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16. Or, Jésus, ayant été baptisé, sortit aussitôt hors de l'eau, et en même temps les cieux lui furent ouverts; et il vit l'Esprit de Dieu qui descendit en forme de colombe, et qui vint se reposer sur lui.

17. Et, au même instant, une voix se fit entendre du ciel, qui disait Celui-ci est mon fils bien-aimé, dans lequel j'ai mis toute mon affection (h).

CHAPITRE IV (a).

Jeûne et tentation de Jésus-Christ. Il commence à prêcher. Vocation de Pierre et d'André, de Jacques et de Jean.

1. Alors Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert (b) pour y être tenté par le diable.

d'abord à son enseignement et reçoit son baptême; - puis il prêche à son tour l'approche (ci-dessous, iv, 17), mais, à ce que l'on peut croire, comme disciple de Jean; puis il s'en separe et commence un nouvel enseignement, se fondant sur ce que Jean restait dans l'équivoque, admettait avec la multitude un Messie en chair et en os, et corrompait ainsi luimême, par la superstition, ce qu'il y avait de plus élevé dans son enseignement. Tel me paraît avoir été le vrai rapport entre Jean et Jésus.

(h) VERSETS 16-17. Cf. Genèse, rouach elohim, etc., et alibi passim, Dieu sous l'emblème d'un oiseau.

(a) CHAPITRES III et IV. Jésus, avant d'aller trouver Jean, avait-il déjà une école? Renan incline à le croire, et je n'y vois pas de difficulté. Il n'est guère probable que le fait du baptême ait tout à coup révélé Jésus à lui-même. Jésus est donc allé solliciter une caution, la plus puissante de toutes, celle de Jean. Il lui emprunte même son baptême; il imite sa prédication, il se socialise, etc. C'est aussi postérieurement à cette visite qu'il se choisit à son tour des lieutenants (apôtres).

(b) Retraite de Jésus, imitée de celle de Moïse et autres.

2. Et ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite.

3. Et le tentateur, s'approchant de lui, lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains.

4. Mais Jésus lui répondit: Il est écrit: L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

5. Le diable alors le transporta dans la ville sainte, et le mettant sur le haut du temple,

6. Il lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas; car il est écrit qu'il a ordonné à ses anges d'avoir soin de vous, et qu'ils vous soutiendront de leurs mains, de peur que vous ne vous hieurtiez le pied contre quelque pierre.

7. Jésus lui répondit: Il est écrit aussi : Vous ne tenterez pas le Seigneur votre Dieu.

8. Le diable le transporta encore sur une montagne fort haute, et, lui montrant tous les royaumes du monde, et toute la gloire qui les accompagne,

9. Il lui dit: Je vous donnerai toutes ces choses, si, en vous prosternant devant moi, vous m'adorez.

10. Mais Jésus lui répondit : Retire-toi, Satan, car il est écrit: Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul.

11. Alors le diable le laissa, et en même temps les anges s'approchèrent, et ils le servaient.

12. Or, Jésus, ayant ouï dire que Jean avait été mis en prison (c), se retira dans la Galilée (d).

(c) Suivant Matthieu, Jean est arrêté peu de temps après le baptême de Jésus, et avant que celui-ci fût revenu en Galilée. Cette arrestation, qui décida le prompt retour de Jésus, dut aussi le faire réfléchir et le rendre circonspect. C'était le motif apparent de sa réserve, dont la cause plus profonde était dans sa propre doctrine. Mais il ne pouvait garder longtemps cette mesure.

(d) On ne comprend pas cette conduite. La Galilée appartenait à Hérode; comment Jésus s'y réfugiait-il?... Il n'y a qu'une explication à cela : c'est que Jean était arrêté pour son messianisme, que la persécution sévissait sur le Jourdain, et que dans le fond de la Galilée, Jésus, qui d'ailleurs se séparait des messianistes, n'aurait rien à craindre. Les messia

13. Et, quittant la ville de Nazareth, il vint demeurer à Capharnaum, ville maritime sur les confins de Zabulon et Nephthali,

14. Afin que cette parole du prophète Isaïe fût accomplie:

15. Le pays de Zabulon, et le pays de Nephthali, qui est le chemin pour aller vers la mer au delà du Jourdain, la Galilés des nations;

16. Ce peuple, qui était assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière, et la lumière s'est levée sur ceux qui étaient assis dans la région de l'ombre de la mort (e).

17. Depuis ce temps-là, Jésus commença à prêcher, en disant : Faites pénitence, parce que le royaume des cieux est proche (f). 18. Or, Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs;

19. Et il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes.

20. Aussitôt ils quittèrent leurs filets, et ils le suivirent.

21. De là s'avançant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui raccommodaient leurs filets, et il les appela (g).

nistes, on le conçoit, n'avaient garde de se produire en Galilée; on aurait dit d'eux, comme de Jésus, qu'ils étaient Samaritains, possédés du diable. (Cf., ci-dessous, 15, 16.)

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(e) VERSETS 15-16. Rapprochement absurde, mais imaginé pour expliquer le lieu de la prédication de Jésus; comme le rapprochement du verset 23, chap. II, a été imaginé pour expliquer le séjour de Jésus à Nazareth.

Comme Jean: appropinquavit regnum cœlorum, la venue du Messie, ou mieux la révolution sociale.

(g) VERSETS 18-21.-Apôtres galiléens comme leur maître ou rabbi, Jésus. De plus en plus l'origine galiléenne du Christ se décèle; Jésus est allé prendre le mot d'ordre auprès de Jean; il s'est fait donner, pour ainsi dire, par lui des lettres de créance; puis il remonte en Galilée pour sa propre prédication. On dirait qu'ils s'étaient partagé le pays: à l'un la Judée, à l'autre la Galilée. (Cf. ci-dessus, 12.)

22. En même temps, ils quittèrent leurs filets et leur père, et ils le suivirent.

23. Et Jésus allait par toute la Galilée (h), enseignant dans leurs synagogues, prêchant l'évangile du royaume, et guérissant toutes les langueurs et toutes les maladies parmi le peuple.

24. Sa réputation s'étant répandue par toute la Syrie (i), ils lui présentaient tous ceux qui étaient malades, et diversement affligés de maux et de douleurs, les possédés, les lunatiques, les paralytiques, et il les guérissait.

25. Et une grande multitude de peuple le suivit de Galilée, de la Décapole, de Jérusalem (j), de Judée, et de delà le Jourdain.

CHAPITRE V (a).

Sermon de Jésus-Christ.

1. Jésus, voyant tout ce peuple, monta sur une montagne, où, s'étant assis, ses disciples s'approchèrent de lui;

(h) Galilæam, théâtre le plus ordinaire de la prédication de Jésus, aux environs du lac de Tibériade, dans un rayon de douze à quinze lieues de Capharnaüm.

(i) Syriam, cf. ci-dessus, versets 18, 21 et 23.

(j) Jerosolymis, c'est dit pour faire nombre; il est possible cependant qu'il en vint des curieux.

(a) L'Évangile de Matthieu est le plus riche en paraboles, allégories, discours de morale, etc. C'est là que se trouvent, comme des blocs entassés pêle-mêle, conservés sans ordre et probablement presque mot pour mot, la doctrine et les exhortations de Jésus. C'est de toute sa vie, de son apostolat, la partie qu'a le moins atteinte la légende.

Au reste, quand on examine attentivement les discours de Jésus, qu'on analyse ses pensées, sa morale, son style même, et qu'on se reporte au temps où il a vécu, on ne peut s'empêcher de reconnaître en lui un homme extraordinaire, un philosophe égal au moins à Socrate, je dirai même un grand écrivain; son style est quelque chose de mi-partie entre la

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2. Et, ouvrant sa bouche, il les enseignait, en disant:

prose et le vers, coulé en bronze, et parfois ciselé avec une délicatesse infinie; cela est d'une rhétorique inconnue aux Grecs et aux Latins: ni chevilles, ni remplissages, ni phrases; c'est l'idée pure, faite parole et image.

Au surplus, il ne faut point oublier que les discours de Jésus sont rapportés par l'évangéliste comme une collection de proverbes ou de courtes leçons amassés au hasard. On dirait une alluvion de préceptes, de formules, de paraboles, d'idées jaculatoires, arrachée par feuillets et lambeaux à la vie et aux écrits d'un homme, ou, pour mieux dire, d'une école.

Tout le chapitre v est d'un pur moraliste, d'un véritable sage, qui ne s'occupe ni de messianisme, ni de réformes théologiques, ni de politique, ni de propagande. Dans tout ceci, Jésus-Christ nous apparaît simplement comme un réformateur des mœurs; les exemples qu'il paraît suivre sont ceux de Jérémie, d'Isaïe et des anciens prophètes.

Ainsi débute le Nazaréen; il ne paraît pas avoir jamais aspiré à autre chose. Tout le surplus, la messianité, la formation d'une Eglise, la conversion des Gentils, l'abrogation du mosaïsme, la réprobation du peuple juif, l'opinion de la fin du monde, etc., etc., lui a été attribué après coup, sous la pression d'événements dont il était l'un des premiers termes, mais qu'il n'avait certes pas prévus. Jésus est le noyau de cette immense boule de neige qui, à force de rouler, est devenue ce que l'on sait aujourd'hui.

En deux mots, Jésus ne me paraît s'être arrogé ni une messianité temporelle, ni une spirituelle; il interprétait allégoriquement la tradition messiaque, l'entendant d'une simple réforme morale et sociale, à la façon des anciens prophètes. La même indifférence qu'il professait pour le sabbat et les cérémonies, il la témoignait, quoique avec plus de réserve et pour ne pas froisser l'opinion, à l'égard de l'idée messiaque.

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