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vingtièmes dans une subvention de quatrevingt millions.

Le roi tint un lit de justice, où, de son exprès commandement, on enregistra ces mêmes édits. Le parlement fit des protestations; elles furent cassées par un arrêt du conseil: le parlement persista dans son opposition on l'exila; et, après quelques semaines de séjour à Troyes, son rappel fut ordonné, et l'on retira les édits.

Ainsi plus de droit de timbre, plus de subvention. Il restoit pour ressources fiscales, d'élever les vingtièmes à leur juste valeur. Le ministre croyoit en avoir obtenu la liberté des chefs de la magistrature dans le tems de leur triste séjour à Troyes. Il dit, dans ses confidences, que c'étoit le prix de l'indulgence du roi ; il invoqua même le témoignage de quelques négociateurs obscurs Le parlement rassemblé ne voulut entendre à rien de semblable. L'accueil éclatant que lui avoit fait le peuple, le vol de l'opinion publique qu'il avoit en ce moment, tout lui étoit une sûre caution que le gouvernement ne se permettroit pas de l'exiler de nouveau. Il n'écouta donc ni les discours, ni les représentations particulières de M. de Brienne, et les vingtièmes durent rester dans leur ancien état, fixes pour chaque propriété, et par conséquent affranhis de toute espèce de évrification.

Le ministre traversé dans ses projets, et forcé de renoncer aux ressources que l'éta-' blissement d'un nouvel impôt ou l'accroissement des anciens pouvoient lui procurer, dirigea ses vues vers les emprunts; mais il en falloit beaucoup, et l'on devoit craindre une succession de combats et de résistances de la part du parlement. M. de Brienne eut recours alors à la séance royale du 19 novembre 1787, où le monarque porta luimême l'édit d'autorisation nécessaire pour emprunter quatre cents vingt millions pendant cinq ans. Les magistrats, les princes et les pairs furent invités à donner leur avis en présence du roi, et la majorité des suffrages ayant paru favorable à la nouvelle loi, son enregistrement fut ordonné. Les ministres alors, fiers de leurs succès, obtinrent du monarque l'exil ou l'emprisonnement de plusieurs membres du parlement dont les harangues et les censures avoient paru trop ardentes. M. le duc d'Orléans luimême fut relégué à Villers-Cotteret, et l'on arrêta, l'on saisit, jusques dans le sanctuaire de la justice et sur les bancs de la magistrature, les conseillers qui s'y étoient réfugiés pour se soustraire aux lettres-decachet décernées contre eux et le plus grand appareil militaire fut déployé dans cette occasion.

Sans doute, en d'autres tems, on avoit exercé contre les cours souveraines des rigueurs à-peu-près semblables; mais les circonstances étoient changées, et Pautorité de ces cours, l'autorité du nement, l'autorité de l'opinion publique, gouverces diverses autorités n'étoient plus dans les mêmes proportions. Tout fléchissoit sous la gloire et sous l'empire de Louis XIV, quand il défendit aux parlemens de lui faire des remontrances avant l'enregistrement de ses édits, et la nation conservoit un souvenir d'indignation et de mépris de la guerre de la fronde. C'étoit d'ailleurs, on le savoit, c'étoit de la volonté même du monarque et de l'intérieur de ses sentimens qu'émanoient les ordres destinés à maintenir les divers genres de subordination; et l'on n'espéroit pas de faire changer ses opinions en détruisant le crédit de ses ministres. Tout étoit différent sous le règne de Louis XVI, aucun ascendant personnel ne prêtoit encore de la force au monarque, et il s'en falloit bien que l'ancien style des édits, ce voulons et nous plaît, toujours conservé par usage, fût reçu, fût admis dans la plénitude et la rigueur des mots.

Les avertissemens qu'avoit reçus M. de Brienne sur la puissance de l'opinion pu

blique, et la déférence que lui – même avoit eue pour elle en renonçant avec tant de promptitude à ses plans d'imposition, ne le détournèrent pas de sa marche hasardeuse; et blessé personnellement des sentimens que lui montroient les cours souveraines, il conçut le projet de les attaquer dans leurs principes de vie, au risque et au risque évident d'associer de plus en plus la nation à leur cause. Elle eût approuvé peut-être la réduction de leur ressort judiciaire et l'accroissement de la compétence des bailliages. Ce fut la première disposition adoptée par le conseil du roi; mais on voulut aller plus loin, et, pour s'affranchir de toute espèce de contrainte, on se proposa de réunir en un seul corps, présidé par le monarque ou par son chancelier, le droit de vérifier et d'enregistrer les lois de police générale, les lois de finance et d'imposition. C'étoit dépouiller, en un moment, tous les parlemens du royaume des illustres prérogatives dont ils avoient joui depuis plusieurs siècles. Quelle entreprise au milieu de la foiblesse du gouvernement !, et pouvoit elle réussir?

Ce fut sous le nom de Cour Plénière que le nouveau corps politique fut institué, et la grand'chambre du parlement de Paris

avec deux députés de chacun des autres parlemens y étoit réunie aux ducs et pairs, aux grands officiers de la couronne, et à un certain nombre de maréchaux de France, de lieutenans-généraux, de chevaliers des ordres et d'autres hommes qualifiés, tous nommés par le roi. Le public, à cet aspect, crut voir les droits de législation partagés aux courtisans, et un cri général de réprobation se fit entendre d'une extrémité du royaume à l'autre.

Le gouvernement, donnant aux remontrances des parlemens un texte si fécond, ent l'habileté de s'en garantir en suspendant les fonctions de la magistrature, sous la forme nouvelle d'une continuité de varances; mais les différens ordres de l'état n'eurent besoin d'aucun signal pour se réunir contre une innovation qui applanissoit toutes les voies au despotisme ministériel Plusieurs associations se formèrent, et l'on remarqua surtout l'assemblée de l'ordre de la noblesse en Bretagne, l'assemblée des trois états en Béarn, et la grande union provinciale du Dauphiné. Le gouvernement essaya de contenir ces mouvemens par des coups d'autorité: il fit enfermer à la basille douze députés de la noblesse de Breagne; il multiplia par-tout les lettres-decachet, et toutes ces rigueurs ne servirent

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