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>> parties de la chrétienté. Quel beau rôle que celui » d'un Pape vraiment animé de l'esprit apostolique! >> Pasteur général du troupeau, il peut, ou le con

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» tenir dans le devoir, ou le défendre de l'oppression. >> Ses états, assez grands pour lui donner l'indépen» dance, trop petits pour qu'on ait rien à craindre » de ses efforts, ne lui laissent que la puissance de » l'opinion; puissance admirable, quand elle n'em» brasse dans son empire que des œuvres de paix, » de bienfaisance et de charité.

>> Le mal passager que quelques mauvais Papes » ont fait, a disparu avec eux; mais nous ressentons » encore tous les jours l'influence des biens im>> menses et inestimables que le monde entier doit » à la cour de Rome. Cette cour s'est presque » toujours montrée supérieure à son siècle. Elle » avoit des idées de législation, de droit public; >> elle connoissoit les beaux-arts, les sciences, la » politesse, lorsque tout étoit plongé dans les té>> nèbres des institutions gothiques. Elle ne se ré>> servoit pas exclusivement la lumière, elle la » répandoit sur tous; elle faisoit tomber les barriè» res que les préjugés élèvent entre les nations; » elle cherchoit à adoucir nos mœurs, à nous tirer » de notre ignorance, à nous arracher à nos cou»>tumes grossières ou féroces. Les Papes, parmi »> nos ancêtres, furent des missionnaires des arts, » envoyés à des barbares, des législateurs chez les

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sauvages. Le règne seul de Charlemagne, dit M. de » Voltaire, eut une lueur de politesse, qui fut pro»bablement le fruit du voyage de Rome,

» C'est donc une chose assez généralement recon

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qué l'Europe doit au Saint-Siége sa civili»sation, une partie de ses meilleures lois, et » presque toutes ses sciences et tous ses arts (1). Lorsque les Papes mettoient les royaumes en » interdit, lorsqu'ils forçoient les empereurs à venir ren dre compte de leur conduite au Saint-Siége, » ils s'arrogeoient un pouvoir qu'ils n'avoient pas ; , mais en blessant la majesté du trône, ils faisoient » peut-être du bien à l'humanité. Les rois devenoient plus circonspects; ils sentoient qu'ils avoient un » frein et le peuple une égide. Les rescrits des Pon» tifes ne manquoient jamais de mêler la voix des nations et l'intérêt général des hommes aux plaintes particulières. Il nous est venu des rapports que Philippe, Ferdinand, Henri opprimoit son » peuple, etc.: tel étoit à peu près le début de tous » ces arrêts de la cour de Rome.

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» S'il existoit au milieu de l'Europe un tribunal qui jugeât, au nom de Dieu, les nations et les monarques, et qui prévînt les guerres et les révolutions, ce tribunal seroit suns doute le chef-d'œuvre

(1) Génie du christianisme, IVe partie, liv. VI, chap. vi.

» de la politique, et le dernier degré de la perfection » sociale. Les Papes ont été au moment d'atteindre » à ce but (1)...

Secondés par les vœux, j'ai presque dit par l'instinct des peuples, et par l'esprit de la société profondément chrétienne alors, lės Papes en effet, avec un courage et une persévérance dont le principe étoit au-dessus de l'humanité, parvinrent à fixer le droit public, et à tirer de la force l'aveu qu'elle étoit soumise à une loi de justice (2). Tel est cependant l'empire des passions, que les princes, tout en reconnoissant cette Loi divine et le pouvoir chargé de veiller à son exécution, nė laissèrent pas de résister dans les cas particuliers. Leurs flatteurs s'empressèrent de justifier cette résistance, qui devint peu à peu systématique par l'autorité des exemples et par l'introduction du droit romain, où les jurisconsultes puisèrent tout ensemble et des idées républicaines et des maximes de despotisme qu'il prirent pour la vraie notion de la souveraineté. Dès lors, la politique se sépara toujours

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(1) Ibid, chap. XI.

(2) » Sans les papes, dit Jean de Müller, Rome n'existeroit plus. Grégoire, Alexandre, Innocent, opposèrent une digue >> au torrent qui menaçoit toute la terre: leurs mains pater» nelles élevèrent la hiérarchie, et à côté d'elle la liberté de >> tous les états.» Voyages des Papes, en allemand, 1782.

davantage de la religion, et l'on put de nouveau la définir la force dirigée par l'intérêt (1). On ne demanda plus, Cela est-il juste? mais, Cela est-il utile? Les princes furent sans frein, et les peuples sans protection. Nul n'étant lié par les traités, il n'existoit que des trèves; et de là cette fureur des armes qui désola si long-temps l'Europe, transformée en un champ de bataille où toutes les ambitions venoient tour à tour se mesurer. On réduisit en théorie le brigandage, la perfidie, la trahison, l'assassinat, et Machiavel fut le législateur de cette société de souverains qui se déclaroient indépendants de Dieu. Le livre du Prince, commenté par les passions, remplaça. l'Évangile interprété par les Pontifes. C'étoit là certes un grand progrès, et les lumières ne datent pourtant pas de nos jours; aussi les mieux instruits assurent-ils

(1) La décadence fut si rapide, que cette doctrine étoit avouée hautement sous les Valois ; et l'histoire de ces temps si agités et si malheureux n'en est qu'une perpétuelle application. » Les plus belles prétentions, dit Brantôme, et les plus grands >> droits que les roys et ces hauts princes scuverains ont, sans >> tant pointiller sur la justice, ni sur l'honneur, consistent sur » la pointe de leurs épées; et comme disoit le bon duc Philippe » de Bourgogne : Les royaumes appartiennent de droit à ceux » qui les peuvent avoir par force d'armes ou autrement. »> Hommes illustres français, tome VIII des OEuvres, p. 525.1

Alléguer l'ignorance des peuples et de leurs chefs. pour expliquer ce fait éclatant, ce seroit dire que le monde a été civilisé par une religion que personne ne connoissoit avant Luther; que l'ordre social et l'ordre religieux avoient jusque là reposé sur des bases fausses; qu'avant ce moine apostat, le christianisme n'avoit été prêché aux hommes que par des imbéciles ou des imposteurs; et qu'enfin, pour en venir aux dernières conséquences de la réforme, jamais Jésus-Christ n'eut l'intention d'instituer un saderdoce, et que sa doctrine bien comprise se réduit à l'affranchissement de toute autorité, au droit qu'a chacun de nier tous les dogmes et conséquemment tous les devoirs.

Voilà, de l'aveu des protestants (1), le christianisme réformé ; et si on ne veut pas y reconnoître le véritable christianisme, il faut bien, ou renoncer à le découvrir, ou le concevoir comme l'ont conçu les catholiques pendant dix-huit siècles. S'il y a quelque chose au monde de ridiculement absurde, c'est en rejetant le principe athée qui con

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(1) « Le protestantisme consiste à croire ce qu'on veut et à » professer ce qu'on croit. » L'évêque anglican Watson, cité par M. Milner. Voyez The end of religious controversy, etc. Part. III, pag. 125. « Le protestantisme est, en matière religieuse, >> l'acte d'indépendance de la raison humaine. » Revue protestante, quatrième livraison, pag. 151.

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