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la porte du Temple, vous tous à qui l'entrée en est permise, vous aussi, simples Prosélytes, vulgus promiscuum innumerabile (1), « vous êtes <«< obligés de soumettre votre raison à l'autorité divine et souveraine « que le Pape a dans toute l'Eglise. » Mais, après avoir exposé ces vérités élémentaires, il reste aux Ultramontains à montrer que le devoir imposé à tous les Chrétiens a un rapport quelconque avec l'infaillibilité du Pape. Qu'on argumente tant qu'on voudra, et on verra qu'ils n'en ont pas davantage, proportion gardée, qu'avec l'infaillibilité de l'Evêque et du Prêtre ; de sorte qu'il faudra toujours conclure, en disant avec Saint Léon Manet ergo Petri privilegium, ubicumque ex ipsius fertur æquitate judicium.

Nous n'avons pas besoin de parler ici des ressources prévues ou imprévues que l'Eglise trouveroit dans sa Constitution divine, pour se garantir de l'erreur, dans le cas extraordinaire où un Pape viendroit à y tomber, tout comme nous n'avons pas dû examiner les moyens qu'elle a de se garantir des erreurs qui seroient disséminées par un Prêtre ou par un Evêque; il suffit d'avoir prouvé que les Evêques de France ont rendu hommage, en 1653, à l'autorité des Jugemens Dogmatiques du Saint - Siége, sans pour cela reconnoître leur irréformabilité indépendamment de l'accession du consentement de l'Eglise.

XIII. Les Adversaires ont l'imprudence d'objecter la manière dont fut reçue en France la Bulle Vineam Domini Sabaoth, au commencement du dix-huitième Siècle, et ils ne réfléchissent pas que l'Assemblée de 1682 elle-même n'a pas été plus fatale au système de l'infaillibilité du Pape que celle de 1705, qui accepta respectueusement la Bulle de Clément XI. La première établit une simple théorie, fondée sur des principes antiques; la seconde confirma cette théorie, la réduisit en pratique, et les Evêques de France qui s'y conformerent, obtinrent enfin la pleine approbation du Souverain Pontife.

L'acceptation unanime de la Bulle Vineam Domini fut précédée de la promulgation des Maximes suivantes :

(1) Exod. XII, 38.

« 1° Que les Evêques ont droit, par institution divine, de juger des <«<< Matières de Doctrine;

<< 2° Que les Constitutions des Papes obligent toute l'Eglise, lors« qu'elles ont été acceptées par le Corps des Pasteurs ;

«< 5° Que cette acceptation de la part des Evêques se fait toujours << par voie de Jugement (1). »

Les Novateurs qui abusent de tout, pouvoient abuser de ces Maximes, en leur donnant de fausses interprétations; et cette possibilité n'est pas même un préjugé contre leur vérité, puisqu'ils abusent également du Texte Sacré par les fausses interprétations qu'ils lui donnent. Le Cardinal de Noailles, Président de l'Assemblée de 1705, et onze Evêques qui avoient eu part à toutes ses délibérations, s'assemblèrent en 1710, sur la demande du Pape, et déclarèrent, en expliquant les trois Maximes ci-dessus :

1° Que l'Assemblée de 1705 a prétendu recevoir la Constitution « de Clément XI dans la même forme et dans les mêmes Maximes << que les autres Bulles contre le Livre de Jansénius ont été reçues;

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2° Que, quand elle a dit que les Constitutions des Papes obligent « toute l'Eglise, lorsqu'elles ont été acceptées par le Corps des Pasteurs, <<< elle n'a point voulu établir qu'il soit nécessaire que l'acceptation du << Corps des Pasteurs soit solennelle, pour que de semblables Consti<«<tutions du Saint-Siége soient des Règles du sentiment des Fidèles ;

«< 5° Qu'elle étoit persuadée qu'il ne manque aux Constitutions << contre Jansenius, aucune des conditions nécessaires pour obliger <<< toute l'Eglise.....

« 4° Qu'enfin elle n'a point prétendu que les Assemblées du Clergé << aient droit d'examiner les Jugemens Dogmatiques des Papes pour << s'en rendre les Juges, et s'élever un Tribunal supérieur (2).

Le Cardinal de Noailles, en sa qualité de Président de l'Assemblée de 1705, fut chargé de transmettre au Pape l'Explication donnée par

(1) Extrait des Procès-verbaux de l'Assemblée du Clergé de France, en 1705. (2) Explication des Maximes établies au sujet de l'acceptation de la Constitution de N. S. P. le Pape Clément XI, dans les Séances des 21 et 22 Août 1705. Paris, le 10 Mars 1710.

les douze Evèques aux Maximes établies par cette Assemblée. Non seulement Clément XI n'en témoigna aucun mécontentement, mais il trouvoit l'Explication si sage et si judicieuse, qu'il insista pour qu'on lui en fit l'envoi d'une manière authentique et régulière ; il se plaignit même à Louis XIV des lenteurs affectées du Cardinal à s'acquitter de la Commission qu'il avoit reçue à cet égard. L'année suivante, l'Explication fut envoyée au Pape pour la seconde fois; et, s'il s'étoit glissé quelque erreur dans un premier envoi, comme le dit M. Bercastel, il n'est pas douteux qu'au moins le second ne fût conforme à l'original (1).

Je n'ai pas sous les yeux la Lettre même du Cardinal de Noailles, et peut-être n'a-t-elle jamais existé ailleurs, depuis 1711, que dans les Archives du Vatican. Néanmoins, je pense que tout Lecteur a le droit de s'inscrire en faux contre les extraits qu'en donne l'Anonyme, extraits dont il semble garantir la fidélité, puisqu'il les a imprimés en caractères Italiques.

(1) Hist. de l'Egl., t. XXIV, p. 90 et suiv. - Ibid, p. 228 et suiv.

N. B. Il y a de l'inexactitude et de la confusion dans le récit de M. Bercastel. D'abord, il donne à l'Explication faite en 1710, des Maximes établies en 1705, le nom de Lettre explicative du Clergé. Or, l'Explication des douze Evêques est rédigée en forme de Délibération ordinaire, et non pas en forme de Lettre, et le Cardinal fut chargé d'envoyer au Pape le résultat de la Délibération. Cette erreur n'est pas considérable en elle-même, et cependant elle peut donner lieu à des méprises plus importantes, en ce qu'il est possible, absolument parlant, que le Président d'une Assemblée n'exécute pas fidèlement la commission dont il est chargé. L'anecdote que M. Bercastel rapporte à la page 229, justifie cette observation.

En second lieu, cet Historien estimable introduit de l'embarras dans son récit, faute de rapprocher les dates des événemens. Il a tort de dire, page 228, que le Cardinal de Noailles, au bout de trois ans, étoit enco e à s'acquitter de la commission qu'il avoit reçue. Il a encore tort de dire, page 231, que l'entière exécution de cette affaire traîna près de six ans. Les Evèques donnèrent, en 1710, l'Explication des trois Maximes établies l'Assemblée de 1705. Ce fut dans le courant de 1711 que le Pape reçut, comme le rapporte M. Bercastel, la copie conforme à l'original de la Délibération prise en 1710; il n'y eut donc guère plus d'un an d'intervalle entre le commence ment et l'entière exécution de cette affaire, au lieu des trois ans ou des six ans que sappose tour à tour M. Bercastel.

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Selon lui, le Cardinal de Noailles, dans sa Lettre à Clément XI, s'exprime en ces termes : Lorsque le Clergé a dit que les Constitu<«<tions des Souverains Pontifes, acceptées par le Corps des Evêques, obligent toute l'Eglise, il n'a point prétendu que la formalité d'une pareille acceptation fút nécessaire pour qu'elles dussent être tenues « pour Règles de Foi et de Doctrine (1). Comparez maintenant ce texte prétendu de la Lettre du Cardinal de Noailles avec celui du second Article de la Délibération prise en 1710, qu'il étoit chargé de transmettre sans altération; voyez avec quel artifice on fait tomber sur l'acceptation du Corps des Evêques, ce que la Délibération ne dit que de la solennité de cette acceptation. Dans le second Article, l'acceptation des Evêques est regardée comme indispensable, d'après les Maximes établies par l'Assemblée de 1705. La solennité de l'acceptation n'a été regardée comme nécessaire ni par les douze Evêques, ni par l'Assemblée de 1705; mais ceux-ci ont déclaré explicitement qu'elle ne l'est pas, afin de couper la racine de toutes les fausses interprétations. Est-il croyable que le Cardinal de Noailles, mal disposé alors pour la Cour de Rome, eût commis une infidélité grossière, uniquement pour donner à entendre que l'acceptation du Corps des Evêques n'étoit qu'une simple et inutile formalité? Non seulement toutes les vraisemblances prouvent que ce Cardinal n'a pas écrit le passage que l'Anonyme lui impute, mais il paroît presque impossible que l'erreur de ce dernier ait été purement involontaire. Le Père d'Avrigny, dont il a mis plus d'une fois à contribution les Mémoires Chronologiques et Dogmatiques, prétend, comme lui, donner le texte réel de la Lettre du Cardinal de Noailles, et ce qu'il en rapporte est conforme au second Article de l'Explication des douze Evêques en 1710 (2). M. Bercastel, que l'Anonyme cite perpétuellement dans sa Dissertation, donne aussi des extraits de la Lettre du Cardinal au Pape; et ces extraits, qui s'accordent avec le texte de l'Explication des douze Evêques, different absolument du texte relaté par l'Anonyme (3).

(1) Diss. Hist., p. 54.

(2) Mém. Chronol. et Dogm., t. IV, p. 268.

(3) Hist. de l'Egl., par Bercastel, t. XXIV, p. 92.

Telle est l'incurie extrême, pour ne pas dire la mauvaise foi, de l'Ecrivain qui prétend avoir des droits à la confiance des Ecclésiastiques François.

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Il cite un autre passage comme faisant partie de la Lettre du Cardinal de Noailles, et conçu en ces termes : « Le Clergé n'a point eu la présomption de vouloir soumettre à son Jugement et examen les « Ordonnances des Souverains Pontifes. >> Comparez encore ce passage avec l'Explication de 1710, et vous verrez que le quatrième Article dit simplement que l'Assemblée de 1-05 «n'a point prétendu que « les Assemblées du Clergé aient droit d'examiner les Jugemens Dogmatiques des Papes pour s'en rendre les Juges, et s'élever un Tri« bunal supérieur. » Ces deux dernières clauses changent à tel point le sens de la Proposition, qu'en les supprimant, comme l'a fait l'Anonyme, elle devient susceptible d'un sens favorable à l'infaillibilité du Pape; au lieu que leur addition exprime la vraie Doctrine de l'Eglise Gallicane, sa pratique et sa théorie depuis son origine jusqu'au moment actuel. Comparez enfin le passage cité par l'Anonyme avec la Lettre du Cardinal de Noailles, telle qu'elle est rapportée par le Père d'Avrigny et M. Bercastel, et vous verrez que ces deux Historiens ont soin de citer la phrase, en y joignant les deux clauses qu'a supprimées l'Anonyme.

Je sens que je m'occupe trop long-temps de ses réticences, et je crains qu'il ne soit aussi fastidieux de lire, qu'il l'est pour moi d'écrire, la preuve de tant d'inexactitudes. Ce travail n'est pourtant pas sans utilité, et il est bon que ces hommes à la plume légère, qui égarent le Lecteur en écrivant au hasard, sachent que leurs erreurs sont aperçues, et que le jour de la rétribution peut arriver pour eux à chaque instant. Il me lira, cet Anonyme! et je l'assure, en présence de Dieu, que je n'ai pas contre lui le moindre fiel. Mais j'ai cru son Ouvrage dangereux dans cet âge, où on est porté à croire sur parole celui qui montre le plus d'assurance, et cette persuasion seule a pu me déterminer à exposer au grand jour ses fautes nombreuses. Je désire qu'il puisse se justifier des altérations que je lui reproche d'avoir faites à la Lettre du Cardinal de Noailles. Mes reproches à cet égard ne sont fondés que sur des milliers de probabilités; car j'ai déclaré n'avoir pas

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