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CHANT PREMIER.

NOTE A.

Nel mezzo del cammin di nostra vita

Mi ritrovai in una selva oscura,

Che la diritta via era smarrita.

On verra au vingt-unième chant de l'Enfer, v. 112, que Dante avoir fait ce suppose voyage extraordinaire le Vendredi saint, de l'année 1300. A cette époque il avait trente-cinq ans, et, comme il le dit, il avait atteint le milieu de sa carrière. Il est facile de comprendre que cette forêt obscure, dont la seule pensée le fait encore frémir, est une image allégorique des passions et des vices, qui, à cette période de la vie humaine, se réunissent pour assaillir le cœur de l'homme.

On met en doute si l'adjectif amara, qui se trouve au septième vers, se rapporte à la forêt, où à la tâche pénible de décrire cette forêt. La phrase finit au sixième vers, et l'auteur en commence une nouvelle au septième, dans laquelle il me paraît reprendre le sujet de la forêt; d'ailleurs, la conjonction ma lie les deux membres de la phrase qui compose la troisième terzine, et le second se rapporte à la forêt.

NOTE B.

Ma per trattar del ben ch' io vi trovai

Dirò dell' altre cose ch' io v' ho scorte.

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Les opinions sont partagées à l'égard du mot del ben: Quelques-uns veulent que Dante ait entendu parler des avantages spirituels qu'il a dû retirer de son voyage dans les trois régions éternelles; mais ces commentateurs, parmi lesquels se trouvent Landino et Venturi, ne me paraissent pas avoir suffisamment considéré l'ensemble du sujet. Le Poëte ne saurait faire allusion à son voyage, dont il n'a pas encore fait mention; il ne s'agit dans ce qui précède le passage en question, et dans ce qui le suit, que de la forêt terrible dans laquelle il se trouva égaré. C'est dans cette forêt, c'est au moment où, après avoir fait de vains efforts pour en sortir, il allait s'y enfoncer de nouveau, qu'il fait la rencontre de l'ombre de Virgile, et c'est à cette heureuse rencontre, que j'applique sans hésiter le mot del ben,' puisque, comme nous allons le voir, c'est à elle qu'il sera redevable de son salut; mais avant de nous en parler, il veut nous entretenir des difficultés insurmontables qui se sont opposées à sa marche :-Ecoutons-le.

Une autre considération assez forte en faveur de ma manière de rendre ce passage, c'est que le pronom relatif vi ne se rapporte qu'à la forêt, et non au voyage qui eut lieu ensuite.

NOTE C.

Tant' era pien di sonno in su quel punto,
Che la verace via abbandonai.

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Il s'agit du sommeil de la raison, dont la voix ne se fait plus entendre à l'homme qui se laisse subjuguer par ses passions. L'aveuglement dans lequel il se trouve lui ôte la faculté de juger, et il s'écarte, de plus en plus, des règles de la sagesse et de la vertu.

NOTE D.

La notte, ch' i passai con tanta pieta.

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De même que le Poëte a parlé de l'aveuglement causé par les passions, comine du sommeil de la raison, il se sert encore du langage métaphorique pour désigner, sous le nom de nuit, la durée de cet aveuglement. Mais cette longue nuit, ce sommeil accablant, sont loin d'être tranquilles; au contraire, ils laissent, le cœur dans une agitation et une crainte continuelle; quoique la raison ait perdu son empire sur l'esprit, la conscience ne dort point, elle rappelle toujours l'homme au sentiment de ses fautes: tel est l'état d'être que Dante a peint dans cette crainte qui lui remplissait le cœur. Cependant il vient d'entrevoir le moyen de se tirer de ce danger éminent; une colline s'est offerte à sa vue, au delà de cette affreuse forêt, (c'est celle de la vertu); le soleil l'éclaire de ses rayons bienfesants; c'est-à-dire, les principes de la sagesse commencent à luire dans son cœur; ce spectacle appaise la crainte dont son âme est agitée, mais il contemple encore le péril auquel il a été exposé.

NOTE E.

Così l'animo mio, ch' ancor fuggiva,

Si volse indietro a rimirar lo passo,
Che non lasciò giammai persona viva.

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Quelle force, quelle vivacité d'action, Dante ne donne-t-il pas à ce passage en personnifiant ainsi le cœur et la pensée! Le rayon qui venait de pénétrer dans son âme, tout en accélérant sa fuite, ne lui permettait pas d'oublier ses dangers passés; quoique rassuré pas la vue de cette colline éclairée par la raison, sa pensée se reporte sur les agitations et les inquiétudes dont il a été la proie, dans la forêt des vices; il fuit, bien résolu à se vaincre; mais tout en fuyant il jette encore un regard en arrière, sur le lieu dangereux que nul mortel ne saurait éviter, et où souvent on se perd. Mais trois passions, puissantes à l'âge que Dante avait alors, s'opposent à notre marche dans le sentier de la vertu, et nous allons les voir, en effet, l'attaquer tour à tour.

Il y a deux manières de rendre lo passo, che non lasciò giammai persona viva;' j'ai choisi celle qui semble être la plus modérée et la plus raisonnable; cependant, je crois devoir les faire connaître toutes deux. En prenant Lo passo pour la sujet de le phrase, il faut traduire Le passage qui ne laissa jamais la vie à personne.' Venturi l'interprète ainsi. Mais si d'un côté il est incontestable que nul homme vivant ne soit exempt de passions et de vices, de l'autre il est également certain qu'ils n'entraînent pas toujours la perte du cœur; du moins, il est doux de penser ainsi, et il faut avoir bien mauvaise opinion du cœur humain, pour croire le contraire.

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