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D'abord c'est l'histoire d'une jeune femme, Emmeline, belle, jeune, heureuse, tombant tout d'un coup d'un ciel de bonheur et de jouissance, dans une profonde misère, et mourant parce que, malgré sa vertu, son courage et sa résignation, il n'existait pas d'association de personnes charitables, venant en aide aux femmes réduites à travailler pour vivre; et puis vient Olivier, âme neuve et naïve, aimante et artistique, qui de Paris, où il est venu passer une saison, écrit à une amie qu'il a laissée auprès de sa mère, et lui décrit Paris, ses monumens, son séjour, ses sociétés. A la connaissance profonde des personnes et des choses, à la perfection des détails, aux remarques fines et délicates, à la causticité et à la vérité de quelques traits lancés contre les hommes et contre les femmes aussi, il est facile de reconnaître que le jeune provincial a rencontré à Paris un guide exercé. Nous sommes étonnés même que ce jeune homme ait pu trouver le tems, au milieu des préoccupations du monde, de fouiller les manuscrits de notre grande bibliothèque, et d'y déterrer, puis de déchiffrer et de traduire, une vieille et charmante chronique de madame sainte Geneviève, en français et en latin. C'est là une précieuse découverte, et qui seule suffirait pour faire re

chercher et lire la Soirée en Famille.

L'on pourrait beaucoup citer d'un semblable ouvrage. Voici pour échantillon un passage d'une lettre d'Olivier, qui, après avoir décrit l'établissement des Incurables, où les filles de saint Vincent de Paule, ministres du Ciel pour répandre ses bienfaits sur la terre, sont représentées, se multipliant pour le bien avec un visage doux et riant, ajoute : « Nous ne pûmes nous empêcher » de penser que la mémoire des grands hommes s'efface et périt, >> mais que celle des saints de Dieu et des héros de la charité semble » s'accroître sans cesse et prendre chaque jour un nouvel éclat. >> Le grand maître, le roi du roi, le fier Richelieu, privé de des>>cendans, n'a plus qu'une froide tombe à la Sorbonne; tandis » que Vincent, le pauvre missionnaire, le prêtre obscur et humble, compte dans les deux mondes une chaste et innombrable » postérité. Ces deux hommes ont partagé leur siècle; l'un a pris le sceptre, l'autre la croix, et le premier est devenu le dernier.»> Il appartenait à celle qui sent si bien le bonheur de soulager les misères de ce monde de parler ainsi de saint Vincent,

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cet apôtre de l'humanité. Dans ces lettres d'Olivier, il y a une peinture suave d'un amour qui n'a pu être créé que par l'imagination d'une femme. C'est un charmant type de jeune fille, que celui de Blanche; âme forte et élevée qui, se croyant trop éloignée d'Olivier, plus riche qu'elle, refuse son amour et sa main, avec cette vertu calme et indifférente en apparence, qui tient ferme contre toutes les instances d'Olivier, et même contre une maladie qui brise son corps sans plier son âme, et ne cède qu'aux sollicitations de la mère même d'Olivier; mais c'est dans l'ouvrage qu'il faut suivre cette charmante bluette de sentiment échappée à une surabondance de l'âme. On s'y intéresse avec charme, parce qu'elle a la vertu pour base. C'est dans ces lettres aussi, d'un naturel exquis, d'une variété attachante, que se trouvent les traditions de la vie de sainte Geneviève, selon le latin du manuscrit de la bibliothèque royale dont nous avons parlé. Cette histoire de la patronne de Paris a la couleur du tems, et rappelle avec délices les vieilles histoires contées à l'enfance, sur cette vierge qui sauva Paris, et qui arracha une jeune fille du guichet de la mort. Olivier, dans un moment de désillusion du monde, s'écrie: Pourquoi pleure-t-on sur le >> cercueil d'un enfant? pitié cruelle! regrets insensés! heureuse, >> mille fois heureuse est l'âme innocente et paisible qui, avant .» d'avoir reçu la plénitude de l'intelligence, s'endort un moment » au bruit de la terre pour se reveiller belle et pure dans le sein » de Dieu! Oh! oui, placez une couronne de fleurs et un voile >> blanc sur ce cercueil. Il n'y a dans cette destinée rapide que >> du bonheur certain, que de la joie éternelle........ Pauvre mère! >> sèche tes larmes; celui que tu aimais plus que toi-même a » dévancé l'heure de la délivrance, et, malgré ta tendresse, 'il »> ne voudrait pas revenir dans tes bras.............. »

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Il y a dans ces lignes un charme de vérité qui fait penser au néant des biens de la vie, et à la durée de ceux qui attendent l'innocence dans ce monde meilleur promis à la vertu.

Dans l'histoire fantastique et merveilleuse d'Ethelred, sire de Coucy, l'imagination brillante de Madame de Craon s'est exercée avec un nouveau succès à retracer les mœurs des preux du vieux tems de la chevalerie. Elle peint avec une verve entraînante les faits héroïques de cette croisade, où Louis-le-Jeune et sa belle

D'abord c'est l'histoire d'une jeune femme, Emmeline, belle, jeune, heureuse, tombant tout d'un coup d'un ciel de bonheur et de jouissance, dans une profonde misère, et mourant parce que, malgré sa vertu, son courage et sa résignation, il n'existait pas d'association de personnes charitables, venant en aide aux femmes réduites à travailler pour vivre; et puis vient Olivier, âme neuve et naïve, aimante et artistique, qui de Paris, où il est venu passer une saison, écrit à une amie qu'il a laissée auprès de sa mère, et lui décrit Paris, ses monumens, son séjour, ses sociétés. A la connaissance profonde des personnes et des choses, à la perfection des détails, aux remarques fines et délicates, à la causticité et à la vérité de quelques traits lancés contre les hommes et contre les femmes aussi, il est facile de reconnaître que le jeune provincial a rencontré à Paris un guide exercé. Nous sommes étonnés même que ce jeune homme ait pu trouver le tems, au milieu des préoccupations du monde, de fouiller les manuscrits de notre grande bibliothèque, et d'y déterrer, puis de déchiffrer et de traduire, une vieille et charmante chronique de madame sainte Geneviève, en français et en latin. C'est là une précieuse découverte, et qui seule suffirait pour faire rechercher et lire la Soirée en Famille.

L'on pourrait beaucoup citer d'un semblable ouvrage. Voici pour échantillon un passage d'une lettre d'Olivier, qui, après avoir décrit l'établissement des Incurables, où les filles de saint Vincent de Paule, ministres du Ciel pour répandre ses bienfaits sur la terre, sont représentées, se multipliant pour le bien avec un visage doux et riant, ajoute : « Nous ne pûmes nous empêcher » de penser que la mémoire des grands hommes s'efface et périt, >> mais que celle des saints de Dieu et des héros de la charité semble » s'accroître sans cesse et prendre chaque jour un nouvel éclat. >> Le grand maître, le roi du roi, le fier Richelieu, privé de des>>cendans, n'a plus qu'une froide tombe à la Sorbonne; tandis >> que Vincent, le pauvre missionnaire, le prêtre obscur et humble, compte dans les deux mondes une chaste et innombrable » postérité. Ces deux hommes ont partagé leur siècle; l'un a pris le sceptre, l'autre la croix, et le premier est devenu le dernier.»> Il appartenait à celle qui sent si bien le bonheur de soulager les misères de ce monde de parler ainsi de saint Vincent, de

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cet apôtre de l'humanité. Dans ces lettres d'Olivier, il y a une peinture suave d'un amour qui n'a pu être créé que par l'imagination d'une femme. C'est un charmant type de jeune fille, que celui de Blanche; âme forte et élevée qui, se croyant trop éloignée d'Olivier, plus riche qu'elle, refuse son amour et sa main, avec cette vertu calme et indifférente en apparence, qui tient ferme contre toutes les instances d'Olivier, et même contre une maladie qui brise son corps sans plier son âme, et ne cède qu'aux sollicitations de la mère même d'Olivier; mais c'est dans l'ouvrage qu'il faut suivre cette charmante bluette de sentiment échappée à une surabondance de l'âme. On s'y intéresse avec charme, parce qu'elle a la vertu pour base. C'est dans ces lettres aussi, d'un naturel exquis, d'une variété attachante, que se trouvent les traditions de la vie de sainte Geneviève, selon le latin du manuscrit de la bibliothèque royale dont nous avons parlé. Cette histoire de la patronne de Paris a la couleur du tems, et rappelle avec délices les vieilles histoires contées à l'enfance, sur cette vierge qui sauva Paris, et qui arracha une jeune fille du guichet de la mort. Olivier, dans un moment de désillusion du monde, s'écrie: Pourquoi pleure-t-on sur le >> cercueil d'un enfant? pitié cruelle! regrets insensés ! heureuse, >> mille fois heureuse est l'âme innocente et paisible qui, avant >> d'avoir reçu la plénitude de l'intelligence, s'endort un moment » au bruit de la terre pour se reveiller belle et pure dans le sein » de Dieu! Oh! oui, placez une couronne de fleurs et un voile >> blanc sur ce cercueil. Il n'y a dans cette destinée rapide que >> du bonheur certain, que de la joie éternelle.... Pauvre mère! » sèche tes larmes; celui que tu aimais plus que toi-même a >> dévancé l'heure de la délivrance, et, malgré ta tendresse, il » ne voudrait pas revenir dans tes bras........... »

Il y a dans ces lignes un charme de vérité qui fait penser au néant des biens de la vie, et à la durée de ceux qui attendent l'innocence dans ce monde meilleur promis à la vertu.

Dans l'histoire fantastique et merveilleuse d'Ethelred, sire de Coucy, l'imagination brillante de Madame de Craon s'est exercée avec un nouveau succès à retracer les mœurs des preux du vieux tems de la chevalerie. Elle peint avec une verve entraînante les faits héroïques de cette croisade, où Louis-le-Jeune et sa belle

D'abord c'est l'histoire d'une jeune femme, Emmeline, belle, jeune, heureuse, tombant tout d'un coup d'un ciel de bonheur et de jouissance, dans une profonde misère, et mourant parce que, malgré sa vertu, son courage et sa résignation, il n'existait pas d'association de personnes charitables, venant en aide aux femmes réduites à travailler pour vivre; et puis vient Olivier, âme neuve et naïve, aimante et artistique, qui de Paris, où il est venu passer une saison, écrit à une amie qu'il a laissée auprès de sa mère, et lui décrit Paris, ses monumens, son séjour, ses sociétés. A la connaissance profonde des personnes et des choses, à la perfection des détails, aux remarques fines et délicates, à la causticité et à la vérité de quelques traits lancés contre les hommes et contre les femmes aussi, il est facile de reconnaître que le jeune provincial a rencontré à Paris un guide exercé. Nous sommes étonnés même que ce jeune homme ait pu trouver le tems, au milieu des préoccupations du monde, de fouiller les manuscrits de notre grande bibliothèque, et d'y déterrer, puis de déchiffrer et de traduire, une vieille et charmante chronique de madame sainte Genevieve, en français et en latin. C'est là une précieuse découverte, et qui seule suffirait pour faire rechercher et lire la Soirée en Famille.

L'on pourrait beaucoup citer d'un semblable ouvrage. Voici pour échantillon un passage d'une lettre d'Olivier, qui, après avoir décrit l'établissement des Incurables, où les filles de saint Vincent de Paule, ministres du Ciel pour répandre ses bienfaits sur la terre, sont représentées, se multipliant pour le bien avec un visage doux et riant, ajoute : « Nous ne pûmes nous empêcher » de penser que la mémoire des grands hommes s'efface et périt, >> mais que celle des saints de Dieu et des héros de la charité semble » s'accroître sans cesse et prendre chaque jour un nouvel éclat. >> Le grand maître, le roi du roi, le fier Richelieu, privé de des>>cendans, n'a plus qu'une froide tombe à la Sorbonne; tandis » que Vincent, le pauvre missionnaire, le prêtre obscur et humble, compte dans les deux mondes une chaste et innombrable » postérité. Ces deux hommes ont partagé leur siècle; l'un a pris le sceptre, l'autre la croix, et le premier est devenu le dernier.»> Il appartenait à celle qui sent si bien le bonheur de soulager les misères de ce monde de parler ainsi de saint Vincent, de

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