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gesse des temps postérieurs a décidées par égard pour la rigueur de la discipline ou pour assurer le salut, si l'on se soumet à une utile et honnête compensation, une dispense, délibérée avec soin par l'autorité de ceux qui président, pourra être admise (1). »

L'ouvrage lui-même est un singulier mélange d'éléments divers et incohérents. On y trouve entassés pêle-mêle des enseignements sur le dogme, la morale ou le culté, et des dispositions législatives empruntées : les unes aux livres des pères, aux décrets des conciles et des papes, les autres aux édits des empereurs romains.

En ce qui touche à la politique intérieure de l'Église, l'auteur se montre en général favorable à la papauté; d'autre part il prescrit aux moines la soumission envers les évêques. La hiérarchie ecclésiastiqne apparaît constituée régulièrement. Les priviléges de l'épiscopat ne sont pas entièrement sacrifiés au pape; Ives cite un concile de Carthage, lequel déclare que l'évêque romain ne doit pas être appelé prince des prêtres ou souverain pontife summus sacerdos), mais seulement évêque du premier siége (2).

De grandes précautions sont prises afin de soustraire l'Église à la juridiction civile. Pour condamner un évêque il faut son aveu ou la déposition de cent vingt-deux témoins (5); l'appel à Rome est accordé à tous les évêques (4); les procès mixtes entre un clerc et un laïque

(1) Iv. Carnot., Decret., prol., p. 2.

(2) Id, ibid., P. 147.

(3) Id, ibid., p. 172. (4) Id., ilid., p. 174.

doivent être jugés par l'évêque (1); les laïques ne doivent pas accuser un clerc ou porter témoignage contre lui (2); un cardinal ne peut être condamné que sur la déposition de quarante-quatre témoins (3).

Le chapitre du mariage contient d'assez étranges doctrines. Un concile de Tolède défend d'excommunier celui qui se contente d'une seule femme, soit d'une épouse légitime, soit d'une concubine (4). Ives de Chartres cite une loi civile d'après laquelle un mari pouvait tuer celui qu'il trouvait avec sa femme, après le lui avoir défendu trois fois (5); il rapporte aussi une décision différente et plus chrétienne de Nicolas II, qui défend de tuer la femme adultère comme la loi humaine le permet, car l'Église, dit Nicolas, n'a que le glaive spirituel : elle donne la vie et non la mort (6).

De pareilles contradictions se présentent au chapitre de l'homicide; il y est dit que l'Église ne demande la mort de personne pour aucun crime, même pour le meurtre d'un prêtre, et Ives rapporte les belles paroles d'un pape, qui défend d'employer la force pour convertir les païens (7). Malheureusement, dans un autre endroit du livre, saint Augustin permet qu'on persécute les hérétiques et qu'on les dépouille de leurs biens (8). Cette législation n'est donc point uniforme et

(1) Iv. Carnot., Decret., p. 217.

(2) Id., ibid., p. 222-224.

(3) Id., ibid., p. 226.

(4) Id., ibid., p. 266.

(5) Id., ibid., p. 270.
(6) Id., ibid., p. 271.
(7) Id., ibid., p. 353.
(8) Id., ibid., p. 324.)

systématique; les sublimes principes du christianisme y sont déposés, il est vrai, mais non pas purs de tout alliage. Elle pourra donc exercer parfois une influence salutaire sur des âges violents, mais elle fournira aussi des armes à la violence, et parfois le crime lui devra son impunité.

Je terminerai ce chapitre par un échantillon d'éloquence politique. Jusqu'à présent nous n'avons vu l'éloquence, ou ce qui pouvait lui ressembler plus ou moins, se manifester que dans l'ordre religieux. Il faut noter comme le commencement d'un développement nouveau un discours dont le sujet est politique, car il s'agit du déplorable état de l'Angleterre après la conquête; la circonstance dans laquelle il fut prononcé ajoute à l'intérêt qu'il inspire. Un moine normand nommé Guitmond, et qui avait figuré parmi les adversaires de Bérenger, fut appelé par Guillaume-le-Conquérant pour occuper un siége épiscopal en Angleterre. Il passa la mer, se présenta devant Guillaume et refusa l'évêché. Voici un fragment du discours par lequel il motiva son refus. Le sentiment est noble et l'expression souvent énergique.

«< (1) Examinez les Écritures, et voyez s'il est prescrit par quelque loi qu'un pasteur choisi par l'ennemi soit violemment imposé au troupeau du Seigneur..... Ce que vous avez dérobé par la guerre et par l'effusion du sang d'un grand nombre, comment pouvez-vous sans crime me l'octroyer, à moi et aux autres contempteurs du monde, qui nous sommes dépouillés de notre bien?..... Pour moi, quand je médite les préceptes de la loi divine, je m'épou

(1) Oderic Vital, Ecclesiast. hist., I. v, c. 17.

vante, et toute l'Angleterre m'apparaît comme une vaste proie. Elle est pour moi, avec tous ses trésors, comme un feu ardent que je n'ose toucher.

» Je vous recommande, vous et vos fidèles, à la grâce de Dieu, et je me dispose à retourner en Normandie, votre permission, abandonnant la riche proie de l'Angleterre aux amateurs du monde, comme une vile poussière (quasi quisquilias). »

On admira beaucoup ce refus, dit Oderic Vital, et Guitmond fut loué, quand il revint à son monastère, de ce qu'il avait préféré la pauvreté monacale à la richesse des évêques, de ce qu'il avait appelé rapine la conquête de l'Angleterre, en présence du roi, et de ce qu'il avait accusé de rapacité tous les évêques et les abbés mis à la tête des églises saxonnes.

Avant l'admirable histoire de M. Thierry, nul n'avait prononcé, sur l'accaparement de l'Angleterre et de l'Église saxonne par les Normands, un jugement plus sévère que Guitmond. Il est curieux de trouver de tels sentiments chez un contemporain; il est beau que ce soit chez un moine normand, chez un homme de la race des vainqueurs.

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Histoire des temps antérieurs. - Aimoin.

bours. Ives de Chartres.

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- Histoire contemporaine. — Vie de Robert, par Helgaud.—Historiens des Normands.—Odon de Saint-Quentin, Guillaume de Jumièges. — Historiens du XIe siècle. Raoul Glaber. — Historiens des croisades. Fragments d'épopées populaires dans la prétendue chronique de Turpin.

Je vais considérer l'histoire au x1° siècle sous un triple aspect : dans son rapport avec les âges qui ont précédé, avec l'époque contemporaine et avec le temps qui a suivi.

Aimoin, mort dans les premières années du xi siècle, a essayé de faire une histoire générale de France, ce qu'on n'avait pas tenté depuis Grégoire de Tours, ou plutôt, il a continué, jusqu'à son temps, une histoire commencée, ainsi qu'il en convient lui-même, par Adhemar de Chabannais. Du reste, l'auteur de l'Histoire des Francs n'a nulle prétention à l'originalité. Pour les commencements de son

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