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AU LECTEUR.

Environ cent cinquante volumes de l'Encyclopédie théologique, embrassant, d'une manière plus ou moins large, toutes les parties de la science, ont déjà été publiés et, néan moins, dans la composition de notre Dictionnaire des Savants et des Ignorants, les empiétements que nous avons dû faire dans les spécialités traitées dans les autres dictionnaires, nous le croyons, n'ont pas dépassé la valeur d'une feuille et demie à deux feuilles.

Le nombre des spécialités que nous avons fait entrer dans notre cadre est considérable. Ces spécialités ne pouvaient être définies par un seul mot, et de là le titre que nous avons adopté pour ce Dictionnaire, titre qui ne peut évidemment avoir qu'une justesse proportionnelle aux limites dans lesquelles nous avons dû nous renfermer.

Les bases de notre travail ont été : 1° les titres, les charges, les dignités, avec les attributions, droits et devoirs, prérogatives et priviléges y attachés; 2° les institutions politiques, municipales, judiciaires, universitaires, militaires, maritimes, etc.; 3° les textes de nos Concordats et de nos Chartes et Constitutions politiques; 4° la définition et le résumé historique des grandes divisions de la science, des beaux-arts, etc.; 5° les mœurs, les coutumes et les cérémonies des divers peuples, dont la connaissance est intéressante à divers titres; 6° les usages spéciaux des temps chevaleresques; 7° les faits propres à caractériser les temps féodaux, les droits des seigneurs, les devoirs des vassaux, etc.; 8° les ordres religieux, de chevalerie, etc.; 9° les lois, ordonnances et décrets organiques, concernant les professions et charges d'avocats, notaires, avoués, huissiers, etc.; 10° tout ce qui regarde l'ancienne cour de France et la maison domestique et militaire de nos anciens rois; 11° tout ce qui regarde nos anciennes et nouvelles institutions: universités, parlements, cours et tribunaux, écoles diverses, conseils divers, chambres de tous les noms, etc.; 12° dieux et déesses de tous les temps et de tous les lieux, dont il n'est pas question dans les mythologies qui sont entre les mains de tout le monde; 13° fêtes et cérémonies, oracles et temples célèbres dont beaucoup de personnes peuvent parler vaguement, mais que peu connaissent d'une manière précise; 14° mots qui ne paraissent avoir qu'une signification ordinaire, mais qui rappellent des souvenirs intéressants, etc., etc.

Les éléments dont nous nous sommes servi pour composer ce Dictionnaire n'avaient pas été recueillis dans l'intérêt du public, mais dans celui de nos propres études. Nous ne les avons pas puisés dans les peu sérieuses encyclopédies de tous noms qui ont paru avant 1848, ni dans les dictionnaires plus ou moins encyclopédiques en deux volumes, dont les auteurs, ayant voulu tout embrasser, n'ont pu donner de chaque mot qu'une aride définition, mais bien aux sources premières, autant qu'il nous a été possible.

Nous n'entendons pas affirmer par là que tout ce qui est entré dans notre Dictionnaire est exact et authentique. Tout vérifier eût exigé plus de temps que celui dont nous pouvions disposer; mais il suffira de parcourir quelques pages de ces deux volumes pour s'assurer qu'ils contiennent une quantité de documents qui ne se trouvent pas dans les encyclopédies les plus volumineuses ou ne s'y trouvent généralement qu'à l'état de simple mention.

Dictionn. des Savants et des Ignorants. I.

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Pour ce qui regarde la rédaction, nous avons fait bon marché de notre amour-propre d'écrivain, et nous avons donné les faits et documents à peu près tels que nous les avions recueillis, nous contentant de retrancher ce qui nous semblait inutile et d'ajouter ce qui nous paraissait utile.

En résumé, ce Dictionnaire n'a, par lui-même, rien d'encyclopédique, puisque nous n'y avons dû faire entrer qu'une quantité de mots limitée par les nombreux dictionnaires composant la collection qu'il contribuera à compléter; cependant il nous semble destiné à rendre à la masse des souscripteurs de l'Encyclopédie théologique des services véritables.

Le grand ensemble de notre travail ne se composant que d'emprunts, il semble que nous devrions, pour être juste, citer, ici au moins, les noms de nos prêteurs, que nous n'avons généralement pas mentionnés à la suite des articles que nous nous sommes appropriés; mais comme, sauf trois ou quatre articles pris dans des journaux, dont nous n'avons pas conservé les titres, nos emprunts n'ont été faits qu'à des morts ou à des collections appartenant au domaine public, nous croyons pouvoir nous abstenir de perdre, en citations de noms propres et de titres d'ouvrages plus ou moins connus, les quelques pages que nous nous sommes réservées pour l'Introduction qui va suivre ce petit préambule.

INTRODUCTION.

SYMPTOMES DE DECADENCE.

I.

Là où nous voulons alier, nous allons; ce que nous voulons faire, nous le faisons; là où on ne nous fait pas la gracieuseté de nous marquer de l'amour, on nous fait l'honneur de nous témoigner de l'envie; là où on n'ose pas nous dire qu'on nous hail, on avoue très-bautement qu'on nous craint. Nous semblons avoir à la fois trop de sang et trop d'or, et nous prodiguons l'un et l'autre avec une générosité qui n'a de précédent dans l'histoire d'aucun temps et d'aucun peuple; il faudrait, voulons-nous dire, remonter à de bien longues années pour retrouver la France placée devant le monde avec des apparences de force et de grandeur plus magnifiques que celles qu'elle présente aujourd'hui.

Devant le tableau de cette grandeur et de cette force, je voudrais, comme le vulgaire, me composer une double joie, dont l'une s'appellerait orgueil du présent, et l'autre, confiance dans l'avenir; mais j'entends sortir du fond de ma raison et du fond de 1 histoire deux voix qui me demandent quelles sont les causes réelles de la force et de la grandeur des empires, et quelles sont les causes de leur décadence et de leurs ruines.

Les réponses à faire à ces deux interrogations sont plus faciles à trouver qu'à formuler. Je vais essayer cependant de les faire de manière à respecter tout ce que la loi déclare respectable, mais sans sacrifier, sans humilier, au fond, les droits sacrés de la vérité.

Héritiers de toutes les richesses, de toutes les forces matérielles, intellectuelles et morales, que les siècles se sont successivement transmises jusqu'à nous, n'est-il pas vrai de dire que nous semblons regarder tout ce qui nous environne avec autant d'orgueil que si tout cela était notre propre ouvrage ? N'est-il pas vrai de dire que le travail du passé n'est rien pour nous, et que pour nous le temps est né d'hier?-Oui, il est vrai de dire que, sous des formes plus ou moins déguisées, nous nous vantons sans cesse de nous être improvise notre civilisation; oui, il est vrai de dire que ce que nous sommes, nous croyons l'être par nous-mêmes, et que, pour nous, ce siècle c'est nous et rien que nous.

C'est contre ces ridicules prétentions que nous nous souvenons d'avoir protesté un jour dans les termes qui suivent:

« Nous estimons, avec raison, que l'homme qui est quelque chose par lui-même est infiniment plus digne de considération que celui qui a reçu tout faits et son nom et sa fortune. Si nous étions conséquents avec nous-mêmes, nous aurions soin, avant de nous placer au-dessus de nos pères, de leur tenir compte des matériaux, des instruments et des forces qui ne sont pas notre œuvre, mais la leur.

« Ces matériaux, ces instruments, ces forces nous paraissent les choses les plus simples du monde. Les ayant trouvées toutes faites, nous ne nous sommes jamais demandé si leur découverte n'a pas dû exiger des efforts de génie dignes d'être admirés; ayant ainsi toujours joui des travaux exécutés par nos devanciers dans le cours des siècles, sans chercher à en apprécier la valeur, nous semblons croire que ce que nous voyons a toujours été tel que nous l'avons trouvé en naissant.

« Combien nous serions plus justes envers le passé, si, faisant un instant, par la pensée, table rase de tout ce qui nous entoure, et nous efforçant d'oublier les mille notions et connaissances que nous avons puisées au sein de notre civilisation, nous nous supposions

ramenés au point de départ des premières sociétés ! Combien nous parlerions avec plus de modestie des conquêtes que notre intelligence ajoute chaque jour à celles que les siècles nous ont léguées, si nous nous rendions bien compte de la nature de ces conquêtes, et si surtout nous voulions bien nous dire que nous ne les faisons qu'avec le secours d'armes qui ne sont pas notre ouvrage!

<< Ayant trouvé existants et portés au plus haut degré de perfection tous les arts nécessaires l'art de nous nourrir, l'art de nous vêtir, l'art de nous loger, l'art de nous défendre, etc., et n'ayant plus d'autre souci que celui de multiplier nos jouissances, est-il donc bien étonnant que nous ayons eu, nous aussi, quelques heureuses inspirations, et que nos luttes, soit contre la matière, soit contre l'inconnu, n'aient pas été moins fécondes que celles des siècles pour lesquels le travail de l'esprit était, comme pour le nôtre, un besoin?

<<< Une seule chose serait étonnante: c'est que, rien ne nous manquant, ni la matière, ni les instruments, ni la science, nous eussions remué tout cela, pendant plus d'un demisiècle, sans pouvoir en faire sortir quelques créations dignes de recommander notre mémoire à nos neveux.

« Ce sont, sans doute, de merveilleuses manifestations de nos forces intellectuelles que les nombreuses applications que nous avons faites de la vapeur, de la lumière et de l'électricité; mais l'ardeur avec laquelle nous nous sommes précipités vers les travaux qui ont pour principal objet le bien-être matériel mérite-t-elle bien d'être louée sans restriction, et n'est-il pas à craindre que nous ne payions un jour d'un prix trop élevé nos rapides triomphes sur le temps et sur l'espace? Enivrés de ces triomphes, n'épuisons pas, pour les multiplier et les rendre plus brillants, des forces que réclament des besoins d'un autre ordre?

<< Il faudrait avoir l'intelligence frappée d'une cécité complète, pour ne pas voir que, dans une société, qui ne semble plus avoir d'admiration que pour les conquêtes matérielles, le goût des études qui fortifient les esprits, réchauffent les cœurs et élèvent les âmes, doit nécessairement passer de l'affaiblissement à la mort. »

Mais revenons à notre point de départ, à la glorification que nous faisons du présent aux dépens du passé.

Une exagération dans un sens amène presque toujours une autre exagération dans le sens contraire. Notre siècle s'est montré injuste envers le passé il devait trouver, il a trouvé des hommes qui se montrent injustes envers lui. Il avait dit : « Mes créations ne doivent rien aux siècles antérieurs; » on est venu lui répondre « Tu n'as rien créé; tu n'as fait qu'appliquer les théories de la vieille science; tu n'as été que le metteur cu œuvre des matériaux amassés avant que tu ne fusses né. »

Quoiqu'il y ait quelque chose de vrai au fond de cette accusation, il est certain, néanmoins, que notre âge marquera sa place dans le temps par des œuvres qui ne laisseront pas son nom sans gloire. Mais ne nous abusons pas sur la nature de cette gloire, et gardons-nous de supposer qu'elle appartienne jusqu'ici à la classe des gloires qui font les grands siècles.

La postérité et l'histoire finissent toujours par être justes. Elles font quelquefois à un conquérant l'honneur de donner son nom au siècle qu'il a rempli du bruit de ses exploits; elles rappellent avec reconnaissance les époques remarquables par les progrès qu'elles ont fait faire aux arts de la vie matérielle; mais elles réservent le nom de grand pour les siècles qui ont consacré les principales forces de leur génie au développement des sciences et des arts civilisateurs.

Grâce à cette glorification, la grande ambition de chaque peuple, jusqu'à nos derniers temps, était d'avoir les premiers philosophes, les premiers savants, les premiers poëtes, les premiers artistes du monde. Comment donc se fait-il que la grande ambition de chaque peuple soit aujourd'hui d'avoir les plus habiles manipulateurs et metteurs en œuvre des

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