Sayfadaki görseller
PDF
ePub

tés, contre vos droits les plus chers, contre vos | tête; mais cette démarche ne put troubler la ville possessions les plus sacrées, et vous pourrez mesurer l'étendue des calamités dont le maintien de votre constitution actuelle peut seule vous préserver désormais.

de Paris une foule de curieux encombrait les rues quelques-uns criaient vive la république !à bas les aristocrates! vive le directoire! Personne ne cria vive les députés ou vive les conseils! Ce groupe de députés se présenta aux portes des Tui

» Tant de triomphes avaient déjà couronné l'établissement de cette constitution! Vos géné-leries; on leur en refusa l'entrée, et comme il

reux et intrépides défenseurs l'avaient entourée de leurs triomphes immortels: au bruit de leurs victoires, l'agriculture et le commerce reprenaient leur activité; le crédit public se ranimait par degrés ; la confiance et la sécurité commençaient à renaître dans tous les cœurs; et tels sont les moments que l'on a choisis pour allumer toutes les haines, pour propager la superstition, pour réorganiser la puissance du fanatisme, pour semer partout l'incertitude et l'effroi en ouvrant de nouvelles portes aux émigrés, pour ébranler la garantie des contrats publics, pour donner le signal de la guerre civile, et pour retarder, par l'espérance que l'on inspire à l'étranger, la conclusion si désirée d'une paix extérieure, honorable et solide, digne du peuple français et de sa générosité.

Non, vous ne perdrez point le fruit de vos longs sacrifices; vous vous lèverez contre ces lâches émissaires, auteurs de tous nos maux, de toutes nos agitations, de toutes nos souffrances; Vous vous armerez pour arrêter leurs projets, pour défendre, contre leurs attaques, vos personnes, vos propriétés et vos droits. Mais redoutez les agitations. Ne déshonorez pas la plus belle des causes par les excès d'une anarchie justement abhorrée. Respectez les propriétés. Qu'un élan patriotique mal dirigé ne vous jette pas dans une funeste confusion.

» N'obéissez qu'à la voix des chefs avoués par le gouvernement; reposez-vous sur la vigilance de vos magistrats et sur les travaux des législateurs; restez fidèles à la cause du peuple. Le patriotisme reprendra toute son énergie, la constitution toute sa force, la nation toute sa gloire, et chaque citoyen jouira, dans toute son étendue, de sa liberté, de son bonheur et de son repos. »

[ocr errors]

Vers les huit heures, plusieurs députés, parmi lesquels se trouvaient le président des cinq-cents, Siméon, et celui des anciens, Lafond-Ladebat, parvinrent courageusement jusqu'à leurs salles, qui n'étaient pas encore fermées ; mais des officiers leur intimèrent l'ordre de se retirer ils n'eurent que le temps de déclarer que la représentation nationale était dissoute. Vers les onze heures, ces mêmes députés, rassemblés chez un de leurs collègues, prirent la résolution de traverser les rues de Paris à pied, et de se rendre aux portes du palais législatif avec leurs présidents en

insistaient, un détachement les repoussa et les poursuivit jusqu'à ce qu'ils fussent dispersés. Enfin, dans la journée, ils se rassemblèrent encore chez le président Lafond-Ladebat, où ils s'occupaient à rédiger une protestation, lorsqu'un officier se présenta pour leur signifier l'ordre de se séparer. Plusieurs d'entre eux furent arrêtés en sortant et conduits au Temple : c'étaient LafondLadebat, Siméon, Barbé-Marbois, Tronçon-Ducoudray, Goupil de Préfeln et quelques autres.

Pendant que ces événements avaient lieu sur la rive droite de la Seine, les députés attachés à la république et au directoire s'étaient rendus dans les nouvelles salles qui leur avaient été assignées: l'Odéon pour les cinq-cents, et l'École de Médecine pour les anciens. Ces députés, si longtemps opprimés par le parti de Clichy, se félicitaient en se rencontrant dans ces nouvelles salles: « Enfin nous voilà délivrés, se disaient-ils; la >> France obtiendra de nous ce qu'elle a droit d'en » attendre tant de sacrifices, d'actes d'héroïsme » et de dévouement, tant de bravoure, de dan»gers et de sang répandu ne seront point perdus » pour elle; ses ennemis n'en recueilleront pas » les fruits!»> Les grenadiers du corps législatif accoururent se ranger autour des députés fidèles à leurs serments. Lorsque les anciens furent au nombre de cent vingt-six, et les cinq-cents au nombre de deux cent cinquante et un, moitié plus un pour chaque conseil, la délibération s'ouvrit. Ils commencèrent par se déclarer en permanence, et par s'avertir réciproquement qu'ils étaient constitués.

Le député Poulain Grandpré prit le premier la parole aux cinq-cents: « Les mesures qui ont été » prises, le lieu cù nous nous trouvons, dit-il, >> annoncent que la patrie a couru les plus grands » dangers, et rien ne nous atteste encore que ces » périls n'existent plus. Rendons grâce au direc»toire; c'est à lui que nous devons le salut de » la patrie. Je demande qu'il soit à l'instant créé >> une commission de cinq membres qui sera » chargée de présenter le plus tôt possible toutes » les mesures qui, dans les circonstances actuelles, >> peuvent concourir au salut public et au main » tien de la constitution de l'an III. »

La proposition fut adoptée, et la commission se trouva composée de députés dévoués au directoire. C'étaient Siéyès, Poulain-Grandpré, Villers,

Chazal et Boulay (de la Meurthe). Bientôt le directoire fit annoncer un message pour six heures du soir; ce message, devant donner les renseignements que les conseils demandaient sur la conspiration, fut attendu avec la plus vive impatience. Il contenait le récit de la conjuration, et les pièces trouvées dans les portefeuilles des agents royalistes. Ces pièces prouvaient évidemment que Pichegru était depuis longtemps en négociation avec le prince de Condé et le prétendant; qu'Imbert Colomès correspondait avec Blanckembourg; que Mersan et Lemerer étaient des embaucheurs de députés pour la cause monarchique, et enfin, qu'une vaste conspiration royaliste, dont le foyer était dans la réunion de Clichy, s'étendait sur toute la France.

Mais en même temps que ces pièces donnaient la conviction morale de toutes les trahisons articulées par le directoire, elles prouvaient l'impossibilité d'employer les voies judiciaires, par l'insuffisance des témoignages directs et positifs.

[ocr errors][ocr errors]

solution en plusieurs articles, qui furent discutés et votés sans désemparer. Les principales dispositions de cette résolution étaient : 4° L'annulation des opérations électorales de quarante-huit départements. Elle délivrait le directoire des députés dévoués à la faction qu'il venait d'abattre. 2o La faculté donnée au directoire de nommer aux places devenues vacantes dans les tribunaux. 5 Le rapport de la loi du premier prairial et autres contraires à l'acte constitutionnel. 4° La remise en vigueur des six premiers articles de la loi du 5 brumaire an IV. 5o Le rapport de la loi du 9 messidor, concernant les chefs vendéens et chouans. Le treizième article de cette proposition contenait une liste de proscription de quatre-vingt-trois députés. Cette liste fut réduite de dix-sept d'entre eux, pour lesquels leurs collègues réclamèrent. Il restait donc soixante-cinq noms: c'étaient ceux de Aubry, Job-Aimé, Bayard, Blain, Boissyd'Anglas, Borne, Bourdon de l'Oise, Cadroy, Couchery, Delahaie, Delarue, Doumère, Dumolard, Duplantier, Duprat, Gilbert Desmolières, Henri Larivière, Imbert Colomès, Camille Jordan, Jourdan des Bouches-du-Rhône, Gau, Lacarrière, Lemarchant-Gomicourt, Lemerer, Mersan, Madier, Maillard, Noailles, André, Marc-Cartain, Pavée, Pastoret, Pichegru, Polissart, PraireMontaud, Quatremère-Quincy, Saladin, Siméon, Vauvilliers, Vaublanc, Villaret-Joyeuse, Willot, dans le conseil des cinq-cents.

Les proscrits du conseil des anciens étaient Lafond-Ladébat, Barbé-Marbois, Dumas, Lomont, Muraire, Portalis, Rovère, Tronçon-Ducoudray, Perrault-Vaillant, Murinais, Paradis.

Le directoire n'ayant pas l'initiative des propositions à faire au corps législatif, c'était à la commission des cinq, nommée le matin, à la prendre. Cette commission savait qu'elle devait demander la légalisation du coup d'état. Le soir même, Boulay (de la Meurthe) fit, au nom de la commission, le rapport qu'on attendait pour sanctionner tout. Après avoir présenté le tableau riant de ce qu'était la France avant que les désorganisateurs de la république eussent osé lever 'ía tête, et peint la situation déplorable où elle se trouvait depuis quelque temps, Boulay (de la Meurthe) entra dans des développements sur le but et les moyens des conspirateurs, et démontra que leur principal foyer était dans le corps législatif, où un certain nombre de députés formaient un parti qui avait souvent obtenu la majorité. L'orateur parla ensuite de la marche concertée de ce parti, de la distribution des rôles et des attaques continuelles contre le directoire. Il déclara qu'il était temps de mettre les traîtres dans l'impuissance de nuire à la chose publique. « Le triomphe des républi» cains, dit Boulay, en terminant son rapport, » ne sera souillé par aucune goutte de sang. Mal» heur à celui qui, dans cette grande circonstance, » songerait à rétablir les échafauds! Les proprié-inscrits sur la liste des émigrés et non rayés défi»tés, les personnes, tout sera respecté. Il est » question ici, non de vengeance, mais de salut » public... Il n'y a pas, je le répète, un seul mo»ment à perdre. Vous êtes vainqueurs aujour» d'hui; si vous n'usez pas de la victoire, demain » le combat recommencera ; mais il sera sanglant » et terrible. »

Aussitôt 'après ce rapport, un autre membre de la même commission proposa un projet de réLEONARD GALLOIS.

Puis les deux directeurs Carnot et Barthélemy. Venaient ensuite les agents royaux Brottier, Lavilleheurnoy, l'ex-ministre de la police Cochon, Dossonville, ex-agent de police; le général Miranda, le général Morgan, le journaliste Suard, l'ex-conventionnel Mailhe et le commandant de la garde du corps législatif Ramel.

Le quatorzième article du projet de résolution. ordonnait le séquestre des biens des proscrits, jusqu'à la preuve authentique de leur arrivée au lieu fixé pour leur déportation.

Par les articles 15 et 16 tous les individus

nitivement étaient tenus de quitter la France dans les quinze jours, sous peine d'être traduits devant une commission militaire.

Enfin l'article vingt-troisième révoquait la loi du 7 du même mois de fructidor, qui rappelait les prêtres déportés.

Quelque rigoureuse que fût cette proposition, les conseils la jugèrent nécessaire, et celui des anciens l'approuva. Ainsi le gouvernement se

54

trouva investi d'un pouvoir immense et d'une force nouvelle, au moment où il allait succomber sous les coups multipliés des royalistes.

A peine le directoire fut-il muni de cette loi, qu'il choisit sur la liste des déportés quinze individus jugés plus dangereux ou plus coupables que les autres, et les fit partir le même jour pour Rochefort, d'où ils furent transportés à la Guyane. C'étaient Barthélemy, Pichegru, Willot, Rovère, Aubry, Bourdon de l'Oise, Murinais, Delarue, Ramel, Dossonyille, Tronçon-Ducoudray, BarbéMarbois, Lafond-Ladébat, Brottier et Lavilleheurnoy.

Pendant ces deux jours, Paris demeura parfaitement calme. Les républicains sincères voyaient bien que la faction royaliste avait rendu inévitable une mesure énergique, mais ils déploraient la violation des lois et l'intervention militaire. Ils doutaient même de la culpabilité des conspirateurs quand ils voyaient dans leurs rangs un homme comme Carnot. Quant à Pichegru, il était soupçonné depuis quelque temps: la publication faite par le directoire des papiers d'Entraigues souleva le voile qui couvrait encore sa perfidie; mais des lettres trouvées dans les fourgons de Kinglin, et que Moreau venait d'envoyer au gouvernement, après toutefois les avoir gardées plusieurs mois sans en parler, achevèrent de rendre Pichegru odieux à tous ses frères d'armes, ainsi qu'à tous les Français attachés à la république.

Le 20 fructidor, le conseil des cinq-cents prit une nouvelle résolution qui ordonnait la déportation des propriétaires, entrepreneurs, auteurs et rédacteurs des journaux gagés par le royalisme. Ces journaux étaient au nombre de quarantedeux, qui, chaque matin, se chargeaient de corrompre l'opinion publique, en calomniant, décriant et insultant le gouvernement républicain. C'était encore une mesure anti-constitutionnelle, mais non moins urgente que celle prise contre les soixante-cinq déportés appartenant au corps légistatif ou au directoire. Il était impossible qu'un gouvernement aussi jeune que celui établi par la constitution de l'an III pût, au milieu de l'agitation des passions, marcher au but qu'il se proposait, avec quarante-deux journaux dans la capitale et vingt-cinq dans les départements, payés pour le dénigrer tous les matins. Au reste l'audace de ces journalistes avait dépassé toutes les bornes : ils n'avaient pas craint d'avouer leur mission; ils ne se défendaient pas d'être les agents du prétendant et même de Pitt, et l'un d'eux avait cu la témérité, peu de jours avant la catastrophe, d'inviter tous les zélés du parti à aller déposer de l'argent à la commission des inspecteurs pour le succès du mouvement

| projeté en faveur de la monarchie. Ces journa listes ne pouvaient pas dire qu'ils faisaient de l'opposition constitutionnelle, car cette opposition a des limites, et garde des ménagements; ils s'étaient déclarés ouvertement les ennemis du gouvernement républicain et de la constitution de l'an III. Le directoire pouvait et devait donc les considérer comme tels : c'est ce qu'il fit.

Après avoir pris ces mesures violentes, mais jugées indispensables au salut de la république, le corps législatif fit une adresse aux Français et aux armées, dans laquelle il traça le tableau de la conspiration de manière à inspirer peu de compassion pour les victimes de cette journée. Le directoire fit aussi la sienne, à laquelle il ajouta les papiers saisis par Moreau dang les fourgons de Kinglin. Il ne resta plus ? doute aux Français sur les dangers que la rár la blique avait courus; et comme, malgré la à la vaise direction imprimée par les royalifus dans masse de la population était presque aussssignées : à la république que l'étaient les arme de Més'éleva aucune voix en faveur des députési longque le directoire reçut des milliers d'e félicid'adhésion et de félicitation. Plus tard, Falles: tous les députés déportés et ceux qui s'évad、 ; la publièrent une foule d'écrits où, tout en q'en jant leurs plaintes, ils prouvèrent, pour la part, leur haine pour le gouvernement rép1cain, et leur attachement au royalisme. malheurs de ces hommes ont fait oublier len fautes et excuser les exagérations de leurs récriminations. Parmi les seize déportés à la Guyane, huit, savoir: Aubry, Barthélemy, Delarue, Dossonville, Letellier, Ramel, Willot et Job Aimé parvinrent à s'évader; quelques-uns y mou rurent; et les autres, parmi lesquels étaient La fond-Ladébat et Barbé-Marbois, furent rendus à leur patrie après le 18 brumaire.

ne

Le conseil des cinq-cents s'occupa, dès le 21 fructidor, du choix des dix candidats à présenter au conseil des anciens pour l'élection des deux directeurs qui devaient remplacer Carnot et Barthélemy. Les députés qui obtinrent le plus de voix furent

François de Neufchâteau, ministre de l'intérieur, qui en eut deux cent vingt-quatre; Merlin, ministre de la police, en obtint deux cent quatorze; Masséna, deux cent dix; Garat, exministre, deux cent huit; Gohier, ex-ministre, deux cent une; le général Augereau, cent quatrevingt-douze, etc. Merlin de Douay fut nommé directeur en remplacement de Barthélemy, et François de Neufchâteau à la place de Carnot. Le 24 fructidor, ils furent solennellement installés au palais du directoire.

On fit encore plusieurs autres changements

et bien des destitutions. Le gouvernement et les administrations furent purgés de tous les hommes qui inclinaient vers le royalisme ou qui le servaient, et la république se trouva affranchie de toutes les lois contre-révolutionnaires rendues depuis l'introduction du dernier tiers.

Le même jour, 24 fructidor, les deux conseils cessèrent d'être en permanence, et allèrent de nouveau s'installer dans leurs salles ordinaires, où ils rentrèrent dans les limites constitutionnelles.

« Cette excursion hors de ses limites, dit Dulaure, ces lois rapportées ou rétablies, ces des»titutions, ces déportations, ces proscriptions, » ces rigueurs, cette régénération générale, quoique opérée par la majorité dans le di▪ rectoire et par la majorité dans l'un et l'autre conseil, étaient, je le déclare, illégales, inconstitutionnelles et d'un exemple très-dangereux, mais impérieusement commandées par is circonstances; elles étaient d'une nécessité suffisance solue pour le salut de la république. Sans Le dilles, la France eût été déchirée par des trouposition,les, ensanglantée par la guerre civile; sans commi "elles, plus de liberté. »

la c

culées

bilité de

prendr

dem:

mêm

Com san

[merged small][merged small][ocr errors]
[blocks in formation]

Réflexion, sur le coup d'état du 18 fructidor.
armées et des départements. - Ses effets sur les négocia-
tions. Organisation des républiques Cisalpine et Génoise.
-Mort de Hoche. Ses obsèques. Délivrance de La
Fayette. Budget de l'an VI. -Tiers consolidé. -Mesures
contre les émigrés et les prêtres.-Traité de Campo-Formio.
- Bonaparte quitte l'Italie. Fêtes qui lui sont données à
Paris.

intimidée que pour un moment, et qu'à l'arrivée du tiers, qui devait entrer au corps législatif quelques mois après, les royalistes eussent infailliblement tout renversé, sauf à être renversés à leur tour, le lendemain de leur triomphe, par les patriotes et par les soldats républicains. Ainsi, nous eussions eu la guerre civile au bout de quelques mois. Les émigrés rentrés, les Vendéens et les chouans, qui abondaient à Paris et dans les départements, eussent repris les armes ; les armées, leurs généraux indignés auraient marché sur Paris, et, au lieu de quelques déportations, déplorables sans doute, mais commandées par les circonstances, le sang aurait ruisselé dans la capitale et dans les trois quarts des départements de la France. Ces soldats accourus au secours de la liberté, et tous ces républicains ardents qui n'étaient qu'assoupis, auraient-ils borné leur vengeance à ordonner de simples déportations?

Les projets des meneurs de Clichy étaient donc aussi criminels qu'absurdes, car les contre-révolutionnaires ne paraissaient nombreux que parce qu'ils avaient de l'argent et qu'ils se multipliaient partout en s'agitant comme des fanatiques : les membres formant l'opposition dans les conseils n'étaient pas eux-mêmes unis dans le but ultérieur qu'ils se proposaient : Pichegru, Colomès et autres, vendus à l'étranger, poussaient violemment à la contre-révolution pour arriver au rétablissement de la royauté, tandis que d'autres voulaient encore la république. La confusion et l'anarchie n'eussent donc pas manqué d'être aussitôt dans l'état. Le directoire, en prévenant le mouvement de la faction royaliste, empêcha la guerre civile et la destruction du gouvernement républicain.

contre-révolutionnaires provoquées par les Clichyens, se hâtèrent de regagner la frontière; les Vendéens, les chouans dont Paris était rempli, et qui n'attendaient que le moment pour reprendre les armes, quittèrent peu à peu la capitale pour aller se cacher dans leurs départements: le découragement de ce parti fut aussi grand que l'avait été sa jactance. Armé de toute la puissance révolutionnaire par la loi du 19, le directoire se trouvait dans une position où personne ne pouvait plus oser le braver.

Le coup d'état du 18 fructidor, exécuté avec force, mais avec calme et même avec toute la modération possible dans les circonstances, jeta On a écrit beaucoup sur le coup d'état du la terreur dans les rangs des royalistes. Les émi18 fructidor, et chacun l'a jugé d'après ses opi-grés, les prêtres rentrés à la faveur des lois pions les royalistes n'ont cessé de reprocher aux trois directeurs, Lareveillère, Rewbell et Barras, ainsi qu'aux membres du ministère, la violation des lois, de ces lois dont ils se jouaient eux mêmes les républicains ont approuvé la mesure, quelque illégale qu'elle fût, mais ils ont déploré l'intervention de la force armée : ils prévoyaient que cette première atteinte portée à la constitution, en laquelle ils avaient placé toutes leurs espérances pour l'avenir, en amènerait de nouvelles, qui, au lieu de la consolider, la détruiraient. D'autres ont dit que le directoire avait eu tort de pousser les choses à bout; qu'il devait s'arrêter dès l'instant qu'il avait réussi à effrayer la faction royaliste. Mais ceux qui pensaient ainsi ne réfléchissaient pas que cette faction n'eût été

Les armées françaises reçurent avec enthousiasme les nouvelles que les généraux envoyés à Paris leur adressèrent pour leur apprendre les événements de cette journée. Augereau, fier de ses succès, écrivait à Bonaparte : « Enfin, mon

les obsèques de Mirabeau on n'avait plus vu de spectacle aussi grand et aussi touchant.

Après la mort de Hoche, le gouverneme donna le commandement des armées réunies & Sambre-et-Meuse et du Rhin, alors nommées ar mée d'Allemagne, à Augereau. C'était se débar rasser honorablement d'un général turbulent, & qui commençait à devenir incommode: Augereaul aurait voulu entrer au directoire autrement que par le mode prescrit ; ses prétentions furent rejetées. Il partit pour son quartier-général.

quente, suivie de convulsions nerveuses, alar- | fortes et dans chaque chef-lieu de canton. Depuis mait les amis et les médecins de Hoche: un mal inconnu le consumait: malgré son état, il ne cessait de s'occuper d'organiser ses armées en une seule, et ne renonçait pas à son expédition d'Irlande. Mais vers la fin de fructidor son mal devint plus violent; il commença à souffrir des douleurs insupportables on voulut qu'il suspendît ses travaux: « Donnez-moi un remède pour la fatigue, disait-il à son médecin, mais que ce remède ne soit pas le repos. » Vaincu par le mal, il se mit au lit le premier jour complémentaire de l'an V, et expira le lendemain au milieu des plus horribles souffrances. L'autopsie fut faite; l'estomac et les intestins furent trouvés remplis de petites taches noires, et la faculté, sans déclarer que ces taches fussent les indices du poison, parut du moins le croire. Son médecin crut se rappeler que l'altération de la santé de Hoche datait de son dernier séjour en Bretagne, lorsqu'il alla s'y embarquer pour l'Irlande : on pensa qu'il avait été empoisonné dans un repas donné à des hommes de tous les partis, afin de les rapprocher; mais on n'eut jamais la moindre preuve du crime.

C'est dans ce même mois de vendémiaire an VI qu'eut lieu, par l'effet de la négociation d'Udine, la délivrance du général Lafayette et des autres Français prisonniers à Olmutz, parmi lesquels se trouvaient Latour-Maubourg, sa femme, ses deux filles, et son frère; Bureau-de-Puzy et sa femme; Louis Romeuf, adjudant du général Lafayette; Villaume, Pillet, et le major impérial d'Anethenner. Bonaparte eut beaucoup de peine à obtenir la liberté de Lafayette; il ne fallut rien moins que son énergie pour faire tomber les fers de cet illustre patriote. Des motions en faveur de ce prisonnier avaient été faites et renouvelées plusieurs fois dans le parlement d'Angleterre, tant par le général Fitz-Patrick que par Fox. Jamais la philanthropie de l'opposition anglaise ne se montra plus éloquente que pendant la discussion de ces motions honorables. Sheridan, Grey Tartelon, Withbread, le duc de Bedfort, lord Holland, etc., les avaient appuyées avec chaleur mais la majorité les fit rejeter, parce que Pitt avait dit

Mort à Wetzlaer, son corps fut transporté avec toute la pompe militaire au fort de Petersberg, où il fut inhumé à la place même où étaient déposés les restes du général Marceau. Les magistrats, les principaux habitants des villes que le cortège traversa, les places fortes, les garnisons autrichiennes, lui rendirent les plus grands honneurs. Des enseignes à la romaine, surmontées de couronnes de chêne et de laurier, contenaient l'exposé des principaux exploits du défunt. Les généraux Lefèvre et Championnet prononcèrent l'éloge funèbre de Lazare Hoche. Soldat aux gardes françaises, il avait fait son éducation en quelques mois. A vingt-cinq ans il était général en chef. Au courage du soldat il joignait un caractère énergique, 'une intelligence supérieure et l'habileté d'un gé-bourg et Bureau-de-Puzy; mais le ministère aunéral consommé; ses passions étaient ardentes, et furent peut-être les seules causes de sa mort. Hoche aimait sincèrement sa patrie, ses amis et ses soldats: il était doué d'une probité sévère; en un mot, il possédait toutes les vertus républicaines. Il mourut citoyen et libre.

Le directoire lui fit préparer des obsèques magnifiques qui eurent lieu le 10 vendémiaire an VI, dans la vaste enceinte du Champ-de-Mars. Une population immense, une armée entière et tous les corps de l'état suivaient le convoi, conduit par le vieux père du général qu'on pleurait. Rien de ce qui peut exciter des regrets, émouvoir l'âme et honorer les cendres d'un héros ne fut omis par le directoire. La même cérémonie funèbre eut lieu dans chaque armée, dans toutes les places

qu'il ne fallait jamais pardonner à ceux qui commencent les révolutions. » En France, des réclamations pareilles s'étaient fait entendre de toutes parts, et le directoire avait pris un arrêté pour charger les généraux Bonaparte et Clarke d'exiger la délivrance de Lafayette, Latour-Mau

trichien tenait à garder dans les fers une victime qu'il avait promise en holocauste aux contre-révolutionnaires de France, et il ne fallut rien moins que la fermeté de Bonaparte pour l'obtenir. Le 29 septembre (deuxième jour complémentaire), cinq ans et un mois après leur arrestation, Lafayette et ses compagnons d'infortune sortirent de prison, et furent conduits à Hambourg. Les amis de la liberté accoururent sur leur passage: les vaisseaux américains qui se trouvaient sur l'Elbe se pavoisèrent une fête fut donnée pour célébrer la délivrance de ces illustres victimes. Lafayette et ses compagnons reçurent, de la part des ministres de France et des États-Unis, ainsi que de tous les Hambourgeois qui avaient partagé l'indignation publique, un accueil propre à leur faire

« ÖncekiDevam »