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qui ne garantit pas de l'erreur, mais qui a communément sa source dans un sincère amour pour Dieu et son Eglise, ont pu préparer les Catholiques d'Angleterre à une sorte de confiance implicite pour les assertions de M. Plowden. Mais l'Anonyme, au moment où il presse avec une chaleur immodérée les Ecclésiastiques François d'abandonner la Doctrine de leur Eglise, doit naturellement leur inspirer de la méfiance; il ne leur présente, par sa qualité d'Anonyme, qu'un Etre de raison, et ces hommes respectables sont en droit de lui adresser la question embarrassante qui fut faite à Job du milieu du tourbillon : Quel est celui qui obscurcit le Conseil par des paroles sentencieuses « et vides de science? Quis est iste involvens sententias sermonibus « imperitis? Ceins à présent tes reins comme un homme courageux; je << t'interrogerai, et tu me répondras (1). »

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Pourquoi, sur la parole d'un inconnu, renoncerions-nous aux antiques Libertés de l'Eglise Gallicane? Et que nous importe l'idée peu avantageuse que cet homme dit avoir conçue de l'Assemblée auguste de 1682 (2). Qu'il produise ses preuves; à la bonne heure : nous sommes prêts à l'écouter. Mais s'il se borne à de frivoles conjectures, s'il dissimule ses preuves, comme il dissimule son nom, son état, et les sacrifices qu'il a faits à la cause pour laquelle les Impies nous perséculent, nous ne voyons plus en lui qu'un Discoureur.

En lisant son Ouvrage, nous nous sommes demandés: Est ce un ami qui parle pour exhorter ses Frères à l'union, et leur inspirer l'amour de la paix? Est ce un semeur de zizanie, et un faux Frère qui nous trompe en simulant les égards et l'amitié? Fidéles au Dogme que nous apprîmes dans l'Ecole illustre où les Papes eux-mêmes disent « qu'on enseigne si bien la Théologie et la pure Religion (3), » nous repoussons le Novateur qui attente à la Primauté reconnue par l'Eglise comme Article de Foi; mais, avec cette Ecole, nous refusons d'admettre une infaillibilité qui n'est garantie ni les Livres saints, ni par les documens de l'antiquité, et que l'Eglise n'a pas reconnue.

(1) Job. XXXVII, 2, 3.

par

(2) Dissert. Hist. sur les Libertés de l'Eglise Gallicane, etc., p. 2.

(3) Pius II, in Conv. Mantuan.

Et puisqu'il est notoire que la Doctrine de l'Ecole de Paris est la même aujourd'hui que celle des Docteurs fameux sortis de son sein qui eurent une part si glorieuse à l'extinction du Schisme dans les Conciles de Pise, de Constance et de Bâle; puisque leurs successeurs surent faire respecter la même doctrine au milieu du Concile de Trente, où ils parurent avec éclat, il est difficile de nous persuader qu'elle soit aussi dangereuse et funeste à l'Eglise que l'Anonyme s'efforce de le représenter.

Nous aimons, nous vénérons avec tous les Fidèles, l'autorité éminente de l'Eglise Romaine; nous la reconnoissons avec notre grand Bossuet, comme la Mère des Eglises, « mais non comme une Maîtresse << impérieuse ; et quand nous voyons nos Evêques demander humble<<ment aux Papes l'inviolable conservation des anciens Canons (qui << constituent nos Libertés), nous nous souvenons qu'ils ne font que << marcher sur les pas de Saint-Louis et de Charlemagne, et imiter les << Saints dont ils remplissent les Chaires (1). »

Après tout, cet Anonyme si plein de zèle, qui ne veut pas qu'on le prenne pour un Ultramontain, quoiqu'il n'écrive qu'afin de propager les maximes Ultramontaines (2), qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait pour mériter que les Ecclésiastiques Français le suivent dans ses vagues déclamations? Quels sont ses titres à la confiance publique? Ah! sans doute il parle beaucoup de lui-même dans son Ouvrage, et il ne songe pas qu'aucune de ses anecdotes n'a le moindre rapport avec l'infaillibilité du Pape. Il ne tient pas à lui que ses Lecteurs ne soient informés de tous les événemens de sa vie, et ce modeste désir perce à chaque page du Livre. Pourquoi donc ne cite-t-il que des témoins morts depuis long-temps, et ôte t-il ainsi tout motif de crédibilité à des narrations déjà privées du poids de son propre témoignage, puisqu'il a cru devoir s'envelopper du mystère?

M. Chevreuil, Chancelier de l'Université de Paris, a-t-il laissé en mourant des traces de l'intimité dont l'Auteur prétend qu'il l'honoroit (3)? Sûrement ce n'est pas dans les doctes épanchemens de cet

(1) Sermon sur l'Unité de l'Eglise.

(2) Dissert. Hist., p. 7.

(3) Ibid, p. 97.

homme, dont l'Eglise de Paris déplore la perte, qu'il a puisé l'amour des Maximes Ultramontaines.

M. Prudent-de-Becdelièvre, Evêque de Nismes, mort depuis près de vingt ans, montra, nous dit l'Anonyme, « une grande envie de le << voir reçu membre de l'Académie de cette ville. (1). » C'est à merveille; mais qu'importe ce fait au Lecteur?

En voici un autre plus intéressant. L'Anonyme désiroit qu'une Assemblée du Clergé de France confirmât sa nomination à la place de successeur des Pères Brumoi, Berthier et Longueval; nomination déjà faite, comme nous l'apprend l'Auteur, par MM. Gaude, Imprimeurs de Nismes, qui avoient à cœur d'imprimer une continuation de l'Histoire de l'Eglise Gallicane. Il renonça bien vite à tant de gloire: mais aucun homme vivant ne nous fera connoître les motifs de son renoncement. Tout repose encore sur le témoignage d'un mort illustre : M. l'Archevêque d'Arles, avec qui il se vante d'avoir eu une conversation si expansive, fut martyrisé à Paris, au Couvent des Carmes, au mois de Septembre 1792; et pour ajouter à nos incertitudes, non seulement l'Anonyme a oublié les paroles dont se servit le Prélat, mais il est « tout honteux aujourd'hui d'être si peu en état de rendre compte >> du fond de cette conférence savante (2). Ce n'étoit pas la peine d'en parler avec tant d'emphase.

XXXIII. Mais ici commence à paroître avec évidence la marche tortueuse de l'Auteur. Avant d'attaquer de front l'Assemblée de 1682, il tâche de persuader que feu M. l'Archevêque d'Arles désapprouvoit la conduite et les sentimens de cette mémorable Assemblée. Ailleurs il insinue qu'un grand nombre d'Evêques actuels partageoient la même façon de penser, et se bornoient à tolérer l'enseignement des quatre Articles 3). La calomnie de telles assertions est trop évidente pour qu'il faille la réfuter quand on n'en donne aucune preuve apparente; bornons-nous à la seule que l'Anonyme tire du peu de paroles qu'il a retenues de sa conversation avec le savant Prélat.

(1) Diss. Hist., p. 3. (2) Ibid, p. 3, 4, 5. (3) Ibid, p. 5, 84.

« Je ne saurois, dit-il, rapporter exactement ses paroles. Mais il me << paroît que c'est en parlant de la part que les Evêques avoient prise << aux querelles de Louis XIV avec Innocent XI, qu'il me dit : Vous « voyez bien que le Clergé de France ne peut pas donner son attache << à une histoire de cette nature (1). » Il me paroít, dites-vous! Ainsi, d'après votre mémoire fautive, vous ne pouvez pas même assurer que, selon M. l'Archevêque d'Arles, le Clergé de France ne devoit pas donner son attache à l'histoire des démêlés de Louis XIV avec Innocent XI, et de la part qu'y avoient prise les Evêques. Vous ajoutez qu'en traçant le tableau rapide de ces temps orageux, le Prélat marquoit « d'une note d'improbation les événemens qui sembloient cho« quer sa délicatesse (2). » Ici on ne peut se méprendre sur le sens de vos insinuations que la suite de l'Ouvrage manifeste trop clai

rement.

Mais si dans la pensée profonde de M. l'Archevêque d'Arles, ces notes d'improbation tomboient sur les procédés irréguliers et violens de la Cour de Rome à cette époque! Si, selon lui, le Clergé ne pouvoit pas donner son attache à cette histoire, parce que son amour pour l'autorité paternelle du Saint-Siége lui fait préférer de jeter un voile sur les excès commis au nom d'un pouvoir toujours cher et vénérable! Ces conjectures, que votre récit ne contredit pas, sont d'ailleurs conformes au caractère et aux sentimens connus du Prélat dont la perte est un sujet de deuil et de gloire pour l'Eglise Gallicane. Dès lors, quel nom donner à vos iusinuations, à votre manque de mémoire, à vos réticences? Homme imprudent! je vous accuse de rappeler sans utilité d'amers souvenirs qui pour nous se perdoient dans l'habitude du respect. C'est vous qui, en attaquant l'Assemblée de 1682, nous forcez à rompre le silence, à rectifier vos récits insidieux, à présenter, d'après les vrais monumens de l'histoire, des tableaux attristans que nous aurions voulu consigner à un éternel oubli. Teile est la tâche que vous nous avez imposée, et que nous remplirons à contre-cœur; car aujourd'hui plus que jamais nous disons avec le pacifique Saint-François de

(1) Diss. Hist., p. 5.

(2) Ibid.

Sales: « Je hais par inclination naturelle..., et comme je pense, par << l'inspiration céleste, toutes les contentions et disputes qui se font « entre les Catholiques... En cet âge où nous avons tant d'ennemis de« hors, je crois que nous ne devons rien émouvoir au dedans du corps « de l'Eglise. La pauvre Mère Poule qui, comme ses petits Poussins, << nous tient dessous ses ailes, a bien assez de peine de nous défendre « du milan, sans que nous nous entrebecquetions les uns les autres, et « que nous lui donnions des entorses (1). » Piût à Dieu que l'Anonyme se fût nourri des écrits vraiment Catholiques du saint Evêque dont on vient de rapporter les paroles! Au lieu des faux brillans, on trouveroit dans sa Dissertation le ton de vérité et de simplicité, et il ne se vanteroit pas, comme il le fait, d'avoir su se garantir du sentiment de l'amour de la paix (2).

XXXIV. Probablement, comme les autres personnages dont parle l'Anonyme, M. de Ferrières, Docteur en Droit de l'Université de Paris, a payé le tribut à la nature, et ne peut plus lui faire expier les froides et lâches ironies dont il l'accable (3). Rien n'oblige ici à prendre la défense de ce Jurisconsulte; mais on doit réprimer la témérité avec laquelle l'Anonyme se joue d'un Corps respectable, et ridiculise les choses les plus sérieuses..

Quelles que soient les expressions contenues dans les Cahiers que dictoit M. de Ferrières, il a été facile à l'Auteur de leur donner un air d'ineptie, à l'aide de ces rapprochemens dont l'usage est aussi facile que méprisable et trompeur. Mais le fond de la doctrine du Clergé de France, le sentiment de la Faculté de Droit, et selon toute apparence celui du Professeur, reviennent à ce passage du Commentaire de Dupuy sur les trois premiers Articles des Libertés de l'Eglise Gallicane. « Le Con« cile général d'Ephèse a dit que la Liberté de l'Eglise consistoit en << l'observation des anciens Canons et anciennes Coutumes, et qu'il fal<«<loit prendre garde, Ne clam paulatim Libertas amittatur quam << nobis donavit sanguine suo Dominus noster Jesus-Christus, omnium

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