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la Sicile, l'Ile de Chypre et l'Ecosse. En 1387, Jean de Monteson, Dominicain, soutint à Paris des Propositions qui furent condamnées la Faculté de Théologie et par l'Evêque de Paris. Jean de Monteson en appela au Pape Clément, siégeant à Avignon. La Faculté y envoya une Députation qui fut admise à plaider sa cause devant le Pape et en plein Consistoire. Pierre Dailly, Chef de la Députation, porta la parole. D'abord en son nom, et au nom de ses Commettans, il se soumet au Jugement du Saint-Siége, et parle au Pape comme un Plaideur à son Juge, comme un Fidèle au Père commun des Fidèles. Il reconnoît que le Siége Apostolique est la Chaire de Saint Pierre sur laquelle l'Eglise est fondée; la Chaire à laquelle il a été dit en la personne de Pierre : J'ai prié pour vous, afin que votre Foi ne défaille point; la Chaire à qui appartiennent principalement la détermination de la Foi et la détestation de l'Hérésie, ad quam determinatio Fidei... ac hæretica Impietatis detestatio maximè pertinet. Dans ces expressions, toutes relatives à la prééminence du Saint-Siége, telle qu'elle est avouée par les Catholiques, on ne voit autre chose que le langage uniforme de l'Eglise Gallicane, en particulier celui de Bossuet et de l'Assemblée de 1682.

Après ces préliminaires, Pierre Dailly accusa Monteson d'hérésie manifeste et de contradiction. Entre autres choses, il soutint que, « dans « les causes de la Foi, on peut appeler du Pape au Concile, et qu'il << appartient au Concile de définir ce qui concerne la Foi. » In causis Fidei à Summo Pontifice appellari potest ad Concilium... ad ipsum pertinet Concilium de causis Fidei definire. Monteson avoit soutenu les Propositions contraires, afin de justifier son appel; il s'enfuit, et fut condamné par le jugement de Clément VII et du Consistoire. Tel est le fait rapporté avec exactitude, et voila ce qu'il plaît à M. Plowden d'appeler une reconnoissance de l'infaillibilité du Pape, faite en 1587, par l'Université de Paris. Pour s'assurer de la fidélité de cette narration, et de la justesse des citations, on peut consulter l'Histoire de l'Université de Paris, par Duboulay; le second volume de Gerson, et la Collection de Dargentré (1).

(1) Hist. Univ. Par., t. IV, p. 62 o et seq. D'Argentré, Coll. Jud., t. I, part. II, p. 84.

Append., t. II. Gers., p. 703.

Déjà on aperçoit les idées qui étoient reçues sans opposition dans l'Eglise, à la fin du quatorzième siècle, puisqu'il étoit permis de les énoncer en plein Consistoire, en présence du Pape reconnu comme légitime, et que, loin d'y être censurées, ce fut le contradicteur de ces idées qui subit la condamnation. Elles n'avoient évidemment aucun rapport avec le temps de Schisme, puisqu'alors, c'est-à-dire environ trente ans avant le Concile de Constance, personne ne songeoit à fixer, par l'autorité d'un Concile Ecuménique, les droits respectifs des prétendans à la Papauté. Ces idées étoient directement contraires à l'opinion encore inconnue de l'infaillibilité des Papes; car il est impossible à une créature raisonnable de concevoir, même un instant, la pensée. d'un appel des Décisions dogmatiques d'un Tribunal qu'on regarderoit comme infaillible en matière de Foi; et néanmoins ces idées publiquement énoncées ne causoient de tremblement à personne; elles ne donnoient pas la torture aux oreilles catholiques du quatorzième siècle, parce qu'elles y étoient généralement reçues.

XVII. Au commencement du même siècle, c'est-à-dire long-temps avant l'époque de 1307, Guillaume Durand, Evêque de Mende, reçut du Pape Clément V l'ordre de composer un Traité sur la manière de célébrer le Concile général. Trois ans après, en 1310, l'Eglise étant en pleine paix, il fut appelé au Concile OEcuménique de Vienne, par Clément V, dont il conserva toujours la faveur. Dans son Traité, Durand insiste «< sur la nécessité de réformer l'Eglise dans son Chef «<et dans ses Membres. » Il y avance que «le Pape n'a pas le << pouvoir de faire des lois contraires à celles que les Apôtres et les << Pères ont établies; car, s'il en faisoit de telles, il tomberoit dans << l'erreur (1). » Ainsi, selon Guillaume Durand, il peut arriver que le Souverain Pontife, décidant avec l'appareil de toute l'autorité de sa Chaire, tombe dans quelque erreur, dont il faut que l'Eglise dispersée,

(1) Utile et necessarium quòd antè omnia corrigerentur et reformarentur illa quæ sunt in Ecclesia Dei corrigenda et reformanda, tam in Capite quam in Membris..... Papa non potest novas leges aut nova jura condere contra ea quæ Dominus vel Apostoli et eos sequentes SS. PP. sententialiter definierunt, quia aliter errare probaretur. (Tract, de Modo gen. Conc. celebr. Præf. et part. I, tit. I, p. 2, tit. V, p. 34.)

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l'Eglise en Concile et la Chaire de Pierre, aient des moyens de se garantir.

Ailleurs, il fait remonter immédiatement à Jésus-Christ, et non dériver du Pape, « l'autorité que les Evêques, successeurs des Apôtres, << exercent dans leurs Diocèses (1). Il veut que l'Eglise soit régie << par les Canons de l'Eglise Universelle, approuvés par les Apôtres, << les Saints - Pères, les Conciles généraux et particuliers, et les << Papes eux-mêmes (2). » Enfin il avertit « l'Eglise Romaine qu'en <<< voulant tout envahir, elle s'expose à tout perdre, comme le << prouve la soustraction d'obéissance de l'Eglise Grecque (3). » Néanmoins Guillaume Durand, fidèle au Dogme Catholique, veut qu'on reconnoisse positivement les droits légitimes et la Primauté du SaintSiége, pourvu, ajoute-t-il, que l'Eglise Romaine n'étende pas sans mesure, et sans l'aveu du Concile général, la plénitude de sa puissance Provisò quòd Romana Ecclesia.... non posset absque generali Concilio, habenas extendere plenitudinis potestatis (4). Il semble que cet Evêque savant et illustre traçoit, quatre cents ans d'avance, en présence de toute la Chrétienté, et avec l'approbation du Souverain Pontife, la Doctrine, et jusqu'aux expressions des quatre Articles de la Déclaration du Clergé de France sur la puissance Ecclésiastique. Assurément il falloit que M. Plowden eût totalement perdu de vue l'histoire et les monumens du quatorzième siècle, puisqu'il avance que «l'harmonie « de dix-sept siècles en faveur de l'infaillibilité du Pape, ne fut inter« rompue dans l'Eglise que par Bossuet et trente-trois autres Evêques << Français. >>

(1) Episcopi potestatem et honorem suum receperunt à Deo, à quo Ordo Prælationis institutus est, et à quo Episcopi in loco Apostolorum constituti sunt in singulis Civitatibus et Diœcesibus. (Ibid.)

(2) Secundùm generalem Ordinationem Universalis Ecclesiæ à Deo procedentem, et ab ejus Apostolis, SS. Patribus, generalibus et specialibus Conciliis, et Romanis Pontificibus approbatam. (Ibid.)

(3) Ecclesia Romana sibi vindicat universa; undè timendum est ne universa perdat...... Sicut habetur exemplum ab Ecclesiá Græcorum, quæ ex hoc ab Ecclesia Romanæ obedientiâ dicitur recessisse. (Ibid, part. II, tit. VII.)

(4) Ibid, part. III, tit. XXVII.

XVIII. Au commencement du quinzième Siècle, nous voyons toute l'Eglise en mouvement pour procurer l'extinction d'un Schisme opiniâtre. On célèbre les Conciles de Pise, de Constance et de Bâle; des milliers d'Evêques et d'Abbés Réguliers y assistent, ou par eux-mêmes, ou par leurs Députés, et y portent le témoignage de leur Doctrine, de la Doctrine de leurs Eglises et des Nations Catholiques parmi lesquelles ils vivoient. Les Chapitres de Cathédrales, les Universités, tous les Docteurs fameux dans l'Univers Catholique, y occupent un rang distingué; et ils s'accordent pour affirmer la supériorité du Concile sur le Pape, même légitimement reconnu. Je n'entre pas, quant à présent, dans l'examen du sens plus ou moins circonscrit qu'on doit donner aux Décrets de ces Conciles; mais il est une remarque importante, et qu'on ne doit jamais perdre de vue. Quel que soit le sens de leurs décisions, et quelque opinion qu'on se forme de l'autorité qu'ils conservent dans l'Eglise, il est vrai de dire que le Schisme a donné lieu à leur convocation; mais il est également vrai que les discussions Ꭹ furent générales, et fondées sur des principes généraux. Une autorité qui ne peut pas errer doit prévaloir sur une autorité sujette à l'erreur : Suppositum deviabile debet dirigi secundùm potestatem indeviabilem. L'Eglise Universelle est supérieure au Pape. Le tout est plus grand que sa partie. Le Pape doit être soumis à l'Eglise, sa Mère, à cause de l'autorité maternelle qu'elle a sur lui. Le Pape est soumis à l'autorité du Concile; et, s'il refuse obstinément d'obéir, il doit être puni canoniquement, debitè puniatur.

Au milieu des pensées qui agitent et mettent en fermentation tous les esprits dans ces temps de trouble, je ne vois pas que celle de l'infaillibilité du Pape soit venue à personne, puisqu'il paroît que le Cardinal Cajétan fut le premier qui, dans le siècle suivant, l'établit formellement en thèse générale, et s'efforça de la prouver par l'Ecriture. Jusque-là ce ne sont que des tentatives indirectes, des formules ambigues tirées de Décrétales équivoques ou fausses, ou bien la répétition d'expressions honorables pour le Saint-Siége, qu'employèrent les Pères de l'Eglise, et dont on s'est prévalu par la suite fonder une autorité sans bornes, pour exiger une soumission implicite, pour créer (comme s'en plaignoit l'Empereur Paléologue au Concile de Florence)

pour

des priviléges nouveaux : An si quis Sanctorum in epistold honoret Papam, excipiet hoc pro privilegio (1).

Par les mêmes moyens, et surtout à la faveur d'une fausse interprétation de la treizième Epitre du Pape Gelase, s'étoit introduite dans quelques esprits une opinion qui a beaucoup d'affinité avec celle de l'infaillibilité du Pape : je veux parler de l'opinion qui tient pour illégitime, dans tous les cas et sous toutes les formes imaginables, l'appel porté des Jugemens du Souverain Pontife au Concile OEcuménique. M. de Marca, qui regarde ces appels comme étrangers à l'ancienne discipline de l'Eglise, est cependant obligé d'avouer qu'ils furent employés dans plusieurs Conciles généraux, comme un remède extraordinaire. Si les Papes avoient, en effet, regardé leurs décisions comme irréformables indépendamment du consentement de l'Eglise, c'étoit à eux, sans doute, qu'il appartenoit de réprimer en face de l'Eglise les téméraires qui cherchoient à s'y soustraire par des appels illégitimes. Cependant nous ne voyons pas que, pendant les quatorze premiers Siècles, ces appels, portés au Concile général, aient été prohibés par un jugement émané du Saint-Siége. Un silence si remarquable de leur part n'est interrompu qu'après quinze cents ans, et l'Anti-Pape opiniâtre, Pierre de Lune, lance les premiers anathèmes contre les Rois, les Cardinaux, les Evêques et toute l'Eglise, qui se révoltoient, selon lui, par des appels présomptueux contre la plénitude de la puissance de l'Eglise Romaine (2).

Où est maintenant cette conviction universelle et perpétuelle de l'infaillibilité du Pape, sanctionnée, comme le dit M. Plowden, par la persuasion non contestée de dix-sept siècles, et qu'avant 1682 aucun Evêque Catholique n'avoit osé révoquer en doute? Qu'il montre cette harmonie non interrompue jusqu'à Bossuet et trente- trois Evéques François. Qu'il efface, s'il le peut, des fastes de l'Eglise, le savant et pieux Guillaume Durand, Evêque de Mende; Pierre d'Ailly, Maître de Gerson, Evêque de Cambrai, Cardinal et Légat du Pape Martin V; le célèbre Panormitain, Archevêque de Palerme, sur

(1) Conc. Flor., p. 507.

(3) Bulla: Crescit faciliter. — Epist. ad. Car. IV. Spicil.. t. IV, p. 180, 182.

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