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faites au nom des puissances alliées de Louis XVI. | cette question, afin de la trancher par la force poDe leur côté, plusieurs sections, enchérissant pulaire, si elle n'était pas décidée selon ses désirs, sur une proposition qui, faite au nom de la ville de Paris, acquérait une grande importance, vinrent aussi demander à l'assemblée, et plus énergiquement encore, la déchéance. « Si vous refu»sez de sauver la patrie, disait la section des La cour songe encore à faire fuir le roi. Espérances des

» Gravilliers, il faudra bien que nous nous sau▷ vions nous-mêmes. » La section Mauconseil alla plus loin encore : elle déclara que Louis XVI ayant perdu sa confiance, elle ne le considérait plus comme roi; et elle invita toutes les sections de l'empire à imiter son exemple. Toutes ces motions étaient accueillies par des tonnerres d'applaudissements qui retentissaient dans les tribunes publiques. Ainsi l'assemblée nationale se voyait dépassée par les autorités inférieures, et elle se trouvait réduite à lutter elle-même pour conserver, au milieu de la conflagration générale, le pouvoir qui allait lui échapper. Elle annula donc les arrêtés des sections des Gravilliers et Mauconseil, et renvoya au 9 août la discussion sur la déchéance.

CHAPITRE VIII.

royalistes. Pétition pour la mise en accusation de La Fayette. Elle est rejetée. Fermentation du peuple de Paris. Mesures prises par le comité insurrectionnel. Le peuple court aux armes.- - Moyens de défense des royalistes. Trahison du commandant général Mandat. -Le roi passe la revue de ses troupes. Arrestation de Pétion. Arrivée des fédérés et des faubourgs devant le château. -Le roi et sa famille se retirent dans le sein de l'assemblée nationale. Combat du 10 août. Victoire du peuple. Contenance de l'assemblée. Déchéance de Louis XVI. Convocation d'une convention nationale.

Le moment décisif arrivait la lutte, depuis longtemps ajournée, allait nécessairement avoir lieu, et il était permis aux amis du roi d'en redouter l'issue; aussi cherchèrent-ils encore une fois à lui assurer les moyens de fuir. Déjà même tout avait été disposé pour le départ de Louis XVI: La Fayette, devenu odieux aux jacobins, et à qui sa conduite depuis le 20 juin avait fait perdre sa belle popularité de 4789; La Fayette consentait à risquer sa vie pour assurer la fuite d'un monarque dont il ne pouvait pas approuver les tergiversations. Les constitutionnels étaient disposés à favoriser cette fuite, considérée comme le dernier moyen de salut du roi. Cependant ce projet ne fut

fussent pas fâchés de trouver une occasion favorable pour combattre corps à corps les jacobins, et qu'ils eussent l'espoir de sortir victorieux de cette lutte; soit que l'approche du duc de Brunswick, en qui ils comptaient beaucoup, vint leur rendre un reste d'énergie, ils s'opposèrent à ce que le roi se confiât aux constitutionnels ; et tous les efforts de ceux-ci furent encore une fois en pure perte.

Le comité insurrectionnel, convaincu que l'assemblée ne saurait jamais prendre un parti décisif à l'égard du roi, et voyant l'étranger s'approcher, et la cour se fortifier tous les jours davantage, résolut de prendre l'initiative pendant qu'il en était encore temps: Chabot, Bazire, Santerre, Fournier, Westermann, Camille Desmou-point mis à exécution, soit que les royalistes ne lins, Carra, et tous les chefs des jacobins et des cordeliers, se réunirent au faubourg Saint-Antoine, et arrêtèrent l'insurrection. On devait d'abord agir dans la nuit du 4 au 5 août. Il fut convenu que quarante mille Parisiens en armes se réuniraient aux Marseillais, sous prétexte de fraterniser avec eux. Cette armée serait assemblée devant l'Hôtelde-Ville, où elle devait laisser un corps de mille hommes, afin de protéger les délégués de quarante-huit sections appelés à former une nouvelle Cependant chaque jour de nouvelles pétitions municipalité. Quatre cents hommes avaient pour venaient manifester à l'assemblée la haine du mission de retenir Pétion à la mairie, et quatre peuple contre la royauté, et chaque jour l'assemcents autres d'arrêter les membres du directoire du blée évitait de se prononcer sur la déchéance, département. L'armée insurrectionnelle se serait sans laisser pour cela d'être en guerre ouverte avancée vers les Tuileries sur trois colonnes, et avec le château. Ainsi, lorsque Louis XVI eut donné aurait tenu la cour assiégée de tous côtés jusqu'à connaissance, par un message à l'assemblée, du ce que l'assemblée eût pris les grandes mesures manifeste du duc de Brunswick, plusieurs memqu'on réclamait d'elle pour sauver la patrie. Il bres s'écrièrent qu'il ne fallait ajouter aucune foi avait été arrêté qu'on n'entrerait pas dans le châ- aux paroles royales; et l'impression du message teau; qu'on ne forcerait pas les casernes des Suis- du roi fut rejetée. Paris était continuellement dans ses, et que le vol, l'insulte envers les personnes, une agitation tumultueuse à tout moment les la désobéissance envers les chefs, seraient punis partis en venaient aux mains dans les cafés, dans de la peine de mort. Cependant le comité insur- les spectacles et au Palais-Royal, réunion habirectionnel ayant appris la résolution de l'assem-tuelle des plus ardents patriotes. Les alarmes que blée touchant la déchéance, ajourna l'exécution la cour faisait répandre par ses agents, en exagéde ses projets jusqu'au jour où se discuterait rant les dispositions des puissances ennemies; la

résolu à se sauver lui-même.

force et la supériorité de leurs armées, mises en | scélérat La Fayette, et que le peuple était enfin parallèle avec l'inhabileté de nos généraux, la désorganisation et l'indiscipline de nos troupes, produisaient un effet tout contraire à celui qu'on s'était flatté d'obtenir elles ne faisaient qu'augmenter l'exaltation populaire, et l'irritation contre Louis XVI. Bientôt s'offrit le prétexte si impatiemment attendu par les chefs de l'insurrection.

Cependant les députés s'étaient réunis dans la matinée. Ceux des membres du côté droit qui avaient été outragés la veille demandèrent vainement vengeance à l'assemblée. Les impartiaux, effrayés par la publicité donnée à l'appel nominal, affiché à tous les coins de rue, s'étaient de nouveau ralliés aux ennemis de la cour, et la cause de la monarchie etait perdue dès ce moment. Bientôt le procureur-général syndic du département vint achever de jeter l'effroi dans l'âme des timides. « Dès ce soir, dit-il, les sections doivent se dé» clarer en insurrection, jusqu'à ce que l'assem» blée ait prononcé la déchéance du roi. Les fé» dérés et les Marseillais doivent marcher à la tête » des insurgés. Le faubourg Saint-Antoine est dans » la plus vive agitation..... Il n'y a plus un mo»ment à perdre ; à minuit vous entendrez sonner

A la suite de nombreuses pétitions contre La Fayette, qu'on accusait d'avoir voulu marcher sur Paris avec son armée lors du 20 juin, l'assemblée avait nommé une commission pour examiner la conduite de ce général, dernier appui de la royauté constitutionnelle. La discussion s'engagea à ce sujet; tous les principaux membres du côté droit, Dumas, Vaublanc, Ramond, Girardin, Dumolard, défendirent vivement La Fayette. Persuadés que la question d'accusation était aussi une question de vie et de mort pour la constitution et la royauté, ils firent tous leurs efforts pour engager l'assem-» le tocsin et battre la générale ; c'est à l'assemblée blée à quitter cette voie anti-monarchique dans laquelle elle s'était engagée, et pour attirer à eux tous les députés qui n'appartenaient à aucun club, à aucun parti, et qu'on désignait sous le nom d'impartiaux. Les constitutionnels obtinrent un succès complet. Le décret d'accusation contre La Fayette fut rejeté à une majorité de 446 votants,

contre 224.

Mais cette décision fut accueillie par les huées et les murmures les plus violents des tribunes. Le peuple se porta en foule autour de la salle de l'assemblée, insulta et maltraita ceux qui étaient connus pour diriger le côté droit. Lacretelle, Baucaron, Calvet, Jollivet, Dumolard, Vaublanc, Quatremère, Girardin, etc., coururent de grands dangers : « On parlait de les pendre, dit Ferrières, et de promener leurs têtes sur des piques. La garde nationale les arracha des mains de cette troupe furiense, qui burlait des menaces de mort contre l'assemblée. Merlin et Chabot coururent aux Jacobins pour y déclarer que le peuple, ne pouvant plus compter sur l'assemblée, devait se sauver lui-même. »>

Le lendemain, 9 août, Paris fut dans une fermentation extrême; des rassemblements nombreux s'étaient formés dans les faubourgs, et les sections annonçaient qu'elles marcheraient sur l'assemblée si la déchéance n'était pas prononcée avant la fin de la journée. Mais cette détermination extrême ne pouvait convenir aux girondins, qui préféraient la déchéance à une lutte dont l'issue pouvait tourner au profit de la cour. Aussi firent-ils tout ce qu'il était en leur pouvoir pour engager le comité de surveillance des jacobins à suspendre cette insurrection. Mais Chabot répondit qu'il n'y avait rien à attendre de gens qui avaient absous le

» à prendre les précautions nécessaires pour as» surer son indépendance, pour mettre le roi à » l'abri des périls qui le menacent..... » Après la lecture de cette déclaration, le désordre le plus affreux bouleversa l'assemblée : les deux partis semblaient prêts à en venir aux mains. Le côté droit, par l'organe de Vaublanc, demanda le renvoi des fédérés, qui fut rejeté; et les girondins opinèrent de leur côté pour que l'assemblée prit les mesures nécessitées par les circonstances. La nuit vint sans qu'il eût été pris aucune résolution décisive, et l'assemblée resta en permanence, dans l'attente des événements.

En même temps, l'insurrection s'organisait; elle avait trois centres principaux : le club des jacobins, le club des Cordeliers et la section des Quinze-Vingts, au faubourg Saint-Antoine. Santerre et Westermann occupaient ce dernier faubourg; Fournier et Alexandre étaient à celui de Saint-Marceau, où se trouvaient Barbaroux et ses Marseillais. Le rappel battait dans tous les quartiers durant toute la nuit. Quatre rendez-vous différents avaient été indiqués à la place du Théâtre-Français, au Marché-aux-Chevaux, à l'Arsenal et au Petit-Saint-Antoine. Les citoyens les plus énergiques se rendaient à leurs sections. Les ordres partaient des Cordeliers, pour le faubourg Saint-Marceau, et de l'Hôtel-de-Ville, pour le faubourg Saint-Antoine.

Là se trouvaient Manuel, Danton, Camille Desmoulins, Fabre-d'Églantine, Carra, Huguenin, Panis, Marat, Fréron, Tallien, Duplain, BillaudVarennes, Robespierre, Dufort, Cailly, Jourdeuil, Desforgues, Lenfant, Leclerc, Collot-d'Herbois, M.-J. Chénier, Destournelles, Legendre et autres jacobins

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Cependant on hésitait encore; mais Danton est | commandant-général de la garde nationale, tout là; il réchauffe les plus tièdes; il énumère les crimes dévoué au château, fut chargé de prendre les et les trahisons de la cour, il s'écrie avec sa voix dispositions nécessaires pour arrêter les insurgés. tonnante: « Cessons d'en appeler aux lois et aux Plusieurs légions de la garde nationale étaient sous » législateurs ! Les lois, elles n'ont pas prévu tant les armes. Deux réserves nombreuses avaient été » de forfaits; les législateurs, ils en sont pour la placées au Carrousel et à la place Louis XV; de » plupart les complices.... Brunswick et Bouillé, forts détachements étaient postés sous la colon» dans leurs manifestes, nous ont menacés de ne nade du Louvre, avec l'ordre de tomber sur les pas laisser pierre sur pierre à Paris. Pour nous, derrières de ceux qui attaqueraient les Tuileries; dont les menaces n'ont jamais été vaines, ne le commandant de l'Hôtel-de-Ville devait faire » laissons pas pierre sur pierre dans un château tirer sur les bataillons du faubourg Saint-Antoine » où on les attend pour l'extermination générale lorsqu'ils déboucheraient sur la place de Grève; ▸ de tous les patriotes. Plus de pitié pour un roi plusieurs pièces de canon étaient placées sur le parjure qui a tant de fois lassé notre patience; Pont-Neuf, et la gendarmerie devait charger les ▸ plus de pitié pour cette femme odieuse qui lui insurgés. Toutes ces mesures étaient propres à > inspire toutes ces fureurs; plus de pitié pour compromettre le succès du parti populaire; aussi les siens!..... C'est aujourd'hui que la véritable les chefs de l'insurrection s'empressèrent-ils d'en » souveraineté du peuple va s'annoncer au milieu arrêter l'effet, en formant une nouvelle munici» des éclairs et des foudres. Le pouvoir que le palité, et renversant l'ancienne. Les 48 sections de » peuple va saisir, il saura le garder. La terreur Paris, qu'ils dirigeaient, envoyèrent à l'Hôtel-de> que nous allons répandre durera plus d'un jour... Ville chacune six commissaires, qui se formèrent ▸ Marchons pour prévenir le meurtre de nos fa- en conseil général de la commune. Instruite des » milles; marchons pour échapper au déshonneur ordres donnés par Mandat, cette nouvelle muni» de subir le joug de l'étranger! On ne peut livrer cipalité le somme de paraître à sa barre, et nomme » sur la frontière un combat plus terrible que Santerre au commandement général de la garde » celui que nous allons engager. Toutes les vic- parisienne. Mandat obéit : il est convaincu de »toires de nos guerriers sont renfermées dans trahison envers le peuple, et le président ordonne »notre victoire. Aux armes ! aux armes ! >>> de le conduire à l'Abbaye. A peine avait il descendu les marches de l'Hôtel-de-Ville, qu'il fut renversé et mis en pièces par un peuple furieux ; son cadavre fut jeté dans la Seine.

Aussitôt ce cri devient général; tous les assistants courent aux armes, et en un instant leur exemple est suivi par tous les citoyens. Les Marseillais se forment en bataille à la porte des Cordeliers; ils s'emparent des canons, et grossissent leurs rangs d'un grand nombre de citoyens; le faubourg Saint-Antoine s'émeut à la voix de Santerre, et le faubourg Saint-Marceau se dispose à marcher sous les ordres d'Alexandre de tous côtés on n'entend proférer que des cris de haine contre la cour et des menaces contre le roi. A minuit, le tocsin sonne, et annonce au château des Tuileries l'insurrection du peuple.

Le danger n'était cependant pas si imprévu que la cour n'eût eu le temps de réunir toutes ses ressources: elles consistaient en douze cents Suisses, auxquels s'étaient joints, sous le même uniforme, plusieurs jeunes gens de l'ex-garde constitutionnelle du roi les chevaliers du poignard gardaient les appartements de Louis XVI; l'on comptait aussi sur les bataillons des Filles-SaintThomas et des Petits-Pères. Tous les autres bataillons de la garde nationale étaient regardés comme hostiles; les canonniers surtout manifestaient énergiquement leurs sentiments républicains.

Certes, ces moyens de défense étaient bien exigus. Mais la cour avait arraché de Pétion l'ordre de repousser la force par la force. Mandat,

La nouvelle municipalité continua d'agir en souveraine : elle cassa les états-majors de la garde nationale; envoya dans toutes les sections l'ordre de battre la générale; fit enlever les postes que Mandat avait placés en différents lieux; fit consigner dans leurs corps de garde les bataillons dont l'esprit semblait douteux; en un mot, elle régularisa le mouvement insurrectionnel.

La mort tragique de Mandat vint jeter la consternation dans les Tuileries: toutes les espérances que la cour avait fondées sur ce général se trouvaient complétement renversées, et l'unité qui devait présider au plan de défense du château était rompue. Cependant les royalistes se flattaient encore de résister au torrent. Ils engagèrent donc le roi à aller passer en revue les troupes et les bataillons qui semblaient disposés à repousser l'agression populaire. Louis XVI, accompagné de sa famille, descendit dans les cours et le jardin des Tuileries. Chemin faisant, la reine, qui comprenait toute la gravité de cette démarche, saisit un pistolet de la ceinture du commandant des Suisses, d'Affry, et le présenta au roi, en ajoutant : a Voici, monsieur, le moment de vous montrer. » Mais les exhortations de la reine ne purent vain

cre la faiblesse du monarque. Favorables d'abord, | écharpe tricolore, parcourut-il tous les postes, et les acclamations qui accueillirent la famille royale proclama-t-il partout l'ordre de défendre le châne tardèrent pas à se changer en cris de vive la teau: une faible partie de la garde nationale parut nation! Dans le jardin, le morne silence des ba- disposée à exécuter cet ordre ; mais les canonniers, taillons n était interrompu que par les vociféra- invités à faire bonne contenance, répondirent en tions d'un peuple furieux, contenu par un simple retirant la charge de leurs canons. ruban tricolore, et le cride: A bas le veto! A bas be traître! retentissait avec force aux oreilles du roi, qui rentra tristement au château. Aussitôt le vestibule en fut barricadé; les chevaliers du poignard se rangèrent dans les appartements du roi; les Suisses et les quelques bataillons de garde nationale demeurés après le départ du roi élevèrent des retranchements, y placèrent des canons de l'eau-de-vie fut distribuée aux troupes, qui se préparèrent à la défense.

Cependant les députés s'étaient réunis au bruit du tocsin et de la générale. Vers les deux heures du matin, l'assemblée se trouvant en nombre, se forma en séance, et s'occupa des mesures propres à assurer la tranquillité publique. A peine la séance était-elle ouverte, qu'un citoyen vint annoncer que Pétion était retenu au château des Tuileries. Le maire de Paris se trouvait effectivement dans une situation très-critique. Des gardes nationaux et des chevaliers du poignard l'avaient entouré, et le gardaient comme otage, pour garantir le château des tentatives du peuple. C'était ainsi qu'on avait arraché à Pétion l'ordre trouvé sur Mandat de repousser la force par la force. L'assemblée s'occupa à faire mettre le maire en liberté, et elle ne trouva pas de meilleur moyen que de le mander à sa barre par un décret. Pétion fut dès-lors délivré. Bientôt des députations de différentes sections de Paris vinrent rendre compte de l'agitation des faubourgs et des mouvements de la capitale. Toutes ces députations déclaraient que l'irritation du peuple provenait de ce qu'il regardait la cour comme en état de contre-révolution, et qu'il était las de supporter les trahisons du pouvoir exécutif. L'assemblée suspendit alors la séance, au milieu de la plus vive agitation, et attendit les événements sans prendre aucune

mesure.

Pendant ce temps le ministre de la justice s'était rendu à l'assemblée il y annonça que les mouvements de la capitale devenaient de plus en plus inquiétants pour le château des Tuileries; que le danger était à son comble, et qu'il ne voyait plus d'autres moyens de salut pour le roi que de décréter qu'une députation de l'assemblée nationale se rendrait auprès de sa personne : le roi souhaitait que cette mesure fût prise pour sa sûreté et pour celle de sa famille. L'assemblée entra aussitôt en délibération sur cette proposition; rien ne fut décidé, et les choses demeurèrent au même point où elles en étaient.

Mais l'insurrection gagnait continuellement du terrain : le gros des insurgés s'était rangé en bataille sur la place du Carrousel; un bataillon du faubourg Saint-Marceau avait pénétré dans le jardin des Tuileries, par la terrasse des Feuillants; un bataillon de la Croix-Rouge occupait le pont Royal: le château se trouvait ainsi complétement investi, et les canons des sections étaient braqués contre lui. L'effervescence était si grande, que les assaillants s'écriaient qu'ils demeureraient tous autour de l'assemblée, jusqu'à ce qu'elle eût prononcé la déchéance du roi. Néanmoins Louis XVI, retiré dans sa chambre à coucher, ne prenait aucun parti. Vers les huit heures, Roederer lui fit connaître l'inutilité de toute défense, et conseilla à la famille royale de se retirer au sein de l'assemblée nationale, en lui représentant qu'il n'y avait pas un instant à perdre les gens attachés à leurs maîtrès joignirent leurs instances à celles du procureur-syndic; mais le roi ne se décidait pas, et la reine l'encourageait à demeurer. La triste certitude que personne n'agirait en sa faveur détermina le roi il se leva, et partit suivi de sa famille. « Monsieur, dit alors madame Élisabeth, >> en s'approchant de Ræderer, répondez-vous des » jours du roi et de la reine? - Madame, répon>> dit le procureur-syndic, je réponds de mourir à leurs côtés; voilà tout ce que je puis garantir. » Escorté par le bataillon de grenadiers de la section des Filles-Saint-Thomas, le roi ne parvint à l'assemblée qu'après avoir traversé une multitude menaçante; encore fallut-il que la députation de l'assemblée haranguât la multitude qui s'opposait à la marche de la famille royale, et protégeât sa retraite.

Déjà les sections et les fédérés s'étaient mis en marche ils ne tardèrent pas à arriver près des Tuileries, augmentés du corps entier des gendar-» mes, qui s'étaient joints aux insurgés; et dès le point du jour les Marseillais, les fédérés bretons, les bataillons des faubourgs et le peuple entouraient le château, avec une artillerie nombreuse. A chaque instant, de nouvelles colonnes venaient augmenter leur nombre, et leurs cris terribles jetaient l'épouvante et la terreur parmi les défenseurs du roi. En vain, pour échauffer leur courage le procureur-général syndic Ræderer, ceint d'une

Louis XVI, suivi de deux ministres, entra, avec sa famille, dans le sein de l'assemblée, et fut so

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