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ses forces, il déclare que, « jusqu'au 7'siècle, il serait absurde de › demander des preuves de la succession apostolique des églises » vaudoises; puisqu'elles ont pu demeurer dans la communion » de Rome, sans se polluer d'aucune superstition, idolâtrie, ni » hérésie, elle-même n'en étant pas encore souillée ; » et, d'un autre côté, levant la tête vers les degrés supérieurs, il imagine un certain Léon, contemporain de saint Sylvestre, qui, ne » pouvant approuver la bombance des richesses, le luxe et les » honneurs mondains, où Constantin élevait ce Sylvestre, et en » général. l'Église chrétienne, prévoyant la grande corruption » que ces richesses et cet orgueil y amèneraient, n'y voulut » point avoir de part, et se détacha de la communion de ce Syl›vestre, pour lors évêque de Rome, pour se tenir purement à la >pauvreté et simplicité apostolique... Ce qui, dit-il encore, est » d'autant plus probable que, depuis le tems de Sylvestre, il n'y >> a plus eu dans Rome de vrai évêque, et qui fût véritablement » apostolique... » Au fond, qu'est-ce que ce Léon ? où, et quand a-t-il existé ? qui en sait des nouvelles? Toutes les chroniques, tous les monumens demeurent muets sur ce prétendu scissionnaire; et le mensonge historique est tellement patent, que les modernes écrivains vaudois ont cru devoir négliger entièrement ce moyen.

Ils en inventent d'autres, en revanche, qui ne sont guères meilleurs. Ici, néanmoins, la bonne foi est mieux respectée, et on met un peu plus de soin à sauver les apparences. Car, dès ce moment, les preuves changent totalement de caractère, et, au lieu de conserver une forme assurée et affirmative, elles prennent modestement celle de simples suppositions. C'est tout un roman que nous croyons devoir rapporter, sinon pour l'instruction du lecteur, au moins pour sa récréation, et en preuve de l'esprit inventif de messieurs les docteurs des trois vallées.

Voici d'abord M. Muston, l'historien-poète, le Michelet de la secte (sauf le respect dû à M. Michelet), qui nous récite que, « sous Décius et Valérius, dans le 3 siècle, de grandes per» sécutions dispersèrent un grand nombre de fidèles, qui ont » cherché, soit du midi de la France, soit du nord de l'Italie, » un refuge dans les lieux écartés... Et c'est pendant ces poursuites dirigées contr'eux, que, selon son opinion, toujours

» mûrie et méditée, ceux que l'on appelle aujourd'hui Vau> dois, se seraient rendus dans les vallées des Alpes qui séparent » ces deux pays (la Gaule et l'Italie), et en auraient pris ou leur »auraient donné leur nom... I reconnaît à la vérité, que la preuve de ce fait n'est pas absolument inattaquable, et se ré» duit à une extrême probabilité. » Il tire son principal argument du langage même des vallées, et construit tout un système qui, selon l'auteur des Recherches, peut être ramené à cet argument: Le patois des vallées renferme plus de mots latins,

que tous les palois et toutes les langues des nations environ»nantes; donc, le peuple qui le parle tenait de plus près aux >> anciens habitans du sud de l'Italie, que toutes ces autres na» tions, et il les surpasse, par conséquent, toutes en ancienne» té. Mais, ce patois n'a pas pu hériter et conserver de tels avantages, sans que le peuple qui le parle se soit détaché du sein de. » la latinité, dans le tems que le latin se trouvait encore dans » toute sa vigueur, et était généralement usité parmi le peuple; donc, les ancêtres des Vaudois sont sortis pendant les premiers 2 siècles du Christianisme; donc, leur séparation de l'Eglise ro>> maine date des mêmes siècles; donc, enfin, la secte vaudoise >> remonte aux premiers tems du Christianisme. »>

Telle est le système d'émigration, auquel M. Muston ne prétend accorder qu'un degré d'extrême probabilité. Écoutons d'autres écrivains vaudois, qui nous apprendront des choses non moins curieuses, quoique d'un ton encore plus modeste. « Sans › prétendre, nous dit M. Peyran, vouloir fixer l'époque où les a habitans des vallées reçurent le Christianisme, on peut cepen» dant faire, à cet égard, les conjectures suivantes, qui toutes » sont possibles ». Jusque-là pas de difficulté. «Nous lisons, conti»nue M. Peyran, au chapitre xv, versets 24, 28 de l'Epître aux Romains, que Paul avait formé le projet d'aller en Espagne, » en traversant l'Italie; s'il a fait ce voyage, il est vraisemblable » qu'il a passé par le Piémont, et qu'il y a enseigné l'Evangile, » comme il le faisait partout où il passait. D'après cette conjectunre, les Vaudois auraient reçu le Christianisme de saint Paul luia même». Que si cette origine vous paraît par trop ambitieuse on en rabattra quelque chose. «L'infatiguable apôtre ayant été conduit prisonnier à Rome, y séjourna pendant deux ans. Il » profita de ce tems pour accroître le nombre des Chrétiens qui

»se trouvaient déjà dans cette ville; il est probable aussi qu'il ne bornait pas là ses soins, et qu'il envoyait des disciples ré» pandre la doctrine évangélique dans le reste de l'Italie, et par › conséquent dans le Piémont. D'après cette conjecture, les Vau» dois auraient recu le Christianisme des disciples mêmes de saint Paul.» Nous voici déjà ramenés de saint Paul à ses disciples. Marchandez-vous encore? Sachez donc que, « le nombre des Chrétiens » s'augmenta rapidement à Rome. Accusés de divers crimes, >>> dont ils étaient innocens, ils furent persécutés par Néron, Do» mitien et d'autres empereurs. Forcés de fuir les barbares per» sécuteurs, peut-être que quelques-uns d'entr'eux auront cher » ché dans les montagnes du Piémont un asile, où ils devaient » espérer que leurs ennemis ne les poursuiveraient pas. » D'après cette conjecture les Vaudois auraient recu le Christianisme des successeurs immédiats des premiers disciples.

Voilà, croyons-nous, de quoi contenter tout le monde, et ik faudra du malheur si vous ne trouvez à vous accommoder d'une de ces trois conjectures; à moins que vous ne préfériez admettre plus lestement, avec Brez, que, « d'après la croyance de »ses pères, ce seraient quelques apôtres qui auraient apporté la » doctrine de Jésus-Christ. » Que sait-on!... Peut-être saint Thomas en allant aux Grandes Indes!... C'est, en vérité, trop d'honneur que fait notre respectable historien à ses adversaires, que de s'arrêter à de semblables suppositions, et d'examiner sérieusement si le chemin de saint Paul, en Espagne, en supposant que saint Paul soit allé en Espagne, était de passer par les hameaux d'Angrogne, de Prarustin, de Manille et de Rodoret!

Les derniers chapitres des Recherches sur les Vaudois, sont consacrés à constater le vrai but de Valdo, et à déterminer le principe de ses erreurs et leur caractère distinctif. Il faudrait ici, pour une parfaite intelligence de la matière, tracer un tableau de cette vaste conspiration, qui sembla tout-à-coup se former au 12o siècle. On cût dit que le repos dont avait joui l'Église durant l'époque précédente, n'avait été qu'une ruse de l'ennemi, pour essayer s'il pourrait triompher du Catholicisme, déjà vainqueur dans tant de combats, par le défaut de vigilance, la fausse sécurité, le relâchement et toutes les espèces d'abus qu'amène un repos inaccoutumé, et que, désespérant, après la longue et terrible épreuve du 10° siècle, de trouver ja

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mais dans le cœur humain, assez de lâches passions, assez de vices honteux pour renverser l'établissement du Christ, sans le secours de la violence extérieure, il revenait à la charge, avec des forces et une fureur, qu'un long relâche avait redoublées. De tous les auteurs qui ont traité cette partie de l'histoire, M. Michelet, à notre avis, est celui qui en a le mieux saisi et le plus fortement exprimé la physionomie. Les Annales ont fait connaître et jugé ailleurs, les pages remarquables, où il a retracé si chaudement le danger que courait alors l'Eglise de Rome, et avec elle le Christianisme et la civilisation. Mais quel que soit le mérite de ce tableau, trop vrai dans son ensemble, il y a pourtant une grave erreur relative à la matière que nous traitons, et qu'il est à propos de relever ici. Cette erreur, c'est d'avoir fait des Vaudois une secte rationaliste. Nous n'avons rien vu dans l'histoire qui autorise cette inauguration du rationalisme vaudois; et l'on ne saurait comprendre où M. Michelet en a trouvé le motif, si ce n'est dans l'intention d'obtenir un effet, en l'opposant au mysticisme allemand, qui se produisait à la même époque, sur le Rhin et aux Pays-Bas, ou bien peut-être, dans le désir de procurer au rationalisme contemporain, une généalogie analogue à celle que nous avons vu les docteurs vaudois rechercher si ardemment pour leur secte. Quoiqu'il en puisse être, leurs premiers ancêtres ne fondaient nullement leurs erreurs sur la raison, mais sur l'Ecriture, et presque toujours sur les passages les plus véhémens. Il n'y a rien dans leur doctrine qui ait l'apparence d'un système logique; s'ils en vinrent bientôt à modifier les dogmes catholiques, ce fut selon leur fantaisie, et sans l'ombre d'une déduction rationelle. C'est ainsi qu'ils croyaient à la transubstantiation, mais seulement lors. que le sacrement était consacré dignement. Ils rejettent ensuite la plupart des sacremens, le culte des images, l'invocation des. saints, et donnent dans presque toutes les erreurs que les pro

: Annales de philos, chrét. n° 68, t. xu, p. 111.

⚫ Nous n'entendons point justifier la manière dont M. Michelet apprécie la conduite de l'église en cette circonstance, et ce qu'elle fit pour sauver avec l'unité, la foi, l'ordre, la liberté et la société tout entière. Autant cet historien a bien compris toute la grandeur du mal; autant il s'est montré aveugle et injuste quand il a fallu prononcer sur le seul re~ mède qui pût alors être appliqué,

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peu,

testans ont renouvelées depuis; mais ce ne fut que peu et par le contact avec d'autres sectes. Dès le principe, au 12° siècle, le vrai motif de séparation avait été de réformer l'Eglise, de la ramener à la pureté apostolique, sans toucher à la doctrine. Pour bien se convaincre que c'était là le premier dessein des Vaudois, il suffira de remarquer que le but de Valdo avait été d'abord de fonder un ordre religieux, semblable à celui que saint François d'Assise établit plus tard. M. Michelet le reconnaît lui-même. « Quelque singulière que la chose paraisse, dit ›à ce sujet l'auteur des Recherches, il est cependant de fait que le >> but que Valdo se proposait, en réunissant des disciples, était » de fonder un ordre qui fît profession de la pauvreté volontaire, » et fût destiné à retracer aux yeux des fidèles la vie des Apôtres >> et des premiers Chrétiens. C'est ce qu'attestent la plupart des » auteurs qui ont décrit l'origine de sa secte ', et c'est aussi ce que signifie le dépouillement de Valdo, qui donna tout son bien » aux pauvres, et trouva dans ses largesses le moyen de réunir » autour de lui un grand nombre de disciples. » Conrad de Lichneau, plus connu sous le nom de Abbas Uspergensis, auteur d'une chronique qui s'arrête aux premières années du 13° siècle, raconte qu'on avait vu, depuis peu, quelques-uns de ces pauvres de Lyon, avec un de leurs chefs, recourir au Saint-Siège, pour en obtenir l'approbation et quelques priviléges?

On peut donc considérer, comme suffisamment prouvé, que le but de Pierre Valdo avait été de fonder un ordre religieux, et que ses adhérens sont demeurés quelque tems fidèles à cette première intention; d'où l'on est en droit de concture que le caractère de la secte, au moins à son origine, était bien plutôt le mysticisme que le rationalisme.

Les Recherches se terminent par une exposition de la filiation et des progrès des erreurs vaudoises, que nous croyons devoir retracer rapidement. Pierre Valdo, frappé de cette pensée qu'il ne restait plus trace de l'esprit apostolique sur la terre, et que

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Quelques citoyens des plus riches de Lyon, dit Reinier, se trouvant un jour réunis, un d'entr'eux fut frappé de mort subite au sein de cette réunion. Un des spectateurs (Pierre Valdo) fut tellement effrayé d'un pareil accident, qu'il donna aussitôt une grande somme d'argent aux pauvres. (De . Sectis modernorum hæretic. cap. v.)

2 Recherches sur l'orig. des Vaudois, p. 391 et s.

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