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ces trésors d'imagination, les fruits encore incertains d'une apparition ministérielle, et dont une autorité passagère auroit été l'unique sauve-garde ? Aucune illusion, aucun prestige n'auroient ébloui l'opinion publique; et promptement elle eût fait justice de celui qui, par une imprudente ambition, auroit voulu substituer sa science et ses seules forces aux lumières d'un peuple entier et à sa toute-puissance.

Enfin, et pourquoi le dissimulerois-je ? Je m'associois de tous mes vœux aux espérances de la Nation, et je ne les croyois point vaines. Hélas! peut-on songer aujourd'hui à l'attente universelle de tous les bons François, de tous les amis de l'humanité, le peut-on sans verser des larmes? Il faut, pour être juste et pour devancer l'opinion de la postérité, se transporter à ces commencemens, si loin de nous en apparence, et si près cependant à la seule mesure du tems.

Alors les uns se disoient: Enfin, le trésor de l'état ne sera plus à la merci d'un ministre des finances; il ne sera plus épuisé par ses prodigalités ou par ses lâches complaisances; il ne sera plus dans, la dépendance de ses vices ou de ses combinaisons personnelles. Une assemblée composée d'hommes élus par la nation, fixera les dépenses publiques; et en les proportionnant d'une main

ferme à l'étendue des revenus, aucun écart ne sera possible, et le Monarque lui-même sera mis à couvert de ses erreurs et de ses regrets Que de richesses d'opinions seront alors créées! car la confiance une fois rétablie, les créanciers de l'état ne seront plus exposés à tous les genres d'inquiétude, et chacun pourra croire à la stabilité de sa for

tune.

Les amis du peuple répétoient en même tems: enfin, il ne sera plus oublié ; il aura des défenseurs; il aura des protecteurs éclairés dans une assemblée de ses représentans, et les égards dûs à sa situation, la justice qu'il a droit d'attendre, ne seront plus des principes incertains, chancelans, et dont l'application dépendra des qualités du Prince et de la moralité de ses ministres.

Les amis aussi d'une liberté sage célébroient à l'avance la proscription absolue des lettres-de-cachet, des emprisonnemens arbitraires; et ils se croyoient déjà plus à l'aise, en pensant que bientôt la surveillance exercée, par les magistrats, au nom de la loi, seroit la seule Autorité redoutable.

On appercevoit encore le vice des anciens systêmes d'Administration, on entendoit les plaintes et les murmures qu'excitoient continuellement le régime et la distribution des impôts, les rigueurs et les bisarreries

de la Législation fiscale, et l'on étoit instruit des obstacles qu'une complication formidable de privilège et d'autorité opposoit aux idées de réforme et d'amélioration. Ainsi, lorsqu'on avoit éprouvé pendant si long-tems la foiblesse et l'inconstance du Gouvernement dans toutes les entreprises étrangères à l'autorité Royale, i! étoit naturel que l'on désirât de voir enfin réunies, dans un même centre, la connoissance des abus, la volonté de les détruire ou de les corriger, et la puissance nécessaire pour y parvenir.

Les vœux de la nation ne se dirigeoient donc pas sans motifs vers une convocation d'états-généraux, et lorsque cette convocation. fut promise, lorsqu'on se permit alors de raisonner plus ouvertement sur l'organisation du gouvernement françois, on en discuta les abus, on en désigna les défauts, et bientôt on vit naître nne opinion inquiète, dont les progrès s'étendirent avec une accélération singulière. Les circonstances qui servent à dissimuler les vices d'une ancienne Constitution politique, ou qui forcent l'attention 'à s'en distraire, ces. diverses circonstances n'existoient plus. Le voile étoit déchiré, et la confiance dans la sagesse de l'Adminis tration, le respect pour l'autorité dominante,. la force des préjugés, le sommeil enfin de la prospérité, tout étoit disparu; aucune at

tente, aucune espérance, aucun songe flatteur ne favorisoient plus les idées d'habitude; et l'œil pénétrant de la censure avoit repris toute son activité.

Alors on se demanda ce que signifioit un ordre social, où les conditions du pouvoir législatif n'étoient point fixées, où le monarque et les siens croyoient que ce pouvoir appartenoit, en définitif, à la volonté du prince exprimée dans un lit de justice; tandis que les parlemens et les disciples de leur doctrine considéroient comme incomplètes toutes les lois qui n'étoient pas enregistrées avec liberté par les différentes cours souveraines.

Le premier systême, en réunissant sous la même autorité le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, présentoit l'idée du despotisme.

Le second, en soumettant toutes les dispositions d'un ordre général à l'assentiment de treize parlemens, délibérant chacun à part pour létendue de leurs ressorts, offroit un modèle de confusion.

Le combat entre ces deux systêmes, et leur supériorité alternative selon que l'opinion favorisoit l'un ou l'autre, étoient et devoient être une source continuelle de troubles et de divisions. Et lorsque la querele, entre l'autorité royale et l'autorité

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parlementaire éclatoit en hostilités, la cour exiloit, emprisonnoit, et les magistrats cessoient de rendre la justice (1). Les parlemens discréditoient le conseil du roi; le conseil cherchoit à avilir les parlemens ; et durant le cours de ces débats et de ces offenses mutuelles, la considération de toutes les autorités s'affoiblissoit. Enfin le pouvoir législatif lui-même, au milieu de tant de déchiremens, ne paroissoit plus aux yeux des peuples avec l'éclat qui lui sied, avec la splendeur qui lui appartient, et souvent alors le respect paroissoit chancelant et l'obéissance languissante,

Les parlemens encore, lorsqu'on examinoit leur composition, ne paroissoient pas assortis ou proportionnés au rang qu'ils vouloient tenir dans la constitution de l'Etat. Le besoin seul d'un intermédiaire entre le roi et la nation prêtoit à ces compagnies de magistrats le secours de l'opinion publique; mais comment n'auroit-on pas vu, lorsqu'on étoit appelé à y penser, comment n'auroit-on pas vu que des particuliers,

(1) Le parlement de Paris cessa toutes ses fonctions, et les avocats, à son imitation, refusèrent de plaider dans aucun tribunal, parce que Louis XV avoit défendu aux Cours souveraines de se mêler

des affaires relatives à la bulle Unigenitus.

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