Sayfadaki görseller
PDF
ePub

:

ou l'infaillibilité dans la Foi, « qui est restée jusqu'à ce jour ferme et «< inébranlable dans les Successeurs de Saint Pierre, » n'est pas, sans doute, d'une autre nature que celle qui fut octroyée au Chef des Apôtres en vertu de la Prière de Jésus-Christ. Or, l'événement a prouvé que l'indéfectibilité ou l'infaillibilité de la Foi ne le mettoit pas à l'abri d'une chute donc, l'indéfectibilité ou l'infaillibilité de la Foi de ses Successeurs ne les met pas pleinement à l'abri de l'erreur, ou d'une éclipse passagère de leur Foi ; et la possibilité d'une telle chute montre la justesse de la clause insérée dans la Déclaration de 1682, pour ne reconnoître l'irréformabilité des Décrets Pontificaux qu'après l'accession du consentement de l'Eglise. Par l'accession de ce consentement, paroît avec certitude l'équité ou l'Orthodoxie du Jugement qu'a porté le Successeur de Pierre, et toute l'Eglise s'y soumet, en rendant hommage au privilége de Pierre. Manet ergo Petri privilegium, dit Saint Léon, Pape, ubicumque ex ipsius fertur æquitate judicium (1): d'où suit nécessairement la proposition inverse, qu'un Jugement contraire à l'équité ou à la Foi de Pierre, n'a pas été porté en vertu du privilége de Pierre. Mais, quelque désastreuse que puisse être la déviation momentanée d'un de ses Successeurs, la Chaire toutefois, l'ensemble de la Succession de Pierre, qui constitue, pour ainsi dire, sa personne morale, n'en reste pas moins indéfectible; c'est-à-dire que demeurant, par l'ordre de Jésus-Christ, le premier organe, le témoin le plus éminent de la Foi qu'il a plantée, elle sera, par la vertu divine et jusqu'à la fin, le Centre, le Chef et la Partie principale de l'Eglise Catholique.

Dans ce sens, l'Assemblée de 1626 a eu raison de dire, et l'Eglise Gallicane a dit équivalemment, pendant plus de douze Siècles consécutifs, que l'indéfectibilité ou l'infaillibilité de la Foi de Pierre est restée ferme et inébranlable dans ses Successeurs. Que si vous donnez un sens plus étendu aux paroles de cette Assemblée, non seulement vous lui attribuez une phrase absolument neuve et isolée dans l'histoire de l'Eglise Gallicane, mais encore vous détruisez l'allusion évi

(1) S. Leo, Serm. III, in anniv. Assumpt.

dente qu'elle a voulu faire à l'intercession de Jésus-Christ; vous la detruisez, dis-je, en exagérant faussement les effets de son intercession, qui fut le gage de la stabilité de la Foi de Pierre, sans néanmoins empêcher sa chute humiliante et prévue.

X. En suivant l'ordre des temps, nous sommes parvenus à l'acceptation que fit l'Eglise Gallicane, en 1653, de la Bulle d'Innocent X, portant condamnation des cinq Propositions de Jansénius. Il ne paroît pas que la simple acceptation de la Bulle Cùm occasione, ait donné lieu à aucune objection sérieuse des Adversaires; et, en effet, le Père d'Avrigny observe avec justesse, en réfutant une idée bizarre du Père Gerberon, auteur de l'Histoire du Jansénisme, «qu'il n'y a nulle « liaison essentielle entre recevoir une Constitution du Pape, et tenir << pour son infaillibilité (1). »

Les réflexions de l'Anonyme tombent principalement sur la forme d'acceptation, ou plutôt sur les expressions d'une Lettre que trente Evêques assemblés au Louvre, chez le Cardinal Mazarin, écrivirent au Pape, après avoir unanimement accepté sa Bulle. Avant d'examiner la teneur de cette Lettre, rappelons, le plus brièvement qu'il sera possible, les faits qui y ont rapport.

En 1651, quatre-vingt-cinq Evêques, se conformant à la Coutume observée dans l'Eglise, de renvoyer au Saint - Siége le Jugement des Causes Majeures, déférèrent au Pape les cinq fameuses Propositions extraites du Livre de Jansénius. Dans leur Lettre à Innocent X, ils allèguent les troubles très-violens causés par la Doctrine de Jansénius; troubles qui auroient dû, disent les quatre-vingt cinq Evêques, « être apaisés par l'autorité du Concile de Trente, et par la Bulle d'Ur« baín VIII, qui avoit prononcé contre les Dogmes de Jansénius, «<et renouvelé les Décrets de Pie V et de Grégoire XIII contre << Baïus (2). >>

Les cinq Propositions furent examinées à Rome avec une grande

(1) Mém. Chron. et Dogm., t. II, p. 273.

(2) Ibid, p. 228.

maturité, et contradictoirement avec plusieurs Députés du parti Janséniste. Le Jugement intervint en 1655, et la Bulle Cùm occasione fut envoyée par le Pape aux Evêques de France.

En 1655, l'Assemblée générale du Clergé publia une Relation circonstanciée des faits concernant la réception de cette Bulle.

La Relation porte que les Evêques s'assemblèrent chez le Cardinal Mazarin, au nombre de trente, et qu'après une délibération libre, ils résolurent unanimement d'accepter la Bulle avec respect et soumission. Elle ajoute que « la matière traitée dans la Constitution étoit si << connue de tous ceux de l'Assemblée, depuis douze ans qu'on l'agi«toit en France, que l'on n'eut point de peine à reconnoître que la « Décision du Pape confirmoit l'ancienne Foi de l'Eglise, enseignée « par les Conciles et par les Pères, et renouvelée dans le Concile de « Trente. C'est pourquoi, conclut la Relation, les Evêques convo« qués pour délibérer de ce qu'il falloit faire en cette occasion.... ont « apporté un même esprit, un même cœur et une même bouche, « pour recevoir le Jugement de celui à qui, comme à leur Chef, ils « sont si étroitement liés par l'Unité de l'Episcopat Chrétien dans la << subordination hiérarchique, qu'ils ont cru, avec raison, avoir pro<< noncé avec lui la condamnation des Propositions qu'il a condam

<<< nées. >>

Dans ces paroles, on reconnoît d'avance les sentimens qui ont sanscesse animé l'Eglise Gallicane, toujours respectueuse envers le SaintSiége, toujours inclinée à la soumission hiérarchique, toujours néanmoins se souvenant que les Evêques sont Juges de la Foi, et qu'ils exercent ce sublime caractère au moment où ils acceptent, après un mûr examen, après une délibération libre, le Décret émané de la Chaire de Pierre. On voit ici qu'ils avoient, comme les Pères d'Ephèse et de Calcédoine, comparé le Jugement du Pape avec l'ancienne Foi de leurs Eglises, avec les Conciles et les Pères. Comme leurs Prédécesseurs, qui reçurent la Lettre de Saint-Léon contre Eutychès, ils ont reconnu, dans le Décret du Saint-Siége, « le sentiment et l'ex<< pression de la Foi qui leur a été transmise par les Traditions pater<<nelles » Quod in eá recognoscerent Fidei suce sensum, et ita se

semper ex paterná Traditione lætentur tenuisse (1). Ils mirent en pratique, en 1653, ce que Saint Vincent de Paule écrivoit à un Evêque, en 1651, pour le déterminer à se` joindre aux quatre-vingt-cinq Evêques qui déféroient au Pape le Jugement des cinq Propositions. «Si << un Evêque, dit Saint Vincent, pensoit ne pas devoir se déclarer sur « des matières dont il doit être Juge, on pourroit lui répondre que le « recours au Pape ne peut rien ôter au droit qu'il a de juger, puisque <«<les Saints lui ont autrefois écrit contre les nouvelles Doctrines, et << n'ont pas laissé d'assister comme Juges aux Conciles où elles ont « été condamnées. C'est une impiété, dit ailleurs Saint Vincent de « Paule, de ne pas condamner ceux que l'Eglise condamne, et, à plus « forte raison, de les disculper, d'accuser, par conséquent, l'Eglise <«< même, et de condamner les Jugemens qu'elle prononce par la << bouche de son Chef et de ses Prélats (2). » Les dernières paroles de Saint Vincent de Paule rappellent celles que nous avons citées ailleurs de Fénélon, avec qui sa mansuétude et son immense charité lui donnent tant d'analogie. «Suivant les principes des Catholiques, a dit << Fénélon, j'ai regardé le Jugement du Saint-Siége et des Evêques << comme une expression de la volonté suprême et comme un écho de << la voix Divine. » Voyez comment cet Evêque illustre et le saint Prêtre fondateur de la Mission, tous deux pénétrés d'un respect inaltérable pour le Souverain Pontife, ont soin d'unir le Jugement du Saint-Siége et des Evéques, le Jugement du Chef de l'Eglise et de ses Prélats, lorsqu'ils veulent désigner le Jugement irréformable de l'Eglise, et l'expression certaine de la volonté Divine.

Sans doute on ne dira pas que Saint Vincent de Paule tendît un piége à l'Evêque qu'il exhortoit à recourir au Pape, en lui disant que ce recours ne peut rien ôter au droit qu'il a de juger lui-même, dans la vue de le priver ensuite du droit de Jugement sur la même matière, lorsqu'une fois le Saint-Siége auroit prononcé. Il faut donc reconnoître que, d'après le sentiment de Saint Vincent de Paule, et d'après

(1) Ep. Syn. Episc. Gall. ad Leon. magn., t. III, Conc., p. 1329. (2) Hist. de l'Egl., par Bercastel, t. XXII, p. 88, 107, 108,

la Relation de l'Assemblée de 1655, les Evêques de France ont accepté la Bulle d'Innocent X, par une délibération libre, et en pleine connoissance de cause, et non pas en vertu d'une obéissance purement passive, comme le veulent les Ultramontains?

Cela posé, quand il seroit possible de donner à quelques phrases de la Lettre des trente Evêques un sens favorable à l'infaillibilité du Pape, il est évident qu'il faudroit les restreindre aux sentimens de respect et d'obéissance canonique que l'Eglise Gallicane a toujours professés pour la Chaire de Pierre. En voulant les prendre à la rigueur, on démentiroit le fait incontestable de l'acceptation libre de la Bulle par les Evêques de France, et on encourroit le reproche que fit l'Empereur Paléologue aux exagérateurs de l'autorité Pontificale: An si quis sanctorum in Epistolá honoret Papam, excipiet hoc pro Privilegio?

XI. Voyons maintenant si, en effet, le texte de la Lettre des trente Evêques, qu'objecte l'Anonyme, présente un sens favorable à l'infaillibilité du Pape. Ces Prélats, selon lui, « disent qu'ils reçoivent le « Décret qu'Innocent X venoit de porter contre l'Hérésie de Jansé<«< nius, dans le même esprit qu'on avoit reçu autrefois la condamna«<tion de l'Hérésie contraire par Innocent I; que l'Eglise de ce « temps-là s'étoit empressée de souscrire à la Décision émanée de la << Chaire dont la Communion fait le lien de l'Unité : bien instruite et << par les promesses faites à Pierre et par ce qui s'étoit passé sous tant « de Pontifes..... que les Jugemens rendus par le Vicaire de Jésus«Christ pour affermir la Règle de la Foi sur la Consultation des « Evêques, soit que leur avis y soit inséré, ou qu'il ne le soit pas, « sont appuyés sur l'Autorité divine et souveraine qu'il a sur toute « l'Eglise, et à laquelle tous les Chrétiens sont obligés de soumettre << leur raison. Ces Prélats, ajoute l'Anonyme, convenoient donc que « les Décrets du Souverain Pontife sur pareille matière étoient irré<< formables (1). »

J'observe en passant que le texte original de la Lettre des Evêques à Innocent X, ne signifie pas que le Pape a une autorité Divine et

(1) Dissert. His', p. 4c.

« ÖncekiDevam »