Sayfadaki görseller
PDF
ePub

même un besoin imminent de leur appui. On ne peut se le dissimuler, l'autorité royale avoit atteint son apogée dans les beaux jours du règne de Louis-le-Grand; mais son déclin approchoit, et peut-être que ce monarque lui-même en avançoit le cours, lorsqu'il appeloit, lorsqu'il recherchoit la louange, lorsqu'il recueilloit avec intérêt les tributs de l'opinion publique,' lorsqu'il les amonceloit avec complaisance autour de sa personne; enfin, lorsqu'animant lui-même cette opinion, il élevoit et fortifioit de ses mains une autorité rivale, une autorité dont la puissance s'est accrue avec l'activité progressive de l'esprit social, avec les fautes des rois, et sur tout avec les progrès, avec la dispersion des lumières.

Louis XVI ne pouvoit ni la subjuguer ni rester constamment son idole : ainsi, il dut en éprouver successivement les faveurs et les caprices. Cependant il la craignit toujours, après l'avoir vue vers la fin du règne de son aïeul, inspirer aux courtisans même une audace étrangère à leurs mœurs et à leur caractère. Il cut même, et la reine encore plus, une déférence mal conçue pour les idées modernes, en négligeant trop les formes de la cour et les lois de l'étiquette. La reine, aveuglément conseillée, sacrifia la

représentation à l'aisance de la vie; elle parut même rechercher les succès de société, et n'apperçut pas à tems que la majesté royale est une idée singulière, une idée composée, et dont il faut entretenir la magie par tous les usages qui établissent une distance entre les rois et leurs sujets.

La toute-puissance, inébranlable, unie encore aux plus hautes qualités personnelles, doit seule per mettre aux princes de risquer quelques traits, quelques habitudes de familiarité; et à ces conditions même, ils auroient tort d'en adopter le systême. Leur grandeur naturelle ne sauroit jamais être en proportion avec leur grandeur conventionnelle, et c'est à eux de songer sans cesse à ce défaut d'équilibre.

Qu'on ne dédaigne point ces observations. La conduite de la cour, sous le dernier règne, a eu son influence sur les mœurs nouvelles, et c'est par le rassemblement d'une infinité de circonstances que tous les grands effets se préparent.

J'ai montré ce qu'étoient devenus, depuis Pinterruption des Etats-généraux, depuis cent soixante-quinze ans, et l'Ordre du tiers-Etat, et l'ordre de la noblesse, et l'ordre de l'église. J'ai montré ce qu'étoit devenue l'autorité royale, et comment en

core

1

core l'opinion publique, une nouvelle puissance, s'étoit mêlée aux autres, et les avoit passées toutes. J'ai montré de plus que ce n'étoit pas, en 1789, d'une petite addition de taille, d'un léger aide extraordinaire, dont on étoit appelé à traiter au nom de la nation, mais dans la prorogation de cinq cents millions d'impôts, de la sûreté d'une dette immense, et de toutes les dépendances d'un intérêt si vaste et si généralement partagé. Enfin, j'ai retracé les suites inévitables du refus qué faisoient les parlemens d'enregistrer aucune loi de finance, les conséquences d'une résolution qui suspendoit, en quelque manière, le mouvement et la vie du gouvernement.

La situation étoit unique, et l'on pouvoit mettre en doute si le rétablissement des anciens états-généraux étoit une ressource décisive, et si, pour écarter l'embarras d'une circonstance toute nouvelle, il n'y avoit rien de mieux qu'une vieille combinaison, imparfaite en ses plus beaux tems, et qui, délaissée, reprise à de grandes distances, et jamais confrontée, jamais en rapport habituel avec le cours des idées, des mœurs et des opinions, n'avoit pu recevoir de l'expérience une véritable sanction. Oui, il étoit permis de conserver quelques doutes sur les heureux résultats d'une forme politique, Tome I.

I

dont le modèle nous étoit transmis de si loin, tandis que tout avoit changé dans l'intervalle.

Devroit-on s'étonner qu'alors un homme d'Etat eût arrêté ses regards, avec regret, sur la constitution d'Angleterre ?

Voyez seulement comment cette cons→ titution répondoit avec précision aux trois grandes objections que j'ai présentées.

L'ordre de la noblesse, en France, ne pouvoit plus remplir le but de son institution politique, dès qu'une immense agrégation d'anoblis lui avoit fait perdre son relief et son ascendant.

La difficulté étoit absolue, en instituant une chambre des pairs, qui reprenoit tout l'éclat perdu par la noblesse en sa qualité d'ordre politique.

La nature des contributions, en France, ne permettoit pas, je l'ai démontré, d'imposer aux représentans du troisième ordre une preuve de propriété territoriale, ni même mobiliaire: c'étoit un grand mal.

La difficulté étoit résolue par la réunion aux communes de tous les propriétaires nobles, les pairs du royaume exceptés.

Enfin, dans une crise où tout étoit en

stagnation, on avoit besoin d'une action. prompte et d'une délibération sage: et l'on ne pouvoit attendre ce double service d'une assemblée Législative, divisée en trois corps politiques, en trois, qui, avec une défiance mutuelle, devoient s'unir de pensée et de volonté.

La difficulté étoit résolue avec une assemblée législative, divisée seulement en deux sections, conformément à la constitu tion d'Angleterre.

Pourquoi donc dissimulerois-je que mes premières et mes dernières pensées furent toujours favorables à un systême de gouvernement, avec lequel ni des états-généraux divisés en trois ordres, ni aucun autre. institut monarchique, ne peuvent être mis en parallèle?

Je n'ai jamais été appelé à examiner de près ce que je pouvois faire, à l'époque de ma rentrée dans le ministère, de cette estime si particulière et si profonde pour le gouvernement d'Angleterre;car, si de bonne heure, mes réflexions et mes discours durent se ressentir de l'opinion dont j'étois pénétré, de bonne heure aussi je vis l'éloi gnement du roi pour tout ce qui pouvoit ressembler aux usages et aux institutions politiques de l'Angleterre. Il partageoit,

« ÖncekiDevam »