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« l'année dernière le serment de la liberté et de l'égalité à un tribunal vé<< nérable pour lequel je professe la plus sincère obéissance. Enfant docile et << respectueux du Saint-Siége et de l'Eglise, ce n'est pas envain que j'ai << promis de me ranger sous l'étendard de l'unité, et j'abjure d'avance mon « opinion et mes pensées, si elles ne sont pas trouvées conformes à la sain«teté des maximes que je suis chargé d'enseigner comme Evêque.

<«< Alors, renonçant à toute autre apologie pour ces Prêtres vertueux « qu'auroit abusé la droiture même de leurs intentions, j'ose répondre que <«<leur docilité montrera qu'ils étoient dignes de connoître la vérité, de << souffrir pour elle de nouveaux outrages, et que le plus ardent amour pour << la Foi, pour le Gouvernement légitime, n'a pas cessé un instant d'être au <<< fond de leurs cœurs. >>

Cette discussion fit pénible et douloureuse pour lui, ayant à combattre des adversaires habiles, et se trouvant en opposition à des personnes qu'il aimoit, qu'il estimoit, et qu'il respectoit. Mais enfin la justice triompha, et il eut la consolation d'apprendre que les Prêtres, dignes objets de sa tendresse, jouissoient de toute la considération qu'ils méritoient.

Pendant les temps de persécution et de terreur, ne pouvant avoir aucune relation avec son Diocèse, il se livra tout entier à l'étude qui avoit fait le charme de sa vie, et il eut l'occasion de s'exercer sur une matière qui étoit d'un grand intérêt pour lui.

Quelques personnes, abusant de la dispersion et des malheurs du Clergé Français, firent et publièrent des écrits contre les libertés de l'Eglise Gallicane.

Sentinelle vigilante, placée par la Providence pour surveiller et combattre les fausses doctrines, il crut devoir réfuter ces exagérations. Cet ouvrage n'a point encore été rendu public, parce que, entraîné par d'autres occupations indispensables qui ne lui laissoient disposer d'aucun de ses momens, et naturellement méfiant de lui-même, il s'est refusé à le publier sans le revoir avec une sévérité digne de lui et du sujet qu'il traitoit. Tel qu'il est, je le livre à l'impression; car, même après sa mort, il ne cessera pas d'être utile à son pays et à l'Eglise Gallicane.

Peu de temps après que Buonaparte se fut emparé de l'autorité, on exigea des Prêtres exerçant le saint Ministère en France, et de plusieurs autres classes de personnes, une promesse de fidélité à la Constitution.

Les opinions se partagèrent à ce sujet. Les uns déclaroient que cette promesse étoit criminelle; le plus grand nombre pensoit qu'elle n'avoit rien que d'innocent. La discussion devint très-vive; quelques personnes même y mirent de l'esprit de parti, au point que des Casuistes, de je ne sais quelle école, mais enfin des Casuistes, décidèrent et proclamèrent que cette promesse de fidélité n'étoit un mal que pour les Prêtres, et que les Laïques pouvoient s'y soumettre sans blesser leur conscience.

Etrange morale que celle qui a deux poids et deux mesures! Etrange morale que celle qui prononçoit que les pères de famille et toutes les personnes qui, par leurs places, leur caractère et leurs vertus, pouvoient avoir une grande influence sur la société, ne devoient à leurs enfans, à leurs domestiques, et à tous ceux qui avoient des rapports avec eux, ni bons exemples, ni instructions; que tout ce qu'ils faisoient, tout ce qu'ils disoient sur pareille matière, étoit indifférent à Dieu et aux hommes; que ce n'étoit pas eux, que c'étoit aux Prêtres, aux Prêtres seuls à pratiquer le bien et prononcer sur ce qui est juste ou injuste!

C'étoit pourtant avec de tels moyens qu'on cherchoit à égarer les hommes fougueux, ou simples et dociles. Combien de fois n'ai-je pas vu l'Archevêque de Tours gémir sur de telles inepties théologiques!

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Le nombre des Prêtres fidèles existant encore en France, n'étoit pas à beaucoup près suffisant pour y faire revivre et y maintenir la Religion Catholique. Cependant des écrits, répandus avec profusion, alarmoient la conscience des Prêtres réfugiés en pays étrangers, et les détournoient de venir dans leur patrie au secours de la Religion presque entièrement ignorée. Si ces Ecrivains avoient plus profondément réfléchi, ils auroient peut-être pensé que des dissensions civiles, que l'usurpation, la conquête ne devoient pas priver les citoyens de la jouissance de leur Religion et de ses Ministres, tout comme elles ne doivent pas les priver de leurs tribunaux et de leurs magistrats.

L'Evêque de Troyes, très-convaincu que, sans compromettre sa cons

cience, l'on pouvoit faire cette promesse de fidélité, pensa qu'il étoit de son devoir le plus impérieux d'éclairer ces fidèles serviteurs qui gémissoient de voir ainsi leur zèle enchaîné, et il réfuta par écrit une Brochure anonyme ayant pour titre : Véritable Etat de la Question de la promesse de fidélité à la Constitution, demandée aux Prêtres. Mais l'auteur s'étant fait connoître, et la première édition de son ouvrage étant épuisée, il fit publier une seconde édition de sa réfutation, ayant pour titre : Sentiment de l'Evêque de Troyes sur la Promesse de fidélité, en réponse au véritable État de la Question, etc.

Bien différent d'une foule de gens qui écrivent sur les affaires du moment, il n'a jamais pensé que des déclamations et des phrases fussent des raisons; et, quelque concluante que fût sa logique, il s'en seroit toujours méfié si elle n'avoit pas été étayée par une suite d'autorités irréfragables. A l'exemple de Bossuet, qu'il regardoit comme son maître, il ne doutoit plus de la vérité de ses opinions théologiques, lorsqu'elles étoient en accord avec la doctrine des Saints-Pères, sur-tout lorsqu'elles étoient appuyées sur l'autorité des premiers siècles de l'Eglise. Aussi, d'après l'exemple des premiers Chrétiens, il pensoit que, non seulement la promesse de fidélité étoit permise, mais il croyoit aussi que, dans les circonstances où elle étoit demandée, elle étoit d'un devoir rigoureux pour un Prêtre, encore plus pour un Evêque, lorsqu'en la faisant ils pouvoient travailler à faire revivre la morale et la Religion.

Les écrits se succédoient avec une grande rapidité: je n'en ferai ni l'éloge ni la critique; mais dans celui de l'Archevêque de Tours, ainsi que dans ses autres ouvrages polémiques, on trouve toujours la raison jointe à une dialectique juste et profonde, à laquelle on ne répond pas, parce qu'il n'y a rien à répondre. La raison fut enfin victorieuse; une multitude de Prêtres, éclairés par le flambeau de la vérité, rentrèrent en France, et la France est Catholique.

Si j'avois à prouver la légitimité de cette promesse de fidélité, je ne pourrois mieux faire que de répéter les raisonnemens, et de citer les autorités qu'il emploie pour étayer son opinion; mais ce n'est pas ici le lieu

d'établir une discussion. Je crois cependant devoir donner une nouvelle preuve de la justesse de son esprit et de la noblesse de son caractère, par la manière dont il parle, dans cette Réponse, des Evêques et des Prêtres fidèles restés en France: l'amour de la vérité et de la justice étoit dans son cœur; comment auroit-il pu suivre l'exemple de ceux qui croyoient honorer leur exil par un langage malheureusement bien différent?

« On ne peut, dit-il, contester, avec quelque apparence de bonne foi, a la prépondérance qui est due aux Evêques et aux Prêtres qui séjournent << en France, lorsqu'il s'agit de fixer le sens d'une formule civique proposée << par le Gouvernement, à moins qu'on ne dise que leur jugement fut égaré << par la peur.

<< Mais qui oseroit tenir ce langage téméraire? Quel est celui qui ne crain<< droit pas de souiller son âme en donnant accès à cette pensée profane? « Soldats de Jésus-Christ, nous soutînmes avec eux les premiers combats : « sachons révérer, dans notre exil paisible, quoique douloureux, ceux qui « ont porté après nous le poids du jour et de la chaleur; ceux qui, pendant «< huit ans, restèrent exposés sur la brèche, tandis que nous dormions << tranquillement à l'abri sous les casemates. Ils ont supporté, pour la cause << qui nous est commune avec eux, les outrages, les chaînes, les cachots et << l'indigence; ils ont vu leurs amis, leurs compagnons d'armes moissonnés le glaive, cux-mêmes traqués comme des bêtes fauves, n'ayant pas « d'autre perspective que la mort, et ne l'évitant que pour sentir plus vive<<ment les agonies prolongées de la douleur et de la terreur.

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<< Mais ils ont surmonté la terreur, et résisté à tant d'épreuves pour « rendre témoignage à la Foi; ils ont veillé parmi nos frères, sur les dé<«<bris de la morale; ils ont préservé la semence et combattu le schisme; << ils ont, en un mot, par des sueurs de sang et des travaux inouïs, con«servé en France la Religion de Jésus-Christ. Gardons-nous donc de «penser, de dire ou d'insinuer qu'au moment où il leur est enfin donné «< de respirer sous le joug d'un maître moins inhumain que ses terribles << devanciers, leur jugement se laisse égarer par la peur; et convenons « qu'à tous égards la position locale où ils se trouvent, leur donne, « sur ceux du dehors, une foule d'avantages inappréciables, pour juger

<< sainement du vrai sens de la formule civique qu'on exige des Ecclé-<< siastiques. >>

On a pu le remarquer, c'est toujours le langage du sentiment, de la

raison et de la Religion, qui coule de la plume de l'Archevêque de Tours, et je vais en donner une nouvelle preuve. Elle se trouve dans une Lettre qu'il écrit au Rédacteur du Courrier de Londres, en date du 16 Septembre 1800, et qu'il a placée à la suite de sa Réponse au véritable État de la Question.

« Mais le philosophe religieux qui, après avoir sondé les replis de la << nature humaine, et les relations de l'homme avec Dieu, en conclut la « nécessité d'un culte extérieur et social, n'a certainement en vue ni la « pompe ni l'ostentation du Culte. De plus, ce n'est ni de pompe, ni << d'ostentation qu'il s'agit ici. Parcourez par la pensée ce nombre infini << d'Églises villageoises, où la voix du Pasteur ne se fait plus entendre ; ces << grandes villes, ces vastes Diocèses où florissoit jadis la Religion, et où, « faute d'avoir fait la promesse, on n'aperçoit plus de vestige du Culte Ca<«<tholique. C'est au milieu des temples dépouillés, sous un toit de chaume, << avec des vases d'argile, que maintenant la Piété aspire à voir célébrer « nos saints Mystères. Ce sont des ignorans à instruire, des enfans à caté«< chiser, des milliers d'hommes fatigués des égaremens du vice et des << tempêtes de l'anarchie, qu'il s'agit de réconcilier avec eux-mêmes et << avec le Dieu qui pardonne. Voilà, Monsieur, quels sont aujourd'hui les « devoirs imposés à tout Prêtre; et si on lui permet de les remplir, il aura <<< peine à trouver des regrets pour l'ancienne pompe et pour ce qu'il vous << plaît d'appeler l'ostentation du Culte.

<< Mais vous ne dites pas que les Prêtres fidèles, s'accordant tous, d'après « votre décision, à refuser la promesse, deviendront bientôt l'objet de <«< l'inquisition et de la rigueur; que leurs visites dans les familles ne tarde« ront pas à être calomniées, et qu'eux-mêmes seront proscrits, comme ‹ jadis, déportés, etc.; qu'enfin la France, n'offrant plus un seul temple << desservi par les Prêtres légitimes, elle se trouvera avant peu tout-à

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