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tique, que la signification d'un jugement pénal, émané de Rome; et le Roi abusa-t-il de son autorité, en défendant au Prieur des Carmes de signifier un Interdit aussi irrégulier sous tous les rapports? Et, lorsque le Prieur désobéit formellement aux ordres du Roi, le Parlement de Paris eut-il tort de lui défendre de récidiver, sous peine de punition exemplaire? » Quand on lit dans l'interrogatoire légal les réponses évasives, mensongères, et d'une subtilité pitoyable de ce Supérieur de la maison des Carmes, on ne peut qu'admirer la modération de la Cour Souveraine qui lui fit dire par son Chef: « Le « moindre reproche seroit sensible à un homme de votre caractère ; « retournez à votre fonction, et faites que votre vie soit un modèle « d'obéissance, comme elle est un exemple de piété.

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Mais l'Anonyme n'a pas pris la peine de lire l'interrogatoire, et les pièces originales de cette affaire, ni de toutes les autres, dont il a la manie coupable de parler sans connoissance de cause.

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Il reproche au Parlement d'avoir, par son Arrêt, « suivi le plan qu'il sembloit avoir formé de se faire juge de la Doctrine (1). » Et pourtant le Parlement s'est borné à enjoindre au Prieur des Carmes de présenter le Père Buhy à l'Archevêque de Paris avec les autres Religieux de la maison, pour qu'il lui donne dans son Diocèse les emplois dont il le jugera capable (2). » Il n'y a là aucune trace d'un jugement sur la Doctrine, mais, au contraire, un discernement trèsjudicieux des bornes des deux Puissances.

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Enfin l'Anonyme tance rigoureusement M. Bérault-Bercastel, auteur récent d'une Histoire de l'Eglise, pour avoir regardé comme peu réfléchie la conduite du Prieur des Carmes et de sa Communauté. La raison qu'il en donne est que « le Pape avoit prononcé la peine d'excommunication contre les Supérieurs, s'ils souffroient que leur Religieux contrevînt à son jugement (3). » La peine d'excommunication! Quel malheur pour l'Eglise lorsque cette peine, la plus redoutable qu'elle puisse infliger, est prodiguée pour de semblables

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causes! Et quelle pitié de voir un Ecrivain justifier aujourd'hui cette excommunication, sous prétexte que « l'Ordre des Carmes est sous

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la juridiction immédiate du Souverain Pontife (1)! » Si, en effet, l'exemption de la Juridiction ordinaire autorisoit de tels abus, il n'en faudroit pas davantage pour montrer que l'Eglise, et tout Etat sagement gouverné, ne doivent plus tolérer les Exemptions des Ordres Religieux. A Dieu ne plaise que nous tirions ici une conséquence qui pourroit déplaire à ces Corps respectables! Ils ne doivent pas répondre des témérités impardonnables de l'Anonyme.

XXXVI. Connoissant le pouvoir des anecdotes sur les esprits foibles, l'Auteur ne néglige pas ce genre facile, et il emprunte de Leydecker le récit d'une aventure qu'eut à Zurich l'Abbé de Valcroissant, Député du Parti Janséniste, à son retour de Rome, en 1653. Comme je n'ai pas sous les yeux la Vie de Jansenius, par Leydecker, je n'essayerai pas de discerner le faux et le vrai du récit que fait, d'après lui, l'Anonyme (2). En l'admettant tel qu'il est rapporté, on voit que le savant Hottinger, Ministre à Zurich, reprochoit avec raison à l'Abbé Valcroissant la contradiction où il tombe, lorsqu'il soutient comme orthodoxes des propositions condamnées à Rome, parce qu'en effet le jugement de Rome étoit déjà devenu celui de toute l'Eglise, par l'acceptation qu'elle en avoit faite. La distinction du droit et du fait, proposée par cet Abbé, prêtoit visiblement le flanc aux objections du Ministre; et l'autre distinction d'un jugement accepté ou non accepté par l'Eglise, devenoit inadmissible, à cause de la notoriété de l'acceptation. Ainsi, on peut croire sans difficulté que les Députés Jansénistes montrèrent, par leur contenance, comme l'assure Leydecker, qu'ils ne savoient plus que dire. Mais il faut être bien dépourvu de preuves plausibles, lorsqu'on est réduit à conclure de cette anecdote que l'infaillibilité du Pape étoit généralement établie dans le dix-septième Siècle, et enracinée dans l'esprit des Catholiques (3). Est-il besoin de faire remarquer au Lecteur que Leydecker, Ecrivain Protestant,

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obtient toute créance de la part de l'Anonyme, parce que son récit lui semble favoriser l'opinion de l'infaillibilité du Pape, et peut-être aussi parce qu'il jette un vernis de ridicule sur des Jansénistes assis à la table du Ministre de Zurich; tandis que, d'autre part, il refuse d'ajouter foi au Cardinal Orsi, qui lui certifie qu'en 1741 nombre de Théologiens Romains renonçoient à soutenir la même infaillibilité, et la regardoient comme une cause absolument per lue et désespérée.

XXXVII. Quelques pages après l'anecdote tirée de Leydecker, se trouve une discussion animée sur l'abolition faite par Innocent XI de la franchise du quartier des Ambassadeurs à Rome. Le Lecteur se perd dans cette foule d'incidens isolés l'un de l'autre, et qui n'ont, pour la plupart, aucun rapport avec le sujet principal; il se demande sans cesse où donc est la Dissertation promise sur les Libertés de l'Eglise Gallicane et l'Assemblée du Clergé de France de 1682? Près de deux pages, copiées du vingt-troisième volume de l'Histoire de l'Eglise, par M. Bercastel, contiennent le récit de l'affaire des Franchises, et de la conduite du Marquis de Lavardin. Puis l'Anonyme s'attache à prouver la tendresse et l'attachement du Pape pour la France, en 1688, par les deux Brefs qu'il écrivit à Bossuet en Janvier et Juillet 1679. Mais tous les Historiens qui n'ont pas senti, comme l'Anonyme, la force rétrograde de cet argument, s'accordent à reconnoître les injustes préventions d'Innocent XI contre Louis XIV et la France, sa roideur inflexible et sa fierté chagrine; car c'est ainsi que le caractérise l'historien de l'Eglise (1). Il est impossible de ne pas convenir de ces dispositions fâcheuses du Pontife, à la simple lecture de la Lettre que le Roi écrivit à Rome au Cardinal d'Estrée, vers la fin de 1688 (2); Lettre dans laquelle on remarque le contraste frappant des démarches conciliantes et du ton modéré d'un Monarque puissant provoqué sans mesure, avec la conduite hautaine du Père commun des Fidèles. Et de plus, ceux à qui les préjugés n'empêchent pas de voir un abus déplorable dans l'usage des Censures spirituelles pour le maintien de droits purement tempo

(1) Histoire de l'Eglise, par Bercast., t. XXII, p. 524.

(2) Lettre du Roi à M. le Cardinal d'Estrées, du 6 Septembre 1688. V. Libertés de l'Eglise Gallicane, par Dur. de Maill, t. IV, p. 531.

rels, ne blâmeront ni l'Appel au Concile qui fut alors interjeté par le Procureur général et par l'Université de Paris, ni l'approbation donnée l'Archeà cet Appel, non seulement, comme le dit l'Anonyme, par vêque de Paris, mais encore par une Assemblée nombreuse d'Evêques, qui eut lieu à cette occasion. Tous ces actes n'ont rien de commun avec les Libertés de l'Eglise Gallicane et les quatre Articles. Ils sont le résultat de la querelle d'un Prince temporel avec un autre Prince temla porel; et si dans leur lutte inégale le plus foible ne succombe pas, louange en est uniquement due à la justice et à la modération du plus

fort.

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XXXVIII. A l'exemple de M. Plowden, l'Anonyme tâche de suader que les Evêques de France, postérieurs au siècle de Louis XIV, quatre Articles ont abandonné les Libertés de l'Eglise Gallicane et les de 1682. « Parcourez, dit-il, la liste des personnages qui depuis un « Siècle ont brillé dans l'Episcopat par leur zèle, leurs vertus et leurs « lumières, tels que les Bissy, les Languet, les Beaumont, les La << Mothe; en trouvez vous un seul qui, dans ses Missions, Mande<«< mens, ou Lettres Pastorales, se soit appuyé sur les quatre Ar«ticles, ou les Libertés de l'Eglise Gallicane (1)?» En se servant des mêmes inductions, il seroit facile de ranger Bossuet, l'Evêque de Tournai, et tous les Prélats de l'Assemblée de 1682 parmi les partisans des Maximes Ultramontaines; car sûrement aucun d'eux ne s'est appuyé, dans ses Missions, Mandemens et Lettres Pastorales, sur les Libertés de l'Eglise Gallicane, ou sur les quatre Articles.

Des Evêques, l'Anonyme passe aux Princes Français, et il ajoute : << Tout le monde sait ce qu'en pensoient même les Princes Français « quand ils n'écoutoient que leur bon sens. » Là-dessus il rapporte l'anecdote d'un Bref de réprimande qui fut adressé par le Pape Clément XIII à un Evêque. L'Evêque, dit l'Auteur, se plaignit à Louis XV de la publicité de ce Bref, comme d'une violation des Maximes reçues en France; et ce Prince, ne croyant pas que ni les Libertés de l'Eglise Gallicane, ni les droits de sa Couronne, privassent le Père commun des Fidèles du droit de correction paternelle, répondit froidement à

(1) Diss. Hist., p. 75, 76.

cet Evêque Je ne me méle point des affaires de famille. Telle est l'unique preuve sur laquelle se fonde le Dissertateur, pour avancer que les Princes Français sont indifférens aux Libertés de l'Eglise Galicane lorsqu'ils n'écoutent que leur bon sens.

XXXIX. Sa témérité l'entraîne bientôt dans une effroyable diatribe contre les Parlemens de France, revêtus du titre de Protecteurs des Libertés de l'Eglise Gallicane. Puissances de la terre, et vous Magistrats dépositaires de leur autorité, le Chrétien ne parle de vous qu'avec révérence; averti par Saint Paul, il obéit par conscience et par amour, et non parce qu'il craint votre colère. A l'ombre de votre pouvoir, il observe paisiblement le culte et la loi de son Dieu; et si ce Dieu permet pour l'éprouver que vous touchiez à l'Arche Sainte, le Chrétien, dans sa douleur, ne vous oppose pas d'autres armes que son respect et cette invincible parole non licet. Non, non, ce n'est pas un Français fidèle, ce n'est pas un Prêtre persécuté pour la Foi, qui a écrit ces pages répréhensibles. Ceux-là n'ont pas oublié que l'Eglise Gallicane succomba sous les attaques de l'Impiété, au moment où vousmêmes, succombant sous les attaques du crime, fûtes dans l'impuissance de la protéger. Ils savent que, comme nous, vous avez affronté la mort, et encouru l'indigence, pour la conservation des dogmes utiles à l'humanité, et pour le maintien des dogies sacrés de la Religion.

XL. Les entreprises de Juridiction dont se plaint l'Anonyme ne sont pas un désordre particulier au dix-huitième Siècle. Dans tous les temps l'Eglise a gémi lorsqu'elle a vu ces jalousies de pouvoir, qui sont un apanage de la foiblesse humaine. Elle blâme également les Evêques qui, au septième Siècle, interdisent au Roi Vamba l'exercice de la puissance temporelle; ceux qui, au neuvième, ôtent la couronne à Louis-le-Débonnaire; les Rois de la première Race qui disposent en France des Evêchés sans la participation de l'Eglise, ou les Seigneurs qui font régir les Eglises par des Prêtres de leur choix; les fausses Maximes de Grégoire VII et de Boniface VIII, et les erreurs de Marsile de Padoue qui fait dériver de l'Empereur la Juridiction spirituelle du Pontife.

Par la même raison, l'Eglise a gémi des ordres rigoureux qu'a pu

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