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ment dévoué aux girondins, et la plupart des départements méridionaux partageaient les mêmes sentiments.

Plus près de Paris, la Bretagne et la Normandie laissaient entrevoir un esprit de royalisme qui se trahissait par des mouvements couverts du prétexte de la cherté des subsistances; tous les pays des bords de la Loire aux bords de la Seine manifestaient le même esprit.

Mais le cancer qui commencait a dévorer le sein de la patrie, c'était la Vendée. Entretenus dans leurs préjugés par les prêtres et les seigneurs, à la dépendance desquels ils étaient accoutumés, les fanatiques habitants de cette contrée et de la Bretagne, aussi simples que braves, profitèrent de la levée des trois cent mille hommes décrétée en mars, pour s'insurger; ils préféraient adopter tupidement les ressentiments de l'aristocratie et se battre contre leur patrie, plutôt que d'aller la défendre contre l'étranger..

Les Vendéens venaient de s'emparer de Chemillé, de Chollet, de Challans, de Machecoul, de Chatonnay; ils avaient pillé les caisses publiques de ces villes, mis en fuite les troupes qui s'opposaient à leur marche, et s'étaient emparés de plusieurs pièces d'artillerie. La Vendée proprement dite, l'Anjou et une partie du Poitou, ne tardèrent pas à suivre l'exemple des paysans du Bocage et du Marais, et, à cette même époque, l'île de Noirmoutier, Bressuire et une grande étendue de ce pays étaient en leur pouvoir. Ils formaient deux armées différentes : l'une, aux ordres de Charrette; l'autre, indépendante de celleci, était composée de divers corps, formant un effectif de trente mille paysans; ces diverses troupes étaient aux ordres de Bonchamps, d'Elbée, de Lescure, de Larochejacquelin, de Cathelinau, de Stofflet, etc. Ces deux armées menaçaient de faire des progrès effrayants. Elles avaient pris le titre pompeux et très-significatif d'armée royale et catholique.

Dans une situation aussi critique, l'irritation de la montagne devait encore s'accroître des obstacles que les girondins suscitaient dans les départements à l'énergie révolutionnaire. Elle employait tous les moyens pour entretenir cette énergie, et ces moyens étaient encore immenses; car dans chaque localité se trouvaient des républicains ardents, partageant toutes ses passions: d'un bout de la France à l'autre, les jacobins avaient des correspondants qui faisaient marcher les masses dans la voie de la révolution; ils étaient maîtres de toutes les municipalités, et avaient ainsi à leur dévotion une force qu'il était difficile à leurs adversaires de contre-balancer. Les jacobins recommandaient à leurs frères et amis de

serrer leurs rangs, et ceux-ci prenaient des mesures d'autant plus énergiques que la résistance qu'ils éprouvaient était plus vive.

Déjà le département de l'Hérault venait d'arrê ter une levée de six mille hommes, aux dépenses de laquelle il subvenait en s'imposant une contribution extraordinaire de six millions. La convention approuva ce généreux enthousiasme, et bientôt la plupart des départements imitèrent cet exemple, et levèrent leur contingent.

La commune de Paris ne resta pas en arrière : elle vota une nouvelle levée de douze mille hommes, destinés à marcher contre la Vendée: ces douze mille hommes devaient être pris dans les sections; chaque compagnie de cent quatre-vingtsix hommes devait en fournir quatorze. Au comité révolutionnaire de chaque section appartenait le droit de désigner ceux dont le départ paraîtrait sujet à moins d'inconvénients. Pour subvenir à l'entretien de cette levée et aux besoins des parents des volontaires restés pauvres dans leurs foyers, la commune arrêta en même temps, et la convention approuva un emprunt forcé de douze millions, qui devaient être pris sur le superflu des citoyens. Le nécessaire était fixé à 1,500 francs pour un chef de famille, et à 4,000 francs pour les autres membres: on regardait cette répartition comme une sorte d'impôt progressif sur les fortunes.

C'était, en effet, le moyen le moins onéreux et le plus juste qu'on eût trouvé de subvenir aux besoins du moment; d'ailleurs c'était le scul populaire. « Que le riche paie, disait Danton à la convention, puisqu'il n'est pas digne, le plus souvent, de combattre pour la liberté; qu'il paie largement, et que l'homme du peuple marche dans la Vendée. » La répartition de l'emprunt des douze millions était ce système mis en action. Mais comme on était encore fort peu habitué à ces mesures révolutionnaires, cette répartition et le mode de recrutement adopté par la commune excitèrent le mécontentement de ceux qui se trouvaient atteints par ces moyens arbitraires. Des troubles eurent lieu à ce sujet, et des rassemblements, dans lesquels les contre-révolutionnaires jouèrent le rôle principal, se formèrent.

Toutefois ces grands moyens reçurent leur exécution immédiate. Mais la levée de douze mille hommes, tout en entretenant l'enthousiasme des républicains, ne pouvait être la seule mesure à prendre dans la crise où se trouvait la nation: déjà les sections du faubourg Saint-Antoine avaient demandé la fixation du maximum pour toute la France: cette demande, repoussée par les girondins, avait depuis lors acquis, par suite des circonstances dans lesquelles la république se trou

vait, une importance qu'on ne pouvait se refuser à reconnaître. Le maximum, combattu de nouveau par le côté droit, dut être adopté alors par la convention. Sans doute il portait atteinte à la

CHAPITRE X.

Mauvaises nouvelles de l'intérieur et des frontieres.— Comité central révolutionnaire. — Grandes mesures adoptées par la convention. — Réaction qui s'opère en faveur de la gironde. Motion de Guadet contre le côté gauche.

liberté absolue du commerce, et, dans des temps Situation financière de la république.—Pétition des Bordelais. calmes, il eût détruit toute prospérité; mais alors, comme moyen révolutionnaire, il remplissait une obligation à laquelle le gouvernement ne pouvait se soustraire sans être coupable, celle de garantir de la famine les pères, les femmes, les enfants, de ceux qui exposaient leur vie à la défense de la patrie; il fallait songer à vaincre, et c'était un des moyens d'y parvenir.

Les girondins, en cette circonstance, accusèrent leurs adversaires de vouloir armer les classes pauvres contre les riches, et de préluder à la loi agraire par la violation de la propriété : sans doute, ce rôle de protecteurs de la société lésée que jouaient ici les girondins était le plus beau, le plus noble. Mais est-ce à dire qu'on doive blâmer les montagnards d'avoir cherché à faire cesser les affreuses privations dans lesquelles la disette et la cherté excessive des denrées laissaient les classes les plus dévouées à la révolution? Il fallait d'abord leur donner du pain en échange du sang qu'elles allaient verser pour la liberté; et lors même que le maximum pouvait léser les accapareurs, les monopoleurs, et même tous les commerçants, la convention ne pouvait balancer à l'établir, parce que les circonstances où la république se trouvait lui imposaient l'obligation de soutenir le peuple contre l'avidité des égoïstes.

Une autre loi terrible, mais également nécessaire, fut portée dans ces mêmes circonstances: elle donnait aux communes le droit d'arrêter les personnes prévenues d'incivisme, ou plutôt elle donnait une plus grande extension à la loi des suspects, puisque, indépendamment des nobles et des prêtres, tous les citoyens pouvaient être compris dans ce cadre dès qu'ils étaient soupçonnés d'incivisme.

Telles furent les principales mesures que nécessita la crise où se trouvait la France à la fin d'avril et dans les premiers jours de mai 1795. Elles étaient violentes pour un peuple habitué à marcher dans les voies compassées de la législation des temps ordinaires. Mais si l'on se reporte à la situation extrême où la république se trouvait, on sentira que la convention ne pouvait s'empêcher de sortir du cercle étroit de cette légalité qui aurait paralysé les efforts du peuple pour sauver la liberté et la liberté vaut bien la peine que les nations qui veulent en jouir l'achètent par quelquelques sacrifices momentanés.

Création de la commission des douze. Elle menace l'existence de la commune. La commune entre en lutte.-La commission des douze dépasse ses pouvoirs. — Pétition contre cette commission.

En même temps que la convention avait eu à s'occuper des grandes mesures qu'elle jugeait propres à sauver la France, en maintenant dans toute sa force l'énergie révolutionnaire, elle avait aussi jeté les yeux sur sa situation financière. Voici quel était à cette époque (10 mai 1795) le bilan de la république.

L'actif s'élevait à 7,700,000,000 ainsi répartis : Arriéré des contributions. 500,000,000 Créances liquidées; sommes à recouvrer sur les sels et les tabacs; sommes avancées sur les grains, et différents prêts aux communes; arriéré des fermes, des domaines et régie.

Ce qui restait dû sur les biens
nationaux vendus
Bois et forêts ..
Biens de la liste civile.
Bénéfices sur les domaines en-

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500,000,000

2,000,000,000

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1,200,000,000

500,000,000

100,000,000

50,000,000

50,000,000

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5,000,000,000

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7,700,000,000

Cette somme dépassait alors le passif d'environ quatre milliards : aussi la convention, sur la proposition de Cambon, décréta-t-elle une nouvelle émission de 1,200,000,000 fr. d'assignats. Les circonstances faisaient de cette mesure un devoir impérieux qu'on ne pouvait négliger sans danger. D'ailleurs, les biens nationaux répondaient de la dette, et, quelque injuste que soit le principe de la confiscation, la convention, en l'appliquant aux propriétés des émigrés, ne faisait qu'user du droit de légitime défense. Ceux qui seuls avaient allumé et dirigé la guerre contre leur patrie devaient naturellement en supporter tous les frais. Il ne faut d'ailleurs que se reporter aux anciens temps de la monarchie pour savoir que

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cette confiscation, opérée sur des ennemis, ne fut | nous crûmes les envoyer parmi des hommes; ils pas une invention récente; car il est peu de règnes qui n'en offrent de nombreux et d'importants exemples.

La vente des biens nationaux et l'émission des assignats mirent en circulation les sommes immenses nécessaires à la république pour soutenir cette guerre: elles curent encore l'avantage d'attacher par intérêt le peuple à une révolution qu'il avait acceptée d'enthousiasme; ces ventes lui divisaient les dépouilles de ses ennemis; en outre, les assignats remplaçaient le numéraire, dont la rareté était très-grande. Ce n'est qu'après le 9 thermidor que les assignats mis en circulation dépassèrent l'actif qui en était le gage: alors ils durent éprouver une baisse ruincuse, qu'on a longtemps attribuée à la gestion de la montagne. C'est une accusation dont je dois la laver en passant. Mais, quoi qu'il en soit de la manière dont la convention employa les ressources financières qui étaient à sa disposition, il est certain qu'elle parvint à un résultat qu'on n'aurait pu atteindre autrement, celui d'assurer le triomphe de la liberté et c'est assez pour la faire absoudre.

Dans les circonstances où se trouvait alors la patrie, les montagnards n'avaient qu'un but, celui de repousser l'étranger et d'écraser les ennemis de l'intérieur. Tout ce qui pouvait y contribuer était accepté par eux avec enthousiasme : organiser la défense commune était à leurs yeux le moyen de préserver la révolution des atteintes qu'ils redoutaient pour elle; aussi les montagnards ne cessèrent-ils de travailler à mettre et à entretenir toute la république en action, pendant que les girondins se contentaient de proclamer de stériles théories, et de réclamer des mesures d'organisation pour un avenir qui ne pouvait appartenir à la république qu'autant qu'elle aurait commencé par vaincre tous ses ennemis. Au lieu de présenter à la convention des moyens plus propres à remplir le but que ceux que la montagne proposait, ils les trouvaient empreints de démagogie, et se glorifiaient de n'y avoir participé que par une opposition infructueuse, que les hommes vraiment révolutionnaires trouvaient au moins impolitique de la naissaient encore, au sein de la république, de nouvelles divisions qui rendaient la situation des choses beaucoup plus embarrassante.

Déjà, le 14 mai, une députation de Bordelais était allée présenter à la convention une pétition faite au nom de leur cité, et dictée par les girondins : « Législateurs, y disaient les pétitionnaires, lorsque nous choisîmes des députés, nous les mimes sous la sauvegarde des lois, de la vertu et de tout ce qu'il y a de plus sacré sur la terre :

sont environnés de tigres altérés de sang! Ces généreux citoyens sont en ce moment sous le poignard des assassins..... Si ce crime atroce se consomme, frémissez, législateurs ! frémissez de l'excès de notre indignation et de notre désespoir ! Si le sang nous a ravi nos frères, nos représentants, l'horreur du crime dirigera notre vengeance, et les cannibales qui auront violé toutes les lois de la justice et de l'humanité ne périront que sous nos coups.... Oui, nous organisons surle-champ la moitié de notre garde nationale, nous nous élançons sur Paris, si un décret vengeur ne nous arrête, et nous jurons de sauver nos représentants, ou de mourir sur leur tombeau. »>

Boyer-Fonfrède, qui présidait, avait répondu aux pétitionnaires de manière à les rassurer : « Si de nouvelles conspirations, avait-il ajouté, menaçaient la représentation; si de nouveaux tyrans voulaient aujourd'hui s'élever sur les débris de la république, vous vous saisiriez à votre tour de l'initiative de l'insurrection, et la France indignée suivrait votre exemple. »>

Mais si les girondins avaient accueilli avec faveur cette pétition, dont les principaux membres réclamèrent même l'impression, il n'en fut pas de même du côté gauche. Legendre, avec une rudesse et une franchise qui étaient loin de plaire aux girondins, soutint que cette pétition avait d'abord été remise entre les mains de commissaires qui, arrivés à Paris, n'avaient pas voulu la présenter, et que le peuple des sections de Bordeaux no s'était pas assemblé pour la signer. Il fit, au sujet des manœuvres qu'il dénonçait, une violente sortie contre les girondins : « Je soutiens, dit-il, qu'une partie des deniers de la république passe entre les mains des courtisans du pouvoir exécutif, qui font mouvoir toutes ces intrigues.... Je soutiens que ceux qui se plaignent qu'on veut les égorger n'ont pas une seule égratignure à montrer à leurs commettants. » Guadet, furieux, monte à la tribune pour répliquer à Legendre, et appuyer la pétition. Il parle de la conspiration qui, disait-il, se tramait contre la convention nationale: « Et ne croyez pas, dit-il, que ce soit l'à l'ouvrage de quelques têtes exaltées! non, c'est la suite d'un plan vaste qu'on veut exécuter, et dont vous serez les victimes si vous ne prenez des mesures rigoureuses pour envoyer à l'échafaud ses principaux auteurs, cette poignée d'assassins. » Guadet terminait en comparant le langage de Legendre, ridiculisant les terreurs de la gironde, à celui que Catilina tenait au sénat la veille de mettre ses projets à exécution.

Quoi qu'il en fût de cette pétition, il n'en est pas moins vrai qu'à Bordeaux la grande majorité

à tout, avait décrété l'envoi des commissaires auprès des sections dans les départements voisins de la Vendée; elle avait, malgré l'opposition d'une soixantaine de girondins, continué pour un mois les membres du comité de salut public daus leurs fonctions; elle avait réglé la distribution des armées autour des frontières. Custine avait été nommé au commandement de celle du Nord, et Houchard avait été envoyé à celle du Rhin.

des citoyens avait pris parti pour le côté droit; la | opposition, et cette assemblée souveraine, parant scule section où les jacobins fussent en forces avait été désarmée. Lyon se trouvait aussi en hostilité avec les montagnards; on y combattait les mesures que ceux-ci avaient fait adopter par la convention; et quand la municipalité et les jacobius voulurent imiter le département de l'Hérault, et lever six mille hommes et six millions, ce projet vint échouer contre les mauvaises dispositions des sections. A Marseille, les mêmes sentiments avaient mis les sections en pleine révolte contre la municipalité elles avaient formé un comité central, institué un tribunal populaire, et forcé les représentants du peuple à se retirer. Les Marseillais essayaient même de former une confédération avec les autres villes des Bouches-du-Rhône.

On venait aussi d'apprendre la mort du brave général Dampierre, qui avait eu les deux jambes emportées par un boulet de canon à l'armée du Nord, qu'il commandait. En ce moment, c'était une perte immense pour la république, à laquelle ses services étaient précieux.

Cependant, les nouvelles qui arrivaient de la Vendée étaient chaque jour plus effrayantes. De tous les départements voisins on accourait à Paris réclamer des secours, qui n'étaient pas encore organisés, et l'armée royaliste faisait chaque jour de grands progrès. Divisée en deux colonnes, l'une marchait sur le département d'Indre-etLoire, l'autre sur les rives de la Sèvre. Parthenay était assiégée par quinze mille insurgés; les routes de la Rochelle et de Rochefort étaient au moment d'être interceptées, et l'on avait même des inquiétudes sur le sort de ces deux postes importants; enfin, tous les rapports présentaient la Bretagne et la Normandie comme disposées à s'insurger d'un instant à l'autre.

Enfin, elle avait décrété un emprunt forcé d'un milliard, à remplir par les riches: cet emprunt était hypothéqué sur les biens nationaux, et les prêteurs avaient la facilité de les prendre en paiement. C'était un moyen d'obliger les riches à s'intéresser au triomphe de la révolution, et d'augmenter la confiance attachée aux assignats mis en circulation.

Cependant le trouble et l'agitation ne cessaient de régner dans Paris. Les commissaires de la convention étaient parvenus, dans presque toutes les sections, à organiser le recrutement d'après le plan de la commune; mais quatre ou cinq s'y étaient refusées opiniâtrement, et avaient tenu une conduite opposée à celle de toutes les autres. Bientôt les sections et la convention se trouvèrent privées des plus chauds montagnards et des plus ardents révolutionnaires, par le départ de l'armée parisienne et des députés envoyés en commission.

Les girondins voulurent profiter de ce départ pour ressaisir leur influence dans l'assemblée et dans les masses ils avaient soutenu de toutes leurs forces les sections qui s'étaient éloignées de la montagne, et, en s'appuyant sur la classe moyenne, sur les riches et sur les commerçants, qui avaient supporté tout le poids de l'emprunt forcé, ils parvinrent un moment à dominer dans les sections, et à y opérer une réaction en faveur de leur système, au moyen de laquelle ils espéraient renverser bientôt les clubs, la com

On sent combien ces nouvelles devaient agiter tous les républicains ardents. Ils songèrent à en venir aux grands moyens. La commune, sur la proposition de Chaumette, avait reconstitué l'as-mune, et la montagne elle-même. semblée centrale de l'évêché, avec des pouvoirs plus étendus. Cette assemblée, composée des autorités administratives, des présidents des sections, des membres des comités révolutionnaires, sous le nom de comité central révolutionnaire, s'occupait à répartir l'emprunt forcé des douze millions, et à dresser les listes des suspects. La commune avait aussi décrété l'organisation d'une seconde armée de sans-culottes, destinée à contenir les aristocrates daus Paris, pendant que la levée de 12,000 hommes marcherait sur la Vendée; elle avait encore décidé la translation des suspects dans les maisons d'arrêt.

Au sein de la convention, les montagnards avaient fait diverses motions qui passèrent sans

Effrayés de cette reaction, qui commençait à se manifester, les patriotes crièrent à la trahison. L'irritation dégénéra en véritable fureur, et des moyens extrêmes furent proposés aux jacobins, à la municipalité, aux cordeliers, et dans les sections. « Il faut, disait-on, tirer le canon d'alarme, fermer les barrières, et exterminer tous les scélérats de la convention. » Les cordeliers avaient même dit hautement qu'on devait profiter du premier moment de tumulte à la convention pour enlever les complices de Dumouriez, et les faire disparaître. Mais les chefs du côté gauche, tout en désirant d'être débarrassés de leurs adversaires, ne voulaient pas qu'on le fit par la violence, et encore moins par le meurtre. Robespierre prêchait la sa

» Je propose à la convention les trois mesures suivantes :

» 4° Les autorités de Paris sont cassées. La municipalité sera provisoirement, et dans les vingtquatre heures, remplacée par les présidents des

gesse et la modération aux jacobins : « Vous n'avez, leur disait-il, employé aucune des mesures sages et naturelles qui ne compromettent pas les patriotes, et vous souffrez que des hommes qui n'entendent rien à la chose publique vous proposent des mesures qui sont la cause des calom-sections; nies répandues contre vous! Ce n'est qu'après » 2o Les suppléants des membres de la convenavoir épuisé tous les moyens légaux, qu'il faut tion se réuniront à Bourges dans le plus court dérecourir aux moyens violents; et encore ne faut-lai; néanmoins ils ne pourront délibérer qu'après il pas les proposer dans une société qui doit être un décret précis qui les y autorise, où sur la nousage et politique............. » velle certaine de la dissolution de la convention. « Ce décret sera envoyé aux départements par des courriers extraordinaires.">>

Cependant l'époque où le président devait être réélu était arrivée, les girondins, se trouvant en force, firent nommer le plus ardent d'entre eux, Isnard; et peut-être durent-ils la plus grande partie de leurs malheurs à cette présidence. Enhardis par ce résultat, ils se préparèrent à arriver à leurs fins. La première séance présidée par Isnard dévoila leur pensée, qui était de se rendre maîtres des délibérations de l'assemblée, en faisant accorder au président une autorité plus grande que celle que lui donnait le réglement. Ils firent aussi décréter que quiconque troublerait les débats serait proclamé mauvais citoyen et chassé de la salle. C'était déclarer la guerre aux tribunes, toujours portées à appuyer la montagne; aussi s'en vengèrent-elles en huant cette décision. Il se fit un vacarme épouvantable, dont les girondins profitèrent habilement pour établir la preuve de la conspiration dont ils parlaient sans cesse.

En ce moment, Isnard quitta le fauteuil, et monta à la tribune pour déclarer que tout ce qui se passait était l'ouvrage de Pitt et de Cobourg, qui, furieux de ne pouvoir renverser la république par les armes, voulaient faire insurger le peuple de Paris; que l'insurrection devait commencer par les femmes, qu'on égorgerait ensuite plusieurs membres de la convention, pour la dissoudre et faire triompher plus facilement l'aristocratie. La convention décrète aussitôt l'impression et l'envoi aux dépertements de cette emphatique dénonciation. Mais les tribunes éclatent de nouveau en murmures; Marat s'agite, et menace les girondins de la colère du peuple Guadet s'emporte contre le peuple; il rappelle les propos qui se tiennent depuis si longtemps aux Jacobins, à la commune, et voit déjà le poignard et la hache levés sur ses amis et sur lui............................ « Le tumulte que vous voyez, ditil, n'a d'autre objet que d'amener ce mouvement..... Citoyens, ajoute-t-il quand les murmures qui avaient accueilli ses assertions lui permirent de continuer; citoyens! il en est temps encore, prenez de grandes mesures, et vous pouvez sauver la république et votre gloire compromise.

Jamais attaque aussi violente n'avait été tentée contre le côté gauche; aussi les motions de Guadet le frappèrent-elles un instant d'une sorte de stupeur. Mais la plus menaçante explosion succéda à cet instant de silence. les montagnards s'écrièrent que la conspiration était découverte, et qu'il ne fallait pas répondre à des conspirateurs qui ne cachaient plus leurs projets contre l'unité de la république. La dissolution de la convention eût été, en effet, le résultat de la convocation des suppléants, et tous les patriotes attachés à la montagne n'y voyaient que la contre-révolution elle-même.

La motion de Guadet ne fut pas improvisée, ainsi qu'on pouvait le croire : c'était l'œuvre d'un club formé par les girondins et les hommes les plus influents de leur parti, et qu'on avait appelé club Valazé parce qu'il se tenait chez le député de ce nom. Barère se hâta d'en montrer les dangers; il prit la parole au nom du comité de salut public, et repoussa les mesures élaborées par le côté droit, et que Guadet avait consenti à proposer à la convention elle-même. Casser, en ce moment, les autorités de Paris, c'eût été, aux yeux de Barère, amener l'anarchie qu'on voulait éviter; convoquer les suppléants à Bourges, était également dangereux : « Mais il est un autre moyen, dit-il, qui me paraît plus efficace, et je terminerai en le proposant; c'est de créer une commission de douze membres, qui sera chargée d'examiner tous les arrêtés pris depuis un mois par le conseil général de la commune et les sections de Paris, et de connaître de tous les complots tramés contre la liberté dans l'intérieur de la république : elle entendra les ministres de l'intérieur et des affaires étrangères, les comités de sûreté générale et de salut public, sur les faits venus à leur connaissance relatifs aux conspirations qui ont menacé la représentation nationale; elle prendra toutes mesures nécessaires pour se procurer les preuves de ces conspirations, et s'assurer des personnes des prévenus. »

Les girondins accueillirent l'idée de former la

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