Sayfadaki görseller
PDF
ePub

« dit M. Bercastel, il écrivit à Sapaude, Archevêque d'Arles, pour << s'assurer que le Roi et les Evêques de France avoient été contens de «sa Profession de Foi (1); » et probablement il reçut à cet égard des informations satisfaisantes. Ce n'étoit pas assez d'avoir guéri les préjugés de la France, le Pape crut encore devoir lever les doutes qui restoient ailleurs à une foule de bons Catholiques : « Je déclare ma Foi, << écrit-il à tout le Peuple Chrétien, ad Universum Populum, afin qu'il « paroisse évident que je suis la Doctrine des Apôtres, et que je marche << sur les traces des Saints Pères (2). »

Il suffit d'avoir exposé ces faits; les réflexions naissent d'elles-mêmes. Est-ce contre un Pape regardé comme infaillible que s'élèvent de pareils soupçons? Est-ce un Pape persuadé de son infaillibilité qui travaille si soigneusement à les détruire?

Pélage, disent les Ultramontains, usa d'une sage condescendance. Je le pense comme eux, et je n'en conclus pas moins que nos Ancêtres, avec la plupart des Catholiques d'Occident, croyoient, il y a plus de douze cents ans, que les Jugemens Dogmatiques des Papes n'étoient point à l'abri de l'erreur. Peu importe, au surplus, qu'on donne le nom de condescendance au motif qui dirigea Pélage; car cette condescendance étoit un devoir indispensable, et lui-même le reconnoît, lorsqu'il écrit aux Evêques de Toscane, « qu'il obéit à l'ordre de Saint << Pierre en répondant à ceux qui lui demandent raison de sa « Foi (3). »

trm in Galliæ regionibus consistentium Ut autem deinceps nullius, quòd absit, suspicionis resideret occasio, etiam aliam partem facere maturavi, scilicet propriis verbis Confessionem Fidei quam tenemus, exponens, (Pelag. Epist. ad Childeb. X. et XVI; t. V, Concil.)

(1) Hist. de l'Egl., 1. XX, t. VI, p. 279.

(2) Fidem meam, annexâ subter Professione definiam in quâ, Deo propitio, et recta me Apostolorum Doctrinæ, et Patrum inhærere vestigiis evidenter appareat. (Pelag. ad Univ. Popul. Epist. VII, t. V, Concil.)

(3) Hac igitur Dilectio Vestra Fidei nostræ Professione munita, ignorantiam hominum edocere festinet.... Secundùm Apostolicam sententiam, parati sumus ad satisfacionem omni poscenti rationem de eâ quæ in nobis est Fide. (Pelag. Epist. VI ad Episc, Tusc. Ibid.)

Et pourtant ces Evêques de Toscane étoient bien moins dignes de condescendance que ceux des Gaules: ils avoient fait Schisme avec le Saint-Siége; ils cessoient de réciter le nom du Pape dans la célébration des Saints Mystères : au lieu que l'Eglise Gallicane eut dès lors, et a toujours eu depuis, la séparation en horreur. Constamment fidèle à l'Unité, même au plus fort de ses démêlés avec la Cour de Rome, elle a suivi, sur ce point délicat, l'exemple et les Maximes de la Sainte Eglise d'Afrique, de Saint Cyprien, de Saint Aurèle de Carthage et de Saint Augustin.

Le Pape Pélage mourut en 560, et les oppositions au cinquième Concile durèrent encore long-temps après lui; elles ne cessèrent que par degrés, et par la constante application des Souverains Pontifes à convaincre les Evêques Occidentaux, que ce Concile ne portoit aucune atteinte à celui de Calcédoine ou à la Lettre de Saint Léon. Les divers monumens du sixième et du septième Siècle font également connoître la continuité de la résistance qu'éprouva en Occident la réception du cinquième Concile, quoique approuvé par les Papes, et le genre d'argumens dont ils se sont servis pour la surmonter. Nulle part il n'est fait mention du motif, si péremptoire par lui-même, de leur propre infaillibilité; motif qu'ils n'eussent pas manqué d'alléguer, soit aux Catholiques fidèles à l'Unité, soit aux Schismatiques, pour les y ramener; si en effet ce motif eût pu être allégué par eux sans crainte de choquer les idées alors reçues dans l'Eglise. On peut consulter, entr'autres, la Lettre exhortatoire de Pélage II aux Evêques d'Istrie, et qui fut composée par Saint Grégoire le Grand, alors Archi-Diacre de l'Eglise de Rome (1); mais ui ces Evêques Schismatiques d'Istrie, ni ceux de Toscane, n'ont rien de commun avec l'Eglise Gallicane, et c'est d'elle principalement que nous nous occupons à présent.

XVIII. Un Saint Abbé, nommé Palumbus ou Colomban, nous fera mieux connoître les sentimens de cette Eglise illustre, au commencement du septième Siècle. Ce Saint, qu'il faut distinguer de Saint Colomban l'Ancien, mort en 598, et fondateur du monastère de Co

(1) T. V. Concil.

lumbkill, étoit, comme lui, Irlandais de naissance. Nourri dans l'étude des Sciences humaines, il craignit l'attrait du Monde et de la volupté, quitta la province de Leinster, et embrassa la vie religieuse dans le fameux monastère de Bangor, alors gouverné par l'Abbé Congal. A l'âge de trente ans, il sortit de Bangor avec douze de ses Compagnons ou Disciples, s'arrêta dans la Grande-Bretagne, passa de là dans les Gaules, y fonda les monastères d'Anegray, de Fontaines et de Luxeu, au milieu du désert des Vosges, ceux de Brégents, près du Lac de Constance, et de Bobio, dans la Lombardie. Tour à tour honoré et persécuté par les Rois de la Terre, prêchant Jésus-Christ aux Nations infidèles, défenseur de sa Divinité contre les Ariens, laissant partout des traces de son éminente sainteté, et, enfin, se survivant à lui-même tant par sa Règle admirable, que par la multitude de Saints Evêques et de Saints Abbés formés sous sa discipline.

pas

D'après cette esquisse rapide de la vie de Saint Colomban, ce n'est le solitaire Thaumaturge que nous avons à considérer en lui; mais le témoin irréprochable de la Doctrine du sixième et du septième Siècle, de la Doctrine des Eglises d'Irlande et d'Angleterre, de l'Eglise Gallicane qui lui dut long-temps une partie de sa splendeur religieuse, et des Eglises d'Italie restées fidèles à la Communion de l'Eglise Romaine (1).

(1) Saint Colomban persévéra, même à Luxeu, dans l'usage où étoient les Irlandois de célébrer la Pâque le quatorzième jour de la Lune. Cette pratique avoit été proscrite par le Concile de Nicée, qui régla que, dans toute l'Eglise, la Pâque se célébreroit le Dimanche d'après le xiv de la Lune de Mars. Fleury excuse Saint Colomban l'Ancien et les Moines d'Irlande sur ce qu'étant éloignés du reste du Monde, personne ne leur avoit porté les Décrets des Conciles sur cette matière. (Hist. Eccl., 1. XXXIV, n° 15.) Cette Apologie ne suffiroit pas pour disculper Saint Colomban le Jeune. Faut-il donc l'accuser de révolte contre les Décisions de l'Eglise? Qu'on en juge par les Lettres qu'il écrivit à différens Papes et aux Evêques des Gaules. Dans sa Lettre à Saint Grégoire le Grand, datée de Luxeu, il expose avec liberté les raisons qu'il a de s'en tenir à l'ancien usage de son pays natal. S'appuyant sur l'autorité d'Anatolius et de Saint Jérôme, il avertit le Pape que quiconque ne déférera pas à l'autorité de Saint Jérôme, sera rejeté comme hérétique dans les Eglises d'Occident, c'est-à-dire d'Irlande, ainsi que l'observe Fleury, d'après le style de Saint Colomban. Néanmoins, il prie Saint Grégoire de lui envoyer sa Décision, à laquelle, sans doute, il se seroit

l'ins

Rien n'exprime mieux la pureté du Dogme Catholique que cription de la Lettre datée du Monastère de Bobio, que Saint Colomban écrivit à Boniface IV : « Au Chef de toutes les Eglises d'Europe, au Pas<< teur des Pasteurs, au Pape Boniface, Colomban. Nous sommes, lui << dit le Saint Abbé, indissolublement attachés à la Chaire de Saint << Pierre nous n'honorons la grande, la fameuse ville de Rome qu'à << cause de sa Chaire qui est le Siége principal de la Foi Orthodoxe. « L'Unité de la Foi dans tout l'Univers a créé l'Unité de la Puissance, «<et je crois que Rome est toujours la ferme colonne de l'Eglise (1). » Ainsi s'exprime Saint Colomban, touchant la Primauté, la stabilité, l'indéfectibilité du Saint-Siége. Ecoutons maintenant ce qu'il dit avec

soumis. Dans une Lettre aux Evêques de la Gaule, assemblés en Concile, il les prie d'examiner avec douceur quelle est la meilleure Tradition touchant la Pâque; il demande qu'on supporte son ignorance avec paix et charité, et que, n'étant pas l'auteur de cette diversité, il soit permis à lui et à ses Frères de vivre auprès des ossemens de dix-sept de leurs Frères morts, comme ils y ont déjà vécu douze ans. La Lettre de Saint Colomban à Saint Grégoire ne lui ayant pas été rendue, on ne sait pourquoi, il en envoya une copie à un des Successeurs de ce Pape, le suppliant de lui permettre d'observer la Tradition de ses Ancêtres, si elle n'étoit point contraire à la Foi. « Nous «< sommes, dit-il, chez nous, puisque nous ne recevons point les Règles des Gaulois, «<et que nous demeurons dans des déserts, sans inquiéter personne. Nous demandons << de conserver la paix et l'Unité Ecclésiastique, comme Saint Polycarpe avec le Pape « Anicet; et que, suivant les Canons des cent cinquante Pères du Concile de Cons« tantinople, les Eglises qui sont chez les Barbares puissent vivre selon leurs lois. » (Hist. Ecclés: de Fleury, 1. XXXVI, no 56.) Le Canon du Concile de Constantinople, cité par Saint Colomban, et l'application qu'il en fait en se considérant toujours comme Barbare ou Irlandois, suivant le style du temps, le justifient certainement contre toute accusation de Schisme ou d'hérésie, ou même d'obstination répréhensible. L'Eglise l'en a absous en le canonisant. L'homme de paix qui aura égard à l'influence d'un préjugé renforcé par de longues habitudes, ne pourra qu'admirer le renoncement pénible qu'il promet à une Coutume fondée sur des Traditions révérées, si le Saint-Siége la juge contraire à la Foi de l'Eglise.

(1) Totius Europæ Ecclesiarum Capiti, Pastorum Pastori, Bonifacio Patri, Palumbus.... Devincti sumus Cathedræ Sancti Petri: licet enim Roma magna est et vulgata, per istam Cathedram tantùm apud nos magna est et clara.... Unitas Fidei in toto Orbe terrarum facit Unitatem Potestatis.... Ego enim credo semper columnam Ecclesiæ firmam esse in Româ. (Epist. IV, Columb. ad Bonif. T. XII, Bibl. Patr.)

la plupart des Eglises d'Occident, à raison des préjugés subsistant contre le cinquième Concile, qu'approuvoit le Pape Boniface : « Plu«<sieurs doutent de la vérité de votre Foi: veillez, Pontife, veillez. << Peut-être Vigile, qu'on accuse d'être l'auteur de ce scandale, n'a« voit-il pas bien veillé. Effacez cette tache qui ternit la splendeur de << l'Eglise Romaine; que la cause du Schisme soit retranchée par le glaive de Pierre, c'est à-dire par une Profession de Foi exacte, faite << en présence du Concile. Quel sujet de douleur et de larmes, si la << Foi Catholique n'est pas intacte et pure dans le Siége Aposto<< lique (1)! >>

XIX. Pour réfuter ces passages qui établissent si clairement la faillibilité personnelle des Papes, il ne suffit pas de dire que Saint Colomban et les Eglises d'Occident se trompoient en jugeant le cinquième Concile contraire à celui de Calcédoine; qu'ainsi, leur Jugement sur la faillibilité du Pape ne peut être d'aucun poids: car il est évident que leurs préjugés contre le cinquième Concile n'étoient qu'une simple erreur de fait, causée par les notions superficielles et fausses qu'ils avoient des Actes qui en émanèrent. D'ailleurs, ce Coneile ne fut pas d'abord un Concile Œcuménique proprement dit. Convoqué et tenu sans la participation des Eglises Occidentales, il n'a été mis au rang des Conciles vraiment Ecuméniques qu'après que ces mêmes Eglises, mieux informées de la justesse de ses Décisions, les ont enfin sanctionnées par la force du consentement commun: au lieu que le sentiment, les expressions, la conduite uniforme de Saint Colomban et des Evêques Occidentaux, concernant la faillibilité des Papes, sont évidemment le résultat de l'opinion alors universellement reçue dans l'Eglise. Et cette opinion ne porte pas sur un fait particulier qu'il soit possible d'ignorer ou de contredire sans altérer le Dogme, mais sur un point

(1) Multi dubitant de Fidei vestræ puritate.... Vigila, Papa, vigila; quia fortè non benè vigilavit Vigilius, quem caput scandali isti clamant.... Tollatis hunc nævum de Sanctæ Cathedræ claritate.... Causa Schismatis incidatur cultello quodammodo Sancti Petri, id est, verà in Synodo Confessione.... Dolendum enim ac deflendum, si in Sede Apostolica Fides Catholica non tenetur. (Epist. IV, Columb. ad Bonif. T. XII, Bibl. Patr.)

« ÖncekiDevam »