intérêt et d'une considération dont on se plaît à honorer la sagesse de leur conduite dans une position que de tristes souvenirs rendoient si délicate.

La Duchesse d'Orléans fut, depuis, emprisonnée au Palais du Luxembourg, devenu l'une des maisons d'arrêt. Plusieurs mois après la mort de Robespierre, le gouvernement la fit conduire en Espagne. Son malheur trop connu, loin d'avoir affoibli le respect qu'inspiroieut ses vertus, plus encore que son rang, l'avoit rendue l'objet de l'intérêt général.

Je me rappelle, à cet égard, une particularité dont je fus témoin. Le 31 Décembre, 1789, la Duchesse d'Orléans vint au Palais des Thuileries pour faire sa cour à la Reine, à l'occasion du nouvel an. La Duchesse d Orléans fut à peine auprès de Sa Majesté, qu'elle lui exprima la douleur que certains événemens lui causoient encore. La Reine ne la laissant point achever, lui prit la main, et lui témoigna combien l'expression touchante de ses sentimens pour elle, adoucissoit l'amertume de ses chagrins.

+ Le général Dumourier avoit formé le projet de marcher sur Paris, et, dit-on, de rétablir la constitution de 1791. La Convention Nationale, à laquelle la conduite du Général donnoit de l'ombrage, le manda à sa barre par un décret rendu le 7 Mars, 1793 Beurnonville, Ministre de la Guerre, Camus, Quinette, la Marque, et Bancal, tous quatre Députés de la Convention,

chaque faction, pour échapper au soupçon d'Orléanisme, affecta de se porter contre ce Prince aux résolutions les plus violentes. Le Comité de Sûreté Générale dressa l'acte d'accusation du Duc d'Orléans. Il fut ramené à Paris, sans deviner le motif de sa translation, et fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. Le 6 Novembre, ce Prince eut la tête tranchée, au milieu des cris de joie de ce même peuple dont, peu de temps auparavant, il avoit été l'idole.

L'assassinat de Louis XVI, celui de Marie-Antoinette, ne suffirent point à la rage des factieux. Il leur falloit une victime nouvelle. Le 9 Mai, 1794, Madame Elisabeth fut mandée au tribunal révolutionnaire. L'arracher de la Tour du Temple, la traîner à la Conciergerie, l'accuser, l'interroger, la condamner, fut l'affaire de quelques heures. "Vo66 tre ," lui demandèrent des cannibales érigés en juges?"Elisabeth de France, sœur de Louis

furent chargés de porter ce décret à l'armée, et de le faire exécuter. A peine arrivés au quartier général, Dumourier les fit saisir, et les envoya sous bonne escorte au Prince de Saxe-Cobourg, Feld-Maréchal, Commandant en Chef l'armée de Sa Majesté Impériale. Dumourier se flattoit d'être soutenu par son armée; elle l'abandonna. Il n'eut que le temps de passer en fugitif dans le camp Autrichien, avec quelques officiers de son EtatMajor.

"XVI, Tante de Louis XVII, votre Roi." Interrogée sur de prétendus chefs d'accusation, elle répondit: "C'est à Dieu seul que je rendrai compte "de mes actions." Le lendemain, Madame Elisabeth eut la tête tranchée, avec vingt-trois autres victimes.

Vertueuse Elisabeth! enlevée à la fleur de vos ans*, au monde indigne de vous posséder, veillez du haut des Cieux sur cette Princesse formée par vos leçons, sur ce trésor que vous avez laissé à la terre! Couvrez de votre protection toute-puissante, les débris épars de votre auguste famille!

Peu de temps après, une des factions de la Convention Nationale terrassa Robespierre. Le 9 Thermidor (27 Juillet, 1794), Tallien étant instruit que Robespierre le comptoit au nombre de ses premières victimes, se hâta de le prévenir, en l'attaquant luimême, par une dénonciation des plus graves. Sur cette dénonciation, fortement appuyée par Barrere, l'Assemblée décréta d'accusation ce monstre et les complices de sa tyrannie. A l'instant, la Commune se constitua en état de révolte contre la Convention. Quelques Députés réunis à la Garde

• Madame Elisabeth-Philippine-Marie-Helène de France, étoit née à Versailles, le 3 Mai, 1764.

+ Madame Royale, aujourd'hui Duchesse d'Angoulême.

Nationale assiégèrent l'Hôtel de Ville, et s'emparèrent des rebelles. Robespierre se tira un coup de pistolet: la balle lui cassa la mâchoire inférieure, et le laissa vivre pour le supplice; son frère se précipita par une fenêtre de l'Hôtel de Ville, et se brisa le crâne sans se tuer; St. Just se rendit sans défense; Lebas se brûla la cervelle; Henriot, jeté d'une fenêtre par Cofinhal, l'un de ses complices, fut ramassé dans un égout; Couthon fut trouvé au coin d'une rue, couvert de blessures et expirant. Estropiés et défigurés, tous ces monstres furent traînés au Comité de Sûreté Générale. Le lendemain, ils furent exécutés, au nombre de vingtdeux, sur la même place qui fut trop long-temps le théâtre de leurs cruautés.

Quelle carrière de calamités il m'a fallu parcourir! Que d'idées lugubres j'ai rappelées, en traçant le tableau des attentats commis par les tyrans à qui la France fut si long-temps asservie! Mais le nombre de leurs forfaits n'est pas complet encore. . . . Le fils de Louis XVI respire!

La guerre étendoit ses ravages du Midi au Nord de l'Europe. Les armées Françoises, partout victorieuses, augmentant chaque jour l'audace des factieux, aggrandissoient le théâtre de leurs brigandages, et sembloient en assurer l'impunité. Les

« ÖncekiDevam »