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envoyées, pour tirer, s'il se peut, d'un texte sincère, la vraie pensée de l'auteur. »

Une certaine libéralité d'opinion religieuse est la compagne naturelle d'un esprit cultivé par l'étude. Parmi les correspondants littéraires de Loup de Ferrières, il en était un qui plaçait Cicéron et Virgile parmi les élus (1); ainsi Erasme, sous l'empire de son culte pour les lettres antiques, était tenté de s'écrier : Saint Socrate, priez pour

nous!

En somme, Loup de Ferrières, cherchant sans cesse à se procurer des manuscrits et voulant les comparer pour tirer de cette comparaison un texte plus pur, Loup de Ferrières fait songer aux érudits du xv siècle s'écrivant des lettres latines remplies des mêmes préoccupations littéraires et philologiques. Ai-je donc eu tort de comparer la première renaissance à la dernière?

(1) Ep. 20.

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Le développement simultané des arts se joint à l'étude de l'antiquité pour achever de donner au 1x siècle tous les caractères d'une ère de renaissance.

Alors comme depuis, la France reçut les arts de l'Italie. Il faut aussi songer à la part de la Grèce, de la Grèce à son second âge, de la Grèce non plus attique ou dorienne, mais byzantine.

Cette part est difficile à faire. Il faudrait pouvoir démêler ce qui, dans l'art français au Ix siècle, vient de Rome, et ce qui vient de Byzance. Or, jusqu'à cette époque, Rome et Byzance ne diffèrent pas considérable

ment.

C'est dans l'architecture que se peut le mieux distinguer l'origine grecque où l'origine romaine.

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Parmi les monuments élevés par Charlemagne, quelques uns se rapportent plutôt à la première, et le plus grand nombre à la seconde. On peut prendre comme type de l'architecture byzantine dans l'Empire franc l'église d'Aix-la-Chapelle, bâtie d'après Saint-Vital de Ravenne, avec des matériaux apportés de cette dernière ville. Depuis le v siècle, Ravenne était une petite Byzance.

Ceci n'est pas un fait entièrement isolé dans l'histoire de l'art; car l'église d'Otmarsheim, qui existe encore, a été bâtie à l'imitation de l'église d'Aix-la-Chapelle, que fit copier aussi Théodulfe, évêque d'Orléans. On tenta probablement d'autres reproductions du type byzantin de Saint-Vital, mais enfin ce genre d'église ne caractérise point l'architecture carlovingienne; il forme plutôt une exception remarquable dans cette architecture.

Elle est caractérisée plus véritablement par un retour à l'architecture antique dans plusieurs églises du Midi, construites là où des restes d'architecture romaine ont pu servir de modèle aux nouveaux édifices. Je citerai l'église de Pernes, Notre-Dame-des-Dons à Avignon, Saint-Restitut, près Saint-Paul - Trois - Châteaux. Le porche de Saint-Restitut présente un fronton soutenu par des colonnes dont le travail et la disposition sont évidemment imités de l'antique.

Les procédés techniques de la construction romaine reparaissent aussi après Charlemagne, par suite de cette reproduction du passé romain.

M. Mérimée l'a fait remarquer pour Saint-Martin de Poitiers. Les églises mérovingiennes sont bâties avec de petites pierres irrégulièrement taillées, qui rappellent l'opus insertum de la décadence; et on en a un exemple près de

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Poitiers même, dans l'église de Savenières. Mais à SaintMartin, que M. Mérimée rapporte à l'ère carlovingienne, on voit reparaître le grand appareil, c'est-à-dire des pierres d'une dimension considérable, taillées régulièrement. Çà et là sont disposées, en lits horizontaux, de larges briques, semblables aux briques romaines, dont il semble qu'on ait retrouvé le secret au 1x siècle. Comme le dit trèsbien M. Mérimée, « cela semble un souvenir romain, une tradition classique (1). » La même disposition, le même appareil se remarque dans un certain nombre d'églises bâties sur les rives du Rhin pendant le x et le x1° siècle. Si le grand essor littéraire de l'Empire germanique sous les Othons et les Henris remonte au fondateur de l'Empire d'Occident, de même les belles et nombreuses cathédrales élevées sur les bords du Rhin me semblent former comme une suite et, pour ainsi dire, un prolongement de l'architecture carlovingienne, et, à défaut des monuments trop rares du 1x siècle, offrir de cette architecture un tardif mais magnifique développement. De même aussi que le système des écoles carlovingiennes a été appliqué par le petit-fils de Charlemagne à plusieurs villes d'Italie, de même l'architecture carlovingienne s'est étendue après lui à ces villes. Je me bornerai à citer l'église des SaintsApôtres, à Florence, qui a servi de modèle au grand architecte du xv° siècle, Brunelleschi, pour construire l'admirable église de San-Spirito. Tel est l'enchaînement des renaissances, qui ramène encore ici à celle de Charlemagne.

La prétention qu'ont tant d'églises en France de re

(1) Notes d'un voyage dans l'ouest de la France, p. 316.

monter à cet empereur prouverait combien il en a fait construire véritablement. L'histoire et la légende s'unissent pour attester le grand mouvement qu'a reçu de lui l'architecture. L'histoire nous apprend les noms d'un grand nombre d'églises fondées par Charlemagne, et la légende exprime à sa manière le même fait, en disant qu'il en avait élevées mille dans les Pyrénées, et, dans la seule Aquitaine, autant en l'honneur de la Vierge qu'il y a de lettres dans l'alphabet. Mais il reste peu d'églises carlovingiennes; presque toutes furent ravagées ou détruites aux siècle pendant les invasions des Normands, et relevées après l'an 1000, lors de la seconde renais

sance.

Charlemagne ne bâtit pas seulement des églises; il fit construire un certain nombre de palais. Celui d'Aix-laChapelle était accompagné de thermes; Charlemagne lui donna le nom de Latran. Dans ce nom et dans l'usage des thermes, on reconnaît le désir d'imiter les constructions et les mœurs romaines. D'autres palais s'élevèrent à Hildesheim, Spire, Mayence, Nimègue. Celui de Lorch, près Francfort, existe encore aujourd'hui.

Bientôt, l'architecture fut tellement cultivée en France que la France put rendre à l'Italie ce qu'elle en avait reçu; et le pape Adrien pria Charlemagne de lui envoyer un maître pour réparer la charpente de SaintPierre (1).

Les arts, et parmi eux l'architecture, étaient, à cette époque, purement ecclésiastiques, comme le prouvent

(1) D'Agincourt, p. 40, éd. in-fol.

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