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Chose étrange le souvenir de Philippe Seré, de l'homme qui sut employer généreusement une partie de sa fortune en acquisitions d'objets d'art, à la réparation de la tour de l'église de son village, et à une fondation qui devait rendre meilleure et plus éclairée la jeunesse de son pays, ce souvenir, disons-nous, ne s'y conserverait probablement plus sans l'inscription gravée au bas de la galerie du clocher de Beauval.

Cependant Philippe méritait bien que son nom passât à la postérité, ne fut-ce qu'à cause de cette autre disposition que renferme également son remarquable testament. « Envisageant la nécessité qu'il y a de faire enseigner la jeunesse qui manque souvent d'éducation dans les villages, et pour tâcher d'y réussir... J'ordonne, veux et entend et ma volonté est, qu'il soit basty une escolle aux dépens de ma succession, qu'elle soit belle et spacieuse, qu'il y ait deux chambres, une pour le chapellain, et l'autre pour les escolliers ou étudiants. >>

Nous avons cherché dans le cimetière de Beauval la place où fut inhumé Philippe Seré, cet écuyer de Mgr Fouquet, qui mit en défaut la vitesse de tous les courriers du grand roi, et nous n'y avons aperçu aucun mausolée, nul tombeau qui rappelle le nom de cet enfant de Beauval, qui fut le bienfaiteur de son pays.

Le nombre des paroissiens de Beauval qui ne s'élevait guère qu'à 800, en 1750, est maintenant de près de 5,000. Malgré cette augmentation de population la fabrique de l'église a peu de ressources, et le gouvernement est venu plusieurs fois en aide. à cet édifice religieux pour sa restauration.

On doit, dit-on, consolider le chœur de l'église de Beauval et peut-être même reconstruire en entier cette église; l'année dernière les contreforts, ou piliers butants, de sa haute tour en pierre, ont été réparés pour empêcher l'infiltration des eaux; mais ce travail paraît n'avoir été exécuté qu'imparfaitement faute sans doute d'ouvriers plus habiles.

Nous ajouterons, avant de finir, que l'église de Beauval a

donné lieu, il y a quelque temps, à l'examen de deux questions assez intéressantes pour l'histoire et l'archéologie. On a demandé 1° Pourquoi elle fut construite à l'extrémité du village, et 2° pourquoi, aussi, elle tenait au château du seigneur? à celà un de ces antiquaires qui croient tout savoir même bien écrire, a répondu gravement que l'église de Beauval se trouvait au bout du village parce que probablement ce pays n'avait pas la longueur, l'étendue qu'il offre maintenant, lorsqu'elle fut construite, et en second lieu que si elle touchait au château, c'était parce que le seigneur, qui l'avait peut-être fait bâtir, avait voulu qu'elle fut près de sa demeure.

Cette réponse ne consistant qu'en de simples conjectures, on doit regarder ces deux points comme restant inexpliqués.

H. DUSEVEL,

de la Société Impériale des Antiquaires de France, etc.

CRITIQUE.

M. D'HÉRICAULT.-M. LE VAVASSEUR. - M. MOLAND.

La Picardie recherche, étudie et apprécie chaque année avec bonheur, aux expositions des beaux-arts, les œuvres nouvelles des artistes, statuaires, peintres ou graveurs du Nord de la France; elle ne peut rester indifférente aux oeuvres littéraires qui sont déjà ou qui deviendront l'honneur de la Somme, de l'Oise, de la Canche ou même de la Lys, la transfuge qui fuit cependant trop vite vers la Flandre et la Belgique.

M. d'Héricault est un filleul de la Liane, la rivière au gracieux nom qui finit en de si laides écluses, mais M. d'Héricault la connaît surtout vers sa source. M. Le Vavasseur a été adopté par la Somme sérieuse et grave, élégie plutôt qu'idylle, mais dont il ne nous appartient pas de médire. M. Moland est né entre l'Aa et un canal. Il n'y a là, Dieu soit loué, dans l'opposition des rives, point de concetti de rencontre, à peine une antithèse, tout au plus un contraste dont je laisse la signification à chercher, si elle n'est encore trop subtile, anx abstracteurs de quintessence. L'Aa, d'ailleurs, est une rivière assez frétillante pour fournir des comparaisons à faire sortir de leur calme les eaux philosophiques de l'aqueduc.

Cette géographie expliquée, dirigeons-nous d'abord vers la Liane.

I.

LES MÉMOIRES DE MON ONCLE, par Charles d'Héricault,
Paris, P. Brunel, 1867.

Peut être érudit qui veut, à la rigueur; mais la bonne volonté et l'effort ne suffisent pas à créer l'homme d'imagination ou de raisonnement, le romancier, le philosophe, l'historien. M. d'Héricault, qui a donné de vaillantes preuves d'érudition autour de notre vieille littérature et de nos plus remarquables poètes du XV et du XVIe siècle (1), a fait lui-même et bril

(1) J'indiquerai plus loin les travaux communs de M. d'Héricault et de M. Moland sur les romanciers des XIIIe et XIVe siècles, ainsi que la publication de l'internelle consolacion ; les travaux d'érudition qui appartiennent uniquement à M. d'Héricault sont :

OEuvres de Roger de Collerye, nouvelle édition avec une préface et des notes par M. Charles d'Héricault, bibl. Elzévirienne, 1855. J'ai dit, un peu légèrement, il est vrai, quelques mots de cette publication dans le Pilote de la Somme du 5 juillet 1856.

OEuvres de Coquillart. nouvelle édition, avec une préface et des notes par M. Charles d'Héricault, deux vol. bibl. Elzévirienne, 1857. J'ai rendu compte autrefois de cette publication dans la Picardie de 1859, p. 328.

Essai sur l'origine de l'épopée française et sur son histoire au moyen-âge, par Charles d'Héricault, Paris, A. Franck, 1860.

OEuvres de Clément Marot, annotées etc., par Charles d'Héricault, Garnier, 1867.

Je n'ai garde d'oublier, entre ces publications d'œuvres vives et gaillardes, les Vies de huit vénérables veuves, par la R. M. de Chaugy, édition revuc avec préface, par Charles d'Héricault, Gaume frères, 1860. — J'ai rendu compte de ce volume dans la Picardie de 1860, p. 333.

Je dois enfin rappeler la grande part prise par M. d'Héricault dans la publication de M. E. Crépet, LES POÈTES FRANÇAIS. Le XVIe siècle, dans le tome Ier paru en 1861, lui appartient presque tout entier.

En histoire M. d'Héricault a écrit, avec M. Moland, la France guerrière,

lamment œuvre de création et de littérature personnelle (1). Il est du petit nombre des écrivains que notre revue a mission de suivre; il appartient, nous l'avons déjà dit, à notre Nord, à notre Ouest, et sinon tout-à-fait à la Picardie proprement dite, du moins au voisinage immédiate des frontières picardes, au Boulonnais. Je ne veux donc aujourd'hui m'occuper que du voisin de province, de l'auteur presque picard et d'une œuvre tout entière empruntée à la vie, à l'histoire, aux mœurs, aux paysages du pays entre le Mont-Hulin et Hardelot. Les faits rapportés, on s'en souvient encore de Zotinghem à Samer. Le livre intitulé LES MÉMOIRES DE MON ONCLE se compose de trois petits romans : Les Mémoires de mon Oncle, un Bachelier de Sorbonne, un Paysan de l'ancien régime, trois récits historiques, pourrait-on dire, mais d'un genre tout particulier, genre doux et familier qui n'abaisse aucunement l'histoire en la prenant à notre porte, entre les haies du village, dans notre plant, au coin de notre foyer même, en la faisant vivre enfin dans la mise en action, en mouvement, des anecdotes de canton ou de famille pieusement recueillies, en conservant aux acteurs des aventures les noms connus de nous et du voisinage. C'est le procédé de Walter-Scott

récits historiques d'après les chroniques et les mémoires de chaque siècle, Garnier frères, 1868; enfin seul, et dans ces derniers temps, au milieu de beaucoup d'autres travaux de critique et de polémique journalière Maximilien et le Mexique, histoire des derniers mois de l'empire Mexicain, Garnier, 1869, livre chevaleresque et loyal, plein d'éclaircissement précieux sur les évènements mal counus à distance et dans lequel la vérité bistorique la plus scrupuleuse ne perd rien à s'accompagner de l'intérêt poignant du drame.

(1) Citons ces quatre romans: Un Gentilhomme catholique, 1860;

La Fille aux bluels, 1860;

Les Patriciens de Paris, 1861;

Les extravagances du hasard, 1864.

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