Sayfadaki görseller
PDF
ePub

se fait entendre lorsque des voix séparées l'une de l'autre sont d'accord, quoique dissonantes (1). »

Voici comment s'exprime Guy, abbé de Citeaux ; « Si le chant monte de deux tons (duas voces), l'organum commence dans le second ton (la tierce); s'il descend de trois tons, il sera dans la quinte (in quinta); s'il descend de sept tons, il sera à l'unisson (erit cum cantu). »

Ces deux citations sont tirées, la première d'un auteur du xe siècle, et la seconde d'un auteur du xi. Il n'est pas probable que l'acception du mot organum eût changé depuis le Ixe siècle. D'ailleurs, j'ai trouvé dans l'ouvrage de Scot Érigène sur la Division de la nature, un passage encore plus explicite (2). Je n'essaie pas de le traduire ; ceux qui se sont occupés de l'histoire de la musique au moyen âge préféreront avoir sous les yeux les expressions latines, et, pour les autres, ma traduction ne serait pas plus claire que le texte lui-même. Le nom d'organum, et un passage cité par l'abbé Leboeuf semble le prouver, venait probablement de ce qu'on employait une espèce d'orgue pour trouver les notes harmoniques. Les orgues avaient été introduites en France sous Pepin. Les premières furent apportées de Constantinople; mais il paraît, comme je

(1) Cum disjunctæ ab invicem voces, et concordanter dissonant et dissonanter concordant. Leboeuf, Traité sur le chant ecclésiastique, P. 74.

(2) Ut enim organicum melos ex diversis qualitatibus et quantitatibus conficitur, dum viritim separatimque sentiuntur longè à se discrepantibus intentionis et remissionis proportionibus segregatæ, dum vero sibi invicem coaptantur secundum certas rationabilesque artis musicæ regulas per singulos tropos naturalem quamdam dulcedinem reddentibus. De div. nat., p. 104.

T. II.

17

l'ai dit plus haut, que l'art d'organiser, c'est-à-dire le principe de l'harmonie, vint d'Italie sous Charlemagne. C'est donc de l'Italie que la France reçut alors, comme depuis, les perfectionnements de la musique.

J'ai achevé d'énumérer toutes les parties du développement intellectuel littéraire et artistique de la France au 1x siècle, et maintenant, en regardant en arrière, je suis vraiment étonné de tout ce que ce siècle nous a présenté. Parcourir l'histoire littéraire sans l'étudier d'une manière un peu approfondie, c'est regarder la carte d'un pays où l'on n'a pas voyagé: tous les lieux, placés les uns à côté des autres, paraissent se ressembler; à peine si quelques signes, peu distincts, avertissent que çà et là s'élèvent des montagnes. Du reste, les yeux ne rencontrent qu'une surface uniforme. Mais si l'on voyage, on trouve des hauteurs, des vallées, des plaines, des rochers, des contrées cultivées, des régions incultes, et on acquiert le sentiment topographique des divers sites de la contrée qu'on parcourt. Ainsi, quand on pénètre au sein d'un temps qu'on avait considéré de loin, on trouve des différences prodigieuses: là où on ne voyait qu'une monotone uniformité, on découvre des montagnes et des plaines, des contrées cultivées et des contrées arides. Voilà ce qu'enseignent les voyages à travers les temps peu connus. vii, viii, 1x et xe siècles; ces mots sonnent à peu près de même à l'oreille; il y a cependant, entre la première partie du vin siècle et le 1xo, la plus grande différence qui puisse exister entre deux siècles : il y a la distance de rien à tout; rien d'un côté, presque sans restriction, et tout de l'autre, oui, tout, du moins en germe.

Le IXe siècle est l'aurore de la civilisation moderne;

maintenant, après cette aurore, il y aura une heure, c'està-dire un siècle de ténèbres. Ces ténèbres ne seront pas complètes. Le x siècle est comme une de ces matinées brumeuses d'automne qui suivent un éclatant lever du soleil: la nature est attristée par un brouillard que le vent chassera vers midi; mais, à travers ce brouillard, on suit la marche du soleil; il a perdu ses rayons, et cependant on sait où il est, et, en montrant un point du firmament, on peut dire : c'est là! De même, en traversant la nuit du x° siècle, nous apercevrons toujours, sinon le soleil lui-même, du moins sa place dans le ciel derrière les nuages qui pourront le voiler, mais qui ne l'éteindront pas. Il finira par se dégager de ces nuages, et au x1° siècle il reparaîtra, pour ne plus s'obscurcir, dans le ciel épuré et toujours plus radieux de la civilisation moderne.

CHAPITRE XIV.

ÉTUDES ET Théologie au Xe SIÈCLE.

Commencement du xa siècle.— Épaisses ténèbres.— Désordres de l'Église. — Réformės. Continuation et perpétuité des études. Filiation des hommes instruits. Succession non interrompue des écoles. Bibliothèques. Connaissance

[blocks in formation]
[ocr errors]

Tendances contraires.

[blocks in formation]

Scrupule. ImiQuestion de l'Eucha

Fin du monde.

[ocr errors]

Commen

taires sur la Bible.- Sermons.— Traité de morale. Saints. — Légendes.—Visions. – Récit d'une translation de reliques.

Les siècles ne se comptent pas dans l'histoire de l'esprit humain comme dans les supputations de la chronologie. Dans l'une et dans l'autre ils ne commencent pas et ne finissent pas exactement avec la même année. Une telle coïncidence serait trop commode pour ceux qui font des divisions dans l'histoire. Ainsi, le 1x siècle n'a pas commencé tout juste en l'an 801, mais avec le règne de Charlemagne. De même, le x commence réellement le jour où finit l'Empire carlovingien.

Les cent années qui s'écoulent entre la déposition de Charles-le-Gros et l'avénement de Hugues-Capet composent une période ayant son caractère, ses destinées particulières, et que nous appellerons le x° siècle.

Cette période est remplie par l'agonie de l'Empire carlovingien et l'avénement des Capets, qui mettent à arriver au trône à peu près autant de temps qu'en avaient mis les Pepins, c'est-à-dire environ cent ans.

La société féodale sort des ruines de l'Empire, et on voit naître la nationalité française; elle se personnifie et se couronne elle-même dans la famille des Capétiens, que, suivant la très-juste remarque de M. Augustin Thierry, elle oppose à la famille germanique des Carlovingiens. En effet, les derniers descendants de Charlemagne sont perpétuellement en rapport et en sympathie avec les Germains d'outre-Rhin, avec l'Empire d'Allemagne. Ainsi, Louisd'Outre-Mer est défendu contre les grands vassaux par les secours d'Othon Ier. Après avoir passé une partie de șa jeunesse à l'étranger, quand Louis revint dans sa patrie, il ne savait pas d'autre langue que le tudesque; et, au concile d'Ingelheim, on fut obligé de traduire dans cet idiome les discours prononcés en latin, pour qu'ils fussent compris de ce roi, plus franc que français (1).

Ce temps est un temps de grandes calamités. La France est envahie et entamée de toutes parts au midi par les Sarrasins, à l'ouest et au nord par les Normands, à l'est par les Hongrois. Il faut faire face à tant d'ennemis au milieu des déchirements intérieurs. Il faut combattre sans cesse, et combattre comme les héros des Niebelungen,

(1) Labbe, Concil., t. IX, p. 631.

« ÖncekiDevam »