Sayfadaki görseller
PDF
ePub

DESCRIPTION DE L'ENFER.

LE but principal des remarques qu'on va lire étant de rendre la lecture de la première partie de la Divina Commedia plus facile et plus familière, je me garderai bien de suivre Vellutello, Landino, et autres, dans les longs calculs qu'ils ont entrepris, pour assigner à chacune des parties, qui composent l'Enfer de Dante, une mesure exacte. De tels calculs ne feraient qu'embarrasser l'esprit, en même tems qu'ils tendraient à diminuer l'illusion que le Poëte a voulu produire : Le bon goût paraît y répugner, et il semble même qu'il y ait quelque chose de pénible à assujettir à des proportions exactes un ouvrage où tout est inventé, et qui doit tout son charme à une imagination vive et féconde, à un génie vaste et profond, à un cœur capable de toutes les impressions, et enfin, à des talens extraordinaires pour la poésie. Il en est de ces choses, comme des décorations de théâtre, qu'il faut voir d'un certain point, et qui cessent de frapper la vue et de produire leur effet dès qu'on s'en approche de trop près. Je me contenterai donc de présenter à mes

lecteurs l'ensemble de la machine enfantée par l'imagination éminemment poétique de Dante, pour punir le crime, et de mettre sous leurs yeux des points de marque, pris dans l'ouvrage même, qui les aideront à le suivre dans sa marche.*

Je ne m'arrêterai pas non plus à rechercher ici dans quelle source le Poëte Florentin a pu prendre l'idée de sa Divine Comédie; ces considérations se rattachent plus particulièrement aux mœurs et aux tems du treizième siècle, et je me suis réservé à en parler dans les remarques générales qui doivent suivre les

notes.

Pour se faire une idée des régions infernales de Dante, qu'on s'imagine donc une espace circulaire immense, divisé en un certain nombre de cercles concentriques; qu'on suppose ensuite que tous ces cercles ne soient pas sur un même niveau, mais qu'ils aillent tous, au contraire, en descendant, c'est-à-dire, que le second soit plus bas que le premier, le troisième plus bas que le second, &c. &c. On aura alors à peu près la figure d'un amphithéâtre, dont les gradins auront plus ou moins de largeur, et plus ou moins d'élévation entre eux. Mais comme le tout se termine par un puits d'une grande profondeur, il convient peutêtre mieux d'imaginer un entonnoir d'une forme très évasée, dont ce puits sera la pointe.

*Vellutello donne aux différens cercles les proportions suivantes. Le cercle des oisifs a 315 milles de diamètre; le premier cercle de l'Enfer, 280; le deuxième, 245; le troisième, 210; le quatrième, 175; le cinquième, 140; le sixième 72; le septième, 70; le huitième, 35; et le neuvième, 3000 brasses. Il fixe également leur profondeur d'une manière précise. Les cinq premiers en ont 14 milles; le septième, 70; et le huitième 140. Il entre à cet égard dans des raisonnemens qu'il est inutile de suivre, parce qu'ils ne sont appnyés que sur des conjectures.

Qu'on suppose maintenant que cet entonnoir soit placé dans l'intérieur de notre globe, de manière à ce que la pointe corresponde avec le centre, et que l'embouchure soit tournée vers notre hémisphère, dont Jérusalem occupera le milieu; ensuite, qu'une ligne, partant de Jérusalem, passe par le centre, et soit prolongée jusqu'à ce qu'elle touche à la circonférence de la terre, de l'autre côté du centre, le point où elle la rencontrera, aux antipodes de Jérusalem, sera l'endroit où Dante place le Purgatoire. Il n'est pas besoin de dire que cette ligne passera aussi au milieu de l'entonnoir, et qu'elle pourra servir à marquer le centre de chacun des cercles.

Tels sont la forme, la position et le coup-d'œil général de l'abîme de la douleur inventé par Dante. Je vais maintenant faire l'analyse de son voyage, depuis son entrée dans le cercle supérieur, jusqu'à sa sortie du puits central, et mettre le lecteur à même de le suivre, en citant les différens passages où il fait mention de sa marche.

ENTREE DE L'ENFER.

La nuit couvrait la terre de ses ombres, lorsque Dante, rassuré par les paroles de Virgile, se décida à le suivre, et à passer la porte terrible, qui ôte tout espérance à ceux qui en franchissent le seuil.

Lo giorno se n' andava, e l' aer bruno
Toglieva gli animai, che sono in terra,
Dalle fatiche loro :

Canto II. 1.

lls entrent tous les deux dans une plaine immense, où sont placés les oisifs et les indifférens, qui n'ont

mérité ni récompense ni punition; mais ils ne sont pas encore parvenus en Enfer, il faut auparavant passer l'Achéron: Ce fleuve en marque les limites ici, comme chez les payens. Dante traverse la plaine, arrive sur les bord de l' Achéron, et se trouve transporté sur l'autre rive d'une manière miraculeuse;

Vero è, che 'n su la proda mi trovai
Della valle d'abisso dolorosa.

PREMIER CERCLE.

C. IV. 7.

LES LIMBES.

Ici Dante place les âmes des hommes vertueux qui n'ont pas connu la foi des Chrétiens, et qui, suivant son expression,

Non adorar debitamente Dio.

C. IV. 38.

Là se trouve un endroit séparé pour les ombres de quelques personnages distingués, tels qu'Homère, Platon, César, &c. &c., ils habitent une verte prairie, leur séjour privilégié est éclairé par un feu brillant, et des murs et des fossés défendent l'entrée de cette espèce d'Elysée aux âmes vulgaires.

DEUXIEME CERCLE. LES VOLUPTUEUX.

En quittant les Limbes, les Poëtes passent dans le second cercle, au bord duquel est Minos, assis sur un tribunal. Ce cercle est plus bas que l'autre,,

Così discesi del cerchio primaio

Giù nel secondo,

C. V. 1.

et forme le second échelon de l'Amphithéâtre. Ici sont renfermées les âmes de ceux qui, entraînés par

« ÖncekiDevam »