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quelques essais de ce même genre, qui ne demeurent audessous d'aucune comparaison.

C'est au nombre de ces dernières publications, les plus solides et appartenant à la France, sinon par la patrie de l'auteur, du moins par le langage et la sympathie, qu'ont leur place marquée, les Recherches sur les Vaudois, surtout quand elles sont accompagnées de l'histoire complète de cette secte, à laquelle le livre que nous annonçons est destiné à servir d'introduction. Mais cette introduction est assez remarquable par elle-même, pour que nous eussions à nous excuser de n'en avoir point parlé plus tôt, s'il ne fallait chercher la cause de ce retard ailleurs que dans notre bonne volonté.

Quelqu'intérêt néanmoins qui s'attache à cet ouvrage, considéré comme jetant de grandes lumières sur une des sectes les moins connues, et sur l'une des époques du moyen-âge les plus curieuses et les plus difficiles à débrouiller, ce serait en méconnaître l'importance que de la réduire à ce seul résultat. On n'ignore point, en effet, que le protestantisme, à sa naissance, s'efforça de se rattacher aux Vaudois, qui furent loin de s'opposer à cette alliance. Elle fut cimentée, d'une part, par le besoin de se donner une apparence de vie, en se ralliant à quelque chose de nouveau; et, de l'autre, par le désir de se donner une apparence de vérité, en se rapprochant de quelque chose d'ancien. Et nous aurions à signaler ici, si c'était le lieu, cette tendance de toutes les hérésies à se créér des ancêtres, à remonter toujours plus haut. Les réformés s'accrochent aux hérétiques du 12° siècle; ceux-ci, comme nous le verrons plus loin, font tous les efforts possibles pour enfoncer leur origine dans la nuit des tems. Mais ce qui a vraiment lieu d'étonner, c'est qu'au 19° siècle, des écrivains Vaudois, qui n'ont plus guère que le nom de commun avec leurs prédécesseurs, qui seraient bien fâchés de leur ressembler autrement, et dont toute la profession de foi se réduit au pur rationalisme, soient encore dominés par l'envie de pousser leur généalogie jusqu'aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Tant l'esprit humain, laissé à sa propre individualité, ressent sa faiblesse! tant est profond le besoin de tenir à quelque chose d'antique et de permanent! Mais, sans nous arrêter à ces conditions, contentons-nous de

remarquer cette alliance instinctive de toutes les sectes contre le catholicisme, d'où il résulte que, si chacune d'elles se résigne à tous les sacrifices, à toutes les absurdités, afin d'avoir plus de chances de succès contre l'antique vérité; de leur côté, les défenseurs de celle-ci ne sauraient frapper une seule erreur, sans que le contre-coup n'en retombe sur toutes. Aussi, le livre dont nous avons à parler ne se trouve pas moins dirigé contre les protestans, et, en général, contre toutes les sectes en dehors de l'unité catholique, que contre la fraction minime renfermée dans les trois vallées du Piémont. La polémique qu'il oppose à ces derniers, conclut contre toute la réforme; et c'est là ce qui lui donne un intérêt d'un ordre plus général, dans un moment où le protestantisme semble rentrer dans l'arène, déguisé sous mille formes, et armé de puissans moyens d'action.

Les Recherches sur les Vaudois peuvent se diviser en deux parties bien distinctes. Dans la première, on examine successivement à quelle époque leur secte a paru, à qui elle doit le jour, et ce qu'il faut penser des divers systèmes des écrivains Vaudois et protestans, sur ce sujet. La seconde est plus particulièrement consacrée à faire connaître le but que Pierre Valdo se proposait d'atteindre, et à déterminer le caractère et les principaux points des doctrines que ses disciples ont professées dans les premiers

tems.

Pour établir d'une manière sûre l'époque de la naissance et la véritable origine de l'hérésie Vaudoise, l'auteur a d'abord recours aux autorités contemporaines. Il va chercher dans les chroniques et les autres documens si nombreux du moyen-âge, tout ce qui traite de Valdo et de ses sectateurs 1; il reproduit ces

1

• Nous donnons ici la liste des principales autorités citées dans les recherches sur l'origine des Vaudois :

10 Bernard, abbé de Foncald, écrivain de la fin du 12e siècle, auteur d'un traité contre les Vaudois, inséré dans la bibliothèque des Pères. (Lugd. 1677, t. XXIV.)

2o Alain de l'Isle ou de Lille, surnommé le Grand et le Docteur universel, célèbre professeur de l'université de Paris, vers la fin du 12e ou le commencement du 13e siècle. On disait de lui: sufficiat vobis vidisse Alanum. Voir son traité : de fide catholicâ, contra hæreticos præsertim Albigenses,

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diverses autorités, non par citations écourtées, où le vrai sens de l'auteur est si souvent dénaturé, mais par longs passages par fragmens entiers, qui deviennent presque toujours matière d'une critique approfondie; il les compare, apprécie leur valeur respective, et de cet ensemble de preuves, il résulte clairement, 1° que Pierre Valdo, riche marchand de Lyon, est bien le père, le fondateur de l'hérésie vaudoise, et 2° que les Vaudois, appelés autrement Sabbates ou Insabattés, à cause d'une chaussure particulière, ou bien encore Pauvres de Lyon, Léonistes (de Leona, ancien nom de la ville de Lyon), prirent naissance dans cette ville, vers l'an 1160. Tel est sur ces deux points le sentiment de l'anglican Hallam, dont l'autorité, en ce qui concerne les faits du moyen-âge, est ici corroborée par la bienveillance

dans l'ouvrage intitulé: Alani magni de Insulis..., opera moralia, parænitica et polemica..., opere B. D. Caroli de Visch, illustrata. Antuerp. 1654. 30 Eberard de Bethune, écrivain de la même époque. Voir: Eberardi li– ber Anti-hæresis, cap. XXV, apud Bibl. PP. t. XXIV, p. 1572.

4o Pierre de Vaucernay, célèbre par son histoire de la guerre des Albigeois dont il avait été témoin oculaire. Voir sa chronique intitulée Petri monachi cœnobii Vallium Cernai, ord. Cisters. historia Albigenium. cap. II. apud Duchesne hist. Francorum script. t. V.

5o Etienne de Belleville, de l'ordre des frères prêcheurs. — Stephanus de Borbone, al. de Bellavilla, F. O. P., liber de septem donis Spiritás sancti, part. IV, cap. XXX, apud Echard : script. ord. prædicat.

6o Le P. Moneta, aussi Dominicain et célèbre professeur de philosophie dans l'université de Bologne, au commencement du 13e siècle. Sa vie offre des détails pleins d'intérêt. Venerab. P. Moneta, adversus Catharos et Valdenses, lib. V, c. 1. Romæ 1743.

70 Ranier Sacco, qui après avoir passé 17 ans dans la secte des cathares qui le regardaient comme l'un de leurs principaux chefs, et l'avaient même élevé à l'épiscopat, abjura ses erreurs, prit l'habit de Saint-Dominique et devint inquisiteur pour la province de Lombardie. Reineri, ord. præd. contra Valdenses liber, cap. I, t. V, VI. (in B. P. P. t. XXV. )

80 Pierre de Polichdorf professsur de théologie, vers le milieu du 13. siècle. Petri de Polichdorf, contra hæres. Valdensium Tractatus. præf. cap. I. in Bib. PP. t. XXV.

9. Un traité contre les mêmes hérétiques, inséré par D. Martenne dans son thesaurus novus anedot. p. 1778, sous le titre de tractatus de heresi, pauperum de Lugduno, auctore апопуто.

naturelle qu'il porte aux Vaudois et aux protestans : « Les écri>> vains contemporains, dit-il, s'accordent à nous représenter > Valdo comme le fondateur des Vaudois... Nous trouvons dans » les actes de l'Inquisition le mot pauperes de Lugduno employé » comme synonyme de Vaudois, et il est difficile de douter que » les pauvres de Lyon ne fussent les disciples de Valdo. Alanus, » qui, dans le second livre de son traité, s'occupe à combattre les > Vaudois, désigne expressément Valdo comme leur fondateur. » Petrus Monachus en fait autant. Ces autorités paraissent d'un grand poids, car il n'est pas facile d'apercevoir quel avantage >> ces écrivains pouvaient avoir à déguiser la vérité sur ce point. » Cependant quelques écrivains modernes d'un nom imposant » ont soutenu vivement que les habitans des vallées conservaient › une foi pure plusieurs siècles avant l'apparition de Valdo. J'ai »lu ce qu'avance à cet égard Léger, mais je n'y ai point trouvé »de preuves suffisantes à l'appui de cette disposition, qu'on ne doit pas néanmoins regarder comme entièrement dépourvue »de vraisemblance. Ils tirent leur meilleur argument d'un an» cien poème appelé la Noble leçon, dont il existe un manuscrit original dans la bibliothèque publique de Cambridge. Ce poème passe pour être daté de l'an 1100, plus d'un demi-siè>cle avant l'apparition de Valdo. Mais les vers qui expriment la » date, ne la donnent que d'une manière vague, et peuvent très»bien s'appliquer à toute autre époque antérieure à la fin du 12° siècle 3.»

Entrant dans le fond de la question, l'auteur des Recherches s'attache d'abord à bien mettre en relief, à présenter sous ses

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Les noms imposans comme ceux de Léger et consoris dont parle Hallam, n'imposent plus à personne aujourd'hui, et ils n'en imposent pas davantage à quiconque a le courage de lire les ouvrages publiés sous ces noms, et de juger ces hommes par leurs écrits et par leurs œuvres. Que ces écrivains aient soutenu vivement leur prétendue antériorité sur Valdo; d'accord; qu'ils l'aient soutenu solidement, nous en prenons Hallam pour juge. La suite de ces recherches montrera encore mieux qu'une telle opinion est entièrement dépourvue de vraisemblance. Quant à la foi des habitans des vallées, elle était pure et très-pure avant Valdo, car ils étaient catholiques romains.

3 Ilallam, L'Europe au moyen âge, t. IV. ch. 9, 2o partie.

véritables traits, ce personnage de Valdo, sur lequel les écrivains vaudois et protestans se sont plu à amasser des obscurités. On conçoit, en effet, quel intérêt ils avaient à nous donner cet homme, non plus pour un hérésiarqué, pour le créateur d'une secte qui n'existait point avant lui, mais pour un chaud prosélyte, ou simple chef de parti des Vaudois, un homme qui fut fameux au milieu d'eux, ainsi que s'exprime Basnage. Il s'agit d'abord du vrai nom de Valdo, qui se trouve reproduit par les chroniqueurs, avec de légères variantes, qu'expliquent suffisamment la diversité des idiômes, les traductions latines et les distractions des copistes; et, après un examen, souvent mêlé d'une ironie amplement justifiée par l'argumentation pauvre et chicaneuse des adversaires, notre auteur arrive à cette conclusion :

«

Après cela, que le nom de Valdo soit, pour celui qui l'a porté, un nom de famille ou un nom de ville ou de pays ; que ce nom vienne de Valdès, ville de Flandre, ou de Vaud, bourg près de Lyon, peu nous importe, pourvu que M. Peyran nous accorde, 1° que P. Valdo l'a porté, et que ce citoyen de Lyon s'appelait réellement Valdo ou Valdius, ou Valdensis, ou Valdesius, ou Valdus, ainsi que l'ont diversement appelé Pierre de Vaucernay, Polichdorf, Etienne de Belleville, Moneta et Alain de l'Isle ; 2° qu'aucun de ces anciens auteurs n'a dit, ni même songé à dire que Pierre l'avait reçu par suite de son affiliation à la secte vaudoise; car ce rêve leur a été tout-à-fait inconnu, et il est juste de le laisser à ceux qui l'ont fait. La raison en est que, pour communiquer un nom, il faut déjà l'avoir, et que pour l'avoir il faut du moins exister: or, les Vaudois, quoique très-anciens hérétiques, étaient on ne peut plus inconnus avant P. Valdo; 3° que les mêmes auteurs et d'autres encore disent bien clairement que les Vaudois parurent tout-à-coup comme » de nouveaux hérétiques sous le pape Lucius (III) et vers le tems où Bernard, archevêque de Narbonne, occupait ce siége '; qu'ils s'appellent Vaudois, et tirent leur nom de Valdo, qui a » été leur chef ; qu'ils étaient une bizarre nouveauté et for1 Hist. de l'Eglise, ch. X. §. 2.

Bernard de Foncald.

3 Alain de l'Isle.

TOME XVI.-N" 91-92. 1838.

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