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gées contre l'Église : mais ce tableau seroit incomplet, si l'on n'y joignoit quelques réflexions sur des actes qu'on a cru lui être favorables, et qui cependant, à plusieurs égards, n'ont servi et ne pouvoient servir qu'à consacrer son oppression. Ce sera le sujet du chapitre suivant.

CHAPITRE IX.

Réflexions sur quelques actes du gouvernement relatifs à la religion.

Rien aujourd'hui de plus commun que de juger d'après des souvenirs, des idées d'un autre temps et d'une autre société, sans tenir compte des changemens survenus dans l'ensemble des institutions et de la marche générale des choses, qui modifie les effets et souvent change la nature de ce qu'il y a de meilleur en soi. Pour beaucoup de gens, animés d'ailleurs de louables intentions, il n'est point de source plus féconde d'erreurs. Immobile au milieu du mouvement universel, leur esprit ne sauroit sortir du passé. Ils confondent un État politiquement athée avec un État chrétien, la république avec la monarchie, le despotisme ministériel avec l'autorité royale, un gouvernement constitué avec chacune des nombreuses formes que peut prendre la révolution et de là les méprises étranges où ils tombent, lorsqu'il s'agit d'apprécier certains faits qu'ils n'aperçoivent qu'à travers l'illusion qui les préoccupe.

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Ainsi la France a des évêques, des curés, des séminaires dotés par l'État ; et tout cela est bien sans doute mais allez plus avant, considérez le mode de cette dotation, et vous verrez d'abord que, renouvelée d'année en année, elle n'a rien de fixe; qu'on peut

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la refuser comme on l'accorde; qu'il faut voter à chaque session l'existence de la religion, s'enquérir par le scrutin si l'on continue d'en vouloir, et faire dépendre la foi, le culte et la morale du peuple, d'une boule noire ou blanche. L'athéisme, nettement professé, seroit un moindre outrage à la Divinité que cette espèce de jugement annuel auquel on soumet sa loi. Et chez quelle nation vit-on jamais remettre périodiquement en question la société entière, qui n'a d'autre base que cette loi immuable et imprescriptible? La France eonservera-t-elle des temples, des prêtres, des autels? consentez-vous à ce qu'on enseigne pendant douze mois encore aux Français, les croyances de leurs pères et les devoirs éternels de l'homme? voilà ce que l'on demande aux pairs du royaume et aux députés des départemens. Dépendante des passions politiques des partis et des opinions, qui en ce siècle sont aussi des passions, la première et, sans hésiter, la plus importante des institutions sociales n'a d'autre garantie qu'un article du budget. La religion, chaque année, reçoit un permis de séjour, et par surcroît de grâce on l'admet à une solde provisoire. Ses ministres, au lieu d'apparoître avec la dignité qui impose le respect, ne se présentent que comme les salariés de l'administration, et des salariés du dernier rang. On appelle le mépris sur les pasteurs des peuples, et après cela l'on s'étonnera de l'impiété des peuples et de leur corruption !

La position précaire du clergé, l'abaissement où il est réduit, ne sont pas les seuls effets du mode

adopté pour sa dotation. L'État payant à chacun ses gages, et chaque centime ayant d'avance son emploi marqué, il en résulte que le clergé, sous la tutelle de l'administration qui ne connoît que des individus, ne dispose réellement d'aucuns revenus, n'a aucune affaire commune, aucuns liens de corps, et qu'isolés les uns des autres les évêques ne voient que leur diocèse propre, où on leur ménage assez de luttes et de difficultés pour qu'ils craignent peut-être de les multiplier en s'occupant des intérêts généraux de la religion. C'est là, on ne sauroit trop le répéter, une des grandes plaies de l'Église de France. Elle a des hommes qui administrent au spirituel un territoire déterminé, comme les préfets administrent au civil leur département; mais elle n'a point d'épiscopat. Purement passive, elle ne peut, dans sa situation présente, et tant que les évêques ne prendront pas des mesures pour s'unir, ni faire entendre ses justes plaintes, ni exposer ses besoins, ni réclamer ses droits.

Et encore, telle qu'elle est, redoute-t-on son influence. Quelle que soit la nécessité d'augmenter le nombre des siéges, nécessité reconnue par la commission de la Chambre des députés, à qui l'on dut la loi du 4 juillet 1821 (1), on s'obstine à priver la France

(1) Cette loi, disoit M. de Bonald, rapporteur de la commis»sion, cette loi est donc encore provisoire ; car il est écrit que nous » n'en sortirons pas, et l'on diroit qu'une force secrète nous y re>> tient malgré nous. Cette terre si remuée par la révolution seroit» elle, comme dit Bossuet, incapable de consistance, et n'oseroit» on y hasarder aucune construction solide? Je crois cependant » qu'avec plus de confiance en lui-même, en nous, et surtout en la

de ce puissant moyen de régénération. Des villes ont offert de prendre à leur charge une partie des dépenses qu'occasioneroient de nouvelles érections, on a repoussé leurs offres et l'on ne néglige aucune précaution pour empêcher partout l'expression du vœu général. Que les ministres viennent donc encore nous parler de leurs bons désirs, arrêtés, disent-ils aux simples, par mille obstacles que l'on ignore : qui pourroit être dupe d'un pareil langage? Ils ne trompent que ceux qui sont résolus à se laisser tromper. L'obstacle, l'unique obstacle est la volonté des hommes qui gouvernent, les ménagemens qu'ils croient, pour leur intérêt, devoir garder avec la révolution. N'ontils pas besoin d'être soutenus un peu de tous côtés? La religion, c'est quelque chose; mais leurs places c'est tout. Dans l'embrasement de sa ville, Énée emportoit ses dieux dans l'incendie de l'Europe, ils songent à leurs portefeuilles.

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Mais enfin les fonds, où les trouver? J'entends. On a des fonds pour encourager un pernicieux agiotage; on a des fonds pour les théâtres, pour amuser le peuple et pour le corrompre : on n'en a point pour le rappeler aux devoirs que chaque jour il oublie da

>> force infinie de la vérité et de la raison, peut-être avec moins » d'indulgence pour ces doctrines qui ont autrefois fait quelque >> bruit dans le monde, et qui, pour en faire encore, désespérant » de se faire écouter, ont voulu se faire craindre, et se sont jetées » dans les intrigues politiques; je crois que le gouvernement auroit » pu proposer en faveur de la religion une loi plus décisive et plus » complète, que la France espéroit commé un bienfait, que l'Eu>> rope attendoit comme une garantie. » Rapport de M. de Bonald, séance du 7 mai 1821.

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