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l'Eglise (1). Pour le convaincre du contraire, je crois qu'il suffit d'observer la différence incommensurable qu'il y a entre la Foi et l'Opinion. Les Catholiques, sans exception, regardent l'infaillibilité de l'Eglise comme appartenante à la Foi, et dès lors il est impossible que l'Eglise mette l'Etat en danger par une fausse décision. Les Ultramontains ne croient pas que l'infaillibilité du Pape soit un dogme de Foi une foule de Catholiques pieux et savans sont persuadés que Je Pape n'est pas infaillible, indépendamment de l'accession du consentement de l'Eglise. Dès lors l'infaillibilité du Pape demeure pour les uns et pour les autres dans la classe des simples opinions. Dès lors cette croyance partage nécessairement l'incertitude inhérente aux opinions humaines. Dès lors on ne peut pas dire qu'il y ait une impossibilité métaphysique, ou de l'absurdité, à supposer qu'un Pape puisse rendre des Décrets contraires à la sécurité de l'Etat, ét que les Peuples se laissent égarer par la persuasion où ils seroient de son infaillibilité. En conséquence cette opinion peut, absolument parlant, donner de l'inquiétude à un Souverain, même Catholique, à moins que lui aussi ne soit persuadé de l'infaillibilité du Pape : ce qui arrive fort rarement.

Je sais que M. Milner peut objecter et qu'on a objecté que la croyance de l'infaillibilité de l'Eglise causera à un Prince non Catholique les mêmes inquiétudes que l'opinion de l'infaillibilité du Pape, puisque ce Prince, ne croyant ni à l'une, ni à l'autre, il craindra l'abus que des hommes mal intentionnés pourroient faire de l'une comme de l'autre. Mais si l'on réflécbit, on sentira que tout contribue à dissiper ses alarmes, lorsqu'elles ne sont causées que par la crainte de l'abus qu'on peut faire de la croyance de l'infaillibilité de l'Eglise. Pour qu'on en abusât, il faudroit que toute l'Eglise fût d'accord dans

(1) Against one assertion of the Layman, which insinuates the political danger resulting from the doctrine of Papal infallibility (2a Lett., p. 72)..... I will hurl defiance at him: Nothing being more easy to shew, than that no greater danger can result to the state from admitting the inerrancy of the Pope than from admitting that of the church itself, and not a hundreth part so much as from allowing each individual to erect a little tribunal of infallible authority in his own breast, for deciding on the sense of Scripture. (Eccles. Democr. detect., p. 98.)

l'enseignement des maximes qui mettroient l'Etat en danger; et tant que le Prince non Catholique ne verra pas cet accord, il n'aura rien à redouter de la persuasion où sont ses sujets, que l'Eglise est infaillible. Or, cet accord n'existera jamais, dès qu'on admet que l'infaillibilité de l'Eglise est un dogme de Foi, et par conséquent le danger n'étant que purement idéal, n'inspirera pas, même à un Prince soupçonneux, les plus légères appréhensions. L'opinion de l'infaillibilité du Pape n'étant pas un dogme de Foi, peut-on dire qu'elle offre en théorie les mêmes motifs de sécurité? Je laisse la réponse à faire à tout homme impartial. Quant à la sécurité pratique pour le présent et pour l'avenir, je crois fermement que la croyance de l'infaillibilité de l'Eglise n'est pas de nature à inspirer jamais des alarmes politiques. Je crois aussi que l'infaillibilité du Pape n'est, depuis long-temps, d'aucun danger pour l'Etat : l'influence de cette opinion va toujours décroissant, et d'ailleurs la religieuse modération qui caractérise les Souverains Pontifes modernes, écarte jusqu'à l'apparence même de tout péril. Loin de moi la pensée de renouveler des terreurs devenues chimériques! Mais l'assertion de M. Milner étant indéfinie, et s'appliquant à toutes les circonstances possibles, j'ai cru devoir montrer, par un léger aperçu, que, sous ce rapport, elle est absolument insoutenable.

Je suis entièrement de son avis lorsqu'il ajoute : « que l'opinion de « l'infaillibilité du Pape a cent fois moins de danger qu'il n'y en auroit « à permettre à chaque individu de s'ériger un petit tribunal d'autorité «< infaillible, en vertu duquel il décideroit, par sa seule raison, du « sens de l'Ecriture; » et probablement il trouvera >> et probablement il trouvera peu de contradicteurs de cette assertion, même parmi les Protestans.

XI. Revenons aux Dissertations publiées en 1790 et en 1799. Nous avons observé que les partisans des opinions ultramontaines s'attachent communément à flétrir leurs Adversaires par des imputations de Jansénisme et de révolte contre le Saint-Siége. Bossuet lui-même fut obligé de répondre à des accusations semblables, que les Détracteurs de son temps avoient hasardées contre le Clergé de France. M. Charles Plowden et l'Anonyme les renouvellent presqu'à chaque page, sans les appuyer de preuves, sans montrer de plausibles analogies, comme

on en sera convaincu par l'examen de leurs assertions, qui pèchent également faute de justesse en elles-mêmes, et faute de cohérence avec l'objet principal. Partout ils voient le Jansénisme, ou des opinions qui le favorisent; et ils ne songent pas qu'on nuit également à la cause de la Foi, en plaçant le Jansénisme là où il n'est pas, qu'en le dissimulant là où il est. La moindre réflexion eût fait sentir à ces hommes imprévoyans qu'ils trahissent, sans le vouloir, la cause qu'ils prétendent servir. En effet, quel triomphe pour les Novateurs, quel scandale dans l'Eglise, et quelle tentation pour les humbles Fidèles, si l'on parvenoit à prouver que l'innombrable multitude des Défenseurs de nos Libertés, une foule de Saints Evêques, des Docteurs qui furent les oracles de leur Siècle, des Universités savantes, des Conciles vénérés par toute la Catholicité, soutinrent des opinions favorables à l'erreur, et contraires à la soumission filiale qui est due à l'autorité légitime du Saint-Siége!

Mais heureusement de vaines déclamations ne tromperont pas le Catholique sensé, qui, après avoir lu les deux Dissertations, se demande avec surprise ce qu'a de commun le Jansénisme avec la Doctrine de l'Ecole de Paris, concernant la supériorité des Conciles OEcuméniques sur le Pape, avec les Enseignemens de Gerson, de Bossuet et de Fleury, avec les Maximes «< salutaires et fortes que l'Eglise Galli«< cane a trouvées dans la Tradition de l'Eglise Universelle? (1) »

Ne sont-ce pas surtout les Evêques de l'Eglise Gallicane qui, par leur soumission éclairée et filiale aux Décisions émanées de la Chaire de Saint Pierre, ont écrasé l'hydre du Jansénisme, en même temps qu'ils résistoient avec courage aux entreprises ultramontaines «< contre « le droit commun des Eglises, et la puissance ordinaire dans tous ses degrés, conformément aux anciens Canons? (2) »

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Enfin, n'est-ce pas le même Bossuet, dont la plume, redoutable à l'erreur, rédigeoit les quatre Articles de la Déclaration du Clergé, au moment où il exaltoit la plénitude de la puissance Apostolique, et où, ne reconnoissant rien au-dessus que toute l'Eglise Catholique ensemble,

(1) Bossuet, Serm. sur l'Unité de l'Eglise. (2) Ibid.

il s'écrioit en présence des Evêques assemblés? « Sainte Eglise Ro« maine, Mère des Eglises et Mère de tous les Fidèles, Eglise choisie

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de Dieu pour unir ses Enfans dans la même Foi et dans la même

Charité, nous tiendrons toujours à ton Unité par le fond de nos « entrailles ! (1) »

Il faut donc mettre à l'écart les reproches, les accusations et les soupçons de Jansénisme qu'ont accumulés les Partisans des opinions ultramontaines. Leur inconséquence et leur fausseté sont si évidentes, qu'il n'en résulte pas même un préjugé contre les Maximes de l'Eglise Gallicane; d'autre part, leur injustice, toute révoltante qu'elle est, ne doit pas préjudicier à la cause de ses Adversaires. Ce sont de simples superfétations qu'il faut retrancher, parce qu'elles nuisent à la simplicité du sujet, et surtout parce qu'elles sont contraires à l'Evangile de Jésus-Christ qui réprouve la calomnie.

XII. Il en est de même des autres injures et qualifications odieuses, que nombre d'Ecrivains prodiguent depuis cent ans aux Défenseurs des Maximes de la France. Les Dissertateurs modernes n'ont pas gligé ce genre d'argument. A la vérité, ils ne sont pas aussi exagérés que l'étaient leurs Devanciers à la fin du dix-septième siècle; leurs phrases sont moins fougueuses. Ils ne disent pas, avec l'Archevêque de Strigonie, en 1683, que ce sont les Ministres de Satan qui ont disséminé dans l'Eglise la Déclaration erronée, pestiférée et schismatique de 1682 (2); avec l'Archevêque de Valence, en 1693, «que Louis XIV << et les Hérétiques conspiroient ensemble pour agiter la France par «<les flots de l'hérésie, sortis du Tartare (3); » et avec le Marquis de

(1) Ibid.

(2) Decreta configere, propositiones interdicere, proscribere, prohibere, ut quæ Christianis auribus absurdæ, ac planè detestabiles, noxia, periculosæ in Fide....., à Satanæ Ministris disseminatæ, blandæ pietatis specie, Schismaticum virus instillent. (Cens. Hungar.)

scandalosas (3) Propositiones quas cætera Regna ut erroneas, impias in Fide, aversantur... Qui se Christianissimos gloriantur, unà cum Hæreticis conspirare. Petri naviculam et infallibilem ejus auctoritatem Tartareis Hæresûm fluctibus agitari. (Roccab. de Rom. P. infallib. Epist. dedic. et Præf., t. I. Epist. dedic. t. III. )

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Saretto, qu'on devroit jeter au feu la Déclaration de 1682, et avec elle les Prélats qui en furent les Auteurs, les Fauteurs ou les Approbateurs (1).

Au lieu de ces violentes diatribes copiées de Luther et de Calvin, l'Anonyme insiste sur la hauteur et les volontés absolues de Louis XIV, sur la foiblesse et le dévouement de quelques Evêques aux demandes impérieuses de la Cour, sur l'influence des Jansénistes, soit à Rome, soit en France, sur l'excès d'amour du grand Bossuet pour son Roi, sur son défaut de prévoyance, qui l'empêcha d'écraser le Jansénisme, au lieu de perdre son temps à la rédaction et à la d fense des quatre Articles, etc. etc. (2).

M. Plowden est encore plus fertile que l'Anonyme en expressions flétrissantes; presqu'à chaque page il accuse les Evêques de France de Considérations humaines, d'Intérêts humains, d'Adulation timide, d'envie de mortifier le Pape, en arrachant des plumes à la Tiare, pour en décorer la Mitre Episcopale. Par une contradiction manifeste et pleine d'immoralité, tour à tour il les appelle des Evêques respectables et des Prélats Courtisans dépourvus de candeur et de sincérité, ou entraînés par des paroxismes de loyauté, ou disposés à servir les passions et la colère du Prince, ou épouvantés par ses ordres absolus (3).

Son humeur contre le Clergé de France l'emporte à tel point, qu'il attribue « à la politique mondaine des Prélats Gallicans, ce qu'il appelle les deux plus cruelles plaies que l'Eglise ait reçues depuis

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(1) Præf. Defens. Decl. Conv. Cl. Gallic., p. IV.

(2) Dissert. Hist., p. 9, 93 et passim.

(3) Undiscerning compliance..... Courtly Prelates..... To mortify the Pope was the object steadily held in view. Every plume plucked from his Tiara was deemed a decoration to the Episcopal Mitre. The King was exasperated, and the Prelates assumed his passions...... It is undoubtedly the agreement of thirty-four respectable Bishops. This is an unmeaning gallican compliment destitute of candour and sincerity.. The Prelates influenced by the passions of their King. . . . . . Thirtyfour Bishops in a paroxism of loyalty. (Consider, on the Mod. Opin., p. 7, 8, 9, 10, 32, 34, 100, 101 et passim.)

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