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pas manifeste, s'empressent de conclure les Ultramontains, qu'en écrivant ainsi, le Pape Saint Léon a prétendu interdire tout examen, toute délibération sur la Doctrine contenue dans sa Lettre, et qu'à ses yeux elle étoit une Règle de Foi sur laquelle on ne pouvoit pas élever des doutes, même avant l'approbation du Concile?

Ceux qui objectent ces expressions, dit Bossuet, ne paroissent pas comprendre ce que c'est que l'examen dans les choses de la Foi, surtout quand il s'agit des principaux Dogmes de la Religion Chrétienne. Lorsque les Pères de Nicée s'occupèrent de l'Arianisme, ils ne doutoient pas de la Divinité de Jésus-Christ, mais ils examinèrent en quoi les Ariens s'écartoient de la Foi, et recherchèrent les preuves les plus fortes et les formules les plus favorables pour extirper une hérésie destructive des fondemens du Christianisme. A Ephèse, la Foi ne fut pas non plus révoquée en doute; mais on examina par de sérieuses recherches, et par des comparaisons avec les textes de l'Ecriture ou des Pères, si Nestorius, Saint Cyrille, et le Pape Saint Célestin avoient fidèlement exposé, ou s'ils tronquoient la Foi de l'Eglise Catholique.

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De même à Calcédoine, les Pères du Concile ne balancèrent pas reconnoître les deux Natures en Jésus-Christ; ils n'hésitèrent pas à dire qu'il est homme et Dieu tout ensemble, et les fictions d'Eutychès, qui supposoit la nature humaine totalement absorbée par la nature divine, n'étoient pas capables de faire chanceler leur Foi. Ce ne fut donc pas là l'objet de leur examen, et Saint Léon avoit eu raison de prescrire à ses Légats de ne pas permettre que la Foi fût révoquée en doute. L'unique question à Calcédoine étoit de savoir si l'exposition du grand mystère de l'Incarnation du Verbe, contenue dans la Lettre du Pape à Saint Flavien, s'accorde avec la Doctrine commune des anciens Pères, et en un mot, avec la Foi de l'Eglise. Saint Léon n'avoit pas le moindre doute à cet égard; il croyoit fermement, comme nous l'avons déjà dit, avoir exposé la Foi d'une manière exacte et lumineuse, plenissimè et lucidissimè. Mais ce qui lui sembloit évident ne l'étoit pas pour les autres Juges de la Foi, jusqu'à ce qu'ils s'en fussent convaincus par eux-mêmes. De là, l'examen et les comparaisons avec la Doctrine des Peres dont on a donné des preuves incontestables; exa

men et comparaisons que tous partagèrent, mais qui, chez plusieurs, furent accompagnés d'hésitation, de doutes sérieux, et d'objections qu'il fallut résoudre avant d'obtenir leur assentiment: Per hoc nobis satisfactum est.... Ideò consensimus et subscripsimus.

XLIV. Et remarquons ici que ces Evêques souscrivent avec alacrité au moment où l'obstacle qui retardoit leur adhésion est écarté : tous respirent cet esprit de la vraie Catholicité qui se concentre de lui-même en l'Unité, parce que les membres souffrent à la moindre lueur de division d'avec leur Chef; parce que les enfans ne pourroient s'éloigner qu'à regret de leur Père, et que leur vœu le plus ardent est de vivre à jamais sous son ombre tutélaire. C'est ainsi que l'Eglise Gallicane, malgré son antique Doctrine, et les quatre Articles qu'elle ne cessera jamais de maintenir, a toujours été docile et respectueuse pour le Saint-Siége, soit en acceptant ses Jugemens, soit en recourant à lui comme au centre de l'Unité, soit en gardant la liberté Canonique que les plus Saints Evêques lui ont transmise à travers les différens âges de l'Eglise ; tant est grande l'influence de la présomption sacrée qui incline, depuis dixhuit cents ans, tous les cœurs Catholiques à s'unir à la Chaire de Pierre, et à vénérer les Jugemens qui en émanent! Mais la présomption ne suffisant pas à des Evêques constitués Juges de la Foi, ils examinent et jugent à leur tour, parce qu'ils ont appris de touté l'antiquité que la Foi commune doit être établie par le consentement commun: Communem Fidem communi consensu stabiliendam; ils adhèrent enfin après une mûre délibération, et ce genre d'adhésion, plus honorable sans doute que celle qui naît d'une soumission aveugle, donne aux Décisions des Souverains Pontifes le caractère de Décrets à jamais irréformables.

De là toutefois il ne s'ensuit pas que le titre imprescriptible de Juge de la Foi autorise chaque Evêque particulier, ou même toute Assemblée Espicopale qui ne représente pas l'Eglise Universelle, à se rendre les Juges du Pape ou de ses Décrets. Les Ultramontains pressent avec ardeur cette difficulté mille fois résolue, et en font un épouvantail propre à en imposer aux hommes peu réfléchis et timorés. Nous montrerons ailleurs qu'elle ne roule que sur une équivoque, et que chaque Evêque peut prononcer un Jugement, ou rendre son témoi

gnage sur la Doctrine même qui a été l'objet du Décret Pontifical, sans, pour cela, s'ériger en tribunal supérieur à celui du SaintSiége.

Sans doute, en observant que nous nous sommes jusqu'ici tenus sur la défensive, et que nous n'avons pas choisi, mais que nous empruntons des Adversaires de l'Eglise Gallicane le sujet de nos discussions, le Lecteur jugera de la foiblesse inconcevable d'une cause pour laquelle on ne sauroit produire un seul argument, sans qu'il détruise, avec une force irrésistible, la cause même en faveur de laquelle on l'emploie. Que seroit-ce si, devenant agresseurs à notre tour, nous recherchions les fondemens solides de la Doctrine de cette grande Eglise dans toute la suite de la Tradition, dans l'histoire des Conciles et des Controverses fameuses, dans le témoignage des anciens Pères, dans les aveux des Papes, et dans les preuves incontestables, quoique rares, qu'ils ont données de leur faillibilité? Mais les besoins de l'Eglise ne semblent pas exiger que nous nous imposions cette tâche immense, dont le succès ne seroit pas douteux, et nous nous bornerons à en présenter une esquisse raisonnée. Que néanmoins les Détracteurs sachent que, s'ils font de nouveaux efforts pour obscurcir une Doctrine aussi sainte qu'utile à l'Eglise, dès-lors, ne prenant plus conseil que du zèle, nous consacrerons nos dernières veilles à la défense de la vérité, avec le ferme espoir que, si la voix du Disciple est dans l'impuissance de lui rendre un hommage digne d'elle, les pierres même du Sanctuaire seront appelées en témoignage: Quia si hi tacuerint, lapides clamabunt.-Luc. XIX. 40.

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CHAPITRE III.

Troisième Article de la Déclaration de 1682:

Sur l'Autorité des Canons de l'Eglise, et des Règles ou Coutumes en vigueur dans les Eglises particulières, avec l'approbation ou le consentement du Saint-Siége.

L'ANONYME présente à ses Lecteurs le troisième Article dans une traduction infidèle, par laquelle non seulement il le prive de son énergie originale, mais, de plus, il en supprime une partie essentielle. Le voici dans son intégrité : « La Puissance Apostolique doit être exercée con«< formément aux Canons dictés par l'esprit de Dieu, et consacrés par « le respect de tout l'Univers. Les Règles, les Coutumes et les Cons<«<titutions reçues dans le Royaume de France et dans l'Eglise Galli<«< cane, conservent toute leur vigueur, et les bornes posées par nos << Pères ne doivent pas être outre-passées. Enfin, il est de la grandeur << du Siége Apostolique que les Lois et les Coutumes, affermies par le << consentement de ce Siége vénérable et celui des Eglises, subsistent << sans altération. » (Déclaration de 1682, Art. III.)

I. Qui ne croiroit qu'un Article aussi simple, et si évidemment conforme à la pureté des Règles de l'Eglise, devoit échapper à la censure des Critiques? L'Anonyme reproche à l'Assemblée de 1682 d'être tombée en contradiction avee elle-même, parce que, d'une part, elle a reconnu dans Innocent XI « un modèle de la régularité Chrétienne et << de la Sainteté Pontificale », et que, de l'autre, « elle se donne les << airs de lui tracer ses devoirs, comme s'il eût méconnu les Règles et << les Canons (1). » Sans doute, l'Assemblée de 1682, au plus fort des démêlés qui eurent lieu entre Rome et la France, exaltoit la régula

(1) Diss. Hist., p. 43.

rité des mœurs, la sainteté de la vie et la haine du Népotisme, qui méritèrent à Innocent XI les hommages du Monde Chrétien; mais plus ces vertus étoient dignes des éloges que le Clergé leur donne avec impartialité, plus elles formoient un douloureux contraste avec la multitude de Brefs irréguliers, qui, sous le nom de ce Pontife vertueux, inondoient et troubloient la France. Si donc, dans le cours de ces démêlés, trop vifs, trop éclatans pour qu'on puisse les oublier, trop affligeans pour ne pas désirer d'en perdre la mémoire, il y a eu quelques contradictions, ce n'est pas l'Eglise Gallicane, mais le caractère et la conduite d'Innocent XI qu'il faut en accuser; ou plutôt, sans accuser personne, déplorons la foiblesse de l'humanité, qui est telle, comme l'observe le Président de Montesquieu, que, « peut-être « dans la classe des gens supérieurs, il est plus facile de trouver des << hommes extrêmement vertueux, que des hommes extrêmement «sages. L'âme goûte tant de plaisir à dominer les autres âmes, ajoute « ce profond Ecrivain; ceux même qui aiment le bien, s'aiment si << fort eux-mêmes, qu'il n'y a personne qui ne soit assez malheureux « pour avoir encore à se défier de ses bonnes intentions; et, en vérité, <«< nos actions tiennent à tant de choses, qu'il est mille fois plus aisé << de faire le bien que de le bien faire (1). » Appliquons au Pape Innocent XI ce passage de Montesquieu, et l'Assemblée de 1682 cesse à l'instant d'être en contradiction avec elle-même.

II. Quant au reproche qu'on lui fait d'avoir réclamé pour la conservation des Canons, des Lois et des Coutumes de l'Eglise Gallicane, il ne faut que lire les Actes de cette Assemblée, ses Lettres à Innocent XI, et l'Article III de sa Déclaration, pour voir qu'elle a religieusement uni le langage de la soumission filiale avec celui de la fermeté Sacerdotale. L'Anonyme travestit ce langage en une censure insolente; et sans doute il accusera de même Saint Bernard de s'être donné les airs de tracer ses devoirs à Eugène III, pour avoir apostrophé ce Pape en des termes bien moins respectueux que ceux qu'a employés le Clergé de France. « Jusqu'à quand, s'écrie Saint Bernard,

(1) Esprit des Lois, liv. XXVIII, ch. XLI.

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