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présenta pour combattre le rapport de son collègue, et s'offrit à prouver que Philippeaux en imposait, qu'il ne connaissait nullement ce qui s'était passé dans la Vendée, s'étant toujours tenu très-éloigné du quartier-général et des champs de bataille, et enfin qu'il s'était prêté à une intrigue contre le comité de salut public. Les jacobins assignèrent à jour fixe Philippeaux, Bourdon de l'Oise et Camille Desmoulins, pour répondre aux inculpations dirigées contre eux. Aucun de ces champions ne s'étant présenté, Robespierre, que ces débats affligeaient, fit la motion de passer outre et de mettre à l'ordre du jour les crimes du gouvernement anglais et les vices de la constitution britannique c'était couper court à ces misérables et irritantes discussions: Camille l'en remercia dans le sixième numéro du Vieux-Cordelier. « Je me réjouis, disait-il, que l'heureuse diversion sur les crimes du gouvernement anglais ait terminé nos combats; c'est un des plus grands services qu'aura rendus à la patrie celui qui a ouvert cette discussion, à laquelle je compte payer aussi mon contingent. »>

fait comme Robespierre; et les écrits de Desmoulins leur parurent tellement dangereux, qu'ils le rayèrent de leur liste. Robespierre eut de la peine à faire rapporter cette mesure; non pas, disait-il, qu'il défendît Camille, mais parce qu'il s'opposait à sa radiation isolée. Les jacobins cédèrent encore; mais les cordeliers, dominés par Hébert, Momoro, et les ultra-révolutionnaires les plus acharnés contre les députés accusés de tendre au modérantisme, déclarèrent que Camille avait momentanément perdu leur confiance, et que Philippeaux, Bourdon de l'Oise et Fabre l'avaient tout à fait perdue.

L'arrestation de Fabre d'Églantine prononcée sur ces entrefaites fit pousser des cris de joie aux cordeliers. Cette arrestation était un fait trop grave pour passer inaperçue, et celui qui s'était placé à la tête de l'opposition contre le comité de salut public était devenu un personnage trop important pour que l'opinion ne s'enquît pas des causes de cette mesure. Amar expliqua à la convention que les interrogatoires de Chabot, Bazire et Delaunay avaient fait reconnaître que Fabre était le premier auteur du faux commis dans les décrets relatifs aux affaires de la compagnie des Indes, faux incontestable et qui dénaturait complétement les intentions de la convention. Accablé par l'évidence des preuves produites par le comité contre Fabre, son ami, Danton, le défendit faiblement, et l'instruction de l'affaire Chabot continua très-activement.

Malheureusement, au moment où l'on allait s'occuper de la motion de Robespierre, Camille se présenta dans la salle, et entreprit la défense | de Philippeaux et la sienne avec une naïveté digne de La Fontaine. Mais la lecture des numéros du Vieux-Cordelier excita de nouveau l'improbation des Jacobins. Robespierre voulut encore essayer de détourner l'attention des jacobins de ces débats personnels qui s'envenimaient tous les jours Pendant que la convention et les sociétés podavantage à cet effet, il attira l'attention de la pulaires étaient si déplorablement divisées par société sur les nouveaux brissotins de la conven- les querelles des nouvelles factions qui se dessition, et dénonça nominativement Fabre d'Églan- naient au centre du gouvernement, les armées de tine, qu'il regardait comme le chef de cette fac- la république offraient quelques heureuses comtion. Quant à Camille, il s'exprima sur son compte pensations aux maux qui affligeaient l'intérieur. avec sa franchise habituelle: « Vous voyez dans Celles de la Moselle et du Rhin, réunies sous le les ouvrages de Camille, dit-il, les principes les commandement de Hoche, avaient réussi à déplus révolutionnaires à côté du plus pernicieux bloquer Landau. La bataille de Geisberg, livrée modérantisme. Ici il rehausse le courage du pa- le 6 nivose, amena ce résultat. Les Autrichiens, triotisme, là il alimente l'espoir de l'aristocratie. battus à Geisberg et sur quatre points différents Desmoulins tient tantôt un langage qu'on applau dans la même journée, se retirèrent en désordre dirait à la tribune des jacobins; une phrase com- jusque sous les murs de Mayence; Guermesheim, mence par une hérésie politique; à l'aide de sa Spire, Neustadt, Keiserslautern, Worms, tommassue redoutable, il porte le coup le plus ter- bèrent en notre pouvoir : les Autrichiens évacuérible à nos ennemis; à l'aide du sarcasme le plus rent aussi le fort Vauban, après avoir infructueupiquant, il déchire les meilleurs patriotes. Ca-sement essayé de le faire sauter: ainsi fut entièmille est un composé bizarre de vérités et de rement délivré le territoire de la république du mensonges, de politique et d'absurdités, de vues côté du Rhin. saines, et de projets chimériques et particuliers. D'après tout cela, que les jacobins chassent ou conservent Camille, peu importe; ce n'est qu'un individu mais ce qui importe davantage, c'est que la liberté triomphe et que la vertu soit reconnue... » Les jacobins ne pensèrent pas tout à

Après ces succès, nos armées du Rhin, de la Moselle, du Nord et des Ardennes, eurent quelques jours de repos, pendant lesquels les bataillons de la première réquisition destinés à complé ter les anciens arrivaient au camp et s'exerçaient tous les jours. Jourdan, à qui l'on reprocha son

inaction, fut remplacé par Pichegru, alors ardent | pour toutes les mesures de salut public qu'ils jurévolutionnaire. geraient nécessaires.

Au milieu de tous les soins que les armées de terre exigeaient, le comité de salut public n'oubliait pas que la marine avait aussi besoin de toute sa sollicitude. Jean-Bon Saint-André était à Brest, où il s'efforçait de mettre l'escadre sur un

Du côté de l'Espagne, les représentants Fabre (de l'Hérault) et Gaston étaient parvenus à réorganiser l'armée des Pyrénées-Orientales; mais à peine en état d'agir, cette armée eut à soutenir une nouvelle attaque, et Fabre trouva une mort glorieuse en voulant arrêter les efforts de l'en-pied respectacle, pendant que la convention ornemi.

Du côté opposé, celle des Pyrénées-Occidentales, affaiblie par des détachements qu'elle avait été obligée de faire et par le départ de trois mille hommes pour la Vendée, s'efforçait de se maintenir en avant de saint-Jean-de-Luz (appelée alors Chauvin-Dragon). Les Espagnols, grossis de quatre régiments revenus de Toulon, voulurent forcer le passage de la Bidassoa; mais les républicains les avaient repoussés victorieusement et s'étaient emparés du camp des Castillans. Ainsi l'ennemi était contenu et battu partout où il avait voulu prendre l'offensive, et les armées françaises se préparaient à une brillante campagne.

A l'intérieur, les Vendéens partout poursuivis et exterminés impitoyablement, s'étaient retranchés, au nombre de dix-huit cents environ, dans l'île de Noirmoutier, leur dernier refuge; ils avaient fortifié ce point de tous les moyens en leur pouvoir, car ils sentaient l'importance de cette position pour leurs communications avec l'Angleterre, dont iis attendaient des secours. Des batteries formidables entouraient de toutes parts l'île de Noirmoutier, déjà très-difficilement abordable, et les rassuraient sur leur dernière position. Mais les républicains avaient médité une descente dans cette l'île, et ils la mirent à exécution. Elle eut enfin lieu sur plusieurs points à la fois les batteries ayant été enlevées à la baïonnette, les Vendéens se réfugièrent dans la ville; cernés bientôt et épouvantés par nos colonnes, ils se rendirent à discrétion, après avoir perdu cinq à six cents des leurs. Presque tous ces prisonniers, au nombre desquels se trouvait l'ex-généralissime de l'armée catholique, furent livrés à une commission militaire, et fusillés dans l'île même, ainsi que ceux des habitants et des officiers de la garnison qui l'avaient précédemment livrée.

donnait de construire de nouveaux vaisseaux sur tous les chantiers, et votait à cet effet des sommes considérables: d'autres représentants imprimaient une activité incroyable à tous les ports, à tous les chantiers, à toutes les manufactures de la marine. De grandes réformes eurent lieu aussi dans le personnel et dans l'administration civile de la marine: une école de matelotage fut établie sur chaque vaisseau, et un instituteur remplaça les aumôniers sur chaque bâtiment de l'état audessus de vingt canons. Un nouveau code fut adopté par le comité de salut public pour toute l'armée navale, et les marins se soumirent sans murmure à la sévérité de ses justes dispositions. Un décret prononça la peine de mort contre tout capitaine qui amènerait son pavillon devant l'ennemi avant que son navire ne fût maltraité au point de menacer de couler bas. En même temps tous les amiraux, contre-amiraux, capitaines et officiers de marine qui étaient nobles furent expulsés et remplacés par de nouveaux capitaines, choisis parmi les marins sans-culottes les plus braves et les plus expérimentés. Toutes ces mesures, en assurant au mérite et à la bravoure l'avancement qu'ils n'obtenaient que très-difficilement sous l'ancien régime, animaient nos marins d'une ardeur extraordinaire, et ils attendaient impatiemment après l'heure où ils pourraient se mesurer avec l'ennemi.

Déjà quelques divisions de frégates avaient été lancées sur les côtes d'Angleterre par les représentants du peuple à Brest et à Cherbourg, et elles s'étaient emparées d'un nombre considérable de bâtiments de commerce richement chargés, après avoir coulé bas les bâtiments de guerre qui les escortaient. Ces prises excitèrent un grand enthousiasme de nombreux corsaires s'armèrent sur tous les points, et en peu de temps le commerce anglais, jusque-là paisible et naviguant comme en pleine paix, fut plongé dans la consternation. Les ports de la république, dans les pre

Mais, malgré tous ces avantages, cette Vendée qu'on croyait anéantie, ne tarda pas à se réveiller de nouveau : les bandes de Charrette, de Laroche-mières années de cette guerre, trouvèrent dans jacquelin, de Stofflet, profitèrent encore une fois de l'éparpillement de nos troupes en cantonnement pour attaquer Beaupréau, Montrevault, Saint-Fulgens. A cette nouvelle, la convention fit partir pour la Vendée les deux représentants Hentz et Garrau, en leur confiant des pouvoirs illimités

la course une source inépuisable de richesses propres à les dédommager amplement de l'interruption du long cours.

Entretemps, la convention continuait paisiblement ses immortels travaux; ayant reconnu que l'organisation de l'armée en bataillons entraînait

une foule d'abus, et convaincue d'ailleurs de la | jacobins dont on s'est tant plu à ridiculiser le supériorité des gros corps, elle décréta que toute costume, se privaient de leurs souliers pour les l'infanterie serait organisée en demi-brigades, envoyer aux armées, et portaient des sabots. chacune formant trois bataillons et une compa- Certes, un jour la postérité, moins ingrate que gnie de canonniers. Elle avait également porté un les contemporains de cette époque, admirera le décret propre à répandre l'instruction parmi les dévouement républicain qui dominait alors la soldats, en ordonnant que nul ne pourrait être nation tout entière. Elle burinera les innomnommé caporal s'il ne savait lire et écrire. L'ar- brables traits de vertu, de désintéresscment, tillerie volante avait également attiré ses regards; d'oubli de soi-même qui ont signalé la période de nouveaux escadrons de cette arme importante révolutionnaire, et qui se trouvent encore enfouis furent organisés et instruits avec le plus grand dans les colonnes du Moniteur; alors la convensoin; enfin, un décret réorganisa complétement tion se plaisait à les enregistrer et à leur donner la cavalerie, dont la force s'élevait à près de cent une publicité propre à exciter le patriotisme des mille hommes et autant de chevaux. La républi- citoyens, et elle les récompensait avec une proque possédait alors quatre-vingt-trois régiments digalité à laquelle applaudissait la nation. montés, dont vingt-neuf de grosse cavalerie au complet de sept cent-quatre hommes, et soixante de cavalerie légère au complet de mille quatre cent dix hommes. Tous ces cavaliers n'avaient pu être montés que par la mise en réquisition des chevaux propres à ce service; ceux utiles à l'agriculture et aux fabriques avaient seuls été exceptés.

La fabrication des poudres et salpêtres occupait constamment une grande masse de citoyens dans toutes les villes de la république. Prieur de la Côte-d'Or avait inventé une nouvelle méthode, au moyen de laquelle les citoyens pouvaient faire de la poudre en vingt-quatre heures. Des cours publics sur l'art de raffiner le salpêtre, de fabriquer la poudre, de mouler, fondre et forer les canons se faisaient avec une grande solennité. Chaque district de la France avait envoyé à ces cours deux citoyens intelligents. Guyton-Morveau, Fourcroy, Dufourny, Bertholet, Carny, Pluvinet, Hassenfratz, Perrier, Monge, faisaient ces cours, et la France, qui n'avait produit jusque-là qu'un million de salpêtre chaque année, en avait retueilli douze millions en moins de neuf mois. Chaque jour la convention recevait de nombreuses députations venant des manufactures d'Arras ou des fabriques de salpêtre et de poudre : elles of fraient des canons ou des quantités de salpêtre recueilli et raffiné d'après les nouveaux procédés. Les fabriques d'armes établies de tous côtés rivalisaient de célérité. Antérieurement à 1793, la France n'avait qu'une seule fabrique de fusils, fournissant à peine annuellement trente mille pièces prêtes; et depuis l'organisation des ateliers d'armes et la levée en masse, Paris seulement fournissait près de huit cent soixante fusils par jour. I en était proportionnellement de même des sabres, des pistolets et des canons.

En même temps, les femmes de tous les états travaillaient à faire des chemises, des culottes, des guêtres, des habits pour les défenseurs de la patrie; les enfants préparaient de la charpie : les

Les dons patriotiques faits journellement par les sociétés populaires témoignent assez du dévouement de la France à la république; ces sociétés ne cessaient de faire à la patrie tous les sacrifices que les circonstances exigeaient. Argent, matières propres à la guerre, effets d'habillement pour nos soldats, arrivaient journellement à la barre de la convention, qui accueillait ces dons par de simples mentions honorables. Une seule société patriotique, celle de Châlons-sur-Saône, envoya 8, 798 livres 6 sous en assignats; 4, 444 livres 44 sous en numéraire, mille trois cents marcs d'argent, et plusieurs marcs d'or provenant des communes du district; quatre mille deux cent soixante-dix-sept chemises; trois cent trente-neuf draps; deux cent soixante-neuf aunes de toile; quatre-vingt-quinze habits d'uniforme; vingt et un manteaux, etc.,etc. Les citoyens imitaient les sociétés populaires, et offraient de l'argent, des armes, du blé, un paysan donna ses bœufs, un ancien inilitaire sa montre, en l'accompagnant de ce billet: « Citoyens représentants, je vous prie d'agréer ma montre; un républicain n'a pas besoin de savoir quelle heure il est; c'est toujours pour lui celle de veiller, de combattre et de mourir pour la patrie. »

Au milieu de cette impulsion extraordinaire imprimée à tous les esprits, la convention étendait sa sollicitude sur plus d'un objet d'utilité publique : les routes étaient dans un état de dégradation complète; leur entretien était indistinctement à la charge des autorités locales, et à peine y avait-il en France cinq à six routes sur lesquelles une chaise de poste pût passer. La convention voulut faire cesser cet état de choses; elle mit tous les travaux des grands chemins, ponts, levées, à la charge de la république; vingt-cinq millions furent votés pour être employés aux réparations des routes et ponts de la république ; et les troupes sans emploi actif, ainsi que les nombreux bataillons de la première réquisition qui n'étaient pas

qu'on ne pouvait espérer aucun accommodement avec ce gouvernement qu'il appelait anarchique. Le comité de salut public rejeta en effet avec dédain toutes les propositions insidieuses qui lui furent faites; il profita même de cette occasion pour présenter, dans un grand rapport, le tableau de toutes les ressources de la France et des prodiges opérés par le génie national; dans ce rapport, Barère s'écriait : « Tous les Français sont soldats; les fortunes particulières forment, au besoin, la fortune publique; les jouissances cessent d'être individuelles, elles se mettent en masse. Ce n'est qu'avec de tels principes, aussi anciens que l'état de société et les droits de la nature, que la république se présente à l'Europe royaliste pour lui annoncer une guerre aussi longue que les injustices des tyrans; elle seule peut continuer la guerre à volonté, elle seule peut avoir chaque année, à l'ouverture de la campagne, un million deux cent mille républicains sous les armes... Déjà les tyrans sont épuisés d'hommes et d'argent; bientôt la coalition dégénère en querelles, en mécontentements, en ruines. Bientôt l'on demande à Londres un compte au gouvernement des motifs du complot des rois contre les peuples, et de la guerre des coalisés. »

encore armés, furent employés à ces travaux. | imposer silence à l'opposition, en lui démontrant La législation civile, les finances, occupaient également la convention; les arts, les sciences, les lettres, étaient encore l'objet de ses soins et de sa protection. Après avoir déjà doté la France d'une multitude d'institutions philanthropiques et philosophiques, elle créait le conservatoire du muséum des arts, divisé en quatre sections: peinture, sculpture, architecture, antiquités; elle décrétait la formation d'une bibliothèque publique dans chaque district, l'établissement d'écoles d'hydrographie dans les ports de la république, l'organisation des écoles de sourdsmuets, etc., etc. Elle avait terminé la discussion du plan d'éducation et d'instruction publique qu'elle adopterait, et décrété la liberté et la publicité de l'enseignement. Les instituteurs ou institutrices étaient placés sous la surveillance de leurs municipalités ou de leur section, et sous celle de tous les citoyens. Les jeunes gens qui, au sortir des écoles du premier degré d'instruction, ne s'occuperaient pas du travail de la terre, étaient tenus d'apprendre une science, un art ou un métier utile à la société. La république faisait une obligation à tous les citoyens de laisser donner à leurs enfants l'instruction primaire qu'ils devaient recevoir aux frais de l'état. Si cette loi d'égalité bien entendue eût été exécutée pendant trente ans, la condition du peuple français serait aujourd'hui bien changée. En même temps, la convention fit ses efforts pour ramener tous les Français à l'unité de langage, le plus sûr garant de l'unité territoriale : elle décréta qu'il y aurait dans les parties de la France où l'on parlait encore les jargons des anciennes provinces, des instituteurs de la langue française, payés par le trésor, et que les habitants de ces contrées seraient tenus d'envoyer leurs enfants à ces écoles.

Avant de faire la paix, la convention savait qu'elle avait une grande mission à remplir, celle d'affranchir l'humanité tout entière. Déjà bien des pas avaient été faits vers ce noble but : les Français étaient libres, égaux; mais des hommes comme eux étaient encore esclaves sur une terre appartenant à la république. Elle résolut d'arracher nos colonies aux Anglais et aux Espagnols qui y fomentaient des guerres civiles, et le décret qui devait rendre à la liberté une classe nombreuse d'hommes asservis jusqu'alors fut porté en ces termes : « La convention nationale déclare aboli l'esclavage des nègres dans toutes les colo

C'est ainsi que la convention travaillait à améliorer les mœurs du peuple. En cela elle était parfaitement secondée par les sociétés populaires, etnies en conséquence, elle décrète que tous les plus spécialement encore par la commune de Paris, où Chaumette prêchait la morale la plus pure. Aux yeux de ces républicains s'efforçant de ramener le règne de la vertu, si longtemps oubliée sous la monarchie, les plus grands ennemis de la république étaient ceux qui cherchaient à démoraliser le peuple.

A cette époque, Pitt, qui redoutait la rentrée du parlement et les explications que l'opposition lui demanderait sur la guerre contre la France, avait concerté avec ses alliés de faire des ouvertures de paix à la république française; il avait la conviction que la dignité nationale du comité de salut public les ferait rejeter, et il comptait

hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la constitution. » Les hommes de couleur présents à Paris se portèrent en masse à la barre de la convention, pour la remercier de cette grande mesure conforme aux grands principes de liberté et d'égalité de la révolution française... « Faites surtout, lui dirent-ils, que les colons ne puissent retourner à Saint-Domingue avant que les colonies soient réorganisées; elles seraient perdues sans cette précaution salutaire. Le grand acte de philanthropie de la convention fut célébré par tous les clubs et par tous les amis de l'humanité.

CHAPITRE XXII.

Rapport de Robespierre sur les principes de la politique inté rieure de la république. Les modérés sont en butte à des attaques quotidiennes.-Élargissement de Vincent, Ronsin et Mazuel.-Divisions entre les jacobins et les cordeliers. →→ Ces derniers font un appel à l'insurrection. Rapport de Saint-Just sur la corruption de l'esprit public.-Arrestation, procès et exécution des hébertistes. Système de bascule que leur mort force le comité d'adopter. - Rapport sur Chabot et ses complices. Arrestation de Hérault de Séchelles et de Simon du Mont-Blanc. Arrestation de Danton, Camille Desmoulins et Lacroix.-Stupeur qu'elle cause dans la convention. - Décret d'accusation contre les dantonistes.

Au moment où les divisions qui naissaient autour du comité de salut public prenaient un caractère plus redoutable, ce célèbre comité se trouvait privé de deux de ses membres les plus influents: Couthon et Robespierre étaient malades, et leurs collègues avaient dû se passer de cette puissante et utile coopération. Toutefois, leur indisposition ne fut que passagère, et leur rentrée au comité, où fut aussi placé Saint-Just, alors de retour de sa mission sur les bords du Rhin, rendit à l'action gouvernementale toute son activité et toute son énergie.

Robespierre signala sa convalescence par un des plus beaux rapports qui aient été faits durant la révolution. Il avait précédemment présenté le tableau de la situation politique de la république vis-à-vis des puissances étrangères, et alors il développa les principes de sa politique intérieure. Ces principes étaient l'égalité et la vertu. Après avoir tonné contre la corruption des monarchies, et préconisé la morale sur laquelle était basé le gouvernement républicain, il arrivait à examiner les obstacles qui s'opposaient à l'établissement de cette morale. « Au dehors, disait-il, tous les tyrans vous cernent; au dedans tous les amis de la tyrannie conspirent; ils conspirent jusqu'à ce que l'espérance ait été ravie au crime. Il faut étouffer les ennemis intérieurs et extérieurs de la république, ou périr avec elle. Or, dans cette situation, la première maxime de notre politique doit être que l'on conduit le peuple par la raison, et les ennemis du peuple par la terreur. »

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prodiguant les plus généreuses consolations aux femmes des conspirateurs, ne cessant de crier grâce pour la partie la plus coupable des ennemis du peuple, sans s'inquiéter pour le reste de l'humanité.

Arrivant ensuite à l'autre faction, il donnait pour exemple de ses fureurs patriotiquement contre-révolutionnaires les bacchanales de l'athéisme, les atrocités dont s'était rendu coupable l'accusateur public près le tribunal criminel de Strasbourg, Schneider, qui était arrivé à rendre vraisemblable tout ce qu'on rapporte de Caligula et d'Héliogabale. La fausse pitié des uns et les excès des autres étaient, d'après Robespierre, le résultat d'une même conspiration formée par cette foule de prêtres, de nobles, d'agitateurs, d'intri gants, qui servaient de tous leurs moyens les projets de l'étranger, et qui entraînaient avec eux une foule de citoyens trompés par le masque patriotique sous lequel se présentaient les ennemis. de la république et de la convention. Ainsi se trouvaient attaqués simultanément, dès le 17 pluviose, les ennemis du comité de salut public, sous quelque aspect qu'ils se présentassent.

Saint-Just saisit une nouvelle occasion pour attaquer les modérés. On se plaignait assez vivement de la mise en arrestation d'un grand nombre de patriotes, Saint-Just fit décréter que le comité de sûreté générale pourrait mettre en liberté tous les patriotes qui rendraient un compte satisfaisant de leur conduite depuis le 1er mai 1789. « Ceux qui demandent la liberté des aristocrates, s'écriait-il dans son rapport, ne veulent point la république, et craignent pour eux. C'est un signe éclatant de trahison que la pitié que l'on fait paraître pour le crime dans une république qui ne peut être assise que sur l'inflexibilité. » Saint-Just pensait que les indulgents étaient cause de la résurrection de l'aristocratic, et il leur opposait la sévérité commandée par les dangers de la patrie. « C'est ce relâchement des maximes républicaines, ajoutait-il, qui vous demande l'ouverture des prisons; c'est vous demander d'autres Vendées. Au sortir des prisons, les détenus prendront les armes. Si Ce point une fois posé, Robespierre s'attachait l'on eût arrêté, il y a un an, tous les royalistes, à peindre longuement les factions qui tourmen-vous n'auriez pas eu de guerre civile. Épargnez taient le gouvernement et qui travaillaient à per l'aristocratie, et vous aurez cinquante ans de troudre la liberté en ruinant la convention. « L'une bles. » de ces factions, dit-il, nous pousse à la faiblesse; l'autre aux excès; l'une veut changer la liberté en bacchante, l'autre en prostituée. » Et il peignait la première de ces factions comme n'ayant de larmes et de sensibilité que pour les aristocrates, ne montrant aucun intérêt pour la misère de ces nombreuses citoyennes qui avaient sacrifié à la plus belle cause leurs frères, leurs enfants, leurs époux, mais

A ce rapport dirigé contre les modérés était annexé un projet de décret portant détention jusqu'à la paix, et ensuite bannissement des personnes reconnues ennemies de la révolution : leurs biens devaient être séquestrés au profit de la république. Quelques jours plus tard, Saint-Just fit décréter que ces biens serviraient à indemniser tous les patriotes malheureux. C'était peut-être

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