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on obéissoit. Le fond des cœurs étoit catholique. Ni le roi, ni les corps de l'État ne désiroient une rupture complète avec Rome : elle auroit trouvé d'ailleurs trop d'obstacles dans la nation. On alloit en avant sans se demander où l'on arriveroit. Le clergé posoit des principes dont il repoussoit les conséquences, et les parlemens eux-mêmes ne vouloient que les conséquences dont ils avoient besoin dans les cas particuliers qui se présentoient successivement.

Il n'en est plus ainsi maintenant. Fort peu importe la Déclaration à ceux qui en font tant de bruit : ce sont ses conséquences seules, ses conséquences tout entières qu'ils veulent. Ils aspirent au schisme; dans leurs vœux insensés et criminels ils rêvent une Église nationale, avec laquelle ils en auroient bientôt fini du christianisme. Qu'on ne s'y trompe pas, voilà leur but; et le moyen qu'ils ont choisi pour y parvenir seroit infaillible, si le clergé, fidèle à sa foi, à la foi catholique, apostolique, romaine, ne leur opposoit une barrière insurmontable. Oui, certes, le sacerdoce a aujourd'hui de grands devoirs, et plus que jamais il doit se presser autour de celui de qui seul il emprunte sa force. Qu'il tourne les yeux vers son chef: c'est là qu'est l'espérance. Gardien de la religion qui ne périra point, la Providence le charge encore, en ces jours de destruction, de veiller sur les débris de la société humaine. Elle lui en confie le soin, jusqu'au moment où il lui plaira de féconder de nouveau ces ruines. L'avenir du monde est dans ses mains : les ennemis de Dieu le sentent; pour lui, qu'il le sache,

et qu'il remplisse avec confiance ses hautes destinées. Mais puisque les projets de l'impiété sont connus, puisqu'elle travaille ouvertement à précipiter la France dans le schisme, sous le prétexte de défendre les libertés gallicanes, il convient de montrer ce que c'est qu'une Église nationale, et quelles conséquences auroit pour nous une pareille révolution, s'il étoit possible qu'on réussît à l'accomplir jamais.

CHAPITRE VIII.

Des églises nationales.

Les maximes gallicanes, proclamées précipitamment par des prélats de cour, qui, dans l'aveuglement de la passion, n'y virent qu'une insulte au pontife romain et une flatterie pour le monarque, tendoient, comme on l'a prouvé, à séparer totalement l'ordre politique de l'ordre religieux, et même à détruire l'ordre religieux en le soumettant, contre sa nature, à l'ordre politique. Elles ne sont, sous ce rapport, que l'expression théologique des doctrines du siècle, des doctrines athées, dont la philosophie, née du protestantisme, s'efforce de faire l'application rigoureuse à la société ; et sous le même rapport, il est impossible de concevoir rien de plus opposé à la croyance unanime des peuples et aux idées que les anciens se formoient de la constitution de la cité, qui reposoit à leurs yeux sur la loi divine, source primitive et base nécessaire de toutes les lois humaines (1).

Le christianisme, en perfectionnant l'institution religieuse, et par conséquent aussi l'institution sociale,

(1) Plat. de Legib., lib. X et alib. Xenoph. Memorab. Socrat., lib. I.Plutarch. contra Colot., Oper. p. 1125.- Cicer. de Legib. passim.

n'en déplaça pas les fondemens; au contraire il les affermit, et ce fut encore autour de l'autel que les hommes se rassemblèrent et s'unirent. Une nouvelle civilisation sortit du sanctuaire où s'étoit noué le lien politique, civilisation proportionnée dans son développement à celui des dogmes et des préceptes; car tout le droit public des peuples est dans les préceptes de leur religion, et toute leur raison dans ses dogmes. Quoi qu'en puissent penser ceux dont la science n'a su jusqu'à présent que détruire, la vie de la société n'est pas de l'ordre matériel. Jamais État ne fut fondé pour satisfaire aux besoins physiques. L'accroissement des richesses, le progrès des jouissances ne créent entre les hommes aucuns liens réels, et un bazar n'est point une cité. Essayer de réduire à des relations de ce genre les rapports constitutifs d'une nation, c'est chercher les lois de la nature humaine et de la nature sociale dans ce que l'homme a de commun avec les animaux; c'est travailler dès-lors à le rabaisser au niveau de la brute, condition indispensable pour le succès d'un pareil dessein: car tant que l'homme demeurera un être moral et intelligent, les lois de l'intelligence et de l'ordre moral se manifesteront invinciblement et domineront toutes les autres lois; elles seront seules la société.

Et quel est en effet le pays, l'époque, où la société n'ait eu pour base des croyances communes avec les devoirs qui en résultent ? Et quand les croyances périssent, n'est-ce pas encore par les opinions qu'on se divise ou qu'on se rapproche? N'est-ce pas toujours dans TOME 7.

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l'ordre spirituel, et là uniquement, que se trouve le principe d'union? Mais aussi nulle cause plus puissante de séparation que la diversité des croyances, rien qui rende l'homme plus étranger à l'homme, qui crée des défiances plus profondes, des inimitiés plus implacables. Cela est vrai, surtout pour les peuples: quand la religion ne les unit pas, elle creuse entre eux un abîme.

L'histoire du monde païen en offre un exemple perpétuel. Ces haines si animées, si persévérantes, ce patriotisme étroit et barbare, quel en étoit le premier principe, si ce n'est l'opposition des cultes idolâtriques? « Chaque État, dit Rousseau, ayant son culte » propre, aussi bien que son gouvernement, ne dis>> tinguoit point ses dieux de ses lois........ La religion, >> inscrite dans un seul pays, lui donne ses dieux, ses >> patrons propres et tutélaires; elle ses dogmes, ses >> rites, son culte extérieur prescrit par des lois : hors » la seule nation qui la suit, tout est pour elle infi» dèle, étranger, barbare; elle n'étend les devoirs et >> les droits de l'homme qu'aussi loin que ses autels. » Telles furent toutes les religions des premiers peu>>ples (1). » Les croyances vraies et communes à toutes les nations conservoient seules entre elles quelques relations d'humanité: mais ces croyances, plutôt domestiques que publiques, agirent sur les mœurs plus que sur les lois, et n'exercèrent que peu d'influence dans le gouvernement chez les anciens; et c'est pourquoi ils n'eurent jamais de véritable droit des gens.

(1) Contrat social; liv. IV, chap. VIII.

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