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remédier aux maux présents, d'échapper aux calamités futures? Toute sagesse seroit-elle vaine, tout effort impuissant? Ne reste-t-il qu'à se voiler la tête?

Écartons d'abord les soupçons bas et les accusations familières aux hommes qui ne conçoivent aucune opinion, aucun sentiment désintéressé. Si l'ordre doit revivre, ce ne sera pas de nos jours. Donc ceux qui demandent l'ordre, ne le demandent pas pour eux; ils ne jouiront point de ses bienfaits; aucune vue personnelle ne peut dès lors être leur motif; ils n'ont rien à espérer, rien à recueillir que l'injure, la calomnie et la persécution. On ne change point en quelques années l'esprit des peuples, c'est l'œuvre du temps; et jusqu'à ce que cet esprit ait changé, il est impossible que la société chrétienne renaisse. Elle est le fruit, non de la violence, mais de la conviction; sa base est la foi, et non pas l'épée. Elle existe quand on y croit, elle cesse d'être quand on cesse d'y croire, et jamais les lois ne la recréeront qu'en aidant à la rétablir dans la pensée et dans la conscience.

C'est la tâche des gouvernements; l'avenir des nations et leur propre avenir dépend d'eux, du moins en partie. Qu'ils y réfléchissent sérieusement; il s'agit de la vie. Qu'ont-ils fait jusqu'à présent que conspirer contre eux-mêmes? Le salut n'est pas où

ils l'ont cherché. Qu'ils le comprennent enfin, il n'existe aujourd'hui dans la société que deux forces: une force de conservation dont le christianisme est le principe, et dont l'Eglise est le centre; une force de destruction qui pénètre tout pour tout dissoudre, les doctrines, les institutions, le pouvoir même.

La plupart des gouvernements se sont placés entre ces deux forces, pour les combattre toutes deux. Ils combattent l'Eglise, parcequ'ils tiennent obstinément à un système d'indépendance absolue, qui, en abolissant la notion du droit, ébranle partout la souveraineté dans ses fondements. Ils se défendent comme ils peuvent, avec la police et des baïonnettes, contre la force révolutionnaire, qui tourne contre eux leurs propres maximes.

S'ils ne sortent pas, et bien vite, de cette position, leur ruine est certaine: car il est évident qu'aucun pouvoir ne sauroit subsister qu'en s'appuyant sur les forces de la société. On ne règne pas long-temps lorsqu'on ne veut régner que par soi; jamais l'homme ne subit volontairement le joug de l'homme. Il faut que la puissance descende de plus haut, de celui qui a dit: Per me reges regnant. On peut donc le prédire avec assurance, si les si les gouvernements ne s'unissent pas étroitement à l'Église, il ne restera pas en Europe un seul trône debout:

quand viendra le souffle des tempêtes (1) dont parle l'esprit de Dieu, ils seront emportés comme la paille sèche et comme la poussière (2). La révolution annonce ouvertement leur chute, et à cet égard elle ne se trompe point; ses prévoyances sont justes.

Mais en quoi elle se trompe stupidement, c'est de penser qu'elle établira d'autres gouvernements à la place de ceux qu'elle aura renversés, et qu'avec des doctrines toutes destructives elle créera quelque chose de stable, un ordre social nouveau. Son unique création sera l'anarchie, et le fruit de ses œuvres des pleurs et du sang.

Que si les gouvernements aveuglés sans retour persistent à se perdre, s'ils ont résolu de mourir, l'Église gémira sans doute, mais elle n'hésitera pas sur le parti qu'elle doit prendre: se retirer du mouvement de la société humaine, resserrer les liens de son unité, maintenir dans son sein, par un libre et courageux exercice de son autorité divine, et l'ordre et la vie, ne rien craindre des hommes, n'en rien espérer, attendre en patience et en paix ce que Dieu décidera du monde.

(1) Spiritus procellarum, pars calicis eorum. Ps. X, 7. (2) Tanquam pulvis, quem projicit ventus a facie terræ. Ibid. I; 4.

S'il est dans ses desseins qu'il renaisse, alors voici ce qui arrivera. Après d'affreux désordres, des bouleversements prodigieux, des maux tels que la terre n'en a point connus encore, les peuples, épuisés de souffrance, regarderont le ciel. Ils lui demanderont de les sauver; et avec les débris épars de la vieille société, l'Église en formera une nouvelle, semblable à la première en tout ce qui est de l'ordre fondamental, mais différente par ce qui varie selon les temps, et telle qu'elle résultera des éléments qui devront entrer dans sa composition.

Si au contraire ceci est la fin, et que le monde soit condamné, au lieu de rassembler ces débris, ces ossements des peuples, et de les ranimer, l'Église passera dessus et s'élèvera au séjour qui lui est promis, en chantant l'hymne de l'éternité.

TABLE DES CHAPITRES.

Avertissement de la troisième édition.

Préface.

CHAPITRE I. Etat de la société en France.

Page

CHAP. II. Que la religion, en France, est entièrement hors
de la société politique et civile, et que par conséquent
l'état est athée.

CHAP. III. Que l'athéisme a passé de la société politique
et civile dans la société domestique.
CHAP. IV. Que la religion, en France, n'est aux yeux de
la loi qu'une chose qu'on administre.
CHAP. V. Conséquences de ce qui précède par rapport au
gouvernement de l'Église et aux relations des évêques
avec le Pape, centre et lien de l'unité catholique.
CHAP. VI. Du souverain Pontife.

§ I. Point de Pape, point d'Église.

§ II. Point d'Église, point de christianisme.

§ III. Point de christianisme, point de religion, au
moins pour tout peuple qui fut chrétien, et par
conséquent point de société.

CHAP. VII. Des libertés gallicanes.

565

48

74.

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165

175

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§ I. Examen de cette proposition : La souveraineté tem-
porelle, suivant l'institution divine, est complète-
ment indépendante de la puissance spirituelle.
§ II. Examen de cette proposition: Le concile est supé-
rieur au Pape.

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