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vrage publié à Londres en 1799, intitulé : Dissertation historique sur les Libertés de l'Eglise Gallicane, et l'Assemblée du Clergé de France de 1682, adressée à MM. les Ecclésiastiques Français. L'auteur se déclare l'ami de ces pieux exilés, et remplit effectivement à leur égard les devoirs prétendus d'une amitié brusque et ausfère; car, en leur accordant quelques éloges, il les compare sans détour « à un « Peuple affligé d'une difformité sensible, produite par l'usage d'une << certaine liqueur (1); » difformité dont il fait dépendre la guérison d'un renoncement soudain aux Libertés de l'Eglise Gallicane.

V. En 1790, le Révérend Charles Plowden avoit comme préludé à la Dissertation historique par des Considérations sur l'opinion moderne de la faillibilité du Saint-Siége dans les décisions dogmatiques (2). Dans cet Ouvrage, écrit en Anglais, M. Plowden débute par dire « qu'avant la Déclaration du Clergé de France, en 1682, les Ca<«<tholiques étoient généralement persuadés que les décisions solen<<<< nelles du Saint-Siége, en matières dogmatiques et morales, sont << infaillibles, et qu'à cette époque l'opinion contraire fut importée << en Angleterre avec d'autres raretés Françaises (3). » M. Plowden n'explique pas quelles sont les autres raretés importées de France en Angleterre en 1682; mais on voit que le titre même de son livre préjuge la question, en affirmant que l'infaillibilité du Pape est fondée sur le témoignage de l'Antiquité et sur la croyance universelle; et que le sentiment opposé est une opinion moderne, par conséquent fausse. Du reste, dans le corps de l'Ouvrage, M. Plowden ne donne pas la moindre preuve de son assertion gratuite sur la nouveauté du sentiment de l'Eglise Gallicane, quoiqu'il la suppose à chaque instant comme un

(1) Dissert. Hist.

› P. 106.

(2) Considerations on the modern opinion of the fallibility of the holy See in the decisions of dogmatical questions..... By the Rev. Charles Plowden. (London, 1790.)

(3) Before the Declaration of the Gallican Clergy in 1682, it was the general persuasion of Romans Catholics, that the solemn decisions of the holy See on matters of dogmatical and moral import are infallible. Since that epoch, the contrary opinion....... has been imported with other French rareties in to this Kingdom. (Consider. on the mod. Opin., etc., p. 1.)

fait incontestable et de la plus grande importance. Puis, se reposant sur ce triomphe prématuré, l'auteur traite ses adversaires avec une grande rigueur, et leur applique ces mots de Saint Augustin, parlant des Hérétiques du quatrième siècle : « Je vais écrire des choses dignes << d'être lues par ceux qui désirent éviter des dogmes contraires à la « Foi Chrétienne, ou des dogmes qui, se déguisant sous des expres<<<sions chrétiennes, induisent les Fidèles en erreur » : Scribam aliquid dignum lectione cupientium dogmata devitare Christiana Fidei contraria, aut christiani nominis obumbratione fallentia. Nous verrons bientôt si, en effet, les choses que M. Plowden va écrire sont dignes d'être lues, comme il l'affirme, par ceux qui veulent éviter les dogmes contraires à la Foi; en attendant, nous pouvons heureusement observer que les Conciles, les Papes, et les Ultramontains que la passion n'a pas égarés, ont parlé de l'Eglise Gallicane et de ses sentimens avec plus d'indulgence.

VI. En 1791, George Bruning publia également en Anglais un Ouvrage intitulé: Economie divine du Christ dans son Royaume ou son Eglise, telle qu'elle a été suivie, enseignée et réglée par lui-même, pour subsister à perpétuité, prouvée par la Sainte-Ecriture (1).

VII. Il faut l'avouer: M. Bruning est le seul de ces trois antagonistes qui entreprenne de prouver l'infaillibilité du Pape par l'autorité des livres saints. On voit même qu'il va de bonne foi et sans tergiversation à son but, quoiqu'il lui arrive de se perdre dans le vague, de poser des prémisses incertaines, ou d'en tirer de trop vastes conséquences.

D'abord, il avertit ses Lecteurs avee gravité et modestie, que, s'ils ne marchent pas conformément aux oracles divins, ils seront jugés d'après ces oracles, et que par eux seuls nous tomberons ou nous serons inébranlables: Standing or falling. Puis il emploie cent trente pages à développer les Textes de l'Ecriture où il est parlé de Saint Pierre, de sa prééminence sur les autres Apôtres, et de la fermeté de sa foi. Ses discours, ses miracles, sa prison, les prières de l'Eglise

(1) The divine Economy of Christ in his Kingdom or Church...... By George Bruning. (London, 1791.)

pour sa délivrance, tout est mis en usage par M. Bruning; il n'y a pas jusqu'à la chute de Pierre, et la résistance de Paul, qui, selon lui, ne concourent à démontrer l'infaillibilité du Pape.

Avant lui, le Cardinal Bellarmin s'étoit servi des mêmes preuves qu'il expose dans cinq Chapitres de son premier Livre De Romano Pontifice; et il y distingue vingt prérogatives attribuées à Saint Pierre par l'Ecriture (1); mais il se borne alors à en déduire le dogme de la Primauté du Saint-Siége, et suit une toute autre marche lorsqu'il veut établir l'opinion de l'infaillibilité du Pape.

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Le grand Evêque de Meaux, servant d'organe à l'Eglise Gallicane, concentre ces preuves en peu de lignes avec l'énergie qui lui est propre. « Saint Pierre paroît le premier en toutes manières, dit Bossuet: le premier à confesser la Foi; le premier dans l'obligation d'exercer « l'amour; le premier de tous les Apôtres qui vit Jésus-Christ res« suscité des morts, comme il en devoit être le premier témoin devant << tout le peuple; le premier quand il fallut remplir le nombre des Apôtres; le premier qui confirma la Foi par un miracle; le pre«mier à convertir les Juifs; le premier à recevoir les Gentils; le premier partout: mais je ne puis pas tout dire. Tout concourt à éta«blir sa Primauté; oui, tout, jusqu'à ses fautes qui apprennent à ses « successeurs à exercer une si grande puissance avec humilité et con

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descendance. Car Jésus-Christ est le seul Pontife qui, au-dessus, dit « Saint Paul, du péché et de l'ignorance, n'a pu ressentir la foiblesse « humaine que dans la mortalité, ni apprendre la compassion que par «< ses souffrances; mais les Pontifes, ses Vicaires, qui tous les jours << disent avec nous, pardonnez-nous nos fautes, apprennent à compatir d'une autre manière, et ne se glorifient pas du trésor qu'ils portent dans un vaisseau si fragile (2).

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Ce passage de Bossuet contient une analyse assez exacte des traits les plus saillans de l'Ouvrage de M. Bruning. Heureux si, se bornant à établir sur des bases inébranlables la Primaute du Saint-Siége, que confesse l'Eglise Catholique, il ne se fût pas efforcé d'appuyer sur

(1) Bellarm. de Rom. Pontif., 1. I, cap. XVII-XXII.

(2) Serm. sur l'Unité de l'Eglise.

les mêmes bases l'infaillibilité du Pape, qui est dans la classe des simples opinions théologiques! Mais, puisqu'il a embrassé cette opinion, puisqu'il a cru devoir consacrer sa plume à la maintenir, il auroit au moins dù montrer par quelques inductions plausibles, que l'infaillibilité du Pape est une conséquence nécessaire de sa Primauté : or, c'est ce que M. Bruning n'a pas fait; et tout Théologien Catholique le réfute d'une manière courte et victorieuse, en admettant le principe et niant la conséquence: Latiùs hunc quàm præmissæ conclusio non vult.

Chacun peut, en lisant l'Ouvrage de M. Bruning, s'assurer que nous n'atténuons en rien la force de ses raisonnemens. Lui-même en présente toute la teneur dans une péroraison pathétique, où il exhorte ses lecteurs à croire avec une égale fermeté, d'après l'autorité de Saint Mathieu, la Primauté de Pierre, et la trahison de Judas (1). Voici ce qu'il dit de Saint Pierre :

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« La Trinité Sainte et Indivisible a préparé la première place pour « le Chef des Apôtres, et l'a préordonné, afin qu'il fût le guide de « tous. Le Père Eternel lui a révélé d'une manière spéciale les deux «natures de son Fils: en conséquence, le Fils lui a donné dans son Royaume ici-bas, qui est l'Eglise, une préférence marquée; et le «Saint-Esprit n'a pas manqué d'assister Saint Pierre, et de le désigner plus particulièrement que tous les autres membres du Royaume « du Fils. L'homme osera-t-il dire que cela n'est pas vrai? Comme a s'il étoit plus difficile à Dieu d'assister un seul pour unir beaucoup « de brebis dans une seule bergerie, que d'en assister plusieurs afin qu'ils coopèrent au même but! (2) »

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(1) If what he said on Judas is most true, why not believe him equally on Peter? (The div. Econ., p. 137.)

1

(2) The holy and undivided Trinity prepared the first place for Peter; preordained him to be the guide to all. The Father Almighty revealed preferably to him, in a special manner, the two distinct natures of his son. The son in consequence, gave a decided preference to Peter in his Kingdom here. The holy ghost failed not to assist and point out Peter beyond every other member in it. Who then is man to say, it is not so? As if it where more for God to assist one uniting many in one fold, than to assist many cooperating for the same purpose! (Ibid, p. 138.).

Assurément il n'y a pas une des propositions qu'on vient de lire qui ne soit incontestable, en tant qu'elles expriment la prééminence de Saint Pierre et de ses successeurs. Il n'est pas moins évident que Dieu pouvoit, s'il l'eût voulu, accorder à tous les Papes le don de l'infaillibilité; mais la question principale n'en demeure pas moins intacte et non résolue, puisqu'il s'agit de savoir si Dieu, qui pouvoit les rendre infaillibles, a voulu qu'ils le fussent.

Au surplus, M. Bruning propose ses argumens, tous tirés de l'Ecriture-Sainte, avec la confiance qu'une pleine conviction peut seule opérer; mais il déclare en même temps que la discussion est libre et ouverte à tout le monde (1), et il a le mérite, trop rare dans cette controverse, de combattre ses Adversaires sans sortir des bornes de la charité chrétienne.

VIII. Enfin, dans le courant de 1795, parut un Ouvrage en forme de Lettre sur l'inexactitude théologique, upon theological inaccuracy (2). Comme ce Pamphlet, dont le titre annonce un plan vaste et des vues profondes, se borne à l'examen de quelques points qui concernent principalement les Catholiques d'Angleterre, la sagesse et l'amour de la paix nous imposent la loi d'en abandonner la discussion aux parties intéressées. Ainsi, quoiqu'il fût facile de relever nombre d'inexactitudes théologiques ou historiques, dans lesquelles l'Auteur tombe en critiquant la conduite et la doctrine du Clergé de France, nous les passerons sous silence d'autant plus volontiers, que la plupart, sans recourir à des citations textuelles de son Livre, seront réfutées dans l'Ouvrage qu'on va lire. Toutefois, avant de le finir, et quand il en sera temps, nous demanderons compte à l'Auteur du Pamphlet de la témérité schismatique de ses expressions, lorsque luimême présume de donner le nom d'Evêques schismatiques, schismatical Bishops (3) aux trente-cinq Prélats que Louis XIV, en vertu du Concordat, nomma aux Eglises vacantes depuis 1682 jusqu'en 1692.

(1) It is a free inquiry and open to all. (Ibid, p. xv.)

(2) A Letter to a Roman Catholic Clergyman upon theological inaccuracy. ... by R. Robert Plowden. (London, 1795.)

(3) Ibid, p. 126, 129, 130 et pass.

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