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de plusieurs heures employées en discussions sans résultat, passa à l'ordre du jour sur toutes ces accusations personnelles.

Ainsi que je l'ai déjà indiqué, la haine des girondins contre les montagnards portait principalement sur le comité de surveillance de la commune, auquel ils reprochaient, avec une généreuse indignation, sa coopération aux affreuses journées de septembre. De son côté, ce comité avait dès longtemps conçu la plus violente inimitié contre les girondins. Humilié par eux, il voulut les humilier à son tour. Un grand nombre de lettres avaient été trouvées chez l'intendant de la liste civile, Laporte; la plupart étaient sans importance; mais il s'y en trouvait de propres à jeter un grand jour sur les trahisons de la cour, et à démasquer quelques membres des précédentes assemblées qui s'étaient engagés à défendre cette cour moyennant certaines sommes. A cette découverte, Marat s'écrie que la trahison des girondins est évidente. Mais l'assemblée, voulant repousser cette calom

Cet échec eût dû éclairer les girondins et leur faire cesser la guerre de récriminations dans laquelle ils avaient si malheureusement débuté. Mais, au lieu de jeter un voile sur les événements consommés, et de laisser de côté ces querelles où l'amourpropre et la personnalité perçaient trop pour leur donner le caractère dont ils voulaient les revêtir, ils les recommençaient chaque jour avec plus d'aigreur et de violence. Marat, et les torts qu'ils reprochaient à la commune, en étaient toujours le prétexte. Les girondins firent renouveler les membres de cette commune, réintégrer dans ses fonctions le directoire de Paris, et élargir tous les prisonniers politiques enfermés sous mandat d'arrêt. Encouragés par ces décrets, qui devaient faire plier la municipalité de Paris sous leur ascendant,nie, chargea une commission de vingt-quatre les girondins voulurent entraîner la convention dans une démarche qui l'eût entièrement mise sous leur domination. Roland, élu député, annonça qu'il devait quitter ses fonctions de ministre de l'intérieur. Aussitôt ses amis proposèrent qu'il fût invité à rester à son poste. Mais une foule de membres s'opposèrent chaleureusement à cette manière de procéder; et la gironde n'eut d'autre moyen de conserver Roland dans le conseil exécutif qu'en provoquant l'annulation de son élection. Celui-ci se vengea de n'avoir pas été invité à demeurer au ministère, en écrivant une lettre dans laquelle il attaquait Danton.

Je ne me suis étendu sur ces divisions qu'afin de mettre le lecteur à portée de suivre avec connaissance de cause les événements auxquels elles donneront lieu plus tard. D'ailleurs, comment pourrait-on comprendre la convention, si l'on n'était initié complétement à toutes ses passions, à toutes ses querelles, à tous ses actes même les moins importants pour le salut public! Malheureusement ces divisions occupant les premières pages des annales de la convention, l'historien est bien forcé de les aborder, de faire connaître ceux qui s'en faisaient constamment les instigateurs, au lieu de s'occuper de la chose publique : s'il eût négligé ces disputes, en apparence peu importantes, il aurait manqué à ses obligations, qui lui imposent le devoir de rechercher et d'exposer les causes, quelque légères qu'elles aient été d'abord, qui ont amené les terribles résultats dont nous aurons à nous occuper bientôt. Aussi, malgré l'impatience que j'éprouve d'arriver à des événements plus dignes d'attention que les querelles des partis qui changeaient la tribune de la convention en une chaire d'ergoteurs, je suis encore forcé d'y revenir et de les reproduire dans toute leur nudité.

membres d'aller retirer ces papiers des mains du comité de surveillance, et d'en faire le dépouillement. Ce comité ne leur donna que des pièces la plupart sans importance; aussi cette commission vint-elle dénoncer le comité de surveillance. Marat le défendit vivement; mais Barbaroux se joignit aux commissaires de l'assemblée.

Bientôt cette discussion, aussi oiseuse qu'envenimée, changea complétement de face. Lecointre la ranima en attaquant de nouveau Marat. « Il faut que Marat soit entendu, s'écria Lasource, et que vous le décrétiez d'accusation. » Plus sage que ses amis, Buzot, cet éloquent et courageux girondin, s'y opposa formellement. A ses yeux, ces dénonciations, sans cesse reproduites contre certains hommes, ne pouvaient que leur donner une importance factice et même funeste. « Eh quoi! s'écria-t-il, lorsque nous avons l'ennemi à repousser, lorsque nous avons besoin de l'union la plus intime, et que tant et de si importants travaux nous pressent, verra-t-on toujours les représentants d'un grand peuple s'occuper d'un homme de cette espèce? » Cependant Marat se défendit dans une diatribe où il préconisait ses services et son système, et où il traitait d'intrigants les principaux girondins. L'apologie de la commune, qu'il présenta, lui attira des interruptions dans lesquelles on lui rappelait le 2 septembre. « C'est un déni de justice de tribunal criminel dans l'absolution de Montmorin, reprit Marat, qui a amené l'événement du 2 septembre. Si ce criminel de lèse-nation n'eût pas été soustrait au glaive des lois, jamais les prisons ne seraient devenues le théâtre des vengeances populaires. Quant à moi, dit-il en se résumant, quelque mesure que vous puissiez prendre, mon opinion est formée sur la faction brissotine. Je n'ai pas davantage à vous dire »

importants, d'apporter ou de recueillir les renseignements nécessaires à l'assemblée. Ainsi chaque membre de la convention fournissait à cette assemblée son contingent de moyens et d'activité, et réunissait ses efforts à ceux de la masse. Cette organisation ne pouvait manquer d'accélérer tous ses travaux, en lui donnant les moyens de tracer en silence le plan des décrets qui pouvaient être réclamés par l'établissement du système démocratique, et, avant tout, par le salut public.

C'est ainsi que la convention était détournée | de présenter leurs rapports sur les événements de ses travaux par des tiraillements intestins. D'un côté, la commune cherchait à persuader au peuple que les girondins avaient trafiqué de leur conscience avec la royauté, vers les derniers moments de la législative, et qu'ils ne voulaient ôter au comité de surveillance les pièces importantes que ce comité possédait, qu'afin d'anéantir les preuves de leur perfidie. De l'autre côté, les girondins ne se bornaient plus à repousser les calomnies de Marat : leurs récriminations contre la commune, contre la députation de Paris, s'étendirent bientôt à la ville de Paris elle-même; et ils affectaient sans cesse de ne point s'y croire en sûreté. Cette conduite devait irriter contre eux nonseulement la montagne, mais encore les clubs, les sections et la population de Paris tout entière. en vain quelques députés du centre, indifférents à ces haines personnelles, mais déplorant les maux qu'elles pouvaient accumuler sur la patrie, voulurent-ils prendre le rôle de conciliateurs. Leurs efforts pour faire oublier le passé furent inutiles, leurs sages conseils méprisés, et les girondins se tinrent toujours prêts à se porter agresseurs contre leurs ennemis.

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Cependant la convention, tout en perdant un temps précieux dans des accusations personnelles, avait pensé à donner une marche rapide et sûre aux travaux que le peuple attendait d'elle. A cet effet, elle créa des commissions fixes et des commissions éventuelles. Les commissions fixes étaient au nombre de six : c'étaient les comités de surveillance, de la guerre, des comptes, de législation criminelle et civile, des assignats et monnaies, et enfin celui de constitution, dans lequel il ne se trouva que Danton pour représenter la montagne. Ces comités étaient composés chacun d'un assez grand nombre de membres, moins le dernier qui n'en comptait que neuf. Le comité de constitution devait combiner toutes les idées utiles qui seraient émises devant la convention sur ce sujet, et les élaborer posément. Outre ces commissions fixes, il y en avait d'éventuelles chargées

L'un des premiers rapports produits par ces comités fut celui de Delaunay, chargé, au nom d'une commission extraordinaire nommée à cet effet, de rendre compte de la situation de la ville de Paris. Ce rapport était principalement dirigé contre la commune; cependant, malgré le mauvais vouloir qui y perçait de toutes parts, malgré la tendance accusatrice de ce rapport, l'organe des girondins ne pouvait cacher que l'autorité révolutionnaire avait fait beaucoup de bien, et que ses fautes avaient été plutôt l'ouvrage des circonstances qu'une coupable préméditation chez les hommes qui composaient cette commune. La défense de la municipalité parisienne était tout entière dans les aveux que Delaunay faisait consciencieusement. «Dans les temps révolution»> naires, disait-il, il faut juger révolutionnaire>>ment et les hommes et les moyens..... Dans ces » moments de troubles et de terreur, au milieu » des crises, des dangers et des menaces, à la » suite d'une révolution qui bouleverse les an» ciens rapports, on est obligé d'employer des >> mesures fortes et extraordinaires qui ne sont » pas dans la loi, que la nécessité des conjonc>>tures commande, et sur lesquelles il faut en» suite, par prudence, jeter un voile épais. » Ce langage était précisément celui que les hommes de la montagne ne cessaient de tenir. Delaunay s'occupait dans son rapport des arrestations ordonnées par la commune et les sections, et sans examiner si, en droit, elles pouvaient lancer des mandats d'amener, il concluait au maintien de la détention des personnes emprisonnées. Celles qui n'encouraient que des peines correctionnelles devaient être renvoyées devant les tribunaux compétents; mais toutes celles qui étaient prévenues d'incivisme et de délits contre-révolutionnaires, parmi lesquelles se trouvaient des écrivains naguère à la solde de la cour, des agents de la liste civile, et des gens attachés aux émigrés ou correspondant avec eux, devaient être sévèrement et minutieusement interrogées avant d'être mises en liberté. Ce rapport fut suivi d'une espèce de trève entre les deux partis extrêmes de

la convention, et elle en profita pour s'occuper de la guerre.

Il y avait déjà quelques jours, la convention avait entendu le ministre des affaires étrangères, Lebrun, sur nos relations avec les puissances. Il résultait de son exposé que la révolution du 10 août, malgré les déplorables journées qui l'avaient suivie, n'en avait pas moins jeté l'épouvante dans l'âme de tous les rois, et ranimé dans le cœur des peuples des espérances de liberté qu'il fallait encourager. Toutes les puissances se préparaient à la guerre, et l'assemblée était avertie qu'au printemps prochain elle aurait à soutenir le choc d'une coalition redoutable, lançant contre la France des forces immenses. La nouvelle république pouvait cependant être rassurée sur sa situation actuelle, qui lui présageait les succès que produit toujours l'enthousiasme de la liberté.

En effet, en moins d'un mois, depuis que les Prussiens étaient entrés en vainqueurs sur notre territoire, et s'étaient arrêtés à quelques marches de la capitale, le courage de nos troupes et de nos volontaires avait singulièrement contribué à changer la face des affaires. Non-seulement les ennemis avaient été obligés d'évacuer la France, mais encore ils avaient dû s'estimer heureux de pouvoir regagner les bords du Rhin. Réduite à la plus cruelle disette, au découragement et aux maladies, l'armée de Brunswick n'avait échappé | à une destruction complète que par la mollesse ou l'inexpérience de nos généraux.

L'armée du Midi n'était pas non plus demeurée inactive. D'après le plan de Dumouriez, consistant à porter l'offensive partout où la France n'avait pas ses frontières naturelles, le général Montesquiou avait envahi la Savoie, où tous les habitants l'avaient reçu comme un libérateur. Anselme, son lieutenant, s'était en même temps emparé de Nice, de la rade de Villefranche et des Alpes maritimes; il avait repoussé les Piémontais dans les hautes vallées, jusqu'au poste formidable de Saorgio. Ces succès étaient brillants, et devaient accroître la puissance de la république. Mais ce qui acheva d'exciter le délire des Parisiens, ce furent les entreprises de Custine.

vers la Belgique, se trouvait alors à Paris.

Ce général se trouvait à la tête de dix-sept mille hommes longeant le département du Bas-Rhin; il s'aperçut de la faiblesse des forces que les Prussiens avaient laissées derrière eux en faisant leur pointe sur Paris: il conçut donc l'idée d'attaquer les ennemis sur leur propre territoire; et ses tentatives furent couronnées du plus brillant résultat. Il s'empara de Spire, de Worms, où il fit prisonnière une garnison de près de trois mille hommes. Profitant des craintes que sa marche devait faire naître aux troupes ennemies qui occupaient Mayence, et de la sympathie que les idées révolutionnaires trouvaient dans une ville aussi importante, il s'y dirigea aussitôt et s'en empara. Nul doute que, si nos autres généraux l'eussent secondé en ce moment, les armées antrichienne et prussienne auraient été complétement détruiUne tentative faite dans le Nord, du côté de tes, et le Luxembourg et toute la Belgique conLille, n'avait pas mieux réussi. Le duc de Saxe- quis. Mais Kellermann était revenu cantonner à Teschen était venu, à la tête de 15,000 Autri-Metz, et Dumouriez, qui dirigeait ses troupes chiens, mettre le siége devant cette ville, dépourvue de troupes, ainsi que toutes nos villes du Nord. Mais les Lillois se dévouèrent à la défense de leurs remparts, et leur résistance héroïque les couvrit de gloire. Lille repoussa toutes les sommations des Autrichiens, et supporta courageusement un bombardement de six jours consécutifs, qui incendia plus de deux cents maisons. Lassé d'une résistance si opiniâtre, et craignant d'être coupé par les troupes qui accouraient au secours de cette ville, le duc de Saxe-Teschen dut s'éloigner précipitamment. La convention nationale, voulant reconnaître le dévouement des Lillois, décréta qu'ils avaient bien mérité de la patrie; et cette simple déclaration, pour prix du sang qu'ils avaient versé et des sacrifices qu'ils avaient faits à la liberté, parut aux habitants de Lille la récompense la plus digne à laquelle pussent aspirer les citoyens d'une grande nation; la France entière pensa ainsi, et cet exemple vint exalter encore un enthousiasme que le danger n'avait pu éteindre.

Arrêtons-nous un moment à ce voyage de Dumouriez dans la capitale. Par un mouvement d'amour-propre naturel à son organisation, Dumouriez avait voulu aller recueillir à Paris les applaudissements de tous les citoyens, en échange des services qu'il était fier d'avoir rendus à sa patrie. L'accueil que reçut ce général augmenta cet amour-propre, et fut peut-être la cause qui le perdit plus tard. Les girondins oublièrent les vieilles rancunes qu'ils avaient contre lui, eux qui les oublaient si peu, et le comblèrent de prévenances; les députés du centre, ou impartiaux, lui témoignèrent la plus grande admiration; et quand il se présenta à la convention, les plus vives acclamations saluèrent sa présence. Les montagnards seuls ne partagèrent pas l'engouement général. Dumouriez se rendit aussi aux jacobins; là il fut reçu aussi cordialement qu'à la convention, mais avec plus de sévérité. Les jacobins lui présentèrent un bonnet de la liberté, et Collotd'Herbois lui fit une allocution prophétique dont

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voici un passage. « Ce n'est pas un roi qui t'a | voulaient confier a garde de l'assemblée nationale nommé, ô Dumouriez! ce sont tes concitoyens. à un corps de volontaires pris dans tous les déSouviens-toi qu'un général de la république ne partements. La députation de Paris et le peuple doit jamais servir qu'elle seule... Tu as entendu de cette capitale crurent voir dans ce projet une parler de Thémistocle; il venait de sauver la Grèce défiance injurieuse, ou une tendance au fédéraà Salamine; mais, calomnié par ses ennemis, il se lisme auquel on commençait déjà à croire : les vit obligé de chercher un refuge chez les tyrans. têtes s'exaltèrent; les sections promirent de s'opOn lui offrit de servir contre sa patrie, pour poser à la formation de cette garde, et les jacobins la stigmatisèrent à l'avance de l'épithète de toute réponse, il s'enfonça une épée dans le cœur. Dumouriez, tu as des ennemis; tu seras calom- prétorienne. nié; souviens-toi de Thémistocle... Il faut cependant te défendre de quelques excès de générosité envers tes ennemis, ajoutait Collot en terminant; tu as reconduit le roi de Prusse un peu à la manière française... Mais, nous l'espérons, l'Autrichien paiera double. » Ce langage, où perçaient les soupçons des chefs des jacobins, mortifia beaucoup Dumouriez; il leur conserva une rancune mortelle d'avoir été ainsi régenté par eux au sujet de la retraite des Prussiens. Une scène ridicule qu'il eut avec Marat, et la qualification que celui-ci lui donna le lendemain, dans son journal, d'aristocrate déguisé et sans moralité, dont il fallait que tout bon républicain se défiât, achevèrent de l'irriter contre les jacobins, et il partit de Paris presque en guerre ouverte avec eux.

Cependant le voyage de Dumouriez n'avait pas été infructueux pour la chose publique. Il lui avait servi à combiner, avec le conseil exécutif, un plan de campagne qui n'était que l'application de son système; lequel consistait toujours à prendre l'offensive sur tous les points où la république ne touchait pas à ses limites naturelles, et à garder la défensive sur tous les autres points. Il avait obtenu la réunion à son armée de tous les hommes composant le camp sous Paris. Arrivé dans cette ville le 12 octobre, il la quitta le 16: il avait été reçu et traité en triomphateur, aussi sa vanité en avait-elle été grandement chatouillée : toutefois il partit étant assez mal avec tout le monde.

Mais si Paris se montrait si hostile à ce projet, il n'en était pas de même de certains départements dirigés par les girondins : leurs contingents étaient déjà en marche, et les bataillons partis à cet effet se trouvaient même à peu de distance de la capitale.

Le rapport sur la mise à exécution de cette mesure ayant été hâté par les girondins, Buzot parut à la tribune, et demanda, au nom de la commission des Neuf, que chaque département envoyât, pour la garde de la convention et des dépôts publics, autant de fois quatre hommes d'infanterie et deux de cavalerie qu'il comptait de députés à la convention; que ces gardes nationaux, choisis par les conseils généraux des départements, fussent casernés et payés de la solde des gendarmes, et commandés par un chef du choix de la convention. La discussion de cette mesure fut remise à trois jours; mais, dans l'iatervalle, ceux qui étaient opposés à ces combinaisons des girondins s'agitèrent en tous sens pour les faire avorter. Paris était vivement intéressé dans cette question, car les sections regardaient comme une injure l'idée de confier la garde de la représentation nationale à d'autres qu'aux citoyens de Paris. Bientôt leur exaspération fut telle que les sections se mirent en état d'insurrection. Le 19 octobre, elles envoyèrent à la convention une députation, qui s'exprima ainsi :

« Mandataires du souverain, vous voyez devant vous les députés des sections de Paris : ils Entre-temps, le ministère s'était reconstitué. Danton, qui avait voulu rester simple représen- viennent vous faire entendre des vérités éternelles, tant du peuple, et se réserver la tribune, fut vous rappeler les principes que la nature et la remplacé par Garat; Servan avait laissé le porte-raison ont gravés dans le cœur de tous les hommes. feuille de la guerre entre les mains du ministre | Point de mots, des choses: on vous propose de des affaires étrangères, et était allé commander l'armée d'observation des Pyrénées. En même temps la commune de Paris avait été renouvelée, ou plutôt ses membres, à peu d'exceptions près, avaient été de nouveau appelés à la composer. Pétion fut aussi renommé; mais, à l'instar de Danton, il préféra les fonctions de représentant du peuple à celles d'administrateur. A cette époque il fut beaucoup question d'une mesure qui devait rallumer dans le sein de la convention la guerre que les partis s'y faisaient. Les girondins

vous mettre au niveau des tyrans, en vous environnant d'une garde isolée et différente de celle qui compose essentiellement la force publique. Les sections de Paris, après avoir pesé la valeur des principes sur lesquels réside la souveraineté du peuple, vous déclarent, par notre organe,. qu'elles trouvent ce projet odieux en soi et d'une exécution dangereuse. Nous attaquerons de front le principe; et tandis qu'au dehors l'ennemi tremble à la vue des armes de la victoire, nous le combattrons au-dedans avec les armes de la raison...

Mais, dira-t-on, Parls semble vouloir s'iso- | démontra combien elle était inconciliable avec la fer. Calomnie insultante, prétexte vain. Paris a liberté illimitée de la presse. Mais un seul mot lait la révolution, Paris a donné la liberté au de Danton fit tomber toute discussion. « La lireste de la France; Paris saura la maintenir. » berté de la presse ou la mort! » s'écria-t-il. la maLe langage des sections était précis, impérieux; jorité de l'assemblée et des tribunes se levèrent toutefois la convention passa à l'ordre du jour en répétant ce cri. De ce moment il ne fut plus sur cette pétition que la montagne avait accueillie parlé de cette loi, au moyen de laquelle on vouavec les plus vifs applaudissements; mais l'oppo- lait frapper ou contenir tous les partisans de la sition à l'idée de la garde départementale devint commune. si générale dans Paris, que les girondins crurent devoir y renoncer.

Cependant les fédérés qui s'étaient mis en marche vers Paris venaient d'y arriver, et leur présence donna bientôt des inquiétudes aux montagnards. Ils crurent devoir proposer, par l'organe du comité de la guerre, de faire partir pour l'armée tous les bataillons de garde nationale et de fédérés qui se trouvaient dans la capitale sans aucune destination. La vie licencieuse que menaient ces fédérés, et les revers éprouvés par Custine nécessitaient ce départ. Mais les girondins ne virent dans la demande qui en avait été faite par le ministre de la guerre, Pache, qu'une complaisance pour les sections. Les impartiaux prirent aussi la défense des fédérés, et les conclusions du rapport du comité militaire furent rejetées. Plus tard la convention décréta que les fédérés feraient le service auprès d'elle, conjointement avec la garde nationale parisienne.

Au milieu de ces débats, la convention avait élaboré plusieurs décrets utiles à la république. Elle avait déterminé la conduite que les généraux avaient à tenir en pays ennemi. Ils devaient, à leur entrée dans une province appartenant à une nation en guerre contre la France, lever une contribution proportionnée aux ressources du pays cette contribution ne pouvait porter que sur le chef du gouvernement, ses agents, et toutes personnes attachées à la tyrannie. Elle invita tous les amis de la liberté et de l'égalité à lui présenter leurs vues sur les bases qui devaient servir à fonder la constitution nouvelle. Elle décréta le bannissement perpétuel des émigrés : ils étaient punis de mort s'ils rentraient sur le territoire français, et tous les détenteurs de biens leur appartenant devaient les remettre immédiatement entre les mains des receveurs des districts.

La loi sur les provocations au désordre, dont la discussion devait de nouveau faire naître des orages dans la convention, fut également discutée: Buzot, qui en était le rapporteur, proposait les peines les plus sévères contre les provocateurs au meurtre, ainsi que contre l'imprimeur et les colporteurs de ces provocations. Le girondin Bailleul enchérit encore sur ces peines. Lepelletier Saint-Fargeau combattit avec talent cette loi, et

Dans le même temps les girondins renouve lèrent la faute qu'avait commise l'assemblée con stituante d'interdire à ses membres l'exercice de toute fonction publique pendant un laps de temps déterminé. Mais ils n'avaient pas alors pour excuse la nécessité d'ôter à la cour les moyens de. corruption qu'elle avait tentés avec succès sur des membres de cette assemblée. Un mouvement de générosité mal entendue dicta cette mesure, qui était en contradiction avec la souveraineté du peuple, dont elle venait limiter le choix. La convention sentit plus tard tout ce que cette détermination avait d'impolitique, et elle revint alors sur le décret.

Malgré les échecs que nous venons de leur voir essuyer, les girondins n'en persistaient pas moins à poursuivre leurs adversaires : leur acharnement contre la commune et ceux qu'ils appelaient les septembriseurs n'en étaient même que plus grand. Sommée de rendre compte de la situation de la caisse des secours, la commune avait laissé voir le désordre qui régnait dans son administration. Les girondins voulurent profiter de cet examen pour casser le conseil général; mais la convention se borna à demander au ministre de l'intérieur un rapport à ce sujet, dans lequel il devait faire connaître les moyens de remédier aux obstacles que l'exécution des lois éprouvait dans Paris.

Au jour fixé, Roland parut à la tribune, et lut son rapport. Il commençait par faire l'éloge du département de Paris, qu'il représentait comme ayant été annihilé par l'action de la commune. Arrivant à celle-ci, Roland disait qu'il fallait soigneusement distinguer ce qui appartenait à la nature des choses de ce qui pouvait résulter des passions ou desseins prémédités de quelques in dividus. Il représentait cette commune organisée dans la crise la plus terrible que rappellent les annales des peuples et régnant seule dans Paris. « Née de la révolution, disait-il, agissant au milieu d'elle, objet de la confiance du peuple, dont elle était l'ouvrage, elle faisait taire ou parler les lois suivant ce que lui paraissait exiger le salut public, dont elle était devenue le juge suprême. Mais la commune a oublié, comme il est aisé de le faire dans l'ivresse de la victoire, que tout pou

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