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favori de l'Anonyme, il ne manque pas de faire tomber ensuite M. Bercastel « avec les quatres Articles dans une ornière, d'où il ne << peut plus se tirer (1). »

Revenons aux lumières dont l'Anonyme prétend que nous sommes investis. C'est dans les Conciles CEcuméniques d'Ephèse et de Chalcédoine, tenus tous les deux au cinquième Siècle, qu'il voit surtout la supériorité du Pape sur les Conciles généraux, et, par une conséquence inévitable, son infaillibilité. Loin de fuir cette discussion, qui est la seule où les deux Dissertateurs soient entrés, nous nous y livrerons d'autant plus volontiers, qu'il en résultera des preuves victorieuses de la supériorité du Concile ŒEcuménique sur le Pape, quoique prononçant avec toute l'autorité du Siége éminent qu'il occupe dans l'Eglise. En même temps le Lecteur verra que l'opinion de l'infaillibilité du Souverain Pontife est clairement contredite par les deux Conciles cuméniques que les Ultramontains choisissent de préférence pour la dé

montrer.

DISCUSSION SUR LE CONCILE D'ÉPHÈSE.

Antoine Leconte, Professeur en Droit à Orléans et à Bourges, a donné, en 1574, une édition des Actes du Concile cuménique d'Ephèse.

Le Père Théodore Pettan, Jésuite, publia deux ans après, à Ingolstad, les Actes de ce Concile, avec des notes qui sont estimées. Binius, Chanoine de Cologne, a inséré dans son Edition des Conciles les Actes de celui d'Ephèse, par le Père Pettan.

En 1608, la Collection des Conciles fut imprimée à Rome. Telles sont, en y joignant les Mémoires de Tillemont, et l'Histoire Ecclésiastique de Fleury, les sources où nous avons puisé, n'ayant pu recourir ni à la Collection du Louvre, ni à celle des Pères Labbe et Cossart. Au surplus, si ces deux éditions l'emportent par la beauté des types, ou par l'universalité des objets qu'elles embrassent, elles ne sont

(1) Dissert. Histor, p. 73.

pas plus que les autres à l'abri de la critique. Celle du Père Labbe surtout, qui est la plus complète, et dont l'Anonyme s'est servi, fourmille de fautes que les Savans ont en partie relevées.

Nous commencerons par transcrire les argumens que l'Anonyme tire des Actes du Concile d'Ephèse. Ils seront suivis d'observations d'après lesquelles chacun pourra les réduire à leur juste valeur. Enfin, la Discussion sera terminée par l'examen des différentes Sessions, et des Actes du Concile, en tant qu'ils ont quelque rapport, ou à l'infaillibilité du Pape, ou à sa supériorité sur les Conciles généraux.

XI. L'Anonyme argumente ainsi qu'il suit : « Le Pape Saint Célcs<< tin, dans l'Epître qu'il adressa aux Pères de ce Concile, leur dit : << En vertu de notre sollicitude, nous avons envoyé vers vous nos Saints << Frères Arcade et Project, Evêques, et Philippe, notre Prêtre, pour «< être présens à tout ce qui se fera, et pour mettre à exécution ce que << nous avons précédemment ordonné : Direximus pro nostrá sollici« tudine Sanctos Fratres... Arcadium et Projectum, Episcopos, et « Philippum Presbyterum nostrum qui iis quæ agantur intersint, et « quæ à Nobis anteà statuta sunt exequantur. »(Conc. Lab., tom. 3, pag. 618.)

<< Figurez-vous donc deux cent soixante - quatorze Patriarches, « Archevêques et Evêques assemblés. Deux Evêques et un simple « Prêtre entrent au milieu d'eux : ce sont les Légats du Pape. Les Let<< tres dont ils sont porteurs les établissent Présidens du Concile. Le << Pape dit qu'il les envoie pour tenir la main à l'exécution de ce qu'il « a déjà décrété; et pas un des Membres de cette Sainte Assemblée << ne révoque en doute la supériorité du Pontife Romain sur le Con<< cile; pas un ne représente qu'il doit, au contraire, soumettre ses « Décrets au Concile. >>

<< Project, Evêque et Légat de Saint Célestin, ne dit pas aux Pères « d'Ephèse que ce Pape leur envoie ses Décrets pour les examiner; << mais pour que, partant du point où il est resté, et suivant la même << ligne, ils achèvent ce qu'il a commencé : Ut ea quæ et dudùm antè « definire, et nunc in memoriam revocare dignatus est, juxtà com« munis Fidei regulam Catholicæque Ecclesiæ utilitatem, ad finem «< numeris omnibus absolutum deduci jubeatis. » (Ibid. )

« Le Concile, ayant répondu par acclamation à la lecture des Let<< tres du Pape, Philippe, Prêtre et aussi Légat, remercie les Pères « d'avoir adhéré à Saint Célestin, non par une déférence de simple « honnêteté, mais de devoir. Car Votre Béatitude n'ignore pas, leur « << dit-il, que le Bienheureux Pierre, Apôtre, est le Chef de toute la << Foi, et même des Apôtres : Non enim ignorat Vestra Beatitudo, « totius Fidei, vel etiam Apostolorum Caput esse beatum Apostolum « Petrum........ Il a vécu jusqu'à présent, ajoute-t-il, et vivra toujours dans <«<ses Successeurs, et c'est par eux qu'il exerce son jugement: Qui ad « hoc usque tempus et semper in suis Successoribus vivit et judicium « exercet. (Ibid.) Pas un des Pères du Concile ne trouve ce langage <«< nouveau, ne se récrie contre ces prérogatives du Siége Aposto<«<< lique (1). >>

Tel est le texte de l'Anonyme.

XII. Plus je m'efforce avec lui de frapper mon imagination par le spectacle imposant de deux cent soixante et quatorze Patriarches, Archevêques ou Evéques assemblés en Concile, plus il me paroît impossible de concevoir qu'ils ne sont réunis que pour être les exécuteurs passifs d'un jugement du Pape. Saint Cyrille avoit été chargé long-temps auparavant de cette fonction purement ministérielle, et lui seul, ou le Prêtre Philippe, pouvoit très bien s'en acquitter; il n'étoit pas besoin de mettre en mouvement tout l'Univers Catholique, simplement pour le rendre spectateur de la déposition de l'hérétique Nestorius, si, en effet, tout l'Univers Catholique eût cru que la cause de la Foi étoit irrévocablement terminée par la décision du Pape Célestin. Et quand on parcourt les actes de la première Session du Concile, dans laquelle les Décrets de Saint Célestin furent scrupuleusement examinés, on voit que réellement les Pères d'Ephèse n'étoient pas du même avis que le Légat Project, s'il a osé leur dire, comme l'avance l'Anonyme, «< que « le Pape ne leur envoyoit pas ses Décrets pour les examiner, mais << pour qu'en suivant la même ligne, ils achèvent ce qu'il a com

<<< mencé. »

(1) Diss. Hist., p. 38, 39, 40.

D'abord il n'est pas vrai que les Lettres dont les Légats du Pape étoient porteurs, les établissoient Présidens du Concile. Saint Cyrille, Patriarche d'Alexandrie, et qui n'étoit pas Légat du Pape au Concile, continua de présider à la seconde et à la troisième Session (comme il avoit fait à la première) après l'arrivée des Légats. On le voit encore Président de la sixième Session; et quand le Concile envoya une Députation à Théodose-le-Jeune, ce fut avec l'ordre exprès de solliciter la liberté des deux Présidens ou Chefs du Concile, Synodi nostræ Duces..... Præsides..... Capita Concilii, savoir: Cyrille d'Alexandrie et Memnon d'Ephèse, que le Comte Jean avoit fait arrêter (1). Enfin, lorsque la Députation dont Arcade et Philippe, Légats, étoien tMembres, eut quitté la ville d'Ephèse, ce ne fut pas le Légat Project qui présida le Concile, mais Vérinien, Archevêque de Perge, que M. de Tillemont regarde comme le plus ancien des Métropolitains (2).

XIV. L'Anonyme rapporte des fragmens de la Lettre par laquelle le Pape annonce au Concile l'envoi des Légats et l'objet de leur mission, et les fragmens qu'il cite sont extraits de la Collection du Père Labbe, en cela, conforme à la Collection Romaine. Pour ne pas égarer le Lecteur en cherchant à l'investir de lumières, il auroit dû parler aussi des Variantes de cette Lettre. Au lieu du style dominateur que présente la Collection Romaine, on trouve des expressions plus sacerdotales dans les Actes publiés par le Père Théodore Pettan. « Nous vous << envoyons, dit le Pape Saint Célestin, les Evêques Arcade et Pro«ject, et le Prêtre Philippe, nos Saints Frères, et nos dignes Collabo<< rateurs. Dépositaires de notre confiance, ils assisteront à vos séances, << et confirmeront, par leur approbation, ce que vous aurez décidé. « Nous ne doutons pas que Votre Sainteté ne les admette à prononcer << d'un commun consentement la sentence avec vous; et ce que vous « déciderez ainsi restera irrévocable, afin que toutes les Eglises jouis<< sent désormais de la tranquillité. » Misimus ad vos Arcadium et Projectum Episcopos, et Philippum Presbyterum, Sanctos Fratres, unanimesque ac probatos, nostros Comministros; qui nostrá in se curá

(1) Hist. Eccl. de Fleury, 1. XXVI, n. VIII.

(2) Mém. de Tillem., t. XIV, p. 471.

susceptá Actis vestris intererunt; quæque à vobis sunt constituta suo calculo denuò confirmabunt. Non dubitamus autem quin Sanctitas Vestra illos ad communem consensum sententiæque dictionem sit admissura. Quæ verò decreveritis, ea pro omnium Ecclesiarum tranquillitate habeantur definita decretaque (1).

Je ne sais si je me fais illusion, mais il semble qu'en lisant ces expressions modestes et paternelles, on respire le doux parfum de l'antiquité Ecclésiastique, au lieu de la vapeur enivrante du faste des temps modernes, qui s'exhale de la Lettre de Célestin, telle qu'elle est rapportée dans l'Edition Romaine. Ce ton impératif forme un contraste déplaisant dans la bouche d'un Disciple de Jésus-Christ, d'un Disciple de ce Maître qui unissoit au plus haut degré le pouvoir et l'humilité ; et puisque la Variante laisse le choix des deux textes, est-il besoin des règles d'une critique subtile pour discerner celui qui porte l'empreinte de la vérité?

Au surplus, Antoine Leconte, dans son Edition du Concile d'Ephèse, donne à la Lettre du Pape le même sens que le Jésuite Pettan, quoiqu'avec de légères différences dans l'expression, et Binius l'a textuellement adopté. L'Edition Romaine s'est grandement écartée, comme on le voit, de celles qui furent faites trente ans auparavant; je n'accuse pas les auteurs de cette compilation, et je sais que l'Edition Grecque de Jérôme Commelin, publiée en 1591, est absolument d'accord avec eux. Mais encore une fois, que chacun juge si le langage qu'ils prêtent à Saint Célestin est celui qui sied le mieux au Serviteur des Serviteurs de Dieu, écrivant à deux cent soixante-quatorze de ses vénérables Frères ! Qu'on juge encore si ce langage est en harmonie avec la discipline des premiers Siècles, avec les Canons du Concile de Nicée, avec la Lettre Synodale des Pères de ce Concile que Socrate et Théodoret nous ont transmise, et dans laquelle l'anathème est prononcé contre l'hérésie d'Arius par les communs suffrages des Evêques Juges de la Foi: Placuit Concilio communibus suffragiis anathema denunciare huic nefariae opinioni (1).

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