Sayfadaki görseller
PDF
ePub

ce sang précieux une nouvelle sève; elle pousse des racines de plus en plus profondes, et bientôt ses branches s'élèvent audessus du sceptre impérial. Assise sur le trône, la religion trouva des ennemis nouveaux dans l'orgueil même des puissances qu'elle avait asservies. Des hérésies désolèrent l'Église à son berceau, et cherchèrent un appui jusque sur les marches du trône; mais Dieu ne pouvait pas laisser périr son œuvre; à sa voix, du fond de la Germanie, une nuée de peuples barbares s'élance à diverses reprises sur la capitale du monde civilisé, et leurs guerres avec la vieille Rome, se terminent par la chute de l'empire d'Occident.

Ici, commence le moyen-age; ici, par conséquent, aurait pu finir l'introduction de M. Moeller; mais le savant auteur ne s'arrête pas là: il continue sa rapide analyse, et passe en revue, toujours dans le même esprit, les principaux événemens qui se sont succédés pendant les quatre grandes périodes qu'embrasse son ouvrage ; nous ne le suivrons pas dans cette espèce de pélerinage historique; l'examen de cette partie de son travail viendra naturellement avec celui des autres parties où il développe les faits qu'il ne fait ici qu'indiquer.

Avant d'entrer dans les détails de son histoire, M. Moeller a donné une liste des ouvrages que doit consulter celui qui veut s'occuper sérieusement de l'histoire du moyen-âge. Cet utile catalogue comprend quatre parties dans la première, l'auteur signale les ouvrages indiquant les sources, tels que Fabricius, le P. Lelong, Fontette, et les ouvrages propres à faciliter l'étude des monumens historiques, comme Ducange, Mabillon, St.-Maur d'Antine. Dans la seconde, l'auteur fait connaître les grandes collections dans lesquelles les savans de chaque pays ont réuni les élémens de leur histoire nationale. Après un premier paragraphe indiquant les collections relatives à l'histoire du moyen-âge en général, M. Moeller signale séparément celles qui sont particulières à la France, à l'Italie, à l'Allemagne, à la Belgique, à l'Angleterre, à l'Espagne, au Danemark et à la Norwège, au Bas-Empire, enfin aux peuples de l'Orient. La troisième partie est consacrée aux ouvrages qui peuvent faciliter l'étude de la géographie au moyen-âge. Nous regrettons avec M. Moeller, que ces ouvrages ne soient pas plus

nombreux, mais leur rareté est une raison de plus pour n'en omettre aucun, et nous nous permettrons d'en signaler deux, omis par M. Moeller, qui méritaient, à notre avis, une mention particulière. Le premier est la Description de l'Afrique par AbouObaid-Békri, traduite par M. Quatremère, et inséré dans le douzième volume de la Notice des Manuscrits; l'autre est le Traité de géographie du célèbre Edrisi. Un abrégé de cet ouvrage, publié en arabe, à Rome, en 1592, et en latin, à Paris, en 1619, a été savamment commenté par J.-M. Hartmann, dont l'ouvrage imprimé à Goëttingue, a eu deux éditions, l'une en 1791, l'autre en 1796. Depuis, des manuscrits complets d'Edrisis ayant été découverts et acquis par la bibliothèque royale, M. Jaubert, membre de l'Institut, en a entrepris la traduction française. Le premier volume in-4°, imprimé à l'imprimerie royale, a paru en 1836. M. Moeller consacre la quatrième partie de son index bibliographique aux auteurs modernes qui ont écrit sur l'histoire du moyen-âge.

Il nous reste maintenant à rendre compte des deux premiers chapitres du Manuel, que nous avons désignés plus haut sous le nom de prolégomènes. On ne peut bien apprécier un fait sans connaître les circonstances qui l'ont préparé, et la nature des actions diverses qui ont concouru à son accomplissement. Le grand événement du moyen-âge, le fait fondamental, si l'on peut ainsi parler, c'est la chute de l'empire d'Occident; cette catastrophe ouvre une nouvelle ère pendant laquelle une société nouvelle s'organise et se développe sous l'influence des doctrines catholiques. Quelles sont donc les causes qui ont amené le bouleversement de l'empire des Césars? telle est la première question à examiner, et la solution doit en être cherchée dans la constitution même de cet empire, et dans la nature de ses relations avec les tribus germaniques dont la puissance, après l'avoir long-tems tenu en échec, devait finir par l'écraser.

1 Les frais de cette traduction sont faits par la Société de Géographie. La même Société prépare en ce moment une édition complète du géographe arabe Aboulféda. Une partie du texte a déjà paru par les soins de M. Reinaud et de M. de Slane. M. Reinaud est chargé de la traduction française de l'ouvrage dont la plus grande partie est déjà imprimée.

M. Moeller trace rapidement l'histoire de la société romaine, depuis son origine jusqu'à la chute du trône impérial. Rome, comme le dit fort bien un auteur moderne, Rome, guerrière en naissant, semble avoir eu pour mission de conquérir l'univers. L'état de guerre était, pour ainsi parler, inhérent à sa constitution, et c'est à peine si dans le cours de sa longue carrière, elle a vu se fermer cinq fois le temple de Janus. Dans un pareil ordre de choses, l'armée devait acquérir une grande prépondérance; ce fut elle qui éleva le trône d'Auguste sur les débris d'un simulacre de république, et son influence la rendit presque la maîtresse des maîtres qu'elle-même avait donnés à l'univers. Ainsi, le plus grand vice de la constitution sociale sous les empereurs, résidait dans l'origine même de cette constitution, basée sur la force et non sur le droit ou sur le libre choix des nations. L'armée conserva presque tout son crédit; les édits de Dioclétien et de Constantin le grand, en essayant de remédier aux maux qu'avait produits le despotisme militaire, par la création d'un vaste système d'administration civile, ne firent qu'ajouter un germe de dissolution à ceux qui déjà fermentaient au sein de l'empire. Une nuée d'employés de toute nature, envahit les provinces et les cités; il fallut doubler les dépenses pour fournir à l'entretien de cette innombrable armée bureaucratique; les impôts se multiplièrent, et avec eux les injustices et les vexations. L'homme libre, dépouillé de ses biens, aimait mieux exposer sa liberté en devenant le fermier d'un grand, que de mener une vie misérable. Le titre de citoyen, autrefois si honorable et si recherché, devint un objet d'horreur, et plusieurs, abandonnant leurs terres pour se soustraire aux charges dont elles étaient grévées, se réfugièrent chez des peuples indépendans ou ennemis des Romains.

▲ côté de cette société, il en existait une autre qui, bien qu'assez ancienne, avait conservé, par suite de son isolement, la rudesse et la simplicité des peuples primitifs. Long-tems avant les grandes migrations des nations germaines, des peuples venus du nord avaient franchi les Alpes et pénétré dans l'Italie. L'expédition de Brennus, 390 ans avant J.-C., fit connaître, aux peuples septentrionaux, de belles contrées dont le souvenir, · perpétué par la tradition, dut alimenter dans leurs âmes le

désir d'échanger, contre ces campagnes florissantes, leurs champs incultes et leurs ténébreuses forêts. Aussi, à diverses époques, Rome eut-elle à repousser de nouvelles invasions. La conquête des Gaules, par Jules César, arrêta, il est vrai, les migrations des Barbares; mais en leur fournissant un motif plausible de vengeance, elle dut sans doute fortifier le penchant qui les attirait vers les contrées méridionales. Les malheureux efforts de Drusus, de Tibère, de Germanicus, pour étendre, au-delà du Rhin, les limites de l'empire, ajoutèrent encore à l'animosité des peuplades germaines, et devinrent le signal d'une lutte qui, interrompue seulement par de courts intervalles de paix, devait amener enfin l'anéantissement du pouvoir impérial. Si quelques nations du nord, moins jolouses de leur indépendance, semblaient accepter le joug de la puissance romaine, cette soumission, qui paraissait offrir à Rome une chance de durée, devenait pour elle un principe de ruine et de dissolution. Des milliers de barbares s'introduisaient dans l'armée dont le chiffre devait toujours être exorbitant pour suffire à la garde d'immenses frontières. Ces mercenaires coûtaient des sommes énormes au trésor, et, témoins de la faiblesse de leur maître, ils ne devaient pas être fort disposés à le défendre contre des ennemis avec qui ils avaient eux-mêmes une communauté de lois, de religion, de mœurs et d'origine. L'état pouvait encore moins compter sur ses propres sujets, qui l'abandonnaient et préféraient au titre de citoyen romain, l'esclavage au sein des nations étrangères. Ecoutons Salvien, écrivain marseillais du 5° siècle, témoin oculaire des faits qu'il rapporte : « Les pau>vres, dit-il, sont dépouillés, les veuves gémissent, les orphelins » sont foulés aux pieds, si bien que beaucoup de gens distingués, » même par leur éducation et leur naissance, se réfugient chez » les ennemis, afin de ne point périr victimes de la persécution » publique. Ils préfèrent une liberté réelle avec une apparence » de servitude, à l'esclavage qu'ils subissent sous une ombre de » liberté. Et ne nous étonnons point si les nôtres ne remportent >> pas la victoire sur les Goths, puisqu'ils aiment mieux se ran» ger sous leur domination que de conserver chez nous leur titre » de citoyen romain. Aussi, non seulement, ceux de nos »>frères, qui sont devenus prisonniers des Goths, ne veulent

>point les quitter pour retourner dans leur patrie; mais encore plusieurs d'entre nous nous abandonnent pour se réfugier » parmi eux. »

D

Entre le trône vermoulu des Césars et la hache des peuplades germaines, l'issue de la lutte ne pouvait être douteuse; mais, le colosse une fois renversé, que mettrait-on à sa place? Les nations barbares, assez puissantes pour détruire, étaient-elles assez éclairées pour organiser? Il fallait pourtant remplir le vide immense que devait laisser dans le monde la chute de l'empire romain; il fallait improviser un nouveau pouvoir assez fort, assez actif pour maintenir cette vaste unité que le génie de Rome avait été tant de siècles à produire. Ce pouvoir s'organisait lentement, presqu'à l'insu des nations qui remplissaient alors la scène du monde. L'Eglise était alors constituée; Dieu avait désigné, au dépositaire de l'autorité spirituelle, le trône vacant des Césars, et les clefs de Saint-Pierre, entre les mains de ses successeurs, devaient étendre aussi loin leur puissance que l'épée des conquérans romains.

Le quatrième et dernier paragraphe du deuxième chapitre a pour titre : Etat du Monde civilisé à l'époque de la chute de l'Empire d'Occident. Une courte analyse de ce paragraphe est nécessaire, tant pour faire connaître le théâtre des événemens dont se compose la première période du moyen-âge, que pour préciser exactement le point de départ de cette période.

L'Italie était soumise à Odoacre, dont le pouvoir s'étendait jusqu'au Danube. Ce chef germain conserva, dans les pays soumis à son autorité, le système d'administration établi par les empereurs. En Afrique, toute la côte septentrionale, depuis. l'Océan Atlantique jusqu'à la province de Cyrène, était tombée au pouvoir des Vandales. Ce peuple, le moins civilisé de tous les peuples germains, et sectateur zélé de l'arianisme, exerçait de cruelles persécutions contre les habitans orthodoxes du pays qu'il avait envahi. En Espagne, les ravages des Vandales, des Alains et des Suèves avaient entièrement anéanti les restes de la civilisation romaine dans les campagnes. Grâce au zèle du clergé catholique, des traces de cette civilisation s'apercevaient encore dans les villes. La plus grande partie du pays était soumise aux Visigoths, sectateurs de l'arianisme. Les Suèves,

« ÖncekiDevam »