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seront l'objet de la discussion qui va suivre. Mais faut-il s'étonner s'il a été incapable de présenter autre chose qu'un amas de décombres, puisque, de son aveu, il en est encore aux premiers élémens des Sciences Ecclésiastiques? « Comme j'ai voulu, dit-il, goûter un peu de tout, « je me suis occupé quelques momens au Droit Canonique (1). » Ailleurs il avoue qu'il n'a pas « traité son sujet en Theologien, parce que « l'entreprise eût été au-dessus de ses forces (2). » On voit bien qu'il a songé à se préparer d'avance une apologie pour son manque de connoissances Canoniques et Théologiques, lorsqu'il ajoute que, « se te<< nant dans les bornes de l'histoire, il n'a parlé que d'après les « faits (3). » Mais ce langage trahit de plus en plus l'ignorance et la présomption de l'Anonyme, puisqu'il a cru pouvoir écrire sur la partie historique des Libertés de l'Eglise Gallicane, sans consulter le Dépôt des Lois de l'Eglise, et sans entrer dans les profondeurs de la Théologie.

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Que ne lisoit-il au moins la Défense de la Déclaration du Clergé de France Bossuet? Il auroit vu qu'elle est historique, ainsi par que Dissertation, et que, de l'aveu des Théologiens Romains cités par le Cardinal Orsi, ce grand homme « parcourt tous les Siècles de l'Eglise, << éclaircit tous les actes des Conciles, et fait l'histoire exacte des plus << célèbres Controverses. » Et comment ose-t-on prendre la plume sur un sujet immense qu'a épuisé Bossuet, sans avoir pâli sur ses Ouvrages, sans s'être enrichi des trésors de sa vaste science et de son étonnant génie ?

Puisque la suite des discussions nous a conduits à parler de la Dẻfense de la Déclaration de 1682, il ne faut pas dissimuler qu'on a élevé des doutes vagues sur l'authenticité de cet Ouvrage. L'Anonyme n'en dit rien, et semble disposé à en laisser la gloire à son Auteur. M. Plowden est plus difficile; mais, au lieu de dénouer le Nœud Gordien, il le coupe sans hésiter. En effet, il prononce hardiment que « l'Ouvrage a été supposé, ou du moins interpolé après la mort

(1) Dissert. Hist., p. 23.

(2) Ibid, p. 107.

(3) Ibid.

« de l'Evêque de Meaux, et qu'il y a de puissantes raisons pour le << prouver (1). » Quelles sont ces raisons? Où sont ces raisons? M. Plowden, comme à son ordinaire, n'en dit pas un mot. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que, selon lui, ces raisons sont si puissantes, qu'elles doivent renverser à jamais tous les argumens contre l'infaillibilité du Pape, qu'on trouve dans la Défense de la Déclaration; comme si des argumens tirés de l'Ecriture, des Peres, des huit premiers Conciles OEcuméniques, et de la pratique constante de l'Eglise, recevoient leur force de ce qu'ils sont proposés par Bossuet, plutôt que par tout autre Ecrivain!

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Le raisonnement de M. Plowden pourroit avoir quelque justesse, si on se prévaloit de l'Ouvrage posthume de Bossuet, pour ajouter son témoignage à celui de la foule d'hommes savans et pieux qui rez fusent de croire à l'infaillibilité du Pape; mais c'est à quoi personne n'a songé. L'opinion de ce grand homme ne sauroit être révoquée en doute, et le procès-verbal de l'Assemblée de 1682 prouve incontestablement qu'il fut le seul Rédacteur de la Déclaration qu'elle promulgua sur la Puissance Ecclésiastique.

L'Auteur Anonyme d'un Livre publié à Ratisbonne, il y a près de vingt ans, sur la Primauté du Pape, emploie quarante ou cinquante pages à prouver que la Défense de la Déclaration n'est pas l'ouvrage du grand Bossuet, mais qu'elle fut mise au jour, sous ce nom respectable, par une fraude de M. Bossuet, Evêque de Troyes, héritier des Manuscrits de son Oncle. Pour démontrer la fraude, que l'Auteur attribue à une cabale de Jansénistes, il se sert de preuves internes et externes, tirées de simples conjectures, et de la comparaison de certains passages des Ecrits reconnus du grand Bossuet, qu'il oppose à des passages de la Défense publiée sous son nom. Rien n'est plus équivoque, à mon gré, que ce genre de preuves, à l'aide desquelles un Ecrivain artificieux pourra démontrer, comme le Père Hardouin, que l'Enéïde a été composée par un Bénédictin du treizième Siècle.

(1) The powerful reasons which prove the work to be spurious, or at least interpolated after the death of the supposed Author, must ever defeat any argument that be drawn from the contents of it. ( Consider. on the Mod. Opin., p. 110.)

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La vie est trop courte pour la consumer en recherches aussi laborieuses que vaines. Celui-là peut s'y livrer, qui préfère la malignité des conjectures à la foi due au témoignage d'un Evêque dépositaire des Manuscrits; ou qui, en lisant la Défense de la Déclaration de 1682, ne reste pas convaincu qu'elle sort de la plume de Bossuet: car tout, dans cet Ouvrage, porte l'empreinte de son génie, de sa richesse Théologique, et de la vigueur aussi irrésistible qu'inimitable de sa Dialectique.

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SECONDE PARTIE.

Sur l'Assemblée du Clergé de France en 1682.

CHAPITRE PREMIER.

Remarques Historiques.

LES Détracteurs de la Doctrine du Clergé de France varient, sous toutes les formes imaginables, leurs attaques contre l'Assemblée tenue en 1682. Pour les confondre, il suffit de tracer avec précision le tableau des événemens qui en occasionèrent la convocation, de déclarer les pouvoirs dont elle étoit investie, et de montrer, par le récit des faits, qu'elle a usé de ses pouvoirs avec modération et piété. En faisant cet exposé, au lieu de recourir à des narrations que chacun auroit le droit de contester, on ne prendra pour guide que les monumens authentiques. Par là tout Lecteur sera en état de confronter le récit des Historiens qui ont écrit jusqu'à présent, avec les titres irrécusables de la vérité historique.

I. L'affaire de la Régale fut sans doute une des causes principales qui donnèrent lieu à la convocation de l'Assemblée de 1682; mais il s'en faut de beaucoup qu'elle soit la seule; et de plus, du fond de cette querelle très-simple en elle-même, étoit sortie une foule d'incidens de la dernière gravité. Ils sont expliqués avec beaucoup de précision par M. Bercastel dans son Histoire de l'Eglise, et le Lecteur me saura gré d'adopter la narration qu'il en fait.

<< La part qu'Innocent XI prit à cette affaire, dit l'Historien, fut ce << qui alluma l'incendie dans l'Eglise de France; et ce qui le rendit si << opiniâtre, ce furent les Brefs qui lui servoient sans cesse d'aliment. << Ce Pontife en adressa trois au Monarque, deux à l'Archevêque de

<< Toulouse, autant à l'Evêque de Pamiers; et, après la mort de l'Evê« que, trois encore au Chapitre de cette Cathédrale, et aux Grands<< Vicaires qu'avoit nommés la faction. Dans les uns, il parloit de << l'extension de la Régale comme d'un attentat qui tendoit à renverser «< la Religion de fond en comble; et il se déclaroit prêt à tout risquer << plutôt que de tolérer un désordre si funeste. Dans les autres, il << animoit l'Evêque et le Chapitre de Pamiers, et applaudissoit à tous <«<leurs procédés. Quant au Métropolitain, Innocent annuloit toutes << ses ordonnances, celles même qu'il n'avoit pas encore faites, mais <«< qu'il pourroit faire; avec excommunication majeure qu'on encou<«<roit sans autre déclaration, et par le seul fait, contre quiconque sou<< tiendroit ce Prélat ou les Grands-Vicaires qu'il avoit nommés pour << Pamiers. La rigueur du Pontife étoit manifestement outrée. »

Tel est le récit de M. Bercastel; et il est à noter que lui-même l'emprunte, ainsi que la plupart de ses expressions, des Mémoires Chronologiques et Dogmatiques du Père d'Avrigny, Jésuite, qu'on n'accusa jamais d'une partialité défavorable à la Cour de Rome (1).

Le Mémoire présenté au Roi par les Agens Généraux du Clergé, en 1681, contient l'exposé des griefs qu'on vient de lire, et qui demandoient un prompt redressement. Ils se plaignent de plusieurs Brefs adressés à Louis XIV, et conçus en termes durs et menaçans, des atteintes nombreuses portées par d'autres Brefs à la Juridiction Ordinaire des Evêques; du renversement de la Hiérarchie Ecclésiastique dans ses divers degrés; de la violation des Canons reçus en France, et particulièrement de celle du Concordat, respecté jusqu'alors par les deux Puissances dont il étoit émané; d'un Bref qui non seulement censure un Arrêt du Parlement, mais, chose incroyable! le condamne à être brûlé par les Inquisiteurs; d'un autre Bref qui ordonne aux Evêques, dans toute la Chrétienté, de faire brûler l'Ouvrage de Gerbais, de Causis majoribus, Ouvrage composé par ordre du Clergé de France; enfin, ils se plaignent de l'excommunication lancée contre l'Archevêque de Toulouse, sans avoir observé aucune des formes pres

(1) Hist. de l'Egl., t. XXIII, p. 111.

et suiv.

Mém. Chron. et Dog., t. III, p. 179

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