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Dieu! vers quelle idée sombre, vers quelle image funeste me rejette un pareil souvenir! Infortuné monarque! Hélas! il a pu dire comme une autre victime:

» Et déjà d'Ilion présageant la conquête, » D'un triomphe si beau je préparois la fête : » Je ne m'attendois pas que pour la commencer » Mon sang fût le premier que vous dussiez verser.

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SECTION II.

ASSEMBLÉE DES ÉTATS.

Réflexions générales.

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A l'époque des états-généraux, je ne sais si personne avoit encore réfléchi mûrement sur les diverses conséquences du rétablissement de cet antique usage, au milieu d'un siècle nouveau. L'imperfection originaire des assemblées nationales, l'incompabilité, l'incohérence de leur constitution avec la situation des affaires avec les besoins de la France, avec l'esprit du tems, tous ces grands objets de méditation n'étoient encore apperçus que d'un trèspetit nombre d'observateurs. On étoit alors séparé, par un long intervalle, des derniers états-généraux. On n'avoit été préparé, ni par aucune pensée graduelle, ni par aucune idée riveraine à étudier leur organisation, à en connoître le défaut ; et environnés d'un nuage, pour les hommes du tems présent, ils se présentoient à leurs regards

comme ces formes voilées que l'imagination embellit.

Cependant on les vouloit ces étatsgénéraux, on les demandoit, et l'on croyoit qu'en retournant à d'anciens erremens, on écartoit simplement les intermédiaires, et qu'on ne provoquoit aucun changement. Mais en politique, comme en toute espèce de combinaisons dont les rapports varient, il n'y a plus de continuité lorsqu'on rétablit, pour des circonstances nouvelles, une ordonnance oubliée, une législation de vieille date. On peut être alors plus remuant, plus systé→ matique que si l'on adaptoit à ces mêmes circonstances un systême absolument inconnu. L'identité de pays, l'iden tité de nation; voilà Puniformité dont tout le monde est frappé et l'identité des lumières, de moeurs et de richesses y cette identité que le tems altèré si for→ tement, cette identité, néanmoins la plus importante de toutes, échappe souvent à l'attention, parce qu'elle ne s'offre point de la même manière au jugement et à la perception de nos sens.

A

Toutes les anciennes assemblées d'états-généraux, si l'on excepte les tems de faction qui signalèrent la régence de Charles V, toutes ces assemblées n'a

voient jamais été convoquées que du propre mouvement des monarques Français, et ils pouvoient, avec raison, les considérer comme une sorte de sénat éphémère qu'ils étoient les maîtres de dissou dre à leur volonté. Ils demandoient à ces états des subsides extraordinaires, et en échange ils leur permettoient de composer des doléances, dont les rois différoient l'examen selon leur bon plaisir; et l'on a vu souvent les mênies réclama tions, continuées ou reprises à toutes les tenues d'états-généraux, n'y servir que de texte à l'éloquence des orateurs.

La forme, la composition de ces états, tant qu'ils furent ainsi subordonnés à l'ascendant ou à l'autorité du gouvernement, durent paroître d'une foible importance, et l'étoient en effet. Mais les causes qui avoient entretenu cette dépendance n'existoient plus, et un changement d'une si grande conséquence exigeoit peut-être à lui seul, de nouvelles combinaisons et de nouvelles pensées.

Le tems n'étoit plus où les rois, riches de leurs domaines particuliers et des différens droits qui en faisoient partie', n'avoient à demander aux états-généraux que des supplémens de revenus infiniment circonscrits. Louis XVI jouissoit à peine de

dix millions de revenus, en bois, en fermages, ou en droits attenans à la suzeraineté féodale; et c'étoit pour la somme entière des dépenses publiques, pour la somme entière des intérêts attribués à une dette immense, qu'il se trouvoit dans la nécessité de recourir aux concessions des états-généraux; nécessité qui fut décidée par une résolution des cours souveraines et au moment où le parlement de Paris se déclara dans l'impuissance légale d'enrégistrer dorénavant aucun impôt et aucun emprunt.

Une détermination pareille, une nouveauté si étrange ne pouvoit manquer d'entraîner les plus grandes conséquences.

Quel crédit, quelle puissance ne devoient pas obtenir les députés du tiers-état, les représentans du plus grand nombre des contribuables, lorsqu'ils étoient appelés à délibérer sur toutes les conditions et sur tous les motifs d'un sacrifice annuel de cinq cents millions!

Le clergé de France, à l'époque où tou tes les superstitions se réunissoient aux idées religieuses pour élever et pour soutenir sa suprématie, la noblesse, au tems où elle recevoit encore le reflet de toute la considération dont le gouvernement féodal l'avoit environnée ; ces deux ordres enfin,

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